Artiste, Écrivain, Essayiste, Philosophe (Art, Littérature, Philosophie).
Francais, né le 19 juin 1937 et mort le 10 novembre 2015
Enterré (où exactement ?).
André Glucksmann, né le 19 juin 1937 à Boulogne-Billancourt et mort le 10 novembre 2015 à Paris, est un philosophe et essayiste français.
Engagé dans sa jeunesse dans le maoïsme, il évolue progressivement vers un atlantisme modéré. Il est alors associé au courant dit des « nouveaux philosophes ».
André Glucksmann est le fils de réfugiés juifs, son père Rubin Glucksmann étant un ancien combattant de la Première Guerre mondiale originaire de Czernowitz en Bucovine et sa mère Martha née à Prague. Ses soeurs aînées Alisa et Micky sont nées à Jérusalem. Ses parents, militants sionistes de gauche, quittent la Palestine en 1933 pour rejoindre l'Europe et combattre l'hitlérisme. Rubin, devenu agent de renseignement pour le GRU, meurt en 1940 dans le naufrage de l'Arandora Star, qui l'emmenait au Canada pour internement. La famille Glucksmann est internée dans le camp militaire de Bourg-Lastic près de Vichy en 1941, d'où elle doit être déportée en Allemagne mais Martha, pressentant le drame, suscite la rébellion dans le camp si bien que les autorités préfèrent la libérer avec ses enfants pour éviter la contagion de cette rébellion.
André Glucksmann est un ancien élève de l'ENS de Saint-Cloud et agrégé de philosophie (1961).
Il est le père du réalisateur Raphaël Glucksmann.
En 1968, alors assistant de Raymond Aron à la Sorbonne, il publie son premier livre, Le Discours de la Guerre qui porte sur la philosophie de la dissuasion nucléaire. Il participe aux événements de mai 1968 ainsi qu'au journal Action, puis devient militant maoïste. Farouche défenseur de la révolution culturelle chinoise, il lutte fréquemment contre les membres du Parti communiste français (y compris physiquement), les qualifiant de révisionnistes bourgeois. En 1972, il qualifie la France de dictature fasciste dans un article publié dans la revue Les Temps modernes. Il appelle par ailleurs à l'embrasement de l'Europe entière de Lisbonne à Moscou.
André Glucksmann connaît ensuite une évolution politique notable, qui le conduit à rompre avec le marxisme. Il est alors associé au courant dit des nouveaux philosophes. En 1975, il publie La Cuisinière et le mangeur d'hommes, réflexions sur l'État, le marxisme et les camps de concentration, où il établit un parallèle entre le nazisme et le communisme. Ce livre ainsi que Les Maîtres penseurs, qui paraît en 1977, sont des succès de librairie, mais suscitent de nombreuses réactions critiques chez les intellectuels de gauche, notamment dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales autour de Pierre Bourdieu. Dans une longue note critique de La Cuisinière et le mangeur d'hommes, le sociologue Claude Grignon dénonce par exemple le discours « sans queue ni tête » et les « faux paradoxes » d'un « révolutionnaire conservateur », qui « met l'est à la place de l'ouest, la gauche à la place de la droite, la droite à la gauche de la gauche [...], transforme les révolutions victorieuses en révolutions manquées et les révolutions manquées (la Commune) en révolutions réussies ».
Dans les années 1970, André Glucksmann milite en faveur des dissidents de l'Union soviétique et des opposants des états satellites communistes. Cependant, en 1977, dans le numéro d'Apostrophes « Les nouveaux philosophes sont-ils de gauche ? », où il est invité, les deux auteurs du livre Contre la nouvelle philosophie, Xavier Delcourt et François Aubral, le ménagent, le jugeant plus ouvert au dialogue que Bernard-Henri Lévy autre invité et bien d'autres. Lui-même reste distancié, appelant, aussi bien les deux auteurs que Bernard-Henri Levy lui-même, à ne pas se lancer dans des invectives dangereuses pour le débat démocratique.
Le retrait total des dernières troupes américaines de l'ambassade des États-Unis en 1975 intervient quelques heures avant la prise de Saïgon par les communistes nord-vietnamiens et les maquisards du Front national de libération du Sud Viêt-Nam marquant la fin de la guerre. Le Viêt-Nam réunifié en 1976 sous l'appellation de République socialiste décline le système totalitaire du nord sur l'ensemble du pays provoquant le départ clandestin de centaines de milliers de Vietnamiens. En janvier 1979, André Glucksmann, Jean-Paul Sartre et Raymond Aron prennent l'initiative de lancer une opération de sauvetage, « Un bateau pour le Vietnam », en faveur de ceux qui fuient ce pays à bord de bateaux de fortune, les boat-people.
La photographie de Richard Melloul prise sur le perron de l'Élysée à cette occasion le 26 juin 1979 est restée célèbre. Anticolonialiste dans l'âme, à la mort de Jean-Paul Sartre, le 15 avril 1980, Glucksmann compare dans l'émission Apostrophes les combats du grand philosophe contre la guerre d'Algérie à ceux de Soljenitsyne pour les libertés en URSS.
En 1981, André Glucksmann et Bernard Kouchner soutiennent ou en tout cas encouragent la candidature de Marie-France Garaud à l'élection présidentielle de 1981.
En 1985, quand parmi d'autres, Jean-François Revel, Olivier Todd, Emmanuel Leroy-Ladurie, Pierre Daix, Alain Besançon, Pierre Rigoulot, Bernard Stasi, Jacques Chaban-Delmas et Bernard-Henri Lévy signent une pétition pour encourager Ronald Reagan à continuer à soutenir les Contras au Nicaragua, André Glucksmann explique à Droit de réponse son désaccord considérant le texte comme « vieillot », trop « guerre froide » ne tenant pas compte du fait que « les Américains ont soutenu pendant 50 ans une dictature ». Il rapporte aussi que Yves Montand et Simone Signoret partagent son point de vue, assez proche sur l'Amérique centrale des démocrates chrétiens, et que Bernard-Henri Lévy souhaite retirer sa signature. Ce qu'il fera aux côtés de Pierre Daix.
Pendant les années 1980, il publie d'autres ouvrages, et couvre pour la presse française la chute du Mur de Berlin. Il promeut alors un atlantisme fondé sur l'antitotalitarisme et la promotion des droits de l'homme, notamment lors du conflit contre l'Irak (2003) au nom de la nécessité de renverser le président irakien Saddam Hussein.
Il figure aux élections européennes de 1994 sur la liste L'Europe commence à Sarajevo. La liste obtient 1,57 % des suffrages exprimés.
En 1995, André Glucksmann a soutenu la reprise des essais nucléaires décidée par Jacques Chirac. André Glucksmann a soutenu, comme Bernard-Henri Lévy, l'intervention de l'OTAN en Serbie en 1999.
En 2003, dans le journal Le Monde, il fustige le « camp de la paix ». Il participe à la création du cercle de réflexion le Cercle de l'Oratoire ainsi qu'à sa revue Le Meilleur des Mondes. Il est, en outre, devenu président de l'association des Amis du Meilleur des Mondes qui publie en cogérance avec les éditions Denoël, cette revue.
Il est également connu pour son soutien à la cause indépendantiste tchétchène, notamment lors de la Seconde guerre de Tchétchénie. Il aurait séjourné illégalement pendant un mois en Tchétchénie et dénonce régulièrement l'attitude des pays occidentaux envers la politique de Vladimir Poutine, attitude qu'il juge complaisante.
Militant actif en faveur d'engagements armés des pays occidentaux dans les conflits arabes, il pousse, en mars 2011, avec d'autres personnalités, à l'intervention militaire contre le régime libyen de Mouammar Kadhafi. En octobre 2012, il demande une intervention française contre le régime syrien.
Il se mobilise pour le Tibet, aidant notamment Jean-Paul Ribes quand il cherche un comité de soutien en France à la fin des années 1980.
En 2000, il cosigne un appel exhortant l'Union européenne et la France à désavouer publiquement la situation des droits de l'homme en Chine et au Tibet en soutenant une motion présentée par les États-Unis à Genève lors de la 56 session de la Commission des droits de l'homme des Nations unies.
En 2008, peu après les troubles au Tibet en mars 2008, il participe à une manifestation le 16 mars à Paris à proximité de l'ambassade de Chine et relaye l'appel du 14 dalaï-lama pour la mise en place d'une commission d'enquête internationale, alors que le Tibet est isolé. Il cosigne une lettre ouverte avec Vaclav Havel, Frederik Willem De Klerk, Karel Schwarzenberg, Yohei Sasakawa et El Hassan ben Talal appelant le gouvernement chinois a entamer un dialogue constructif avec les représentants du peuple tibétain
Lors de l'élection présidentielle de 2007, il apporte son soutien à Nicolas Sarkozy dans une tribune publiée dans Le Monde sous le titre "Pourquoi je choisis Nicolas Sarkozy". Il fustige une gauche « qui se croit moralement infaillible » mais a renoncé, écrit-il, au combat d'idées et à la solidarité internationale. Il s'éloigna par la suite du président, critiquant les rapports amicaux entretenus par Nicolas Sarkozy avec Vladimir Poutine.
Une réplique publiée par Jean-Marie Laclavetine met en cause la crédibilité de Glucksmann, comparant ses engagements politiques actuels avec son ancien soutien au maoïsme.
André Glucksmann estime que la perception traditionnelle des événements de mai 68 comme un mouvement de gauche, antiautoritaire, doublé d'une révolution culturelle et des moeurs, est restreinte par les préjugés et la récupération de l'événement par les partis de gauche, et en particulier le Parti socialiste.
Il analyse Mai 68 comme une révolution qui se reproduit de façon cyclique, à peu près tous les 25 ans, comme l'existentialisme. Selon lui, la perception de l'événement est difficile car il est étudié comme un objet politique, et qu'il n'est pas étudié comme un fait d'histoire.
Enfin, André Glucksmann appelle à prendre plus en compte le fait que mai 68 était une révolution antitotalitaire, forme de révolte née dès 1956 avec la révolution hongroise soutenue par une partie importante de la gauche française de l'époque : « Souvenez-vous, en 1968, Daniel Cohn-Bendit apostrophait les « crapules staliniennes », les chefs de la CGT, Aragon, à qui il demanda : que faisais-tu pendant les déportations, les famines dans l'URSS des années 1930 ? Tu as du sang sur tes cheveux blancs. »
Le 26 janvier 1977 André Glucksmann et d'autres intellectuels font paraître dans le journal Le Monde un communiqué demandant la libération d'adultes accusés d'actes pédophiles sur des mineurs de moins de 15 ans.
Dans le livre Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, Guy Hocquenghem retrace, de mai 1968 à mai 1986, les carrières et les trahisons des « repentis » socialistes et gauchistes mises en oeuvre sous la période mitterrandienne. D'après l'auteur, André Glucksmann fit partie de ce groupe de « renégats ».
André Glucksmann est quelquefois cité comme membre du Project for the New American Century. En fait, il n'a été que l'un des signataires en 2004, au côté de personnalités aussi diverses que Massimo D'Alema ou Joe Biden, d'une lettre ouverte présentée par le think tank néoconservateur aux chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne et de l'OTAN. Cela dit, il est membre du Cercle de l'Oratoire, un groupe de réflexion français « néoconservateur ».
Le 6 janvier 2009, il publie un « point de vue » dans Le Monde intitulé « Gaza, une riposte excessive ?». Dans cet article, il défend la légitimité de l'intervention des forces armées israéliennes dans la bande de Gaza. Il s'interroge également : « Quelle serait la juste proportion qu'il lui faudrait respecter pour qu'Israël mérite la faveur des opinions ? [...] Conviendrait-il qu'Israël patiente sagement jusqu'à ce que le Hamas, par la grâce de l'Iran et de la Syrie, « équilibre » sa puissance de feu ? [...] Désire-t-on vraiment qu'Israël en miroir se « proportionne » aux désirs exterminateurs du Hamas ? » Il répond : « Il n'est pas disproportionné de vouloir survivre. »
André Glucksmann est mort dans la nuit du 9 au 10 novembre à l'âge de 78 ans.
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Les meilleures citations d'André Glucksmann.
La désobéissance civile est une forme de responsabilité et appelle à davantage de responsabilités.
Qui jette son soulier sur ses bienfaiteurs va balancer dans la soupe distinguée de l'intelligence un gros pavé prosaïque : le Goulag et l'esclavage qu'il désigne.
C'est l'idée du despotisme qui nous donne l'idée de la démocratie.
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