François de La Rocque

 
François de La Rocque
1885 - 1946
 

Politicien et résistant français, personnalité politique de premier plan des années 1930 en tant que président général des Croix-de-Feu puis du Parti social français.

Nationalité française Francais, né le 6 octobre 1885 et mort le 28 avril 1946

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Biographie

François de La Rocque (dit de Séverac), communément appelé le colonel de La Rocque, né le 6 octobre 1885 à Lorient et mort pour la France le 28 avril 1946 à Paris, est un militaire, homme politique et résistant français. Il est dans les années 1930 une personnalité politique de premier plan en tant que président général des Croix-de-Feu puis du Parti social français.

Annet Marie Jean François de La Rocque est le troisième fils d'Anne Sollier et du général Raymond de La Rocque (1841-1926), ancien élève de l'École polytechnique, servant dans l'artillerie de marine et affecté à Lorient, directeur de l'artillerie au ministère de la Marine, démissionnaire en 1899 puis président du Comité Justice-Égalité (groupement catholique et nationaliste lié aux Assomptionnistes de La Croix) en 1900. Le frère aîné de François, Raymond (1875-1915), chef de bataillon, est tué pendant la Première Guerre mondiale. Son cadet, Pierre de La Rocque (1880-1954), est conseiller du comte de Paris. La famille est originaire et tient son nom du hameau de La Roque à Saint-Clément, en Haute-Auvergne.

François de La Rocque se marie en 1912 avec Édith Marie-Louise Allotte de La Füye, fille du général Georges Allotte de La Fuÿe, avec laquelle il a quatre fils et deux filles. Il est enterré à Saint-Clément avec trois de ses fils : Jean-François (1916-1940), Jacques (1919-1948) – tous deux aviateurs morts pour la France – et, à leurs côtés depuis novembre 2001, Gilles, chasseur alpin, blessé au combat en juin 1940 (croix de guerre), prisonnier des Allemands à Dortmund. C'est lui qui est reçu en 1957 par le général de Gaulle pour lui demander la reconnaissance des titres de « déporté résistant » refusés de son vivant à leur père. Cette réparation officielle intervient le 30 avril 1961, jour anniversaire de la Déportation, sur l'initiative du président de la République. Hugues, le fils aîné, est enterré à Versailles, disparu à 14 ans des suites d'une maladie en 1927: une épreuve familiale qui pesa dans sa décision de démissionner de l'armée. La Rocque perdit également sa fille Nadine à l'âge de 20 ans en 1934. Edith, la dernière, fut Petite Sœur de l'Assomption.

La famille La Rocque fut locataire du château d'Olmet, situé dans la commune voisine de Vic-sur-Cère, qu'elle utilisait comme lieu de villégiature à la période estivale. Le domaine a été acquis par la Fondation Jean Mermoz dite de "l'Aérium des Croix" - allusion notamment à la Croix du Sud de Jean Mermoz, mais aussi aux sacrifices des deux fils du colonel de La Rocque, morts pour la France. La vocation de cette Fondation fut précisément d'assurer des années 1950 aux années 1970 l'accueil et l'hébergement d'enfants orphelins de pilotes de l'armée de l'air ; puis la prise en charge d'enfants atteints de difficultés respiratoires. Cette fondation présidée par la Maréchale Marie-Cécile Juin cessa son activité dans les années 1970, le bâtiment étant alors rétrocédé à la Sécurité Sociale afin d'ouvrir un foyer d'hébergement pour personnes handicapées.

Après avoir fait Saint-Cyr (1905), il sert dans les confins algéro-marocains en 1910-1911, puis dans l'Atlas marocain d'août 1914 à avril 1916, avant de combattre durant la Grande Guerre. Il est nommé Capitaine puis grièvement blessé au cours d'une opération militaire. Déclaré « inapte à faire campagne », il est sur sa demande affecté au 135e Régiment d'infanterie et participe à la bataille de la Somme. Il est en 1918, à 33 ans, le plus jeune chef de bataillon de l'armée française. Il est décoré de la croix de guerre avec neuf citations et fait officier de la Légion d'honneur. De 1919 à 1927, il est affecté à l'état-major interallié du maréchal Foch, période entre-coupée par son affectation à Varsovie comme chef du cabinet du Général Niessel puis du Général Dupont: depuis juillet 1922, La Rocque est à la Mission militaire en Pologne, officier de liaison directe entre le Maréchal Foch et le Maréchal Pilsudski. Remis à la disposition de l'État-Major du Maréchal Foch en septembre 1923, il est envoyé au Maroc deux ans plus tard comme chef du 2e Bureau durant la dernière phase de la guerre du Rif. Il contribue à la reddition d'Ab-el-Krim.

Patriote et catholique social, La Rocque s'inscrit dans cette tradition (impulsée par Félicité Robert de Lamennais au début du xixe siècle), étayée par les enseignements de son père, le Général Raymond de La Rocque, en relation en son temps avec Albert de Mun, puis rejoint les Croix-de-Feu, mouvement politique d'anciens combattants fondées par Maurice d'Hartoy.

Il quitte l'armée en 1928 avec neuf citations dont six à l'ordre de l'Armée et le grade de lieutenant-colonel.

Il entre, en 1929, aux Croix-de-Feu, puis il en est élu président en 1932 et le reste jusqu'à leur dissolution en juin 1936.

En 1931, Ernest Mercier, patron de la Compagnie générale d’Électricité, qui présidait le Redressement français, aurait subventionné la campagne anti-parlementaire de La Roque comme auparavant la même campagne menée par Georges Valois et ses faisceaux. Ce point n'a jamais été complètement éclairci.

Promu en 1931, commandeur de la Légion d'honneur. De 2 000 adhérents en 1929, le mouvement passe à 15 000 en 1931, 80 000 fin 1932, 150 000 fin 1934 et à près de 300 000 début 1936. Son programme exposé dans le livre Service public en 1934 revendique un christianisme social (sans afficher de prosélytisme religieux, veillant toujours à l'indépendance de l'Armée à l'égard des autorités religieuses) associé à un souci jugé prioritaire de la question sociale : rejet de la lutte des classes, du racisme, du totalitarisme et adoption d'une politique libérale sur fond d'un régime fort avec un parlementarisme rationalisé . Il est partisan dès octobre 1931 d'un « reclassement des pouvoirs » dans le cadre de la constitution existante et de la « collaboration entre le capital et le travail » ; avec deux actions constantes : vigilance face au « danger allemand » grâce à des mesures urgentes de renforcement de la défense nationale, refus dès 1932 de s'associer aux manifestations ultra-nationalistes de l'Action Française et des autres ligues contre le paiement des dettes américaines.

La Rocque et les Croix-de-Feu se distinguent des autres ligues par leur respect de la légalité républicaine. Ainsi, après s'être délibérément abstenus de défiler boulevard Saint Germain durant tout le mois de janvier 1934 aux côtés des ligues et de l'Action Française, ils se décident à manifester le 6 février 1934, comme le font beaucoup d'anciens combattants. Mais la tactique de La Rocque est délibérée : pas de contacts avec les manifestants anti-républicains, pas d'intention de forcer les portes du Palais Bourbon : « Il était question de purifier la République, il eût été coupable d'en tenter le renversement ».

Pourtant la veille du 6-février, il demande le remplacement de Daladier par une équipe sans politicien quel qu'il soit. Il qualifie après le cabinet Doumergue comme « un palliatif sans avenir », « une emplâtre contre la Gangrène ». Dans "Service public" il écrit que les politiciens sont forcément corrompus par l'électoralisme et qualifie les élections à venir d'exercice de décadence collective. En janvier 1936, six mois avant de créer le PSF il confie « la seule idée de briguer un mandat me donne des nausées ; c'est une question de tempérament ».

C'est pourquoi les points de rassemblements décidés se situent dans l'espace délimité rive gauche de la Seine, par l'esplanade des Invalides, la rue de Varennes, la rue de Bourgogne, la rue de l'Université et la rue saint Dominique. Sur instruction de La Rocque, les Croix de Feu atteignent dans le calme les grilles Place du Palais Bourbon, sans chercher à les forcer, malgré la faiblesse du barrage de police qui interdit l'accès de la Chambre. L'ordre de dislocation est donné par La Rocque à 21h : on ne relève de ce côté de la Seine ni morts ni blessés. « Comment La Rocque a trahi » est le thème de la campagne de l'Action Française au lendemain de cette posture indépendante et maîtrisée des Croix de Feu, une attitude qui sera reconnue par Léon Blum lui-même : « Si la colonne qui s'avançait rive gauche aux ordres du colonel de La Rocque ne s'était pas arrêtée devant le mince barrage de la rue de Bourgogne, nul doute que l'Assemblée aurait été envahie par l'insurrection ».

De 1932 à 1936, chaque année, les Croix de Feu décident d'honorer la mémoire des anciens combattants juifs tombés au champ d’honneur à la synagogue de la rue de la Victoire en présence du Rabbin Joseph Kaplan. Le Grand Rabbin de France Haim Korsia commente : « Jacob Kaplan fut accusé d’éprouver de la sympathie pour les Croix de feu, alors même qu’il s’est toujours tenu éloigné d’une quelconque affiliation politique et que ces cérémonies étaient organisées à la seule demande du Consistoire et non pas à la sienne. Le colonel de La Rocque a d’ailleurs dénoncé l’antisémitisme comme un sentiment anti-français mettant en péril l’union sacrée construite dans les tranchées... ».

Le Front populaire, toutefois, lorsqu'il arrive au pouvoir dissout les Croix-de-Feu, le 18 juin 1936. L'organisation, régulièrement qualifiée par les militants de gauche de « fasciste », est accusée par le pouvoir d'avoir recouru à une « organisation centralisée » les apparentant à une « milice privée ». La Rocque réagit en refusant de faire descendre les Croix de Feu dans la rue. « Au mois de juin 1936, la France était à deux doigts de l’émeute : j’ai refusé de lancer mes amis dans des mouvements de rues, ils auraient déterminé la guerre civile... » (éditorial de La Rocque dans Le Petit Journal le 14 juillet 1937). Il fonde en juillet 1936, aux côtés de l'aviateur Jean Mermoz le PSF, un parti politique à part entière : il s’était rendu compte dès 1935, au regard du succès d'adhésions, de l’impossibilité de poursuivre une action civique et politique délimitée au cadre restrictif d’anciens combattants : l’élargissement du recrutement, déjà engagé avec la création des Volontaires Nationaux et des Fils et Filles de Croix de Feu, imposait d’autres procédés de recrutement et d'adhésions, mais dans le respect des institutions républicaines établies : une manière de faire qui ne pouvait que conforter l’hostilité et l’incompréhension de l’extrême droite maurrassienne notamment.

La Rocque se lance alors dans la politique en fondant le Parti social français, à l'appui d'une plaquette diffusée à un million d'exemplaires et intitulée « Une mystique, un programme » avec comme mot d'ordre la consigne de « réconcilier l'esprit social et le patriotisme », « le patriotisme n'étant pas le monopole de la droite et l'aspiration sociale n'étant pas davantage le monopole de la gauche ». Sa devise sera reprise plus tard, sans lui demander son avis, par Vichy : « Travail, Famille, Patrie ». Dans son livre Service public, publié en 1934 chez Grasset, La Rocque préconise un régime respectueux de la Constitution, mais rationalisé dans son fonctionnement parlementaire, la « participation et l'association du capital et du travail » et le vote des femmes.

À la veille de la guerre, le Parti social français est le premier parti de France avec un effectif de plus d'un million d'adhérents. Le PSF est lié aux Syndicats Professionnels Français (S.P.F.) et fonde des organisations caritatives et sociales puissantes: la Propagande ouvrière et commerciale (POC), la Société de Préparation et d'Éducation Sportive (SPES) et l'association Travail et Loisirs, présidée par la mère de Jean Mermoz, qui obtient la grande médaille d'or de l'Exposition internationale de 1937.

Dans sa volonté d'unité des familles spirituelles de la France, La Rocque persiste dans une position de principe rappelée lors du colloque mentionné par Serge Berstein : « Le colonel de La Rocque s’affirme sans embages comme un adversaire de l’antisémitisme et il parvient, pour l’essentiel, à aligner son parti sur ses positions, à l’exception toutefois des sections d’Algerie et d'Alsace-Lorraine.... Il cherche à obtenir la démission de militants ne s'inscrivant pas dans son opposition à un antisémitisme biologique. Ainsi « des exclusions suivirent, et la ligne antisémite fut maintenue vaille que vaille : dans le cas de la fédération de La Moselle, on estima que l’opposition de La Rocque aux antisémites aurait fait perdre environ 1 500 membres. La Rocque est confronté en même temps à une radicalisation croissante à l'égard des juifs, difficile à juguler. « Et voici que le racisme hitlérien, combiné avec notre folle sensiblerie, nous condamne à héberger une foule grouillante, virulente, d’outlaws que rien ne garantit ; voici que parmi ces derniers, de nombreux îlots se constituent pour lesquels la persécution nazie n’est qu’une couverture d’espionnage et de conspiration. Mettre ce danger en évidence n’est point faire acte d’antisémitisme. ».

4 ans plus tard, La Rocque déclare : « je ne suis pas parmi vous pour vous plaire, je ne suis pas venu pour obtenir des applaudissements. (...) Je sais parfaitement, qu'ici comme dans tout le reste du territoire, on déclenche depuis quelque temps une vague d'antisémitisme. (...). Quant aux agents vecteurs (de cette campagne), je vais vous dire sur leur compte toute ma pensée. Volontairement ou involontairement, ils font chez nous, particulièrement en Lorraine et en Alsace, le travail de la propagande hitlérienne ». En 1937, à Metz, il avait déjà mis en garde ses auditeurs contre une vague antisémite au nom de la civilisation chrétienne.

En juillet 1937, le PSF acquiert un grand quotidien parisien, Le Petit Journal. Une souscription de 140 000 actions de 100F sont placées en quelques mois. La Rocque est le directeur du journal. Le premier numéro parait le 14 juillet 1937, avec une équipe rédactionnelle composée de Jacques de Lacretelle, André Maurois, Georges Duhamel, Roger Vercel, Daniel-Rops. Le tirage du Petit Journal atteint en 1939 près de 200 000 exemplaires. 17 périodiques sont en outre diffusés en province.

Sur le plan politique, le PSF s'oppose fermement à l'initiative de Jacques Doriot, le leader du Parti populaire français (PPF), qui préconise la mise en place d'un Front de la liberté, vaste rassemblement des droites anti-marxistes contre le Front populaire. La Rocque annonce en juin 1937 son refus d'intégrer le PSF au sein de ce Front, car pour lui, cette coalition des droites risquerait de consolider par réaction le Front populaire, et surtout d'attiser à travers le pays un climat de guerre civile, inapproprié dans cette période d'avant-guerre. Le Front de la liberté accueillera le PPF, mais aussi la Fédération Républicaine de Louis Marin et les anciens membres des Jeunesses patriotes. Selon l'historien Robert Soucy, La Rocque ne combattit jamais Doriot et son parti. S'il refusa d'entrer dans le Front de la Liberté, ce n'est non pas à cause de différences idéologiques (leurs programmes étaient très proches), mais justement parce que leurs mouvements avaient beaucoup en commun et que La Rocque redoutait de voir Doriot lui voler ses troupes. Dans la même optique, le Président du PSF dénonce vigoureusement et constamment les initiatives de La Cagoule, contraires à la légalité républicaine, et qui risquent de compromettre une partie de l'Armée avec des extrémistes.

Leur violence était telle que le gouvernement Blum répliqua en menaçant d'interdire le PSF, ce qui poussa La Rocque à ordonner à ses troupes de cesser toute violence, laquelle devint sporadique sans jamais disparaître. On ne peut comparer à l'Allemagne et l'Italie car La Rocque risquait plus s'il avait opté pour plus de violence, voire tout misé sur elle. Les suites de l'affaire du Parc des Princes l'avaient rendu plus prudent. Attitude de prudence qu'avait adoptée avant lui Georges Valois, ce qui ne le disqualifie pas de l'accusation de fascisme. Pour Robert Soucy, cette attitude n'avait donc rien à voir avec la défense de la légalité républicaine. Refuser de commettre un suicide politique ne constituant pas un brevet de non fascisme.

Son attachement à la légalité républicaine, au moins apparente, est plutôt causée par pression qu'il subit début 1936 pour éviter l'interdiction des Croix de Feu si le Front populaire prenait le pouvoir. il faut aussi relever les raisons qu'il offre à ses partisans pour justifier la nécessité d'entrer dans la politique électorale. Communiquant avec ses troupes durant l'hiver 1936, il indique clairement que sa décision n'a pas grand chose à voir avec une conversion aux principes de la démocratie. Au contraire, il avoue être conscient de la répugnance qu'éprouvaient ses fidèles à l'égard des élections et pourquoi l'engagement dans l'électoralisme s'impose : le refus des urnes est assimilé à l'illégalité, il est risqué de ne pas changer de direction, soulignant que ni Hitler ni Mussolini ne s'en sont remis à un coup de force... Il souligne aussi que l'hitlérisme est devenu une force politique prépondérante seulement le jour où, en 1930, il a fait entrer 107 des siens au Reichstag. Avec le régime de Vichy, il rebaptise son mouvement en progrès social français « véritable retour aux sources »

En 1937-38, ses adversaires d'extrême droite et de gauche l'accusent d'avoir accepté au temps des Croix de feu les fonds secrets des gouvernements d'André Tardieu et Pierre Laval. Les accusations sont d'abord portées par le duc Joseph Pozzo di Borgo, ancien cadre des Croix de feu, sur la foi de déclarations de Tardieu. Les deux hommes s’affrontèrent dans des procès en diffamation retentissants en 1937-1938. La campagne de Pozzo di Borgo contre La Rocque est alors relayée par des leaders d’extrême droite aussi déterminés que Philippe Henriot, le général Duseigneur et Xavier Vallat (lequel invita La Rocque à se suicider), tous sympathisants de la Cagoule}. Comme le précise l’historien François Monnet : « Au terme de cet épisode judiciaire et politique, il apparaît que la parole de La Rocque l’emporte sur le serment de Tardieu : le chef des Croix de Feu n’a pas émargé aux fonds secrets ».

L'attitude du colonel de La Rocque durant les années 1938-1939 se distingue du pacifisme ambiant dans une bonne partie de la classe politique française, à droite mais surtout à gauche. Il estime en particulier que la France, « en sursis de guerre », doit avant tout se mobiliser pour être capable d'affronter l'Allemagne avec succès.

La Rocque a très tôt rejeté dans un refus commun les deux régimes, soviétique et nazi. « Notre idéal de liberté et de défense de la civilisation chrétienne repousse également le joug hitlérien et la tyrannie moscovite », écrit-il en 1937-1938. Il diffère donc de certains qui avaient fini par penser « plutôt Hitler que Staline ».

La prise de position de La Rocque au lendemain de la « Nuit de cristal » est révélatrice : « Le docteur Goebbels s’imagine-t-il que la France admettra une sorte de totalitarisme intellectuel, culturel, raciste dont le demi-dieu serait M. Hitler ?...L’Histoire se chargera sans doute de montrer une fois de plus que de tels excès de mégalomanie conduisent à la démence et de la démence aux pires épreuves. Mais la France réprouve le racisme et ses excès, les persécutions et leur ravages ». (Le Petit Journal, 13 novembre 1938)

Dès 1937, soit avec deux ans d'avance, il pressent, grâce à sa grille de lecture « chrétienne » de la politique, le pacte germano-soviétique de l'été 1939, qui surprend cependant le monde entier. La Rocque écrit ainsi dans Le Petit Journal du 14 juillet 1937 : « Le danger allemand est, aujourd'hui, au premier plan visible. Le danger russe est surtout d'ordre moral. Mais l'un est complémentaire de l'autre : l'un et l'autre peuvent momentanément s'associer contre nous. » En réalité le pacte signé en août 1939 n'eut rien d'une surprise et De La Rocque était peut être plus attentif ou mieux informé des échanges diplomatiques venus des ambassadeurs de Grande-Bretagne et de France à Moscou. Depuis 1934 l'éventualité d'un pacte Hitler-Staline était envisagée si les occidentaux ne renouaient pas avec l'alliance de revers d'avant 1914. Dès 1932 Staline avait manifesté un changement dans la diplomatie soviétique en dénonçant le réarmement allemand déjà bien entamé depuis 1919 et non 1933 comme on l'écrit souvent. Entre 1933 et 1939, le ministre soviétique des affaires étrangères multiplie les offres d'alliance pour conjurer la menace hitlérienne.

Le 16 juin 1940, La Rocque signe un éditorial intitulé « Résistance », dans Le Petit Journal, quotidien du PSF :

« Après avoir jusqu'au dernier moment adressé aux Parisiens nos exhortations de courage et de fermeté, nous voulons maintenant crier à tous les Français le mot d'ordre de résistance. Le gouvernement au pouvoir a été désigné, soutenu à cause de son programme essentiel : tenir, ne jamais faiblir. Ce gouvernement ne saurait capituler sans se renier lui-même. Il ne saurait mettre bas les armes par une simple décision. Sa décision ne saurait sortir de la ligne choisie, convenue, adoptée, sans que le pays soit d'abord, consulté, prévenu. Ou bien ce serait une escroquerie morale dont aucun Français n'a le droit d'accuser un autre Français, ce dernier fût-il son pire adversaire politique. Tous les citoyens doivent donc être prêts à la résistance totale, et jusqu'au bout. La famille P.S.F. au seul service de la nation entière doit donner l'exemple... Une seule consigne, quoi qu'il arrive, consigne de gouvernement, consigne civique : Résistance ! »

Après avoir envisagé de rejoindre l’Afrique du Nord (lettre en ce sens au Maréchal Pétain), il ne dissimule pas son refus de rejoindre de Gaulle à Londres. Dans un éditorial du 25 juin 1941 dans Le Petit journal, il évoque « le chef de la France libre qui est selon lui « coupable de désertion [...] ». Pour Jacques Nobécourt, biographe de La Rocque, « sa conception de la discipline et du loyalisme militaire si fréquemment marquée dans ses écrits et réactions, le mettait inévitablement en opposition avec le choix fait par le général de Gaulle non pas de résister, mais de poursuivre une résistance à l’extérieur... ».

Dans une circulaire du 2 octobre 1940 La Rocque précise : « Le gaullisme représente une persistance, une renaissance, même une renaissance très heureuse de la fierté patriotique. Ne soyez pas gaullistes, soyez "gaulois" ».

Quand survient l'Armistice du 22 juin 1940, il rappelle toutefois que cette situation dramatique ne suspend nullement les hostilités et dénonce la collaboration avec l'Allemagne : « pas de collaboration sous l'occupation ». Le 1 août 1940, La Rocque précise aux cadres PSF dans une circulaire : « si nous cherchons à nous accorder avec l’Allemagne à tout prix, même en abdiquant notre personnalité nationale, alors nous sommes d’ores et déjà déchus et perdus ».

À l'égard du régime de Vichy, il précise : « loyalisme à l'égard du maréchal Pétain, mais réserve absolue à l'égard du gouvernement de Vichy ». Cette position, peut-être liée à son souci de sauvegarder une « masse de patriotes intacte » (circulaire du 24 juillet 1940) des compromissions de l'occupation, ne permet pas au PSF de conserver son dynamisme, d'autant que le parti est interdit en zone occupée dès le 28 août 1940. Dans l'éditorial du 5 octobre 1940 du Petit Journal, La Rocque s'oppose au premier statut des Juifs :

« Les Juifs naturalisés depuis plusieurs générations appartiennent en principe, et de droit, à la grande famille civique. On ne concevrait pas que fussent prises à leur égard des sanctions préventives auxquelles la plus exacte vigilance nationale n'aurait point recouru avant notre défaite. »

Jacques Doriot dénonce alors La Rocque comme « le défenseur le plus actif » des juifs : « M. de La Rocque refuse de faire entre eux et les autres Français la plus petite distinction ; il conclut trois jours plus tard : « La Rocque a échoué « puisque le statut a été promulgué ». La Rocque approuve toutefois l'abrogation du décret Crémieux en Algérie.

Le 14 décembre 1940, La Rocque est convoqué par le Général Toerner, chef des services civils de l’administration militaire allemande du Gross Paris. « L’entretien tourna court sur le double refus que La Rocque opposa : il n’acceptait ni la discrimination raciale imposée par la politique anti-juive de Hitler, ni le contrôle du Petit Journal par les autorités allemandes au cas où elles autoriseraient son retour à Paris. Il publierait alors les communiqués des deux belligérants, ce qui, naturellement, ne convenait pas à l’occupant. »

La Rocque se déclare loyaliste à l'égard du maréchal tout en prenant soin de l'alerter par lettres ou rapports sur le danger de certaines orientations comme le Parti unique de Marcel Déat, la Légion ou la Milice qu'il s'efforce de faire échouer. Sa position provoque l'ire des milieux collaborationnistes, et notamment de Jacques Doriot, qui dans le Cri du peuple du 23 octobre suivant déclare que « C'est par leur action pro-juive que les dirigeants du PSF cherchent à entraver la tâche que s'est fixée le Maréchal Pétain, à la tête du premier gouvernement national que la France ait eu depuis si longtemps. ».

Le témoignage de Jean-Louis Cremieux-Brilhac, ancien membre du Comité de vigilance des intellectuels anti-fascistes puis chef du service de diffusion clandestine de la France Libre est explicite : « Si la guerre n’avait pas empêché les élections de se tenir au printemps 1940, elle aurait porté La Rocque au pouvoir. Le légalisme de ses Croix de Feu dissous par Léon Blum, et devenus le Parti Social Français, me confirme dans la conviction que, sans son désastre militaire, La France n’aurait jamais opté pour un régime tel que l’État français du maréchal Pétain, ni sombré dans les persécutions antisémites… »

En août 1940, le parti de La Rocque est transformé en « Progrès Social Français » ; il n'existe plus sous forme d'un parti politique mais d'une vaste organisation sociale. Il est officiellement « mis sous séquestre » par le Gouvernement de Vichy puis dissous sur ordre du général Oberg, chef des S.S. en France, le 2 novembre 1942.

La Rocque reçoit en compensation un poste de chargé de mission au cabinet de Pétain, où, selon des diplomates américains, il « passe son temps à téléphoner pour qu'on lui donne quelque chose à faire. ». Il est nommé au Conseil National de Vichy dont il démissionne en août 1941. « François de La Rocque ne fut pas vichyste, désapprouva le statut des Juifs, condamna la collaboration, refusa tout poste ministériel, interdit aux adhérents du parti -il ne fut pas toujours obéi- d'entrer dans le Service d'ordre légionnaire (SOL) puis dans la Milice ».

Si certaines idées du régime de Vichy (les plus modérées) peuvent se rapprocher des siennes (politique de la jeunesse et des sports, politique sociale, politique de la famille, etc.), François de la Rocque réprouve par circulaires diffusées à ses cadres la dictature (qui l'empêche de s'exprimer librement), le principe de réformer la France sous l'occupation ennemie, la collaboration (condamnation du STO, de la Milice, de la LVF) et, plus encore, le fascisme et le nazisme, dans lequel il voit, depuis plusieurs années, une résurgence du paganisme.

La position du colonel, peut se résumer en une volonté de libérer la France du joug allemand sans pour autant tout attendre de la part des Alliés. C'est ainsi que le 21 novembre 1942, il déclare devant plusieurs centaines de personnes à Saint-Étienne :

« J'ai déclaré que la France ne devait pas décalquer la marche à suivre de sa politique future et actuelle sur celle du Reich et qu'elle ne devait pas non plus attendre des secours de la part des Anglo-saxons ; si la France réussit à remonter la pente, c'est elle qui par son passé et son rayonnement dans le monde donnera la formule heureuse au monde entier. »

Perdant de plus en plus espoir avec le maréchal, La Rocque prit de premiers contacts avec la Résistance en 1941 en collectant des renseignements, formant par la suite le réseau Klan qu'il dirigea à partir de mai 1942, pour le compte de l'Intelligence Service britannique via le colonel Charaudeau à Madrid (réseau Alibi). Le réseau Klan, considéré comme un sous-réseau du réseau Alibi, sera félicité deux fois par l'Intelligence Service qui en authentifie l'organisation et le fonctionnement dans une attestation de juin 1945 (déposée aux Centre d'Histoire des Archives de Sciences Po). À la demande des Britanniques La Rocque a dû, pour ne pas éveiller les soupçons, garder officiellement une attitude formellement loyaliste à l'égard du maréchal Pétain. La réalité de l'activité résistante de La Rocque n'est donc pas contestable, comme le confirment plusieurs historiens. La vraie question est de savoir quand il entra en résistance et pourquoi. Ça n'était certainement pas pour servir la France Libre avec laquelle il était en désaccord, accusant les gaullistes d'être les alliés des communistes depuis le début, après avoir qualifié De Gaulle de déserteur.

Le choix de La Rocque reste quand même la collaboration continentale. Son soutien à cette collaboration apparaît clairement dans "Discipline d'action publique" en juillet 1941. « La renaissance de la France exigerait un appareil militaire fondé sur la doctrine d'unité nationale et de collaboration continentale ainsi que sur la conception d'un équilibre intercontinental ». Il est clair que La Roque était ouvert à une collaboration avec l'Allemagne nazie tant que la France serait une associée traitée d'égal à égal. Ce n'est qu'une fois persuadé que l'Allemagne n'avait aucun intérêt à traiter la France sur un pied d'égalité que La Rocque a monté son propre réseau de résistance et pris contact avec les services britanniques. L'entrée en guerre des États-Unis a sans doute influencé aussi ses choix.

François de La Rocque est arrêté par Hugo Geissler, chef de la Gestapo de l'Auvergne et du Bourdonnais le 9 mars 1943, ainsi que, dans les deux jours qui suivent, 152 dirigeants du Parti social français. Selon Jacques Nobécourt, « jusqu'à la fin de sa liberté, la Rocque resta convaincu qu'il avait le devoir d'éclairer Pétain sur les égarements dans lesquels l'entraînait son entourage. Il finit par en obtenir trois rendez-vous au début de mars 1943. Il est arrêté par la Gestapo de Clermont-Ferrand, en même temps qu'une centaine de cadres du PSF dans toute la France. ». Pour certains auteurs comme Henri Noguères et Alya Aglan, cette arrestation provient des tentatives faites par le colonel de La Rocque pour convaincre le maréchal Pétain de partir en Afrique du Nord, et serait liée plus généralement au fort soupçon du déploiement d'une activité de Résistance au sein du réseau Klan. Elle tient également à sa ferme dénonciation de la Milice et de la LVF.

Il est arrêté et interné successivement durant les six premiers mois dans les cellules de la prison de Moulins, celle de Fresnes puis de la prison du Cherche-Midi. C'est à la prison du Cherche-Midi que l'abbé Franz Stock lui rend visite le 17 août 1943 ; selon le récit de ce dernier, « le colonel de La Rocque me dédia un psaume qu'il a écrit ». Il se retrouve dans une cellule, non loin de communistes et de Pierre de Gaulle, frère de Charles. Il est transféré le 31 août et déporté en Tchécoslovaquie à Eisenberg (de) (dépendant du camp de concentration de Flossenbürg) ; parmi les détenus, se trouvent d'anciens officiers du 2 Bureau, Pierre de Gaulle et des détenus politiques ; puis en Autriche au château d'Itter, où il a la surprise de retrouver Édouard Daladier, Paul Reynaud, Jean Borotra, Léon Jouhaux. « La Rocque est en piètre état. La détention fut pour lui particulièrement rude d'autant qu'il souffrait des suites d'une blessure reçue lors de la Grande Guerre. C'est dans un état de cachexie, avec un œdème des deux jambes, qu'il arrive le 10 janvier 1944 à Itter, où il est examiné et bien soigné par un médecin de Dachau »). Après une opération chirurgicale, La Rocque entre en contact avec des parachutistes américains. C'est la 103 division américaine qui le libère, ainsi que les personnalités détenues à Itter, le 7 mai 1945.

La Rocque revient en France libérée le 9 mai 1945 et se voit placé en internement administratif jusqu'au 31 décembre 1945 afin de l'éloigner des affaires politiques, notamment des négociations du Conseil national de la Résistance. La commission de vérification des internements administratifs réclame sa libération, mais le gouvernement ne tient pas compte de cet avis.

François de La Rocque est mort le dimanche 28 avril 1946 à l'âge de 60 ans à Paris. À sa sortie d'internement administratif, il est assigné à résidence et décède quelques mois plus tard, le 28 avril 1946, des suites de ses années de détention ainsi que d’une intervention chirurgicale. Ses proches ont toutefois pu créer un Parti républicain social de la réconciliation française, qui évoque le défunt PSF (au cours de l’été 1945, Charles Vallin, qui fut un de ses fidèles lieutenants au PSF fonde quant à lui l'Union patriotique républicaine).

Le colonel François de La Rocque est décoré à titre posthume, en 1961, de la Médaille de la déportation et de l'internement pour faits de Résistance et se voit attribuer la carte de Déporté-Résistant, qui lui avait été refusée de son vivant. De Gaulle rend hommage alors, en tant que chef de l'État, « à la mémoire du colonel de La Rocque, à qui l'ennemi fit subir une cruelle déportation pour faits de Résistance et dont, je le sais, les épreuves et le sacrifice furent offerts au service de la France. » Le gouvernement de Michel Debré présenta « les excuses du gouvernement pour une injustice dont il mesure la profondeur. »

Source : fr.wikipedia.org  

Tombe

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Fiche d'identité

Identité

  • Nom complet : Annet Marie Jean François de La Rocque
  • Nationalité (à sa mort) : Française Drapeau francais
  • Nationalité (à sa naissance) : --
  • Sexe : Masculin

Domaines d'activité

Noms

  • Nom usuel : François de La Rocque
  • Vrai nom : François de La Rocque
  • Vrai nom (2) : Colonel de La Rocque
  • Prénom : Annet
  • Prénom (2) : Marie
  • Prénom (3) : Jean
  • Prénom (4) : François
  • Noms dans d'autres langues : --
  • Homonymes : 0 (aucun)
  • Nom de famille : de La Rocque
  • Pseudonyme : François de Séverac
  • Surnom : --
  • Erreurs d'écriture : --

Naissance

  • Signe astrologique du zodiaque : --
  • Signe astrologique chinois : --

Décès

  • Âge de mort : 60 ans
  • Cause de mort : --

Obsèques

  • Date des obsèques : --
  • Lieu de sépulture : --
  • Type de funérailles : --

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Politicien français, ancien secrétaire général de l'UDF et porte-parole de Démocratie libérale, ministre de la Réforme de l'État, de la Décentralisation et de la Citoyenneté pendant quelques mois en 1995. Il siège au Conseil de Paris de 1983 à 2020 et exerce le mandat de maire du 16e arrondissement de Paris de 2008 à 2017. Il fut député 1993 à sa mort en 2020.

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