Romancier tchèque naturalisé français, connu pour son roman « L’insoutenable légèreté de l’être » (1984), il a connu une consécration qui transcende les clivages idéologiques et philosophiques. Prix Médicis étranger en 1973 pour « La vie est ailleurs », le prix Jérusalem en 1985, le prix Aujourd'hui en 1993 pour « Les Testaments trahis », le prix Herder en 2000, le grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 2001, le prix mondial Cino Del Duca en 2009 et le prix de la BnF en 2012. Son nom a été plusieurs fois cité sur les listes du prix Nobel de littérature. Son œuvre est traduite dans plus de 40 langues.
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Milan Kundera, né le 1 avril 1929 à Brno, en Tchécoslovaquie (Moravie), et mort le 11 juillet 2023 à Paris, est un écrivain tchèque naturalisé français. Connu pour son roman « L’insoutenable légèreté de l’être » (1984), il a connu une consécration qui transcende les clivages idéologiques et philosophiques. Ayant émigré en France en 1975, il a obtenu la nationalité française le 1 juillet 1981, peu de temps après l'élection de François Mitterrand. Milan Kundera a écrit ses premiers livres en tchèque, mais utilise exclusivement le français depuis 1993. Il reçoit le prix Médicis étranger en 1973 pour La vie est ailleurs, le prix Jérusalem en 1985, le prix Aujourd'hui en 1993 pour Les Testaments trahis, le prix Herder en 2000, le grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 2001, le prix mondial Cino Del Duca en 2009 et le prix de la BnF en 2012. Son nom a été plusieurs fois cité sur les listes du prix Nobel de littérature. Son œuvre est traduite dans plus d'une quarantaine de langues.
Né à Brno, capitale de la Moravie, Milan Kundera est issu d'une famille où l'art et la culture sont considérés comme très importants. Son père Ludvík Kundera (1891-1971), est un célèbre musicologue et pianiste, recteur de l'académie de musique de Brno ; il apprend très tôt le piano à son fils. La musique tiendra une place non négligeable dans la vie et dans l'oeuvre de Milan Kundera. Son cousin Ludvík Kundera (1920-2010), poète et dramaturge, est également connu.
Milan fait ses études secondaires à Brno.
En 1948, il entame des études de littérature et d'esthétique à la Faculté de philosophie Charles de Prague, mais change d'orientation au bout de deux semestres et s'inscrit à l'école supérieure de cinéma de Prague, la FAMU. À cette époque, c'est un communiste convaincu. Il est inscrit au parti communiste depuis 1947 mais en 1950, il commet un acte considéré comme délictueux et en est exclu. Cet épisode est évoqué dans La Plaisanterie (le personnage principal, Ludvik est exclu pour avoir écrit sur une carte postale, en guise de plaisanterie : « Vive Trotsky ! », puis est envoyé faire son service militaire comme ouvrier mineur à Ostrava) et de façon plus à la fois directe et métaphorique dans Le Livre du rire et de l'oubli (3. « Les anges », p. 78-79 : « Moi aussi j'ai dansé dans la ronde. C'était en 1948, les communistes venaient de triompher dans mon pays, et moi je tenais par la main d'autres étudiants communistes... Puis un jour, j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas, j'ai été exclu du parti et j'ai dû sortir de la ronde. ».
Il termine ses études en 1952, interrompues quelque temps à la suite d'« agissements contre le pouvoir ». En 1956 il est réintégré dans le parti, mais en est définitivement exclu en 1970 à la suite de ses prises de positions publiques à partir de 1967.
En octobre 2008, cette période de la vie de Milan Kundera revient sur le devant de la scène médiatique, lorsque le magazine tchèque Respekt publie un document sorti des archives de la police politique tchécoslovaque, un procès-verbal d'interrogatoire daté du 14 mars 1950 selon lequel Milan Kundera aurait dénoncé un de ses concitoyens, Miroslav Dvoracek, un jeune déserteur de l'armée tchèque passé à l'Ouest, qui par la suite a été condamné à 22 ans de prison dont il effectuera 14 dans de dures conditions. Le document est publié en 2008 par l'Institut tchèque d'études des régimes totalitaires. L'auteur nie catégoriquement les faits et se dit très choqué par de telles accusations. Kundera reçoit le soutien de l'ancien président tchèque Václav Havel et de l'historien tchèque Zdenek Pesat. Entre temps, plusieurs écrivains à la notoriété internationale (Juan Goytisolo, Philip Roth, Salman Rushdie ou Carlos Fuentes) dont quatre prix Nobel de Littérature (JM Coetzee, Gabriel García Márquez, Nadine Gordimer et Orhan Pamuk) se sont associés pour défendre le romancier et exprimer leur « indignation devant une telle campagne orchestrée de calomnie ».
Son premier livre, L'Homme, ce vaste jardin (Člověk zahrada irá) en 1953, est un recueil de 24 poèmes lyriques dans lequel Kundera essaie d'adopter une attitude critique face à la littérature dite de « réalisme socialiste », mais ne le fait qu'en se positionnant du point de vue marxiste.
En 1955, il publie Le Dernier Mai (Poslední máj), un livre de poésie consistant en un hommage à Julius Fučík, un héros de la résistance communiste contre l'occupation de l'Allemagne nazie en Tchécoslovaquie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Suit en 1957, Monologues (Monology), une collection de 36 poèmes dans lequel Kundera rejette la propagande politique et accentue l'importance de l'authentique expérience humaine. C'est un livre de poésies d'amour (le sous-titre est Kniha o lásce: Le Livre sur l'amour), d'inspiration rationnelle et intellectuelle.
Dans la préface au roman de Josef kvorecký, Miracle en Bohême, Kundera évoque assez longuement le « Printemps de Prague » (c'est-à-dire la période entre l'avènement d'Alexandre Dubček en janvier et l'invasion soviétique en août 1968) en parallèle avec « Mai 68 ». Il en fait remonter l'origine au scepticisme et à l'esprit critique tchèque, qui aboutit à ce que dès 1960, le régime est, dit-il, « une dictature en décomposition », situation très favorable à une intense création culturelle (Milo Forman, Václav Havel, etc.). Un moment important est le 4e Congrès de l'Union des écrivains tchècoslovaques en juin 1967, les écrivains manifestent, pour la première fois publiquement, leur désaccord total avec la ligne politique des dirigeants du parti. Kundera participe activement à ce mouvement et y prononce un discours important. En ce qui concerne le mai parisien, il le considère comme radicalement différent du Printemps de Prague : celui-ci était un mouvement sceptique sur le plan politique, mais valorisant la culture traditionnelle à l'encontre de la culture soviétique ; celui-là était un mouvement révolutionnaire « lyrique » qui « mettait en cause ce qu'on appelle la culture européenne et ses valeurs traditionnelles ».
Dans cet esprit, il développe dans La Plaisanterie (1967) un thème majeur de ses écrits : il est impossible de comprendre et contrôler la réalité. C'est dans l'atmosphère de liberté du Printemps de Prague qu'il écrit Risibles amours (1968) ; ces deux oeuvres sont vues comme des messagers de l'anti-totalitarisme.
Risibles amours est composé de plusieurs nouvelles qui parlent des relations intimes humaines et à travers cela du dysfonctionnement de la parole, thème qui apparaît dans toutes les oeuvres matures de Kundera. Il analyse les thèmes de l'identité, de l'authenticité et du phénomène de l'illusion (comment les faits se changent de manière insaisissable en leur contraire). La plupart des histoires se déroulent dans la société tchèque du stalinisme tardif et témoignent de la réalité de cette époque.
L'invasion soviétique en août 1968 met fin à cette période de liberté d'expression des médias et plonge le pays dans le néo-stalinisme. Cette atmosphère restera inchangée jusqu'à la chute du communisme en Tchécoslovaquie en 1989. Réhabilité au sein du parti communiste après la déstanilisation (en 1956), Kundera en est à nouveau exclu en 1970, perd son poste d'enseignant à l'Institut des hautes études cinématographiques de Prague et ses livres sont retirés des librairies et des bibliothèques.
Il évoque cette période des « petits boulots » de nouveau dans Le Livre du rire et de l'oubli, indiquant notamment qu'il a gagné de l'argent en établissant des horoscopes et qu'il a même pu en publier dans un magazine pour jeunes (sous pseudonyme). Il met alors à profit ses compétences musicales pour, comme il l'écrit dans sa préface à une édition américaine de La Plaisanterie, jouer « avec un groupe de musiciens ambulants dans les tavernes d'une région minière ».
Malgré tout, il continue d'écrire. La vie est ailleurs est une forme de catharsis pour Kundera, il se confronte à son passé de communiste, sa place en tant qu'artiste et il s'en libère. Ce livre est publié en France (1973) où il reçoit le prix Médicis.
L'ambiance de La Valse aux adieux (1976), supposé être son dernier roman (le titre original était Épilogue), est influencée par le régime aride qui régnait en Tchécoslovaquie après l'invasion de l'URSS. Pas question de politique dans ce livre. La situation étouffante qui règne en dehors du monde de la fiction n'apparaît dans le récit que de manière occasionnelle.
En 1975, avec sa femme Véra, il quitte la Tchécoslovaquie pour la France. Il réside d'abord au trentième étage de la tour des horizons à Rennes, une ville « vraiment moche » selon lui où il enseigne, en tant que professeur invité, en littérature comparée à l'université Rennes 2 jusqu'en 1979, année où il rejoint l'École des hautes études en sciences sociales à Paris. Toujours en 1979, la nationalité tchécoslovaque lui est retirée ; deux ans plus tard, François Mitterrand lui octroie la nationalité française, en même temps qu'à Julio Cortazar.
Boris Livitnof nous éclaire, dans son article Milan Kundera : la dérision et la pitié, sur la manière d'agir du gouvernement tchèque :
« Ce n'est pas l'écrivain qui tourne le dos à son pays. Mais c'est son pays qui met l'écrivain hors-la-loi, l'oblige à la clandestinité et le pousse au martyre »
Paradoxalement, le fait qu'il soit interdit de publication dans son pays lui procure un sentiment de liberté. Pour la première fois de sa vie il peut écrire librement, la censure n'existant plus. Sachant qu'il n'écrit que pour des traducteurs, son langage se trouve radicalement simplifié.
La langue française maîtrisée, Kundera se lance dans la correction des traductions de ses livres. Dans La Plaisanterie, note de l'auteur, il explique l'importance et la raison qui le poussent à réagir de cette manière.
Durant ses premières années en France Milan Kundera soutenait qu'il avait dit tout ce qu'il avait à dire et qu'il n'écrirait plus de romans.
Le Livre du rire et de l'oubli, achevé en 1978, est publié en 1979. Ce qui différencie ce livre de ceux écrits précédemment, c'est l'angle de vue. Dans ce livre, Kundera réexamine son passé communiste et le dénonce à travers des thèmes comme l'oubli (à l'Est les gens sont poussés à oublier par les autorités tandis qu'à l'Ouest ils oublient de leur propre initiative) ou l'idéal de créer une société communiste mais cette fois d'un point de vue externe, « de l'Ouest ».
C'est en 1978 qu'il s'installe à Paris. Il termine L'Insoutenable Légèreté de l'être en 1982 (publiée en 1984), son roman le plus connu. La sortie du film, réalisé par Philip Kaufman et Jean-Claude Carrière en 1988, y est sans doute pour quelque chose.
Dans L'Insoutenable Légèreté de l'être, l'auteur étudie le mythe nietzschéen de l'éternel retour. Il se concentre sur le fait que l'Homme ne vit qu'une fois, sa vie ne se répète pas et donc il ne peut corriger ses erreurs. Et puisque la vie est unique, l'homme préfère la vivre dans la légèreté, dans un manque absolu de responsabilités. Il introduit aussi sa définition du kitsch, c'est-à-dire ce qui nie les côtés laids de la vie et n'accepte pas la mort : « Le kitsch est la négation de la merde » (il s'agit en somme de toute idéologie : kitsch catholique, protestant, juif, communiste, fasciste, démocratique, féministe, européen, américain, national, international, etc.).
Il écrit notamment Jacques et son maître en hommage à Jacques le Fataliste de Denis Diderot en 1981, pièce en trois acte.
L'Immortalité est publiée en 1990. Ce roman se présente comme une méditation sur le statut de l'écrit dans le monde moderne où domine l'image. Il dénonce la tendance contemporaine à rendre toute chose superficielle, facilement digérable. Kundera réagit face à cette attitude en construisant délibérément ses récits de manière qu'ils ne puissent être résumés facilement.
En 1993, Milan Kundera termine son premier roman écrit en français, La Lenteur (publié en 1995). Il continue, ici, ce qu'il avait commencé avec L'Immortalité, une critique de la civilisation de l'ouest de l'Europe. Kundera compare la notion de lenteur, associée à la sensualité dans le passé mais aussi un acte qui favorise la mémoire, à l'obsession de vitesse du monde contemporain.
L'Identité (achevé en 1995, publié en 1998) est le deuxième roman que Kundera écrit directement en français. Tout comme La Lenteur, L'Identité est une oeuvre de maturité. Ce roman est un roman d'amour. Il rend hommage à l'amour authentique, à sa valeur face au monde contemporain. Le seul qui puisse nous protéger d'un monde hostile et primitif.
L'Ignorance (publié d'abord en espagnol en 2000, en français en 2003) : à partir du deuxième livre, on parlait déjà d'un « cycle français » dans l'oeuvre de Kundera, d'un « second cycle ». Cette fois c'est confirmé. La même forme se trouve dans les trois romans : moins de pages, un nombre réduit de personnages, néanmoins on retrouve l'écriture du « cycle » précédent. Ce roman parle du retour impossible (dans son pays d'origine). On retrouve une continuité dans les thèmes utilisés auparavant et ceux employés dans ce livre. L'auteur examine inlassablement l'expérience humaine et ses paradoxes. Le malentendu amoureux en est le canon.
En mars 2011, son OEuvre (au singulier), en deux volumes, entre au catalogue de la Bibliothèque de la Pléiade. Il rejoint ainsi la liste des très rares auteurs à être publiés de leur vivant dans la prestigieuse collection des éditions Gallimard. Kundera n'a autorisé cette publication de ses oeuvres complètes qu'à la condition qu'elle ne comporte aucune note, préface, commentaire, ni appareil critique.
La Fête de l'insignifiance (publié d'abord en italien en 2013, en français en 2014) : quatrième roman que Kundera écrit directement en français, considéré par l'éditeur Adelphi « comme une synthèse de tout son travail [...] inspirée par notre époque qui est drôle parce qu'elle a perdu tout sens de l'humour. »
Milan Kundera a écrit aussi dans la revue littéraire L'Atelier du Roman, dirigé par Lakis Proguidis et publié actuellement par Flammarion et Boréal.
Depuis 1985 Kundera n'accorde plus d'entretiens, mais accepte de répondre par écrit. Toute information à propos de sa vie privée est scrupuleusement contrôlée par lui. Sa biographie officielle dans les éditions françaises se résume à deux phrases :
« Milan Kundera est né en Tchécoslovaquie. En 1975, il s'installe en France »
Le 28 novembre 2019, l'ambassadeur de la République tchèque en France, au nom de son pays, lui restitue sa citoyenneté tchèque. Le certificat qui officialise cette décision lui est remis par l'ambassadeur de la République tchèque en France, le jeudi 28 novembre 2019, lors d'une cérémonie privée à son domicile.
Milan Kundera est mort le mardi 11 juillet 2023, à l'âge de 94 ans, à Paris (France).
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Les meilleures citations de Milan Kundera.
Etre courageux dans l'isolement, sans témoins, sans l'assentiment des autres, face à face avec soi-même, cela requiert une grande fierté et beaucoup de force.
Qui cherche l'infini n'a qu'à fermer les yeux.
Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.
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