Romancier français, invente un monde de sexe et de guerre et des formes nouvelles d'expression. Parmi ses oeuvres connues : « Eden, Eden, Eden » (1970, roman sur la guerre d'Algérie), « Tombeau pour cinq cent mille soldats: sept chants » (1967, roman sur le sexe qui a fait scandale à l'époque) ou « Coma » (2006, récit sur la crise artistique et de la dépression).
Enterré (où exactement ?).
Pierre Guyotat est un écrivain et dramaturge français né le 9 janvier 1940 à Bourg-Argental (Loire) et mort le 7 février 2020 à Paris. Dans son œuvre, qui fait toujours scandale, il invente un monde de sexe et de guerre et des formes nouvelles d'expression. Parmi ses oeuvres connues : « Eden, Eden, Eden » (1970, roman sur la guerre d'Algérie), « Tombeau pour cinq cent mille soldats: sept chants » (1967, roman sur le sexe qui a fait scandale à l'époque) ou « Coma » (2006, récit sur la crise artistique et de la dépression).
Né d'un père médecin de campagne et d'une mère née en Pologne près de Cracovie, Pierre Guyotat fait des études secondaires dans des pensionnats catholiques, après une petite enfance marquée par l'engagement souvent tragique de membres de sa famille dans la Résistance et dans la France libre. En même temps qu'il peint, il commence à écrire à l'âge de 14 ans. À 16 ans, il envoie ses poèmes à René Char, qui lui répond et l'encourage. À 19 ans, encore mineur, un an après la mort de sa mère, il s'enfuit à Paris où, tout en continuant d'écrire, il fait plusieurs petits métiers. Il envoie un premier texte à Jean Cayrol qui en perçoit aussitôt la valeur prémonitoire.
En 1960, Pierre Guyotat écrit sa première fiction, Sur un cheval. Le livre est publié au Seuil en 1961 dans la collection « Écrire », créée et dirigée par Jean Cayrol, où l'on trouve aussi les premiers textes de Philippe Sollers, de Régis Debray, etc.
Il est appelé en Algérie en 1960. Au printemps 1962, il est arrêté, interrogé pendant dix jours par la Sécurité militaire et inculpé d’atteinte au moral de l’armée, de complicité de désertion et de possession de livres et de journaux interdits. Après trois mois de cachot « au secret », il est transféré dans une unité disciplinaire. De retour à Paris, lecteur aux éditions du Seuil, il publie aussi des articles dans Arts et spectacles puis dans France Observateur où il entre en 1964 comme responsable des pages culturelles de l'hebdomadaire qui devient Le Nouvel Observateur.
En 1964, il publie Ashby (Le Seuil).
Il travaille alors à Tombeau pour cinq cent mille soldats, dont il rédige la deuxième partie en Bretagne, à Raguénez en Névez, dans la maison de son grand-oncle Charles Viannay, chirurgien, ami de Georges Duhamel depuis la Première Guerre mondiale et dédicataire de Civilisation. Refusé par les éditions du Seuil, Tombeau pour cinq cent mille soldats paraît aux éditions Gallimard en 1967. Après un article élogieux en 1969 de Catherine Claude, dans La Nouvelle Critique, revue théorique du Parti Communiste, le livre connaît un grand retentissement, du fait de son écriture, et sans doute aussi parce qu'il mêle sexe (entre hommes, pour une grande partie du livre) et guerre. Jean Paulhan écrit : « Monsieur Guyotat n'est pas sans génie. C'est un génie quelque peu systématique et brutal mais qui mérite d'être encouragé. » Michel Foucault : « … J'ai l'impression (et je ne suis pas le seul) que vous avez écrit là un des livres fondamentaux de notre époque : l'histoire immobile comme la pluie, indéfiniment itérative, de l'Occident au xxe siècle. » Le général Massu fait interdire le livre dans les casernes françaises en Allemagne.
Guyotat se lie d'amitié avec Philippe Sollers — ils sont tous deux récompensés par le prix de la Bibliothèque nationale de France (BnF) en 2009 et 2010 — et Jacques Henric et fréquente le groupe Tel Quel, dont il se détachera peu à peu à partir de 1973. Par l'intermédiaire de Jacques Henric, à la même époque, il se liera d'amitié aussi avec Catherine Millet.
Aussi, à la même époque, Pierre Guyotat s'intéressera à l'art contemporain, et surtout aux artistes dits d'"avant-garde" qui apportent un souffle nouveau à l'art.
En juillet 1967, il est invité par Fidel Castro à Cuba, avec Michel Leiris, Marguerite Duras et d'autres, au moment de la Conférence latino-américaine de Solidarité ; il y rencontre de nombreux artistes, intellectuels et leaders révolutionnaires du monde entier.
À la fin de l'année, au moment d'un procès entre les éditions Gallimard et les éditions de L'Herne à propos de droits sur le livre, Michel Leiris déclare :
« J’ai dit avoir apporté Tombeau pour cinq cent mille soldats à Picasso, tenant absolument à ce qu’il en prenne connaissance. Cela ne me serait pas venu à l’esprit si je n’avais considéré que ce livre présente un intérêt littéraire assez grand pour qu’un homme engagé aussi constamment dans son travail que l’est Picasso passe quelques heures à le lire. »
Arrêté deux fois pendant les événements de mai 1968, au cours desquels il participe avec Jean-Pierre Faye, Nathalie Sarraute, Michel Butor et d'autres, à la création de l'Union des écrivains de France, il adhère au Parti communiste, après avoir entendu un discours du général de Gaulle accusant ce parti de subversion. Il en démissionne en 1972.
Un poème de Pierre Guyotat, illustré par le peintre cubain Wifredo Lam, paraît dans le cahier Insolation no 3 aux éditions Fata Morgana en décembre 1968.
De 1967 à 1975, il fait de nombreux séjours et trajets en Algérie et au Sahara. En 1969, il fait la connaissance de Paule Thévenin, amie d'Antonin Artaud et éditrice de ses œuvres complètes.
En 1970 a lieu, chez Gallimard, la parution éditorialement mouvementée d’Éden, Éden, Éden préfacé par Michel Leiris, Roland Barthes et Philippe Sollers. Le livre est aussitôt interdit par le ministère de l'Intérieur à l’affichage, à la publicité et à la vente aux mineurs. Une pétition de soutien internationale à l’ouvrage est signée (notamment par Pier Paolo Pasolini, Jean-Paul Sartre, Pierre Boulez, Joseph Beuys, Pierre Dac, Jean Genet, Joseph Kessel, Maurice Blanchot, Max Ernst, Italo Calvino, Jacques Monod, Simone de Beauvoir, Nathalie Sarraute…). François Mitterrand, dans une communication orale à l'Assemblée, et Georges Pompidou, alors président de la République, dans une lettre à son ministre de l'Intérieur Raymond Marcellin, interviennent en faveur de l’ouvrage, mais l’interdiction n’est pas levée. Le jury du prix Médicis, à une voix près, couronne un autre livre et Claude Simon (futur prix Nobel 1985), membre du jury et grand soutien de l'œuvre de Pierre Guyotat, démissionne. L'interdiction du livre n'est levée qu'en novembre 1981.
En 1973, sa pièce de théâtre Bond en avant est créée aux Rencontres internationales de musique contemporaine de La Rochelle avec Christian Rist et Marcel Bozonnet, Jean-Baptiste Malartre et François Kuki, et à La Cartoucherie de Vincennes avec Alain Ollivier et François Kuki seulement.
Durant les années 1970, Guyotat s'engage dans diverses actions : pour les comités de soldats, pour les immigrés (défense dans les journaux et au procès en assises de Mohammed Laïd Moussa inculpé d'homicide volontaire, assassiné après sa sortie de prison en mars 1975). Il soutient aussi le mouvement des prostituées de Lyon et participe à cette occasion avec des amis cinéastes à des tournages vidéos.
En 1975 paraît chez Gallimard Prostitution, où il intègre finalement le texte de Bond en avant. Ce livre marque le début d'une transformation de la langue toujours à l'œuvre aujourd'hui. La même année, il écrit « Vive les bouchères de l'interdit » (Libération, 13 juin 1975), en soutien aux prostituées qui occupent l'église Saint-Nizier à Lyon, qu'il filme avec ses amis Carole et Paul Roussopoulos (Les Prostituées de Lyon parlent, 1975).
En 1976, il écrit, pour le catalogue de l'exposition de l'artiste allemand Klaus Rinke, élève de Joseph Beuys, à Paris, un texte qui, augmenté, deviendra La Découverte de la logique.
De 1977 (première dépression nerveuse) à 1981, le travail sur Le Livre (Gallimard) et Histoires de Samora Machel (encore inédit) se répercute sur sa santé qui se dégrade. Début décembre 1981, au moment où Tombeau pour cinq cent mille soldats est joué dans une mise en scène d'Antoine Vitez, au Théâtre national de Chaillot, Guyotat, tombé dans le coma, est hospitalisé en réanimation à l'hôpital Broussais. Après une nouvelle période de dépression, il ne retrouve sa pleine santé qu'à l'été 1983. Il fera le récit de cette période critique dans Coma en 2006.
En 1984 paraissent Le Livre (Gallimard) et Vivre, recueil de textes et d'entretiens, chez Denoël.
En 1986, Michel Guy, directeur du Festival d'automne, lui commande un texte pour le théâtre, Bivouac, dans une mise en scène de l'auteur et d'Alain Ollivier, avec notamment Pascal Bongard. Pour ce festival Guyotat donne en 1989 et 1992 deux séries d'improvisations publiques.
Au printemps 1988, il travaille à Los Angeles avec le peintre américain Sam Francis à un livre d'artiste dont il écrit le texte : Wanted Female. À la parution du livre, en 1996, la Bibliothèque nationale de France fait l'acquisition d'un exemplaire pour le département des Livres rares et précieux.
Il travaille à de nombreux textes inédits et, en 1991, commence la rédaction de Progénitures, dont la première et la deuxième partie paraissent chez Gallimard en 2000 accompagnées d'un CD d'une lecture de l'auteur pour la réouverture du Centre Pompidou.
En 2005, les éditions Léo Scheer publient le tome 1 (1962-1969) des Carnets de bord.
Après Coma (Mercure de France, 2006), Guyotat écrit Formation (Gallimard, 2007), récit de ses premières années, dans lequel il revient longuement sur l'action de certains membres de sa famille dans la Résistance (Philippe Viannay et sa femme, Hélène, Suzanne Guyotat, Hubert Viannay).
En 2010 paraît Arrière-fond (Gallimard) :
« Plutôt que de reprendre le courant chronologique de Formation, j'ai procédé ici par journées souvent longues et suivies de leurs nuits, comprises entre la fin de juin et la fin d'août de l'année 1955. »
En 2014 est publié Joyeux animaux de la misère (Gallimard), texte de fiction qui met en scène une mégapole elle-même constituée de sept mégapoles dans l'une desquelles se trouve un district « chaud » et son bordel. Le récit des aventures de trois personnages est mené dans une langue de comédie, crue et enjouée. Une suite paraît en 2016 intitulée Par la main dans les enfers (Gallimard).
En 2016 paraît un livre d'entretiens avec Donatien Grau, intitulé Humains par hasard (Gallimard) puis, en 2018, le récit Idiotie (Grasset), couronné la même année par le prix Médicis. Ce livre est un âpre récit de sa jeunesse : ses années de grande misère à Paris, à la fin des années 1950, et surtout sa guerre d'Algérie, pendant laquelle il fut jeté au cachot pour « atteinte au moral de l'armée », puis envoyé dans une unité disciplinaire.
En 2016 ses dessins ont été exposés en 2016 à la galerie Azzedine Alaïa à Paris en 2017, à la galerie Cabinet de Londres et en 2019 à Los Angeles (galerie The Box).
Pierre Guyotat est mort dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 février 2020, à l’âge de 80 ans, à Paris (France).
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