Artiste, Dramaturge, Écrivain, Journaliste (Art, Journalisme, Littérature).
Autrichien, né le 28 novembre 1881 et mort le 22 février 1942
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Stefan Zweig, né le 28 novembre 1881 à Vienne, en Autriche-Hongrie, et mort le 22 février 1942, à Petrópolis au Brésil, est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.
Stefan Zweig est le fils de Moritz Zweig, né en 1845, d'abord marchand puis fabricant fortuné de tissus, et d'Ida (Brettauer) Zweig, née en 1854, fille d'un banquier récemment installé à Vienne après avoir fait ses débuts à Ancône. Il est né le 28 novembre 1881 à Vienne. Avec son frère aîné, Alfred, il complète une famille « (qui) a voulu réussir son intégration et tenu à (leur) donner une éducation laïque. À l'exemple de ses parents, il(s) ne parle(nt) pas l'hébreu, ne fréquente(nt) pas la synagogue, ne cultive(nt) pas (leurs) racines..., et (Stefan) n'aime pas s'entendre rappeler qu'il est juif ».
Zweig est élevé à Vienne, dans le quartier du Ring à l'atmosphère bourgeoise et conformiste si caractéristique du règne de l'empereur François-Joseph. Inscrit au Maximilian Gymnasium, il subit l'enseignement scolaire, extrêmement rigide et autoritaire, comme un bagne. Il réussit malgré tout à obtenir son baccalauréat en 1900, avec une distinction en allemand, en physique et en histoire. À l'université, il s'inscrit en philosophie et en histoire de la littérature. À Vienne, il est associé au mouvement d'avant-garde Jeune Vienne.
Il quitte alors le foyer familial pour une chambre d'étudiant et commence enfin à profiter de ses dix-neuf ans. Il suit ses cours occasionnellement, fréquente les cafés, les concerts, le théâtre. Il s'intéresse aux poètes, en particulier Rainer Maria Rilke et Hugo von Hofmannstahl, déjà adulés en dépit de leur jeune âge. Zweig s'essaie lui-même à l'écriture, qui l'attire de plus en plus. Il compose plusieurs poèmes, dont une cinquantaine seront réunis dans un recueil, Les Cordes d'argent, publié en 1901. Même s'il reniera ensuite cette première publication, elle lui attire un succès d'estime. Outre ces poèmes, Zweig écrit également de courts récits, dont Dans la neige (Im Schnee) qui paraîtra également en 1901 dans le journal viennois Die Welt.
« Ma mère et mon père étaient juifs par le hasard de leur naissance ». Ses premiers essais, sous forme de feuilleton au « rez-de-chaussée », sont publiés dans « Die Neue Freie Presse », dont le rédacteur littéraire est Theodor Herzl : cependant, Zweig ne sera pas attiré par le sionisme ; ce n'est que tardivement qu'il rendra hommage à l'homme engagé. Cette publication incitera ses parents à accepter une carrière d'écrivain.
Encouragé par ces premiers succès, mais doutant encore de son talent, Zweig séjourne à Berlin. Il y découvre une autre avant-garde : les romans de Dostoïevski et la peinture de Edvard Munch. À son retour à Vienne, il défend sa thèse sur Hippolyte Taine, philosophe et historien français (printemps 1904) ce qui lui confère le titre de Herr Doktor, docteur en philosophie.
Avant la Première Guerre mondiale, porté par une curiosité insatiable, il fait de nombreux voyages (Wanderjahre) : il parcourt l'Europe, passe de longs séjours à Berlin, Paris, Bruxelles et Londres, et se rend en Inde en 1910 puis aux États-Unis et au Canada en 1912. Dans son journal, il se plaint de cette inquiétude intérieure déjà intolérable qui ne le laisse jamais en paix et justifie son goût incessant des départs. Zweig voyage autant pour connaître et apprendre que pour se fuir lui-même, dans le mirage des changements d'horizons.
Ses nombreux voyages ne l'empêchent pas de poursuivre ses activités d'écriture (un recueil de nouvelles publié en 1904) et de traduction, notamment de Verlaine qu'il admire passionnément. Il traduit également le poète Émile Verhaeren qu'il a rencontré à Bruxelles et dont la vitalité, à l'opposé de l'atmosphère engoncée de Vienne, influencera durablement le jeune Zweig. Après une tentative théâtrale avec sa pièce Thersite, sorte d'antihéros de la guerre de Troie, Zweig rencontre l'écrivain français Romain Rolland, dont il partage les idéaux paneuropéens, esprit de tolérance à l'opposé des visions nationalistes étriquées et revanchardes. Zweig et Rolland deviendront des amis proches, unis par leurs intuitions sur l'Europe et la culture. Le jeune Stefan Zweig a d'emblée été conquis par l'oeuvre de Romain Rolland et plus encore par l'homme. Il a été séduit par son humanisme, son pacifisme, sa connaissance de la culture allemande qui lui semble représenter une synthèse entre leurs deux cultures. Ils s'écrivent beaucoup : on a retrouvé 520 lettres de Stefan Zweig à Romain Rolland et 277 lettres de Romain Rolland à Stefan Zweig.
Le 22 décembre 1912 paraît Jean-Christophe, Stefan Zweig publie un article dans le Berliner Tageblatt : « Jean-Christophe est un événement éthique plus encore que littéraire. »
Entre ces deux hommes, c'est l'histoire d'une grande amitié qui commence par une relation de maître à disciple. Stefan Zweig fait connaître Romain Rolland en Allemagne, travaillant inlassablement à sa renommée. Il fait représenter son Théâtre de la Révolution et Romain Rolland lui dédie la pièce qu'il termine en 1924 intitulée Le jeu de l'amour et de la mort avec ces mots : « À Stefan Zweig, je dédie affectueusement ce drame, qui lui doit d'être écrit. » Durant cette période, ils se voient souvent, chaque fois qu'ils en ont l'occasion : (en 1922, Stefan Zweig est à Paris et l'année suivante, c'est Romain Rolland qui passe deux semaines au Kapuzinerberg; en 1924, ils sont à Vienne pour le soixantième anniversaire de Richard Strauss où Stefan Zweig présente son ami à Sigmund Freud qu'il désirait rencontrer depuis longtemps ; en 1925, ils se retrouvent à Halle pour le festival Haendel puis ils partent pour Weimar visiter la maison de Goethe et consulter les archives de Nietzsche ; en 1926, pour les soixante ans de Romain Rolland, paraît son livre jubilaire conçu en grande partie par Stefan Zweig qui va donner dans toute l'Allemagne de nombreuses conférences sur l'oeuvre de son ami à propos de qui il a cette phrase magnifique : « La conscience parlante de l'Europe est aussi notre conscience. » En 1927, c'est à Vienne qu'ils célèbrent ensemble le centenaire de la mort de Beethoven. À l'initiative de Stefan Zweig, Romain Rolland fait partie des personnalités invitées au festivités et ses articles, son hommage à Beethoven paraissent dans nombre de journaux.)
À trente ans, Zweig connaît une première idylle en la personne de Friderike Maria von Winternitz, déjà mariée et mère de deux filles. Durant les années qui vont suivre, les deux amants se voient régulièrement et coulent des jours paisibles. Zweig poursuit ses voyages et entame un ouvrage sur Dostoïevski. À l'été 1914, en compagnie de Friderike, son bonheur est parfait.
Il est loin de se douter que l'assassinat, le 28 juin, de François-Ferdinand va plonger l'Europe dans une folie meurtrière et dévastatrice. Emporté par la folie patriotique et ses clairons, Zweig revient à Vienne et cède durant une brève période à ce tourbillon. Il rédige des articles dans lesquels il prend parti pour l'esprit allemand, avant de retrouver bientôt la trace de ses idéaux de fraternité et d'universalité. Romain Rolland et Stefan Zweig sont atterrés par la guerre qui commence et le 3 août 1914, Romain Rolland écrit : « Je suis accablé. Je voudrais être mort. Il est horrible de vivre au milieu de cette humanité démente et d'assister, impuissant, à la faillite de la civilisation. » Mais contrairement à Stefan Zweig, il se reprend vite et publie en 1915 l'un de ses textes les plus connus : Au-dessus de la mêlée. C'est l'opiniâtreté de Romain Rolland dans sa lutte contre la guerre qui sauve Stefan Zweig de la dépression et fait qu'il admire de plus en plus celui qu'il considère comme son maître.
D'abord jugé inapte au front, Zweig est néanmoins enrôlé dans les services de propagande. Il y apprend les nouvelles du front, les morts par milliers, les villages anéantis. Quelques rares voix s'élèvent pour appeler à la raison et au dépôt des armes. Elles sont mal reçues. Plusieurs de ses anciens amis, dont Zweig est maintenant coupé, entretiennent le feu. Même Verhaeren que Zweig admirait tant, publie des textes remplis de haine et de vengeance.
Envoyé sur le front polonais pour statuer sur la situation matérielle des troupes, Zweig a l'occasion de constater concrètement ce que la guerre entraîne de souffrance et de ruine. Les scènes déchirantes dont il est témoin renforcent sa conviction que la défaite et la paix valent mieux que la poursuite de ce conflit insensé. Il prend également conscience du sort que subissent nombre de juifs, confinés dans des ghettos insalubres et désespérants.
De retour en Autriche, Zweig quitte Vienne et s'installe en compagnie de Friderike à Kalksburg. Plus loin des rumeurs de la guerre, Zweig est en mesure de terminer sa pièce de théâtre Jérémie (1916), où il laisse entrevoir la possibilité d'une défaite de l'Autriche. L'ouvrage lui donne l'occasion d'aller en Suisse en 1917 pour assister aux répétitions lors de sa création à Zurich. Il en profite pour rencontrer nombre de pacifistes, en particulier son ami Romain Rolland à Genève. Ils somment les intellectuels du monde entier de se joindre à eux dans un pacifisme actif qui fut décisif dans l'attribution du prix Nobel de littérature à Romain Rolland. Zweig reste pacifiste toute sa vie et préconise l'unification de l'Europe.
L'armistice sera enfin signé en 1918. En mars 1919, Zweig, en compagnie de Friderike et de ses filles, peut enfin revenir en Autriche et s'installe à Salzbourg, déterminé à « travailler davantage » et à laisser derrière lui les regrets inutiles.
Les années 1920 voient effectivement Zweig se consacrer à une production abondante : ce seront Trois Maîtres (Balzac, Dickens, Dostoïevski), Le Combat avec le démon (sur Kleist, Hölderlin et Nietzsche) enfin Trois poètes de leur vie (essais sur Stendhal, Casanova et Tolstoï) ; viendra plus tard La Guérison par l'esprit (sur Freud, à qui il fait lire ses nouvelles avant parution et dont il rédige l'oraison funèbre en 1939 , Mesmer et Mary Baker Eddy). Polyglotte accompli, Zweig traduit de nombreuses oeuvres de Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, John Keats... Grand connaisseur du monde des arts et des lettres, il nourrit toute sa vie une grande passion pour les autographes et les portraits d'écrivains, qu'il collectionne.
Zweig parcourt l'Europe, donne de multiples conférences, rencontre des écrivains, des artistes et tous ses vieux amis dont la guerre l'avait séparé. Fidèle à ses idéaux pacifistes, il invite les pays à panser leurs plaies et à fraterniser entre eux plutôt que de nourrir les antagonismes et les conflits. Il prêche pour une Europe unie, conviction qu'il défendra jusqu'à la fin de sa vie.
Ces activités apportent à Zweig la célébrité, qui commence par sa nouvelle Amok, publiée en 1922. Dès lors, tous ses ouvrages sont des succès de librairie. Sa notoriété grandit et le met à l'abri des soucis financiers dans les difficiles années d'après-guerre. En contrepartie, la notoriété, nourrie par les traductions en plusieurs langues, entraîne son lot de sollicitations et d'engagements. Zweig s'épuise dans d'interminables tournées. Il ne trouve le repos que dans l'isolement de sa villa à Salzburg, auprès de Friderike. Là, il reçoit ses amis, écrivains, musiciens, penseurs, d'où qu'ils viennent. Il tisse des liens avec de jeunes auteurs qui lui seront reconnaissants de l'aide et des encouragements qu'il leur a apportés.
En 1925, Zweig remanie la pièce Volpone de Ben Jonson. La pièce, traduite dans plusieurs langues, reçoit un accueil enthousiaste et contribue à sa renommée.
Zweig ne délaisse pas pour autant ses biographies. Il consacre un ouvrage à l'homme politique français Joseph Fouché, qui, en son temps, préfigurait déjà les jeux de coulisse que Zweig pressent dans les États européens. Les biographies, pour Zweig, sont l'occasion d'éclairer le présent à la lueur des agissements passés. Elles questionnent toutes l'incapacité apparente de l'homme à apprendre de ses erreurs, surtout en cette époque où apparaissent déjà les premiers signes avant-coureurs des catastrophes à venir. Parallèlement à sa carrière d'écrivain, Zweig consacre une grande part de son temps et de ses revenus à sa collection de manuscrits, de partitions et d'autographes. Elle constitue un véritable trésor, assemblée comme une oeuvre d'art, où on retrouve notamment une page des Carnets de Léonard de Vinci, un manuscrit de Nietzsche, le dernier poème manuscrit de Goethe, des partitions de Brahms et de Beethoven. Cette collection inestimable sera confisquée par les nazis, dispersée et en grande partie détruite. Elle lui aura cependant inspiré quelques textes, dont La collection invisible.
À l'aube de la cinquantaine, Zweig subit l'usure du couple avec Friderike. Il entreprend un ouvrage sur Marie-Antoinette, où il explore le thème des gens frappés par la tragédie, qui savent trouver dans le malheur une forme de rédemption et de dignité. L'ouvrage connaîtra un grand succès, tout juste avant la prise du pouvoir par les nazis en 1933.
L'arrivée au pouvoir d'Hitler vient bouleverser la vie de Zweig, qui a très tôt une conscience claire du terrible danger que représente le dictateur pour les Juifs, pour l'Autriche et pour toute l'Europe. Cette année charnière voit l'exil forcé d'un grand nombre des amis allemands de Zweig. Lui-même juif, il suit avec effarement les troubles qui agitent le pays voisin. Il hésite à prendre position, voulant comme toujours se situer en dehors des choix politiques qui conduisent trop souvent à l'affrontement. Il est soutenu par le compositeur Richard Strauss qui lui commande un livret et qui refuse de retirer le nom de Zweig de l'affiche pour la première, à Dresde, de son opéra Die schweigsame Frau (La Femme silencieuse). Mais Zweig se sent partagé de collaborer avec cet homme proche du pouvoir nazi. L'opéra ne sera d'ailleurs présenté que trois fois, jugé comme une « oeuvre juive ». Zweig suscite également la colère des nazis lorsque l'une de ses nouvelles (Brûlant secret, Brennendes Geheimnis, publié en 1911) est adaptée au cinéma en 1933 par Robert Siodmak sous le titre Das brennende Geheimnis. Un autodafé de ses oeuvres a même lieu à Berlin.
De son côté, Zweig s'intéresse ensuite à Érasme, en qui il voit un modèle humaniste proche de ses conceptions. La neutralité de Zweig est cependant bientôt mise à mal, lorsque l'Autriche, à son tour, succombe à la répression politique. Des partisans de la Ligue républicaine sont mitraillés dans les banlieues ouvrières. Zweig lui-même est l'objet d'une perquisition qui a raison de toutes ses hésitations. Aussitôt, il fait ses valises et décide de quitter le pays, en février 1934. Il laisse tout derrière lui, persuadé, à juste titre et contre l'avis des siens, que le bruit des bottes n'ira qu'en augmentant. Ses rêves de paix s'évanouissent. Zweig quitte l'Autriche sans grand espoir d'y revenir.
Réfugié à Londres, Zweig entreprend une biographie de Marie Stuart. Le personnage l'intéresse au même titre que Marie-Antoinette, dans la mesure où leurs deux destins illustrent le côté impitoyable de la politique que Zweig a en aversion. Il entame également une liaison avec Lotte (Charlotte Elisabeth Altmann), sa secrétaire, tandis que Friderike refuse de le rejoindre à Londres, jugeant non fondées les appréhensions de son époux. Elle et bien des amis, aveugles aux nuages toujours plus sombres qui envahissent l'Europe, lui reprochent d'agir en prophète de malheur.
Mais Zweig persiste dans ses craintes et ses intuitions. Il refuse de choisir son camp, comme Érasme en son temps, privilégiant la neutralité et la conscience individuelle à l'asservissement à un courant politique. Cette attitude prudente éloigne ses vieux amis, dont Romain Rolland, qui a épousé la cause du marxisme-léninisme et l'écrivain Joseph Roth.
Durant l'été 1936, au moment où éclate la guerre d'Espagne, Zweig accepte l'invitation de se rendre au Brésil, laissant derrière lui une Europe divisée et troublée. Précédé par sa célébrité, Zweig est accueilli avec tous les honneurs. Lui-même est subjugué par la beauté de Rio de Janeiro.
Il y entreprend la rédaction d'une nouvelle biographie. Elle est consacrée à l'explorateur Magellan, en qui Zweig voit un héros obscur, comme il les affectionne, demeuré fidèle à lui-même en dépit des embûches. Il termine l'ouvrage tant bien que mal, en proie à des tourments qui présentent tous les aspects d'une dépression.
De Londres, Zweig suit l'actualité autrichienne de près. Ce qu'il appréhende depuis des années finit par se réaliser. Le 14 mars 1938, Hitler traverse la frontière et proclame l'annexion de l'Autriche. Du coup, Zweig se voit dépossédé de sa nationalité autrichienne et devient un réfugié politique comme les autres. Désireux d'échapper aux brimades réservées aux expatriés, considéré comme ennemi quand la guerre éclate, Zweig demande et reçoit enfin son certificat de naturalisation. Entretemps, il a rompu avec Friderike et a épousé Lotte. C'est avec elle qu'il quitte l'Angleterre, à l'été 1940, juste avant le début de bombardements allemands sur Londres. Zweig cède de plus en plus au désespoir.
Comme pour compenser sa condition d'expatrié, il se plonge dans le travail. Avant de partir, il laisse un roman La Pitié dangereuse, paru en 1939. Il abandonne d'ailleurs derrière lui notes et manuscrits inachevés. Sa première escale est à New York où sa condition d'Allemand lui attire l'hostilité. Il part donc pour le Brésil, pays qui lui avait fait une forte impression et où il avait été bien reçu. Il est toujours accompagné de Lotte, dont la santé fragile commence à peser sur le couple.
Installé à Rio, Zweig parcourt le pays. Il se rend également en Argentine et en Uruguay pour une série de conférences. Il revient ensuite à New York, en mars 1941, pour la dernière fois. Il y revoit Friderike qui a réussi à émigrer aux États-Unis. Zweig demeure quelques mois là-bas et fréquente ses vieux amis, expatriés comme lui. Le 15 mai, il prononcera sa dernière conférence. Désespéré et honteux du tort que cause l'Allemagne, il réitère néanmoins sa confiance en l'homme, mais on le sent déjà désabusé.
De retour au Brésil durant l'été, il entreprend la rédaction de ses mémoires qui seront publiées après sa mort sous le titre Le Monde d'hier, hymne à la culture européenne qu'il considérait alors comme perdue. Il revient sur les principales étapes de son existence, marquant de son témoignage un monde en destruction, comme s'il souhaitait qu'une trace de ce monde d'hier qu'il chérissait soit conservée. Il déménage ensuite à Petropolis où il fêtera le 28 novembre, loin de ses amis et des honneurs, son soixantième anniversaire.
Avec l'entrée en guerre des États-Unis, Zweig perd de plus en plus espoir. Il n'en continue pas moins son oeuvre, dont Le Joueur d'échecs, bref roman publié à titre posthume qui met précisément en scène un exilé autrichien que les méthodes d'enfermement et d'interrogation pratiquées par les nazis avaient poussé au bord de la folie. Au mois de février, en plein Carnaval à Rio, il reçoit le coup de grâce en apprenant la défaite des Britanniques en Indonésie.
Hanté par l'inéluctabilité de la vieillesse, ne supportant plus l'asthme sévère de Lotte et moralement détruit par cette guerre, il décide qu'il ne peut plus continuer à assister ainsi, sans recours, à l'agonie du monde. Il rend, à Barbacena, visite à l'écrivain Georges Bernanos qui tente, en vain, de lui faire reprendre espoir. Le 22 février 1942, après avoir fait ses adieux et laissé ses affaires en ordre (il laisse un mot concernant son chien, qu'il confie à des amis), Stefan Zweig met fin à ses jours en s'empoisonnant au Véronal (barbiturique), en compagnie de Lotte qui refuse de survivre à son compagnon. Il aura droit à des funérailles nationales lors de son enterrement à Petrópolis, contrairement à ses voeux.
« Un peuple qui a donné au monde le livre le plus sacré et le plus précieux de tous les temps n'a pas besoin de se défendre quand on le décrète inférieur et n'a pas besoin de se vanter de tout ce qu'il a produit inlassablement dans tous les domaines de l'art, de la science, des actes de la pensée : tout cela est inscrit, on ne peut l'effacer de l'histoire de ce pays dans lequel nous étions chez nous. »
Stefan Zweig, Lettre à Max Brod.
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Les meilleures citations de Stefan Zweig.
On peut tout fuir, sauf sa conscience.
Il ne sert à rien d'éprouver les plus beaux sentiments si l'on ne parvient pas à les communiquer.
Presque toujours, la responsabilité confère à l'homme de la grandeur.
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