Chanteur et poète français, ses chansons les plus connus sont « Avec le temps », « Ni Dieu ni maître » ou « C'est extra », ayant réalisé environ 40 albums originaux couvrant une période d'activité de 46 ans, de culture musicale classique, il dirige à plusieurs reprises des orchestres symphoniques, en public ou à l'occasion d'enregistrements discographiques. Léo Ferré se revendiquait anarchiste et ce courant de pensée inspire grandement son oeuvre.
Monégasque, francais, né le 24 août 1916 et mort le 14 juillet 1993
Enterré (où exactement ?).
Léo Albert Charles Antoine Ferré, dit Léo Ferré, né le 24 août 1916 à Monaco et mort le 14 juillet 1993 à Castellina in Chianti (Toscane), est un auteur-compositeur-interprète, pianiste et poète français puis monégasque. Ses chansons les plus connus sont « Avec le temps », « Ni Dieu ni maître » ou « C'est extra ». Ayant réalisé environ 40 albums originaux couvrant une période d'activité de 46 ans, de culture musicale classique, il dirige à plusieurs reprises des orchestres symphoniques, en public ou à l'occasion d'enregistrements discographiques. Léo Ferré se revendiquait anarchiste et ce courant de pensée inspire grandement son oeuvre.
Poète et musicien, Ferré a mêlé le lyrisme à l'argot, l'amour à l'anarchie. Il occupe une place centrale dans le monde de la chanson française et est sans doute une des références absolues dans ce domaine. Léo Ferré est né le 24 août 1916 dans la Principauté de Monaco d'un père employé de la Société des Bains de Mer, Joseph, et d'une mère Marie, qui possède un atelier de couture. Il a une grande soeur, Lucienne, de trois ans son aînée. A l'âge de neuf ans, il est envoyé comme pensionnaire chez les Frères des Ecoles Chrétiennes du collège Saint-Charles de Bordighera en Italie. Léo supporte mal la discipline rigoriste de cet internat français. Il commence à prendre en horreur les Frères qui lui dispensent leur enseignement. Malgré la présence d'un camarade avec lequel il découvre la musique et la poésie, il ressent une grande solitude. Il en veut à son père de l'avoir envoyé si loin de sa famille. En 1934, il passe le baccalauréat à Rome avec succès. Son père refusant de lui laisser faire le conservatoire de musique, il l'oblige à donner des cours de français au collège de Borghera.
A l'automne 35, il monte à Paris pour suivre des études de droit qui aboutiront en 39 à l'obtention du diplôme de Sciences Politiques. Puis il fait son service militaire avant d'être démobilisé en 40. De retour à Monaco, il occupe un poste de distributeur de bons de ravitaillement aux hôteliers. Entre temps, il se marie en octobre 43 avec Odette. Il entre ensuite à Radio Monte-Carlo où il est tout à la fois, suivant l'occasion, speaker, bruiteur ou pianiste. Il commence à composer des poèmes, chante dans des cabarets, découvre Charles Trenet et rencontre même Edith Piaf qui lui conseille de se produire à Paris.
A la libération, il se produit au Boeuf sur le toit, cabaret parisien où il partage l'affiche avec les Frères Jacques et le tandem Roche-Aznavour. Il gagne assez mal sa vie mais fait enfin ce qu'il aime. En 1947, débarquant d'une tournée catastrophique en Martinique, il travaille avec Francis Claude au Milord l'Arsouille, cabaret de la capitale et crée "l'Ile Saint-Louis" ou "A Saint-Germain-des-Prés". C'est l'époque de ses grandes amitiés : Jean-Roger Caussimon, Juliette Gréco ou Renée Lebas qui la première chantera une de ses chansons "Elle tourne... la terre".
Mais la vie courante est difficile et Odette sa femme, ne peut plus supporter les incertitudes de "la Vie d'artiste", célèbre chanson de Léo Ferre. Ils divorcent en décembre 1950. Après s'être tenu longtemps à l'écart des événements politiques, y compris au moment du Front Populaire, Léo Ferré fréquente de plus en plus les milieux libertaires (à la fin des années 40, il avait accepté de participer aux galas de la Fédération Anarchiste), mais fait un détour rapide par le Parti Communiste Français, qu'il considérera toute sa vie comme un parti de référence.
Puis dans un café parisien, il rencontre sa deuxième compagne Madeleine, femme de tête qui prend en charge le destin de l'artiste. D'ailleurs cette année-là, il écrit un opéra, "la Vie d'Artiste", qui révèle un véritable talent de compositeur. Quatre ans plus tard, il récidive avec un oratorio sur la "Chanson du mal-aimé" de Guillaume Apollinaire, qu'il crée à l'Opéra de Monte-Carlo.
En 1953, Léo Ferré chante en vedette américaine de Joséphine Baker, à l'Olympia. Il signe aussi avec la maison de disques Odéon pour qui il enregistre "Paris Canaille" créée l'année précédente par Catherine Sauvage. Il s'installe avec Madeleine et sa fille (qu'elle a eu d'un précédent mariage et que Ferré considère comme sa propre enfant) sur le boulevard Pershing à Paris. Malgré le peu d'argent dont ils disposent, l'appartement est toujours ouvert aux amis : Catherine Sauvage et le comédien Pierre Brasseur, les Frères Jacques et d'autres.
Avec le succès de "Paris Canaille", il peut s'acheter une maison à la campagne. En mars 55, il fait son premier Olympia en tant que vedette. Il y chante "l'Homme", "Monsieur William", "Graine d'Ananar", etc. A la fin de cette année-là, il enregistre aussi huit nouvelles chansons dont "Pauvre Ruteboeuf"et le "Guinche". Il s'accompagne seul au piano et même à l'orgue. On y trouve aussi "l'Amour", chanson qui plaît énormément au poète surréaliste André Breton. De là, naît une belle amitié qui se termine malheureusement le jour où Ferré présente au vieil homme "Poètes... vos papiers" en 56. Ce recueil de soixante-dix-sept poèmes rassemble aussi des chansons qu'il a déjà chantées et des textes dans lesquels tout au long de sa vie, il ira puiser. Cette véritable profession de foi du poète est aussi une prise de position contre l'écriture automatique des Surréalistes. André Breton, mécontent, conteste cette vision de la poésie et refuse finalement d'écrire la préface. Les ponts sont rompus et la fâcherie dure jusqu'en 1966, date de la mort de Breton.
L'année 56 est aussi marquée par l'écriture de la "Nuit", ballet avec textes et chansons destiné au chorégraphe Roland Petit et à sa compagnie : l'accueil des critiques est défavorable et au bout de quatre représentations, le spectacle est retiré de l'affiche du Théâtre de Paris. En avril 57, paraît "Les Fleurs du Mal chanté par Léo Ferré", disque en hommage à Charles Baudelaire, grand poète français du XIXème siècle. En janvier 58, il donne son premier tour de chant à Bobino, auquel il sera fidèle. Puis en avril, il enregistre un nouvel album, "Encore du Léo Ferré" chez Odéon, dans lequel Jean-Roger Caussimon lui a écrit "Le Temps du Tango" mais on peut entendre aussi "l'Eté s'en fout" ou "Mon Camarade". Désormais, à l'abri des soucis financiers, il achète sur un coup de tête une île en Bretagne, l'Ile du Guesclin.
En 1961, il enregistre pour la firme Barclay "les Chansons d'Aragon", soit dix poèmes mis en musique par l'artiste : de "L'Affiche Rouge" à "l'Etrangère", d'Elsa" à "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?", Léo Ferré donne à ces textes en les interprétant une autre dimension. Louis Aragon est très impressionné et très fier. Se noue alors une amitié sincère et simple entre le poète et le chanteur.
A quelques mois d'intervalle, il enregistre "Paname", succès qui annonce une décennie prolifique et prospère. Il se produit au Théâtre du Vieux Colombier : parmi les nouvelles chansons , "Merde à Vauban", "les Rupins" ou "Thank you Satan". La presse est dithyrambique. Dans la foulée, il chante dans le célèbre music-hall, l'Alhambra.
Ayant atteint l'âge de 45 ans, Ferré, se sent enfin à l'aise. Il sait qu'il doit beaucoup à son épouse Madeleine qui a incontestablement un sens artistique très développé. Fin 62 et début 63, il est à l'affiche de l'ABC, autre music-hall parisien où il présente de nouvelles créations qui viennent juste d'être enregistrées en 33 tours, la "Langue française", "T'es chouette" ou "T'es rock, Coco". Déménageant du boulevard Pershing, la famille Ferré, à laquelle s'est ajouté une petite guenon prénommée Pépée (que Léo et Madeleine considèrent comme leur propre fille), va s'installer dans le département du Lot, à Perdrigal.
Puis c'est "Ferré 64", disque de maturité qui démontre que son inspiration est à son zénith : "Franco la muerte", "Sans façon", "Mon piano", etc. Inspiration d'un rebelle qui exprime avec poésie, les violences rentrées et les "coups de gueule" d'un anarchiste qui ne renie pourtant pas les facilités que lui procurent l'argent. En 65 et 66, il effectue deux tournées au Canada. Il accorde durant cette période, de nombreuses interviews à la radio et à la télévision. En 66, c'est son retour sur une scène parisienne, Bobino. Il rend un vibrant hommage au poète Rimbaud, accompagné de son seul piano, qui laisse la salle émue par l'union si belle de la poésie et de la chanson.
Le disque qui sort durant l'été 67, est une oeuvre qui nous montre que Ferré est un grand parolier : la facture des textes est encore classique, mais ils sont toujours aussi percutants. Préfigurant ce qui deviendra la génération hippie, il écrit "Salut Beatnick" et dans des registres différents, "C'est un air", "On n'est pas des saints", "Le Lit", etc. Une chanson manque pourtant : "A une chanteuse morte", hommage à Edith Piaf, mais aussi attaque allusive à Mireille Mathieu, chanteuse que l'on présente à cette époque comme sa remplaçante. C'est le patron Eddy Barclay qui le censure.
Puis c'est à nouveau Bobino pendant tout le mois de septembre. Malheureusement, la vie de reclus que mènent Léo et Madeleine Ferré, quand ils ne sont pas à Paris pour des raisons professionnelles, commence à rendre leur existence difficile : dans le vieux château du Lot, la compagnie de leurs nombreux animaux domestiques et de leur tribu de chimpanzés (devenus au fil des ans de véritables enfants à leurs yeux) va finalement les éloigner l'un de l'autre. C'est une rupture douloureuse qui a lieu début 68.
Les événements de mai 68 en France, marquent profondément Léo Ferré. Il se produit d'ailleurs le 10 mai lors du célèbre gala de la Mutualité, gala des anarchistes. Il est au yeux du public enthousiaste le chantre de la contestation et de la révolution permanente. En fait, il est toujours aussi distant par rapport à l'action politique. En octobre, il s'embarque pour une tournée en Afrique du Nord qui ne sera pas un succès. Début 69, sort un nouveau disque inspiré par l'agitation de mai 68 : "Comme une fille", "L'été 68", "Les Anarchistes" même si cette dernière chanson est antérieure aux événements.
Cette année-là, Léo Ferré refait Bobino en janvier et février. Porté par la chanson "C'est extra", devenu depuis un véritable tube, l'ensemble du récital est enregistré et est publié en double album.
Le 6 janvier a lieu une rencontre au sommet entre Ferré, Jacques Brel et Georges Brassens, considérés tous les trois comme les piliers de la chanson française. Cette rencontre est à l'initiative d'un journaliste d'un magazine musical français, Rock & Folk. Ils abordent leurs thèmes de prédilection et échangent leur opinions.
Rencontrée avant sa séparation d'avec Madeleine, Marie-Christine est devenue la nouvelle compagne de Léo Ferré. Ils s'installent en Italie, près de Florence en Toscane. En mai 70, naît leur premier fils Mathieu. Cette année-là verra aussi la sortie d'un double album, "Amour Anarchie", considéré par beaucoup comme le summum de son ouvre discographique : "Le Chien", "la The Nana", "Paris je ne t'aime plus" ou "la Mémoire et la mer".
Mais Léo Ferré est toujours en phase avec son époque : la pop music qu'il a découvert avec les Beatles et les Moody Blues n'échappe pas à son intérêt. C'est ainsi que lassé des récitals en solo, il commence à tourner avec un groupe pop français, Zoo. "Cette façon neuve de concevoir la musique liée à une pensée jeune, libérée" comme il le dit lui-même conforte sa place auprès d'un public renouvelé et plus jeune. En octobre 70, sort le 45 tours "Avec le temps".
L'année suivante, il enregistre "Solitude", album enregistré avec le groupe Zoo. En 72, il se produit pendant trois semaines à l'Olympia. Son style est plus dépouillé que dans les années 60 durant lesquelles on l'avait vu beaucoup plus lyrique chantant avec emphase. Il interprète ses chansons mais aussi celles de Jean-Roger Caussimon dont la très belle "Ne chantez pas la mort". En mai 73, il publie l'enregistrement de ce spectacle en double album.
Un autre disque, en studio, est enregistré : "Il n'y a plus rien", discours nihiliste proche du monologue qui démontre une fois de plus le talent de poète de Ferré. Il enchaîne ensuite sur une tournée avec le chanteur québécois Robert Charlebois. Son père décède la même année. Léo Ferré est très affecté, même si leur relation n'a pas toujours été paisible.
L'année suivante, Ferré se produit à l'Opéra Comique, salle de spectacle d'habitude réservée à la musique classique. Il présente de nouvelles chansons mais il dit aussi un texte d'Apollinaire "La Chanson du Mal-aimé". Surtout, il entreprend de lire une prose intitulée "Et basta" véritable profession de foi, qui laisse le public une fois de plus impressionné et pantois.
En 75, commence pour l'artiste une nouvelle aventure musicale. En effet, il entreprend de diriger un véritable orchestre symphonique, celui de Montreux en Suisse. A l'automne, il poursuit cette expérience en Belgique, puis au Palais des Congrès à Paris. Les spécialistes de la musique classique (Ravel et Beethoven sont au programme) ne lui pardonnent pas cette incursion dans leur pré-carré, ce qui blesse énormément l'artiste.
Cette même année, il quitte la maison Barclay, non sans quelques dissensions. A la suite de cette rupture, il sort chez CBS un album intitulé "Ferré muet dirige Ravel et Ferré". Ce disque regroupe entre autres, le "Concerto pour la main gauche" par l'Orchestre Symphonique de Milan et "Muss es sein ? Es muss sein", "Love" ou "Requiem" par l'Orchestre de Liège.
De 76 à 90, il publie différents disques chez CBS, puis RCA et enfin EPM : "Ma vie est un slalom" en 79, "La Violence et l'ennui" en 80, "les Loubards" en 85, "On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" en 86, "Les Vieux copains" en 90.
Installé définitivement en Toscane avec sa femme Marie-Christine, la famille s'agrandit avec la naissance de Marie-Cécile en juillet 74, puis avec celle de leur deuxième fille Manuella en janvier 78. Léo Ferré y trouve enfin le repos de l'âme qu'il attendait depuis sa rupture avec Madeleine et aussi une harmonie familiale qui le rend véritablement heureux.
Ferré assagi avec l'âge n'en reste pas moins un chanteur populaire qui enchaîne les récitals à l'Olympia ou au TLP Dejazet, autre salle parisienne et qui continue à effectuer des tournées en France et à l'étranger. Son soutien à la cause anarchiste n'est pas remis en question malgré son exil toscan, loin du bruit et de la fureur. Il participe d'ailleurs jusqu'à la fin de sa vie, à des galas de soutien.
Léo Ferré est mort le mercredi 14 juillet 1993 à l'âge de 76 ans à la suite d'une longue maladie à Castellina in Chianti (Italie, Toscane). Cette maladie dont il n'a quasiment jamais parlée, s'était déclarée en 1992 et l'avait empêché de faire son retour sur la scène du Grand Rex à Paris. A la fin des années 90, son fils Mathieu reprend la maison d'édition et société d'exploitation de droits d'auteurs que ses parents avaient montée en 92, la Mémoire et la Mer. Il cherche ainsi à promouvoir les projets divers concernant l'ouvre de son père : réédition de disques, parution d'inédits ou spectacles. C'est ainsi qu'en mars 2000 sort un CD posthume du chanteur, "Métamec". Cet album reprend des projets de Léo que la mort a laissé sur le côté de la route quelques années, jusqu'à ce que Mathieu découvre ces chansons dont neuf seulement ont pu être reconstituées. Ces titres écrits dans les 15 dernières années de la vie de l'artiste inaugurent une série d'autres disques constitués d'inédits que beaucoup qualifient cependant de beaucoup moins intéressants que tout ce que Léo Ferré a écrit et sorti de son vivant. En novembre, la société de son fils réédite les trois derniers CDs de son père. Léo Ferré détient une place à part dans la chanson française : il reste un auteur-compositeur-interprète d'exception. Le plus bel éloge a été rendu par Louis Aragon : "Il faudra réécrire l'histoire littéraire un peu différemment à cause de Léo Ferré".
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C'est à trop voir les êtres sous leur vraie lumière qu'un jour ou l'autre nous prend l'envie de les larguer. La lucidité est un exil construit, une porte de secours, le vestiaire de l'intelligence. C'en est aussi une maladie qui nous mène à la solitude.
La mélancolie, C'est un chat perdu, Qu'on croit retrouvé.
Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse.
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très loin des modes ; un poète d'une sensibilité, et d'une justesse rares.
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