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Salah Stétié, né le 28 septembre 1929 à Beyrouth et mort le 19 mai 2020 à Paris, est un écrivain, poète et critique d’art franco-libanais de langue française de réputation internationale, exerçant la profession de diplomate. Il reçoit le « Grand prix de la francophonie » de l’Académie française en 1995.
Salah Stétié naît à Beyrouth à l’époque du mandat français sur le Liban dans une vieille famille de la bourgeoisie sunnite. Son père, Mahmoud Stétié, enseignant, veille à ce qu’il apprenne le français dès son enfance, au Collège protestant français, puis auprès des Jésuites au collège Saint-Joseph de l’université de Beyrouth, où il a pour condisciples Robert Abirached et André Tubeuf. Parallèlement, ce père, poète en langue arabe, lui transmet une solide culture arabo-musulmane.
À partir de 1947, il effectue des études de lettres et de droit et suit également l’enseignement de Gabriel Bounoure, le premier de ses maîtres spirituels, à l’École supérieure des lettres de Beyrouth, où il rencontre notamment Georges Schehadé, son aîné d’un quart de siècle à qui il se lie d’amitié jusqu’à la mort du poète en 1989.
En 1949, il devient professeur au collège des pères mékhitaristes d’Alep.
En 1951, une bourse française lui permet de s’inscrire à la Sorbonne. Il suit également les cours de l’orientaliste Louis Massignon, le second de ses maîtres spirituels, à l’École pratique des hautes études et au Collège de France.
Il fait partie de la première équipe des Lettres nouvelles, revue créée en 1953 par Maurice Nadeau et Maurice Saillet, et publie une première version de son ouvrage Le Voyage d’Alep au Mercure de France. Paris devient alors le principal de ses pôles mentaux. Il y fait la connaissance de poètes et d’écrivains, comme Pierre Jean Jouve, André Pieyre de Mandiargues, Yves Bonnefoy, André Du Bouchet, Michel Deguy, de peintres comme Ferdinand Desnos, et s’intéresse à la nouvelle peinture française de l’époque. Cette passion ne cessera de s’intensifier au fil des années et donner lieu à de nombreuses collaborations avec des peintres : Zao Wou-Ki, Raoul Ubac, Pierre Alechinsky, Antoni Tàpies, Roger-Edgar Gillet…
Profondément attaché au Liban de son enfance qui demeure le foyer central de son imaginaire poétique, il retourne à Beyrouth en 1955 et enseigne à l’Académie libanaise des beaux-arts, puis à l’École supérieure des lettres de Beyrouth, enfin à l’Université libanaise. Il fonde alors L’Orient littéraire et culturel, supplément hebdomadaire du quotidien politique de langue française L’Orient, qu’il dirige jusqu’en 1961.
Dans les années 1960, il entre dans la carrière diplomatique et occupe successivement divers postes : conseiller culturel du Liban à Paris et en Europe occidentale, puis délégué permanent du Liban à l’UNESCO. À ce dernier titre, il joue un grand rôle dans la mise au point et la réalisation du plan mondial de sauvegarde des monuments de Nubie lors de la construction du barrage d’Assouan, puis est élu président du Comité intergouvernemental de l’UNESCO pour le retour des biens culturels à leur pays d’origine en cas d’appropriation illégale ou de trafic illicite, poste qu’il occupera pendant sept ans.
En 1982, il devient ambassadeur du Liban aux Pays-Bas jusqu’en 1984, puis ambassadeur au Maroc, de 1984 à 1987. En 1987, il est nommé secrétaire général du ministère des Affaires étrangères du Liban, en pleine guerre civile, puis devient à nouveau ambassadeur du Liban aux Pays-Bas, de 1991 à 1992.
Célébrant à la fois une langue française très pure et les traditions de la poésie arabe, il est l’auteur d’une œuvre poétique abondante et très dense, où la « réduction » de l’expression et des thèmes visent à l’évocation de l’essentiel humain par des moyens verbaux épurés, la référence à Mallarmé (à qui Stétié a consacré un essai : Mallarmé sauf azur, 1999) s’imposant, du côté occidental.
Parmi ses recueils poétiques : L’Eau froide gardée, 1973 ; Inversion de l’arbre et du silence, 1981 ; L’Être poupée, 1983 (traduit en arabe par Adonis, 1983) ; Archer aveugle, 1986 ; Lecture d’une femme, 1988 ; L’Autre côté brûlé du très pur, 1992.
Il est l’auteur de nombreux essais, de recueils d’aphorismes (Signes et singes, 1996), de traductions et présentations de poètes arabes, de textes sur la poésie, la langue, l’art et la calligraphie. Son œuvre manifeste « le désir d’une vigilance et une foi dans la parole de poésie », selon les mots d'Yves Bonnefoy et se découvre « dans une illuminante complexité » (Giovanni Dotoli, Salah Stétié, le poète, la poésie, Klincksieck, 1999).
En 2002, il est candidat à l'Académie française.
Salah Stétié est mort le mardi 19 mai 2020, à l'âge de 90 ans, à Paris (France).
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1916 - 1993
Monégasque, 76 ans