Journaliste et photographe franco-suisse, membre de l’agence Magnum de 1966 à 2020 et membre de l’Académie des beaux-arts de l'Institut de France de 2016 à 2020, reporter tôt passé à la couleur, il a photographié tous les grands conflits pendant 50 ans, mais préférait cependant capter, dans des images élégantes et picturales, les lumières de son Maroc natal ou les cultures millénaires.
Francais, suisse, né le 13 février 1941 et mort le 9 novembre 2020
Enterré (où exactement ?).
Bruno Barbey est un journaliste professionnel et photographe franco-suisse, né le 13 février 1941 à Rabat au Maroc sous protectorat français, et mort le 9 novembre 2020 à Orbais-l'Abbaye dans la Marne. Il est membre de l’agence Magnum de 1966 à 2020 et membre de l’Académie des beaux-arts de l'Institut de France de 2016 à 2020. Figure de l’agence Magnum, le reporter tôt passé à la couleur a photographié tous les grands conflits pendant 50 ans, mais préférait cependant capter, dans des images élégantes et picturales, les lumières de son Maroc natal ou les cultures millénaires.
Bruno Barbey passe son enfance au Maroc où il est né à Rabat en 1941. Il y passe les douze premières années de sa vie, entre Rabat, Marrakech et Tanger, au gré des affectations de son père qui est haut-fonctionnaire du Protectorat français du Maroc.
À seize ans, il obtient son brevet de pilote d’avion et pratique le parachutisme. L’année suivante, il part à Paris étudier au lycée Henri-IV. Il a pour camarades de classe Éric Rohmer et Barbet Schroeder avec lesquels il passe de longues heures à la Cinémathèque française au palais de Chaillot. En 1959, il rentre à l'École des arts et métiers de Vevey en Suisse où il s’ennuie car le programme est surtout axé sur la photo publicitaire ou industrielle.
Fasciné par le cinéma néo-réaliste italien, il débute en 1962 un essai photographique sur les Italiens, en séjournant pendant plusieurs semaines et à de nombreuses reprises en Italie, où il rencontre Alberto Moravia, Elsa Morante et Carlo Levi. Il présente ses photos à l'éditeur Robert Delpire. Le projet de livre ne se réalise pas immédiatement mais il rencontre à cette occasion Henri Cartier Bresson et Marc Riboud.
Il commence alors à voyager à travers le monde, notamment à Naples, en Camargue, au Portugal, au Kenya, au Koweït et en Écosse pour le compte des Éditions Rencontre de Lausanne. Il y publie un livre d'illustration de chacune de ces destinations.
Bruno Barbey a 25 ans quand il rejoint l'agence Magnum en 1966 et en devient pleinement membre en 1968. Il exerce les postes de vice-président pour l'Europe de 1978 à 1979 et de président de Magnum International de 1992 à 1995.
Au sein de l'agence Magnum, il amorce alors, parallèlement à son travail d'auteur, une carrière de photo-journaliste qui va le conduire à multiplier de courts séjours liés à l'actualité à travers le monde en vue de publications dans des magazines (tels que Life, Paris Match, Stern ou le National Geographic). Il se rend au Biafra au début de la guerre de sécession avec le Nigeria, il suit le général de Gaulle en Pologne, réalise le portrait de Nasser et photographie le cinquantième anniversaire de la révolution soviétique à Moscou. De temps à autre, il séjourne plus longtemps dans un pays ou une région particulière pour en publier un livre.
Il photographie abondamment les révoltes ouvrières et étudiantes de Mai 68 à Paris. Il s'associe à un groupe composé entre autres de Marker et Godard pour réaliser des films au banc-titre sur les grèves. Il photographie également les émeutes étudiantes à Tokyo. En 1970, il réalise avec Jean Genet un reportage sur les Palestiniens, publié dans le magazine Zoom. En 1971 et 1972, il couvre la guerre du Vietnam, notamment la bataille d'An Lộc. Ses photographies sont publiées dans le magazine Life.
Il amorce en 1972 un travail au long cours sur le Maroc, pays de son enfance, avec le désir de sauver une mémoire en train de se perdre. Plusieurs livres, avec des textes de Jemia et J. M. G. Le Clézio et de Tahar Ben Jelloun, en seront publiés dans les années 1990 et 2000.
Bruno Barbey séjourne en Chine en 1973 pendant la Révolution culturelle puis à Phnom Penh assiégée par les Khmers rouges. Il photographie la guerre du Kippour en Syrie et en Israël. En 1974, il se rend clandestinement chez les Kurdes en Irak en passant par l'Iran. Il y rencontre le général Moustapha Barzani. En 1975, il photographie la Marche verte effectuée du Maroc au Sahara occidental. En 1976, il séjourne de nouveau en Iran pour y préparer un livre avec René Maheu, à l'époque directeur général de l'Unesco.
En 1980, il passe trois mois à Bombay pour publier un livre aux éditions Time and Life. En 1981 et 1982, il fait de longs séjours en Pologne qui est, sous l'impulsion du syndicat Solidarność, à un tournant de son histoire. Il suivra la très populaire tournée du Pape. Il en tirera un livre (préfacé par le journaliste Bernard Guetta). En 1984, il publie un livre sur le Gabon. En 1991, il couvre la guerre du Golfe puis suit les réfugiés kurdes en Irak et en Turquie.
Durant ces années, il a multiplié les séjours au Maroc. À Paris, l'Institut du monde arabe accueille une exposition sur la ville de Fès en 1996, puis le Petit Palais en réceptionne une sur le Maroc en 1999.
Depuis 2005, il se consacre à un long travail sur la Turquie, principalement à Istanbul. Il a fait aussi plusieurs séjours en Corée du Sud (2007-2008), au Brésil (2008-2009) et en Chine (2008-2013).
En 2016, Bruno Barbey est élu membre de l’Académie des beaux-arts de l'Institut de France, en même temps que Sebastião Salgado et Jean Gaumy, suite à la création de deux nouveaux fauteuils dans la section de photographie (section VIII). Il est officiellement installé le 4 avril 2018 par Alain-Charles Perrot. C’est Jean-Noël Jeanneney qui lui remet son épée d'académicien.
Père de deux enfants, Aurélie et Igor, il est marié à la cinéaste et documentariste Caroline Thiénot-Barbey.
Bruno Barbey est mort le lundi 9 novembre 2020, à l’âge de 79 ans, d’une crise cardiaque, à Orbais-l'Abbaye (France).
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