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Astor Piazzolla, né le 11 mars 1921 à Mar del Plata et décédé le 4 juillet 1992 à Buenos Aires, est un bandonéoniste et compositeur argentin. Il est consideré comme le musicien le plus important de la seconde moitié du XXe siècle pour le tango.
Astor Piazzolla, fils d'immigrés Italien, est né à Mar del Plata, à 400 kilomètres au sud de Buenos Aires, un port de pêche pas encore devenu une station balnéaire aristocratique. À l'âge de trois ans, il part avec ses parents Vicente Piazzolla et Asunta Manetti pour New York.
Quand Astor Piazzolla a huit ans, son père, passionné de tango, lui offre un bandonéon. L'enfant est déçu, il aurait préféré un saxophone car la musique qui le passionne alors est le Jazz. Un jour qu'il joue dans la cour de son immeuble, Astor découvre Jean-Sébastien Bach : c'est le pianiste Bela Wilda, ancien élève de Rachmaninoff, qui étudie neuf heures par jour. La musique de Bach impressionne tellement Astor qu'il veut prendre des cours avec Bela Wilda.
En 1936, la famille Piazzolla retourne à Mar del Plata. Astor, alors adolescent ne sait pas quoi faire de sa vie. Parfois il joue du bandonéon, mais sans conviction, parce qu'il ne s'intéresse toujours pas au tango. C'est un concert du violoniste Elvino Vardaro avec son Sexteto tīpico, à Mar del Plata, qui le fait finalement changer d'avis : Astor découvre une nouvelle manière de jouer le tango qui le passionne. Tout de suite, il forme son premier ensemble, le Cuarteto Azul, en copiant le style d'Elvino Vardaro.
En 1938, à dix-sept ans, il décide de devenir bandonéoniste professionnel et s'installe à Buenos Aires. Pendant un an, il joue dans des orchestres médiocres. Tous les soirs, il se rend au Germinal - le Broadway de Buenos Aires - où le célèbre bandonéoniste Aníbal Troilo joue avec son Orquesta tīpica. Quand un des bandonéonistes tombe malade, Astor demande à son ami le violoniste Hugo Baralis, qui fait partie de l'orchestre, de le présenter au maestro. Comme Astor connaît tout le répertoire par coeur, il est engagé le soir même dans l'orchestre, l'un des meilleurs de l'époque. Aníbal Troilo lui fait parfois des remontrances pour qu'il se cantonne dans les frontières strictes qui sont celles de l'orchestre.
À cette époque l'Argentine est l'un des pays les plus riches du monde[réf. nécessaire] et les gens veulent oublier la misère des années trente, ils ont envie de s'amuser et d'aller danser. Les salles de bal se multiplient, il y a des milliers d'orchestres de tango à Buenos Aires et un peu partout dans le pays.
Chaque orchestre a son style. Comme dans le jazz, tout le monde joue les mêmes morceaux mais avec des arrangements particuliers. L'orchestre d'Anibal Troilo utilise des arrangements très élaborés avec un style mélodique caractérisé par le jeu extraordinaire du bandonéoniste à la fois soliste et chef d'orchestre.
Très vite, Piazzolla commence à écrire des arrangements pour cet orchestre, et à composer des tangos. Mais le jeune bandonéoniste n'est pas satisfait de ce travail nocturne. Il veut être un « vrai » compositeur de musique classique. Il prend des cours avec le compositeur Alberto Ginastera et assiste chaque après-midi aux répétitions de l'orchestre symphonique du théâtre Colōn.
En 1944, il abandonne l'orchestre de Troilo et dirige celui qui accompagna le fameux chanteur Francisco Fiorentino. À partir de là, Piazzolla commence à lâcher la bride à sa créativité. Peu de temps après, il crée son propre orchestre. Parmi les morceaux qu'il interprète, cinq, tous écrits de sa main, se détachent et dont l'un porte le titre, sans doute intentionnel, de Prepárense (Préparez-vous).
Au début des années 1950, il pense sérieusement abandonner le tango pour se consacrer à la musique classique. Mais il enregistre encore quelque plage pour le label TK.
En 1954, il peut enfin réaliser son rêve : il reçoit le premier prix de composition Fabien-Sevitzky et obtient une bourse pour aller étudier à Paris avec Nadia Boulanger qui lui enseigne l'art du quatuor à cordes. Cette immense pédagogue a permit à toute une génération de compositeurs de s'affirmer sur la scène internationale : Quincy Jones, Lalo Schifrin, Aaron Copland, Leonard Bernstein, Philip Glass et Astor Piazzolla. Ce dernier, lorsqu'il arrive à Paris, maîtrise déjà l'écriture néo-classique grâce à Alberto Ginastera. Mais il lui manque l'essentiel : la personnalité et la révélation. Piazzolla est un tanguero génial mais frustré. Il veut être Bartók, Stravinsky, pas Troilo ou Julio De Caro. À la fin de son année d'études, Nadia Boulanger critique le manque de personnalité de ses compositions et lui demande ce qu'il faisait avant de venir chez elle. Piazzolla lui révèle qu'il était bandonéoniste et qu'il a écrit des tangos. Elle lui demande de jouer une de ses compositions. Il joue Triunfal. Elle s'emploie alors à mettre en lumière chez lui un concept très à la mode à l'époque : utiliser les musiques populaires comme un inépuisable vivier d'idées, tout en l'enrichissant d'un langage évolué et contemporain.
Les paroles de Nadia Boulanger bouleversent tellement Astor Piazzolla qu'il se met à travailler comme un possédé. Piazzolla commence à appliquer à la lettre ce concept en 1955 avec l'enregistrement des sessions parisiennes avec les cordes de l'Opéra de Paris, Martial Solal et Lalo Schifrin au piano et lui-même au bandonéon. Il gravera environ 16 morceaux, pour la plupart écrits par lui (Chau Paris, Sens Unique, Picasso, Marron Y Azul etc...).
Quand Piazzolla retourne à Buenos Aires en 1957, il crée un orchestre avec cordes, piano et bandonéon. Il s'entoure des meilleurs solistes et musiciens de tango de la ville tels qu'Elvino Vardaro, Jaime Gossis et José Bragato qui seront des vecteurs importants de la musique de Piazzolla à cette époque. Avec cet orchestre il montre toute son habileté à l'écriture pour cordes. Son répertoire comporte une moitié de compositions, parmi lesquels Tango del ángel (Tango de l'ange) et Tres minutos con la realidad (Trois minutes avec la réalité), Melancolico Buenos Aires, lo que vendra (ce qui viendra), tandis qu'il réinterprète certaines partitions créées par d'autres compositeurs (Sensiblero, Fuimos, la Cachila, la Cumparsita).
À la même époque, il fonde son fameux Octet Buenos Aires avec Mario Francini, Hugo Baralis (violon), Leopoldo Federico (bandoneon), Atilio Stampone (piano), José Bragato (violoncelliste), Eduardo Vasalo (contrebasse) et Horacio Malvicino (guitare électrique). Il n'est composé que de jeunes et grands leaders d'orchestres de l'époque ce qui donne une légitimité supplémentaire à ce projet. Piazzolla introduit la guitare électrique, et les chorus bebop de Malvicino apportent une couleur des plus moderne à l'ensemble. L'Octeto Buenos Aires adopte une recette simple composée de 50 % de tangos traditionnels (negracha, a fuego lento, los mareados), 25 % de compositions de Piazzolla (marron y azul Tango Ballet), 25 % de composition des membres du groupe (Cabulero, Tangology, Haydee).
Il enregistre deux disques LP et un 78 tours avec cette formation qui suscitent la controverse, la polémique, un cataclysme et une guerre ouverte entre les tenants de la tradition et ceux qui se réclament de Piazzolla[réf. nécessaire]. Leopoldo Federico se souvient des répétitions prévues au dernier moment dans le secret car des hommes les attendaient devant leur local pour leur casser la figure[réf. nécessaire]. Il raconta qu'un jour tous les musiciens étaient prêts à commencer le concert ; on cherchait Piazzolla partout, jusqu'au moment où une émeute ronfla du fond de la salle. Piazzolla était au coeur de la mêlée. Il se battait avec rage contre ses détracteurs.
L'Octeto est dissout en 1958, il n'est pas viable et personne ne veut prendre le risque de programmer leur musique. Après cette expérience, Astor Piazzolla relégue la guitare à un rôle d'accompagnement dans le quintette. En 1958, il se rend à nouveau à New York ; il tente d'opérer une fusion entre tango et jazz qui échoue et qu'il critiquera vivement par la suite.
Il retourne à Buenos Aires en 1960, et crée une autre formation, le Quinteto Nuevo Tango (lui au bandonéon, Simon Bajour puis Elvino Vardaro au violon, Jaime Gossis au piano, Jorge Lopez Ruiz à la guitare électrique et Kicho Diaz à la contrebasse). Avec ce groupe, il crée des tangos comme decarissimo, Adiós Nonino, Buenos Aires Hora Cero, Muerte del ángel, qui sont, parmi ses compositions, les plus enregistrés et interprétés dans les décennies suivantes. Ce quinteto est la formation parfaite pour Piazzolla. Il y trouve un équilibre qui le galvanise et l'inspire. Durant les années soixante il écrit la majeure partie de son oeuvre. Piazzolla est aussi un interprète extraordinaire et un chef de groupe des plus inspirés. Son écriture est sans concession et sa musique se détache de plus en plus du tango populaire : en effet, contrairement aux tangos des décennies précédentes, ils ne sont pas destinés à la danse.
En 1965, le quinteto joue à New York avec deux nouveaux membres Antonio Agri au violon et Oscar Lopez Ruiz à la guitare électrique. Il crée la suite del Angel (introduction, milonga, muerte et resureccion).
Cette même année, il enregistre des tangos composés sur des poèmes de l'écrivain Jorge Luis Borges avec le chanteur Edmundo Rivero et l'acteur Luis Medina Castro. C'est un disque culte dans l'histoire du Tango, même si Borges n'est guère satisfait du résultat.
Piazzolla s'associe ensuite avec le poète Horacio Ferrer (es), avec qui il crée les tangos les plus connus de son répertoire : Chiquilín de Bachín et Balada para un loco. Au tout début des années 1970, Piazzolla part en Italie. Ils écrivent ensemble l'opérette Maria de Buenos Aires qui ne remporte aucun succès. Il se lie avec Amelita Baltar qui est l'égérie de toutes ces chansons, plus inspirées par la variété que par le tango.
Piazzolla monte un nouvel ensemble le nonetto avec lequel il enregistre deux disques. Il tourne en Europe. La batterie apparaît à cette époque dans sa musique. Il écrit le Concierto nacar pour ce nonette et orchestre (concerto grosso).
En 1974 il monte en Italie le Conjunto Electronico, avec orgue Hammond, marimba, flûte, basse électrique, batterie, guitare électrique, percussions et violons. En font partie des musiciens comme Hugo Heredia à la flûte, Umberto Benedetti Michelangeli, premier violon, Giuseppe Prestipino (Pino Presti) à la basse électrique, Tullio De Piscopo à la batterie (On retrouve aussi les deux derniers dans l'album Summit). Cette même année Piazzolla et son Conjunto Electronico, enregistrent l'album Libertango, qui est publié dans le monde entier, Etats Unis compris. Dans les années qui suivent, il compose de nouveaux tangos à succès (les Suites troilienne et lumière) et se rapproche à nouveau du jazz, par l'album Summit/Reunion Cumbre composé avec le saxophoniste Gerry Mulligan.
De 1979 à 1988, Astor Piazzolla renoue avec son quinteto d'avant avec Pablo Ziegler au piano, Hector Console à la basse, Oscar Lopez Ruiz puis Horacio Malvicino à la guitare et Fernando Suarez Paz au violon. Le succès est fulgurant. Il multiplie les tournées à l'étranger. Les commandes d'écriture affluent (films, suites pour flûte et guitare, concertos Acconcagua et Hommenaje a liege, quatuor four for tango (kronos quartet) et la sonate le grand tango pour Rostropovitch). Mais Astor Piazzolla n'est pas vraiment conscient de cette reconnaissance. Il devra se battre jusqu'au bout contre ses détracteurs alors que le tango nuevo reçoit enfin la considération qu'il mérite.
En 1988, Piazzolla dissout le quintette qui lui donna une notoriété mondiale. Après dix années de concerts et de tournées internationales, il décide de former un groupe qui rappelle l'Octeto Buenos Aires, un sextuor qu'il organise dès 1989. Deux bandonéons, Astor et Julio Pane (très vite remplacé par Daniel Binelli). Il conserve du quintette le contrebassiste Hector Console et le guitariste Horacio Malvicino. Il convoque Gerardo Gandini, pianiste-compositeur atypique et spécialisé dans les musiques contemporaines écrites ou improvisées. Il rappelle son vieux complice de toujours, José Bragato au violoncelle remplacé par Carlos Mozzi. Lors des premiers concerts, Piazzolla ressort deux vieilles compositions de son vaste répertoire pour les adapter à cette nouvelle formation : Tres minutos con la realidad et Tango ballet. La musique est sombre et résolument contemporaine. Il écrit aussi de nouvelles pièces (sex-tet et Preludio y Fuga). Mais rapidement, l'ambiance se dégrade au sein du groupe et Piazzolla n'est pas convaincu par ce projet qu'il abandonne en 1990.
Il passe le début des années 1990 en tournée en soliste d'orchestre classique jouant ses concertos et ses pièces pour orchestre.
En 1990, juste après une attaque cérébrale dont il ne se remettra pas - il meurt à Buenos Aires deux ans plus tard - Astor Piazzolla se confie à Natalio Gōrin : « J'écoute du Tango depuis l'âge de huit ans et je reconnais que certains de ces grands musiciens ont influencé ma musique. Je les respecte parce qu'ils ont trouvé un style propre. Quand on crée, il faut avoir son propre style. Sans style, il n'y a pas de musique. »
Lorsque les « tangueros » orthodoxes, dans les années 1950 et 1960, affirmèrent que ce qu'il faisait « n'était pas du tango », il répondit en formulant une définition nouvelle : « C'est la musique populaire et contemporaine de la ville de Buenos Aires » c'est-à-dire... du Tango. Mais un Tango nouveau et libéré. Piazzolla est le précurseur et principal représentant du tango d'avant-garde. La personnalité de Piazzolla, irrévérencieuse, passionnée jusqu'à l'intolérance, comportait sans aucun doute ces deux éléments, qu'il a parfois mêlés dans certains morceaux.
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Discographie
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Cette discographie ne comporte que les enregistrements produits de son vivant. Les disques posthumes ne sont pas mentionnés.
* Sinfonía de Tango (1955)
* Tango Progresivo (Octeto Buenos Aires) (1957)
* Tango Moderno (Octeto Bueños Aires) (1957)
* Tango en Hi-Fi (1957)
* Lo Que Vendra (1957)
* 5 año national (1960)
* Piazzolla interpreta a Piazzolla (1960)
* Piazzolla o no? Bailable y apiazolado (1961)
* Nuestro Tiempo (1962)
* Tango para una ciudad (1963)
* Tango Contemporáneo (1963)
* 20 años de Vanguardia (1964)
* Concierto en el Philarmonic Hall de New York (1965)
* Historia del Tango Vol 1. La guardia Vieja (1967)
* Historia del Tango Vol 2. Epoca Romántica (1967)
* Maria de Buenos Aires (1968)
* Amelita Baltar interpreta a Piazzolla y Ferrer (1969)
* Adiós Nonino (1969)
* Concierto para quinteto (1970)
* Pulsación (1970)
* Musica contemporanea de la Cdad, de Bs. As. Vol 1 (1971)
* Musica contemporanea de la Cdad, de Bs. As. Vol 2 (1972)
* Libertango (1974)
* Reunión Cumbre (Summit) (1974) invité: Gerry Mulligan
* With Amelita Baltar (1974)
* Suite Troileana (1975)
* Viaje de Bodas (1975)
* Il Pleut Sur Santiago (1976) B.O.
* Persecuta o Piazzolla 77 (1977)
* Chador o Piazzolla 78 (1978)
* Biyuya (1979)
* Enrico IV (1984) B.O.
* El Exilio De Gardel (1985) B.O.
* Tango: Zero Hour (1986)
* The New Tango (1987) invité: Gary Burton
* Sur (1988) B.O.
* La Camorra (1989)
* Hommage a Liège: Double Concerto pour Bandonéon et Guitare/Histoire du Tango (1988) Avec l'Orchestre Philharmonique de Liège dirigé par Leo Brouwer. Concerto interprété par Piazzolla et Cacho Tirao, l' Histoire du Tango par Guy Lukowski et Marc Grauwels.
* The Rough Dancer and the Cyclical Night (Tango Apassionado) (1991)
* Five Tango Sensations (1991) con el Kronos Quartet.
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