Francais, né le 26 janvier 1924 et mort le 6 avril 2017
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Dante Sauveur Gatti dit Armand Gatti, né le 26 janvier 1924 à Monaco et mort le 6 avril 2017 à Saint-Mandé, est un poète, auteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste et réalisateur. Il est connu pour avoir passé sa vie à se battre avec les mots, d'abord comme journaliste, puis dans le théâtre, où il s'est engagé auprès des sans nom, les gens ordinaires ou à la marge, les sans voix et les exclus.
Fils d'un anarchiste italien et d'une Piémontaise, il passe son enfance dans le bidonville de Tonkin avec son père, Augusto Reiner Gatti, balayeur, et sa mère, Laetitia Luzano, femme de ménage. Il suit ses études au séminaire Saint-Paul à Cannes. Armand Gatti est aussi enfant du xxe siècle : résistant, évadé, journaliste et voyageur, ses mémorables rencontres à travers le monde ont profondément influencé son oeuvre.
1924 Naissance de Dante Sauveur Gatti à Monaco, fils d'Auguste Rainier Gatti, éboueur, et Letizia Luzona, femme de ménage. Après avoir habité le bidonville du Tonkin, à Beausoleil, la famille s'installe dans la même banlieue monégasque, dans le quartier Saint-Joseph.
1941 Exclu du petit séminaire, il rentre en première au lycée de Monaco. Il écrit une épopée signée Lermontov où il se moque de ses professeurs, ce qui entraîne son exclusion le 14 juin.
1942 Il exerce divers petits métiers, dont celui de déménageur, et de sous-diacre à l'église Saint-Joseph. Le 2 mars, son père Auguste meurt des suites d'un tabassage lors d'une grève d'éboueurs. Il part alors en Corrèze, dans le maquis, avec la recommandation du père gramscien d'un de ses amis.
1943 Arrêté à Tarnac, il est emprisonné à Tulle, puis transféré à Bordeaux où il travaille à la construction de la base sous-marine. Transféré à Hambourg, au camp de travail de l'entreprise Lindemann, il s'en évade et rejoint en Corrèze l'un des nombreux maquis dépendant de Georges Guingouin.
1944-45 Parachutiste à Londres dans le Special Air Service (SAS), il participe à la bataille de Hollande. Renvoyé dans ses foyers le 1er novembre 1945, il passe la nuit de Noël avec Philippe Soupault, auquel l'a présenté un ami parachutiste. Celui-ci consacre quelques pages au « jeune homme » dans son Journal d'un fantôme : « Nous parlons de Rimbaud, de Lautréamont. (...) Ses jugements sont justes, parfois sévères lorsque les poètes l'ont déçu. (...) Ah ! Henri Michaux, dit-il, Michaux, lui il est bien ! »
1946-47 Sur recommandation d'un ami monégasque, il entre en janvier 1946 au Parisien libéré comme rédacteur stagiaire. Il y rencontre celui qui sera son ami de toujours, Pierre Joffroy. Pendant quelques mois, il est « locataire clandestin » à la Cité universitaire, au pavillon de Monaco. Puis il emménage sur l'île Saint-Louis, dans un hôtel meublé, 29 quai d'Anjou, où sont logés Gilles Deleuze, Georges Arnaud, Karl Flinker, Georges de Caunes, Michel Tournier, Yvan Audouard, Alejandro Otero et François-Jean Armorin. Kateb Yacine les rejoindra en 1952. Dans les salons de Mme Tézenas, il rencontre Henri Michaux, Pierre Souvchinsky, Yves Benot, Paule Thevenin, André Berne-Joffroy, Guy Dumur, Michel Cournot... Journaliste le jour, poète la nuit, il commence l'écriture de Bas-relief pour un décapité, puis d'une pièce intitulée Les Menstrues.
1948-49 Avec Pierre Boulez et Bernard Saby, devenus ses amis, il accueille John Cage, Morton Feldman, Merce Cunningham et Morton Brown. Nommé, le 1er janvier 1949, rédacteur au Parisien libéré, il y devient la même année reporter, statut qu'il gardera jusqu'à son départ du journal, en 1956.
1950-51 Reportages souvent cosignés avec Pierre Joffroy sur des sujets variés : spiritisme, justice, pauvreté, collaboration, exploitation de la main-d'oeuvre en Martinique... Fin 1951, il part pour l'Algérie où il rencontre Kateb Yacine.
1952 Création à Cologne de son poème Oubli signal lapidé, musique de Pierre Boulez, par l'ensemble vocal Marcel Courand. Il assiste à un concert de Pierre Boulez, au théâtre des Champs-Élysées, où il prend à partie les spectateurs qui protestent contre cette musique.
1953 Il assiste au procès d'Oradour-sur-Glane. « La Justice militaire », article publié dans Esprit, dénonce l'acquittement d'un capitaine de gendarmerie « coupable d'avoir fait passer de vie à trépas quelques maquisards ». Il poursuit sa réflexion sur la justice avec un réquisitoire virulent contre le déroulement du procès de Pauline Dubuisson (Esprit de janvier).
1954 Il apprend le métier de dompteur pour réaliser l'enquête « Envoyé spécial dans la cage aux fauves » qui lui vaut le Prix Albert-Londres. Devenu grand reporter, il voyage en Amérique latine (Costa Rica, Salvador, Nicaragua). Envoyé spécial au Guatemala, il assiste à la chute du gouvernement Arbenz et rencontre un jeune médecin argentin, Ernesto Guevara, le futur Che. Il interviewe l'écrivain Miguel Angel Asturias pour Les Lettres françaises.
1955 Il entre à Paris Match. Passant par la Russie, la Sibérie et la Mongolie, il part pour trois mois en Chine avec Chris Marker, Michel Leiris, Jean Lurçat, Paul Ricoeur et René Dumont. À la découverte du théâtre chinois et tout particulièrement de Kouan Han Shin, auteur du xive siècle il rencontre Mei Lan Fang, prodigieux comédien de l'opéra de Pékin, et retrouve son ami Wang, connu à Paris à la fin des années 1940, qui l'introduit auprès de Mao Tsé-Toung. Retour par le Transsibérien.
1956 Le livre Chine paraît aux éditions du Seuil, dans la collection « Petite Planète » dirigée par Chris Marker. Il est naturalisé français. Pour France-Soir, il écrit une longue série d'articles « J'ai filé les détectives privés » et part en voyage avec Joseph Kessel à Helsinki.
1957 Il finit d'écrire la pièce Le Poisson noir, issue de son voyage chinois. En juin, il accepte le poste de rédacteur en chef de Libération ( le quotidien de Paris - celui fondé par Emmanuel d'Astier de la Vigerie) et part en septembre en Sibérie avec Chris Marker pour le tournage du film Lettre de Sibérie et l'écriture du livre Sibérie, - zéro + l'infini.
1958 Au mois de mai, départ pour la Corée du Nord et la Chine, avec une délégation où se retrouvent, entre autres, Chris Marker, Claude Lanzmann, Francis Lemarque et Claude-Jean Bonnardot. Le gouvernement nord-coréen lui propose de réaliser un film. Il en écrit le scénario, Moranbong, Chronique coréenne et en commence le tournage en collaboration avec Bonnardot qui finira le film et en assurera le montage en France.
1959 Il écrit pour Libération où sa longue absence lui a fait perdre son poste de rédacteur en chef un reportage : « La Chine contre la montre ». Il suit le Tour de France à moto, interviewe Marlon Brando et écrit en décembre pour Paris-Match, où il est devenu grand reporter, son dernier article comme journaliste : « La France pleure Gérard Philipe ». Avec Le Poisson noir, que le Seuil a édité l'année précédente, il obtient le prix Fénéon de littérature. Jean Vilar monte Le Crapaud-Buffle au Théâtre Récamier, Petit TNP.
1960 Il réalise en Yougoslavie son premier film, L'Enclos, dont il a écrit le scénario et les dialogues avec Pierre Joffroy.
1961 L'Enclos est présenté dans plusieurs festivals où il obtient des prix : à Cannes, celui de la Critique ; à Moscou, celui de la mise en scène où il rencontre Nazim Hikmet ; à Mannheim, où il reçoit une Mention spéciale hors concours.
1962 Trois spectacles sont créés : La Vie imaginaire de l'éboueur Auguste G. à Villeurbanne (dirigé par Roger Gilbert et Roger Planchon), dans une mise en scène de Jacques Rosner ; La Deuxième Existence du camp de Tatenberg par Gisèle Tavet au Théâtre des Célestins à Lyon ; Le Voyage du Grand Tchou dans une mise en scène de Roland Monod au TQM de Marseille. Il réalise à Cuba son second film, El Otro Cristobal.
1963 El Otro Cristobal représente Cuba au Festival de Cannes et y obtient le prix des Écrivains de cinéma et de télévision.Il met en scène une de ses pièces : Chroniques d'une planète provisoire, au théâtre du Capitole, à Toulouse.
1964 Il met en scène Le Poisson noir au Théâtre Daniel-Sorano, à Toulouse. De retour d'Algérie, il écrit Selma, le scénario d'un film non réalisé sur la guerre d'Algérie.
1965 Il rencontre Erwin Piscator avec lequel il s'entretient à la télévision allemande. Sa pièce La Deuxième Existence du camp de Tatenberg est créée à Essen, en RFA. Il travaille à un projet sur Staline, Mort de Staline à travers l'oeil d'une mouche, dont les seules traces écrites se trouvent dans le livre-mémoire d'Antoine Bourseiller, publié en 2007. Il écrit le scénario de L'Affiche rouge, qui lui fait rencontrer de nombreuses organisations d'anciens Résistants de la MOI (Main-d'oeuvre immigrée), dont Mélinée Manouchian et Arsène Tchakarian. Le sujet sera traité, plus de dix ans après, avec La Première Lettre, série de six films à L'Isle-d'Abeau.
1966 Il crée deux pièces : en janvier, au TNP-Palais de Chaillot, Chant public devant deux chaises électriques et en mai, à Saint-Étienne, Un homme seul.
1967 À la demande du Collectif intersyndical d'action pour la paix au Vietnam, il écrit un texte sur la guerre du Vietnam : La Nuit des rois de Shakespeare par les comédiens du Grenier de Toulouse face aux événements du Sud-Est asiatique : V comme Vietnam, qu'il met en scène en avril, au théâtre Daniel-Sorano, à Toulouse. Le Groupe V se fonde à l'issue de la tournée de quarante-cinq dates en France, Belgique et Suisse, Bradford, en Angleterre.
1968 À la demande de Guy Rétoré, Émile Copfermann, écrivain, critique théâtral et directeur de collection aux éditions Maspero, réunit des habitants du 20e arrondissement de Paris, afin que Gatti écrive, grâce à leurs témoignages et à travers leur imagination, une pièce sur les transformations urbaines du quartier. Ainsi naîtra Les Treize Soleils de la rue Saint-Blaise, mis en scène par Guy Rétoré au Théâtre de l'Est parisien. La Naissance est créée par Roland Monod à la Biennale de Venise et V comme Vietnam montée en Allemagne (RFA et RDA). La Passion du général Franco est retirée de l'affiche le 19 décembre, pendant les répétitions, sur ordre du gouvernement français, à la demande du gouvernement espagnol. Un comité de soutien regroupant un très grand nombre de personnalités du monde culturel et artistique se forme. André Malraux, ministre de la Culture, propose des solutions de rechange, mais rien n'aboutit.
1969 Devant les difficultés rencontrées pour créer La Passion, il quitte la France et s'installe à Berlin-Ouest, invité à la fois par le Sénat et l'université où il a de nombreux amis. Il travaille auparavant à Stuttgart pour réaliser son troisième film, Ubergang über den Ebro (Le Passage de l'Èbre), produit par la télévision ZDF puis à Kassel où il réécrit La Naissance, qu'il met en scène au Staatstheater. La Vie imaginaire de l'éboueur Auguste G. est jouée au Piccolo Teatro de Milan, dirigé par Paolo Grassi qui invite à la première la mère d'Armand Gatti, l'épouse d'Auguste.
1970 Il travaille comme OS[Quoi ?] à Berlin pendant plusieurs mois, aux usines Osram. Les pièces du Petit manuel de guérilla urbaine, écrites l'année précédente, sont jouées de nombreuses fois en Allemagne, à Hanovre et Bremerhaven. Dominique Lurcel monte Les Hauts Plateaux à la Maison des jeunes et de la culture de Fresnes. En juin, Le Chat sauvage, nouvelle version d'Interdit aux plus de trente ans, texte dit collectif, est créé par Jean-Marie Lancelot.
1971 Rosa Collective est créée par Kai Braak, Günter Fischer et Ulrich Brecht, à Kassel et La Cigogne par Pierre Debauche à Nanterre. Lucien Attoun, apprenant qu'Armand Gatti vient d'écrire un texte sur Rosa Luxembourg, l'invite à en faire une lecture au XXVe festival d'Avignon, dans le lieu qu'il vient d'ouvrir, la chapelle des Pénitents blancs.
1972-73 Invité par l'Université libre de Berlin, il y fait des conférences, en janvier et février 1972, sur le théâtre de rue (en URSS, Allemagne, Chine, USA, Vietnam, etc.) et sur sa propre expérience.Henry Ingberg et Armand Delcampe, directeurs de l'Institut des arts de diffusion (IAD) de Louvain, l'invitent à travailler avec leurs étudiants. C'est ainsi que vont naître : La Colonne Durruti ou Les Parapluies de la Colonne IAD (usine Rasquinet, quartier de Schaerbeek, à Bruxelles) et L'Arche d'Adelin (dans le Brabant wallon), travaux collectifs avec les étudiants, qu'il écrit et met en scène.
1974 Il rentre en France. Il finit d'écrire Quatre schizophrénies à la recherche d'un pays dont l'existence est contestée. Vu le succès de la lecture de Rosa Collective, Lucien Attoun l'invite au XXVIIIe festival d'Avignon, à la chapelle des Pénitents blancs, pour une nouvelle expérience : La Tribu des Carcana en guerre contre quoi ?
1975 Son retour en France correspond aussi à l'invitation de Jean Hurstel, directeur du Centre d'action culturelle de Montbéliard, qui lui commande « une pièce sur le monde ouvrier ». Ce projet se transforme en une vaste saga vidéo, Le Lion, sa cage et ses ailes, huit films racontant une ville à travers son émigration. Avant de quitter l'Allemagne, il crée un dernier spectacle au Forum Theater sur les femmes résistantes allemandes : La Moitié du ciel et nous en hommage à Ulrike Meinhof. Le festival d'Automne, dirigé par Alain Crombecque, lui propose de venir créer un spectacle. Il choisit de s'installer dans un CES à Ris-Orangis et de travailler à la fois avec des comédiens, les jeunes du CES et deux journalistes, Pierre Joffroy et Marc Kravetz, coauteurs et interprètes de l'une des pièces issues de l'expérience, Le Joint.
1976-77 Le théâtre Le Palace, dirigé par Pierre Laville, produit la nouvelle version de La Passion du général Franco par les émigrés eux-mêmes, qu'il crée dans des entrepôts de l'entreprise Calberson. Puis c'est Le Canard sauvage qui vole contre le vent, création collective autour de la dissidence soviétique. Viendront dans la ville ouvrière de nombreux invités : André Glucksmann, Franco Bassaglia, Robert Castel, Félix Guattari, Claude Lefort et plusieurs dissidents, dont Léonide Pliouchtch et son épouse Tatania Jitnikova, Victor Nekrassov, Vadim Delauney, Natalia Gorbanevskaïa, le syndicaliste Victor Feinberg et celui pour qui cette action a été imaginée, Vladimir Boukovsky. Faisant suite au travail de Saint-Nazaire, il écrit Le Cheval qui se suicide par le feu, que Lucien Attoun invite au XXXIe Festival d'Avignon, à la chapelle des Cordeliers. Long.
1978 En octobre, la Tribu nom qu'il donne aux personnes qui travaillent avec lui s'installe dans la ville nouvelle de L'Isle-d'Abeau (entre Lyon et Grenoble) avec pour projet de « donner quelques instants de plus à vivre, à travers votre imaginaire » à Roger Rouxel, l'un des vingt-trois fusillés du groupe Manouchian au mont Valérien. Cette création débouche sur la réalisation de six films vidéo sous le titre La Première Lettre.
1979 En août, il s'installe pour un an, avec une bourse d'écriture du ministère de la Culture, dans le Piémont, dans la maison héritée de sa mère décédée l'année précédente, à Pianceretto. La Première Lettre est diffusée sur FR3, et Libération publie alors un très long entretien, sur six numéros, avec Marc Kravetz (édité en 1985 sous le titre L'Aventure de la Parole errante).
1980 Huit versions de La Parole errante sont écrites. Les sept premières sont brûlées, la huitième restera à l'état de manuscrit jusque dans les années 1990. Il s'agit de la confrontation de « tous les Gatti ayant existé » avec l'Histoire, l'Utopie et l'Écriture. Édition en 1999.
1981 Installation en Irlande du Nord (Derry) dès janvier, pour préparer le tournage d'un film. Nous étions tous des noms d'arbres est coproduit par la télévision belge, une société irlandaise spécialement créée par la communauté des habitants de Derry et la société de production des frères Dardenne.
1982 Le ministère de la Culture lui propose de s'installer à Toulouse pour y créer l'Atelier de création populaire. Appelé l'Archéoptéryx, cet atelier est inauguré, après travaux, dans un ancien restaurant universitaire. Le Labyrinthe, pièce écrite en Irlande, est créée en mai, à Gênes, puis au Festival d'Avignon.
1983-1984-1985 S'installant à Toulouse ou il crée l'Atelier de Création Populaire : L'Archéoptéryx il commence l'écriture d'un nouveau scénario de film, La Licorne, qui devient une pièce de théâtre : Opéra avec titre long. Il programme un « Cycle des poètes assassinés » inauguré avec Bobby Sands. Sont invités à des conférences et débats : Rafael Alberti, Jean‑Pierre Changeux, Serge July, la Fédération anarchiste, Michel Auvray, Jean Delumeau, Michel Vovelle, Philippe Ariès, Jean‑Paul Aron, Michel Serres, Jean-Michel Palmier, Michel Lépine, Alain Robbe-Grillet et Manuel José Arcé. Une année est consacré à l'URSS sous le titre : «1905- Russie/1917/URSS-1935 » : exposition La Victoire sur le soleil : Khlebnikov/Malevitch, rétrospective du cinéma muet soviétique des années 1920-1930 avec la Cinémathèque de Toulouse, diverses créations dont La Révolte des objets de Maïakovski, dans laquelle il joue le rôle de l'auteur. Premier stage autour de Nestor Makhno : L'Émission de Pierre Meynard (qui deviendra par la suite Nous ne sommes pas des personnages historiques) Il est invité à lire Opéra avec titre long au Palais de Chaillot par Antoine Vitez. La dernière année est autour de la Résistance allemande, en collaboration avec le Goethe Institut et la librairie Ombres blanches. Avec le deuxième stage, il crée Le Dernier Maquis, représenté au Centre Georges-Pompidou, à l'invitation de Gabriel Garran. En août, fin de l'expérience à Toulouse.
1986 Invité par l'École nationale de théâtre de Montréal, il monte au théâtre du Monument national Opéra avec titre long, qu'il présente à cette époque comme « son testament ».
1987 À Montreuil, Les Arches de Noé, mise par Gatti et Hélène Châtelain, est présentée au théâtre Berthelot dans le cadre de l'exposition 50 ans de théâtre vus par les 3 chats d'Armand Gatti. Des témoins de sa vie et de son oeuvre en sont, pendant un mois, les guides : Robert Abirached, Lucien Attoun, Raymond Bellour, Alain Crombecque, Armand Delcampe, Bernard Dort, Gabriel Garran, Jean Hurstel, Pierre Joffroy, Marc Kravetz, Dorothy Knowles, Jean-Pierre Léonardini, Heinz Neumann-Riegner, Jack Ralite, Madeleine Rebérioux, Jacques Rosner, Max Schoendorff, Viviane Théophilides, Pierre Vial, André Wilms, Michel Simonot, Evelyne Didi, etc. L'exposition est invitée au XLIIIe Festival d'Avignon. Invité par l'université de Québec à Montréal (UQM), il y crée Le Passage des oiseaux dans le ciel. Pour une exposition à Turin, il écrit sur sa mère Ton nom était joie, poème édité par La Parole errante.
1988 Le ministre de la Culture, Jack Lang, lui remet le Grand Prix national du théâtre. Invité à l'université de Rochester (État de New York), il y adapte Les Sept Possibilités du train 713 en partance d'Auschwitz au contexte social américain. De retour à Toulouse, il travaille sur la Révolution française et crée avec le quatrième stage du Crafi Nous, Révolution aux bras nus.
1989 Il célèbre le bicentenaire de la Révolution française en créant Les Combats du jour et de la nuit à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis avec douze détenus. Un colloque international « Salut Armand Gatti » est organisé par l'université de Paris 8 par Michelle Kokosowski et Philippe Tancelin. Il reçoit à Asti le prix Alfieri, récompensant « un grand poète français d'origine italienne ».
1990 Il s'installe à Marseille. Traitant de la montée du fascisme et en souvenir de l'environnement de son enfance, il écrit sur Mussolini Le Cinécadre de l'esplanade Loreto reconstitué à Marseille pour la grande parade des pays de l'Est. Le spectacle est joué par un nouveau groupe de jeunes en stage de réinsertion.
1991 Alain Crombecque, voulant développer le Festival d'Avignon dans sa banlieue, fait appel à lui pour imaginer un travail avec des jeunes de la « périphérie ». C'est ainsi que naît Ces empereurs aux ombrelles trouées.
1993 À l'initiative de Philippe Foulquier, directeur de la Friche de la Belle de Mai et avec le soutien très actif de l'adjoint à la Culture, le poète Julien Blaine, Le Chant d'amour des alphabets d'Auschwitz, parcours théâtral en sept lieux de Seine-Saint-Denis, est repris à Marseille. Il y devient Adam quoi ?, avec quatre-vingts jeunes. Le spectacle est présenté durant deux jours, dans dix lieux de la ville.
1994-95 Jean Hurstel l'invite sur ses terres. Avec quatre-vingts stagiaires, il va créer à Strasbourg Kepler, le langage nécessaire, annoncé comme un work in progress sous le titre révélateur de son état d'esprit : Nous avons l'art afin de ne pas mourir de la vérité. F. Nietzsche. Cette expérience sera très fructueuse en rencontres avec des scientifiques : Agnès Acker, Francis Bailly, Jean-Marie Brom, Guy Chouraqui, Baudouin Jurdant et Isabelle Stengers. C'est le début de la saga de La Traversée des langages, marquée par sa découverte de la théorie quantique et de Jean Cavaillès.
1996-97 L'Enfant-Rat est créé à Limoges, au Festival des francophonies, mise en scène Hélène Châtelain. Il crée L'Inconnu n° 5 du fossé des fusillés du Pentagone d'Arras à Sarcelles.
1998-99 Premier voyage en langue maya, expérience avec vingt-cinq jeunes de la Seine-Saint-Denis à La Maison de l'Arbre, est suivie, à Genève, de la création de Deuxième voyage en langue maya avec surréalistes à bord et des Incertitudes de Werner Heisenberg.
2000 Au Théâtre universitaire de Besançon, animé par Lucile Garbagnati, il participe au colloque « Temps scientifique et Temps théâtral » où il lit Incertitudes de la mécanique quantique devenant chant des oiseaux du Graal pour l'entrée des groupes de Galois dans le langage dramatique.
2001 Chant public pour deux chaises électriques est créé par Gino Zampieri à Los Angeles.
2002 Il lit Didascalie se promenant seule dans un théâtre vide au Théâtre universitaire de Besançon.
2003 Les Sept Possibilités du train 713 en partance d'Auschwitz est créé par Eric Salama à Genève, Le Couteau-toast d'Évariste Galois avec lequel Dedekind fait exister la droite en mathématiques... par lui-même au Théâtre universitaire de Franche-Comté, dans le cadre d'un stage réunissant des étudiants de quinze nationalités, à Besançon.
2004-05 Il est fait commandeur des Arts et Lettres et reçoit le prix du Théâtre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD).
2006 Il crée Les Oscillations de Pythagore en quête du masque de Dionysos à l'hôpital psychiatrique de Ville-Évrard, avec des étudiants français et étrangers.
2007 Première rétrospective complète de ses films au Magic Cinéma de Bobigny et lecture du Passage des oiseaux dans le ciel par la troupe de la Comédie-Française, retransmise en direct sur France Culture.
2009 Il écrit le poème Les Arbres de Ville-Évrard lorsqu'ils deviennent passage des cigognes dans le ciel à partir d'un travail réalisé à l'hôpital psychiatrique de Ville-Évrard.
2010 À l'issue d'une résidence dans le Limousin, il crée Science et Résistance battant des ailes pour donner aux femmes en noir de Tarnac un destin d'oiseau des altitudes avec trente étudiants français et étrangers, au gymnase du lycée forestier de Neuvic.
2011 À la Cinémathèque française, à Paris, rétrospective et débats autour d'« Armand Gatti cinéaste, L'OEuvre indispensable ». Mis en cause par l'amicale des déportés de Neuengamme, Armand Gatti confirme qu'il n'a pas été au camp de Neuengamme, mais dans un camp de travail proche, à Hambourg : le camp de Lindemann, recensé après la guerre par le Service international de recherches (ITS, à Bad Arolsen) comme camp (lager) gardé (ueberwacht). Dès 1950, le nom du camp est effacé du catalogue de l'ITS : à la demande de la famille héritière de l'entreprise ? Lindemann est pourtant identifiée comme l'une des entreprises allemandes de l'organisation nazie Todt (ou OT), "employeuse" pour la construction du Mur Atlantique de "volontaires" du STO, ainsi que de prisonniers de guerre et de déportés juifs, communistes, espagnols...
2012 Représentations à la Maison de l'arbre de Rosa Collective, mise en scène par Armand Gatti et de La Cigogne par Matthieu Aubert. La Vie imaginaire de l'éboueur Auguste G. est mis en scène par Emmanuel Deleage à Los Angeles. La nouvelle promotion de L'École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT) à Lyon porte son nom.Il lit Les Pigeons de la grande guerre après la projection du film Il tuo nome era Letizia au Théâtre de la Girandole, à Montreuil, avec la participation de la chorale de Pianceretto, le village de sa mère. Les manuscrits d'Armand sont donnés au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France.
2013 Prix du Théâtre de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre.
2014 Pour ses quatre-vingt-dix ans, en janvier-février à la Maison de l'Arbre, reprise de Ces empereurs aux ombrelles trouées, qu'il met en scène avec Matthieu Aubert, et de Berlin, les personnages de théâtre meurent dans la rue, par Jean-Marc Luneau.En mars, France Culture rediffuse Berlin, les personnages de théâtre meurent dans la rue et Didascalie se promenant seule dans un théâtre vide.
Armand Gatti est mort le jeudi 6 avril 2017 à l'âge de 93 ans à l'hôpital Begin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne, France).
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