Artiste, Écrivain (Art, Littérature).
Francais, né le 22 février 1888 et mort le 5 juillet 1948
Enterré (où exactement ?).
Georges Bernanos est un écrivain français, né le 20 février 1888 dans le 9e arrondissement de Paris et mort le 5 juillet 1948 à Neuilly-sur-Seine à l'âge de 60 ans.
Georges Bernanos passe sa jeunesse en Artois et cette région du Nord constituera le décor de la plupart de ses romans. Il participe à la Première Guerre mondiale et est plusieurs fois blessé, puis il mène une vie matérielle difficile et instable en s'essayant à la littérature. Il obtient le succès avec ses romans Sous le soleil de Satan en 1926 et Journal d'un curé de campagne en 1936.
Dans ses oeuvres, Georges Bernanos explore le combat spirituel du Bien et du Mal, en particulier à travers le personnage du prêtre catholique tendu vers le salut de l'âme de ses paroissiens perdus comme Mouchette.
Son père, Émile Bernanos, est un tapissier décorateur d'origine lorraine. Sa mère, Hermance Moreau, est issue d'une famille de paysans berrichons (Pellevoisin, Indre). Il garde de son éducation une foi catholique et des convictions monarchistes. Il passe sa jeunesse à Fressin en Artois. Il fréquente le Collège Sainte-Marie, à Aire-sur-la-Lys. Cette région du Nord marquera profondément son enfance et son adolescence, et constituera le décor de la plupart de ses romans.
Catholique fervent, monarchiste passionné, il milite très jeune dans les rangs de l'Action française en participant aux activités des Camelots du roi pendant ses études de lettres, puis à la tête du journal L'Avant-garde de Normandie jusqu'à la Grande guerre. Réformé, il décide tout de même de participer à la guerre en se portant volontaire dans le 6e régiment de dragons et sera plusieurs fois blessé. Après la guerre, il cesse de militer, rompant avec l'Action française, avant de s'en rapprocher lors de la condamnation romaine de 1926 et de participer à certaines de ses activités culturelles.
Ayant épousé en 1917 Jeanne Talbert d'Arc, lointaine descendante d'un frère de Jeanne d'Arc, il mène alors une vie matérielle difficile et instable (il travaille dans une compagnie d'assurances) dans laquelle il entraîne sa famille de six enfants et son épouse à la santé fragile.
Ce n'est qu'après le succès Sous le soleil de Satan, que Bernanos peut se consacrer entièrement à la littérature. Il écrit en dix ans l'essentiel de son oeuvre romanesque où s'expriment ses hantises : les péchés de l'humanité, la puissance du mal et le secours de la grâce.
Publié en en 1926 aux éditions Plon, ce premier roman est à la fois un succès public et critique. André Gide place Bernanos dans la lignée de Barbey d'Aurevilly... mais « en diablement mieux ! » ajoute Malraux.
Sous le soleil de Satan est, selon Bernanos, un « livre né de la guerre ». Il commence à l'écrire durant un séjour à Bar-le-Duc en 1920, époque où pour lui « le visage du monde devenait hideux ». Il confie « être malade » et « douter de vivre longtemps » mais ne pas vouloir « mourir sans témoigner ».
Inspiré du curé d'Ars, le personnage principal du livre, l'abbé Donissan, est un prêtre tourmenté qui doute de lui-même, jusqu'à se croire indigne d'exercer son ministère. Son supérieur et père spirituel, l'abbé Menou-Segrais voit pourtant en lui un saint en devenir. Et en effet cet « athlète de Dieu » tel que le définit Paul Claudel possède la faculté de transmettre la grâce divine autour de lui. Plus tard, il recevra même le don de « lire dans les âmes », au cours d'une rencontre nocturne extraordinaire avec Satan lui-même, celui dont la haine s'est « réservé les saints ». Son destin surnaturel va le confronter aussi à Mouchette, une jeune fille qu'il ne parviendra pas à sauver malgré un engagement total de lui-même.
L'adaptation cinématographique du roman vaudra à Maurice Pialat la Palme d'or au Festival de Cannes 1987.
Sous le soleil de Satan est suivi de L'Imposture en 1927 et de sa suite La Joie, qui reçoit le prix Fémina en 1929.
Publié en 1931, ce livre polémique, considéré comme le premier pamphlet de Georges Bernanos, avait au départ comme titre Démission de la France. Bernanos commence par une condamnation sévère de la répression de la Commune pour poursuivre sur un violent réquisitoire contre son époque, la Troisième République et ses politiques, la bourgeoisie bien-pensante et surtout les puissances d'argent. Bernanos y rend hommage aussi à Édouard Drumont, avec lequel il partage sa détestation de la bourgeoisie mais aussi l'association des juifs à la finance, aux banques, au pouvoir de l'argent sur celui du peuple, un sujet qui fait polémique dans la France de cette époque et qui suscite des propos antisémites de l'écrivain. Bernanos, qui a fait la guerre de 1914-1918, y fustige aussi un patriotisme perverti qui humilie l'ennemi allemand dans la défaite au lieu de le respecter, en trahissant ainsi l'honneur de ceux qui ont combattu et en hypothéquant l'avenir.
En 1932, sa collaboration au Figaro, racheté par le parfumeur François Coty, entraîne une violente polémique avec l'Action française et sa rupture publique définitive avec Charles Maurras.
Le 31 juillet 1933, en se rendant d'Avallon en Suisse, où l'un de ses enfants est pensionnaire, il est renversé, à Montbéliard, par la voiture d'un instituteur en retraite qui lui barre le passage : le garde-boue lui rentre dans la jambe, la même où il a été blessé en 14-18.
Bernanos s'installe aux Baléares en 1934, en partie pour des raisons financières. Il y écrit Le Journal d'un curé de campagne. Publié en 1936, il sera couronné par le Grand prix du roman de l'Académie française, puis adapté au cinéma sous le même titre par Robert Bresson (1950).
Ce livre est l'expression d'une très profonde spiritualité. Il témoigne d'un style limpide et épuré. La figure du curé d'Ambricourt rejoint celle de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, portée sur les autels par Pie XI en 1925. Il est possible qu'elle soit aussi inspirée par un jeune prêtre (l'Abbé Camier), mort de phtisie à vingt-huit ans, que Bernanos a côtoyé dans son enfance. De Thérèse, son personnage suit la petite voie de l'enfance spirituelle. Le « Tout est grâce » final du roman n'est d'ailleurs pas de Bernanos lui-même, mais de sa prestigieuse aînée. Ce roman lumineux, baigné par « l'extraordinaire dans l'ordinaire », est l'un des plus célèbres de son auteur. Probablement parce qu'il s'y révèle lui-même, de manière profonde et bouleversante, à travers la présence du curé d'Ambricourt. Il est vrai que Bernanos a la particularité d'être toujours extrêmement proche de ses personnages, tel un accompagnateur témoignant d'une présence extrêmement attentive, et parfois fraternelle.
C'est également lors de son exil que Bernanos rédige Les Grands Cimetières sous la lune, un violent pamphlet anti-franquiste qui aura en France un grand retentissement lors de sa publication en 1938.
Bernanos séjourne à Majorque lorsque la guerre civile éclate. D'abord sympathisant du mouvement franquiste pendant les trois mois qui suivent le soulèvement, Bernanos est choqué par la barbarie des combats et révolté par la complicité du clergé espagnol avec Franco. En janvier 1937, il évoque l'arrestation par les franquistes de « pauvres types simplement suspects de peu d'enthousiasme pour le mouvement [...] Les autres camions amenaient le bétail. Les malheureux descendaient ayant à leur droite le mur expiatoire criblé de sang, et à leur gauche les cadavres flamboyants. L'ignoble évêque de Majorque laisse faire tout ça. »
Alors qu'il réside encore à Palma de Majorque, sa tête est mise à prix par Franco. Bernanos offre « un témoignage de combat » qui prend rapidement une actualité extraordinaire pour se révéler une prophétie des grandes catastrophes du siècle. Ce livre qui, comme L'Espoir d'André Malraux, est un témoignage important de la guerre d'Espagne, lui vaudra l'hostilité d'une grande partie de la droite nationaliste, en particulier de son ancienne famille politique, l'Action française, avec laquelle il avait rompu définitivement en 1932.
Il quitte l'Espagne en mars 1937 et retourne en France. Le 20 juillet 1938, deux mois avant les accords de Munich, la honte que lui inspire la faiblesse des politiques français face à l'Allemagne de Hitler conduit Bernanos à s'exiler en Amérique du Sud. Réalisant un rêve d'enfance, il envisage initialement de se rendre au Paraguay. Il fait escale à Rio de Janeiro au Brésil en août 1938. Enthousiasmé par ce pays, il décide d'y demeurer et s'installe en août 1940 à Barbacena, dans une petite maison au flanc d'une colline dénommée « Cruz das almas », la « Croix-des-âmes ». Il y reçoit entre autres l'écrivain autrichien Stefan Zweig peu avant le suicide de ce dernier.
Après la défaite de 1940, il se rallie à l'appel lancé le 18 juin 1940 depuis Londres par de Gaulle et décide de soutenir l'action de la France libre dans de nombreux articles de presse où il met cette fois son talent de polémiste contre le régime de Vichy et au service de la Résistance. Il entretient alors une longue correspondance avec Albert Ledoux, le représentant personnel du général de Gaulle pour toute l'Amérique du Sud. Il qualifie Pétain de « vieux traître » et sa révolution nationale de « révolution des ratés ».
En 1941, son fils Yves rejoint les Forces françaises libres à Londres. Son autre fils, Michel, jugé trop jeune par le Comité de la France libre de Rio, partira l'année suivante. Il participera plus tard au débarquement de Normandie, tout comme son neveu Guy Hattu, second-maître au Commando Kieffer, qui prendra part à la prise de l'île de Walcheren en Hollande à la Toussaint 1944.
Avant de rentrer en France en 1945, Bernanos déclare aux Brésiliens : « Le plus grand, le plus profond, le plus douloureux désir de mon coeur en ce qui me regarde c'est de vous revoir tous, de revoir votre pays, de reposer dans cette terre où j'ai tant souffert et tant espéré pour la France, d'y attendre la résurrection, comme j'y ai attendu la victoire ».
Il continue de poursuivre une vie errante (Bernanos a déménagé une trentaine de fois dans sa vie) après la Libération.
Le général de Gaulle, qui l'a invité à revenir en France (« Votre place est parmi nous », lui fait-il savoir dans un câble daté du 16 février 1945), veut lui donner une place au gouvernement. En dépit d'une profonde admiration pour lui, le romancier décline cette offre. De Gaulle confiera plus tard, à propos de Bernanos : « Celui-là, je ne suis jamais parvenu à l'attacher à mon char... ».
Pour la troisième fois, on lui propose alors la Légion d'honneur, qu'il refuse également. Lorsque l'Académie française lui ouvre ses portes, il répond : « Quand je n'aurai plus qu'une paire de fesses pour penser, j'irai l'asseoir à l'Académie ».
Lors de son retour en France, Bernanos est, en fait, écoeuré par l'épuration et l'opportunisme qui prévaut à ses yeux dans son pays. N'ayant pas l'échine souple, il reste en marge. Il voyage en Europe pour y faire une série de conférences, dans lesquelles il alerte ses auditeurs, et ses lecteurs, sur les dangers du monde de l'après-Yalta, de l'inconséquence de l'homme face aux progrès techniques effrénés qu'il ne pourra maîtriser, et des perversions du capitalisme industriel (voir La Liberté pourquoi faire ? et La France contre les robots, 1947).
Bernanos part pour la Tunisie en 1947. Il y rédige, sur l'idée du père Bruckberger un scénario cinématographique adapté du récit La Dernière à l'échafaud de Gertrud von Le Fort, lui-même inspiré de l'histoire véridique des carmélites de Compiègne guillotinées à Paris sur la place du Trône, le 17 juillet 1794, auquel la romancière avait ajouté le personnage fictif de Blanche de la Force (translittération de von Le Fort). Bernanos y traite de la question de la Grâce, de la peur, du martyre.
Bien plus qu'un scénario, Dialogues des carmélites est considéré comme le « testament spirituel de Bernanos ». Publié de façon posthume en 1949, il est d'abord adapté au théâtre par Jacques Hébertot et créé le 23 mai 1952 au théâtre Hébertot, avant de devenir le livret de l'opéra homonyme du compositeur Francis Poulenc, représenté en 1957 à la Scala de Milan.
Le scénario original a par la suite servi de base au film Le Dialogue des carmélites réalisé en 1960 par Philippe Agostini et le père Bruckberger, puis à un téléfilm de Pierre Cardinal en 1984 qui fut entre autres primé à la Cinémathèque française.
Georges Bernanos meurt d'un cancer du foie, en 1948, à l'Hôpital américain de Neuilly, en laissant le manuscrit d'un dernier livre, paru de façon posthume : La France contre les robots. Il est enterré au cimetière de Pellevoisin (Indre).
Il est le père de l'écrivain Michel Bernanos. Son fils cadet, Jean-Loup Bernanos (mort en 2003 et qui consacra sa vie à l'oeuvre de son père), est aussi l'auteur d'une biographie (Georges Bernanos, à la merci des passants).
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Les meilleures citations de Georges Bernanos.
Un monde gagné pour la technique est perdu pour la liberté.
Etre capable de trouver sa joie dans la joie de l'autre : voilà le secret du bonheur.
Qu'importe ma vie ! Je veux seulement qu'elle reste jusqu'au bout fidèle à l'enfant que je fus.
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