Artiste, Critique, Écrivain, Éditeur, Enseignant, Homme d'affaire, Journaliste (Art, Business, Littérature).
Enterré (où exactement ?).
Maurice Nadeau, né à Paris le 21 mai 1911 et mort dans la même ville le 16 juin 2013 (à 102 ans), est un instituteur, écrivain, critique littéraire, directeur littéraire de collections, directeur de revues et éditeur français.
Il est le père de l'actrice Claire Nadeau et du réalisateur Gilles Nadeau.
Orphelin de guerre, Maurice Nadeau entre à l'École normale supérieure de Saint-Cloud. Il y découvre la politique. En 1930, il est membre du PCF, où il est amené à travailler avec Georges Cogniot. Il en est exclu en 1932. Il lit alors Lénine et Léon Trotski, ce qui l'incite à rejoindre la Ligue communiste de France de Pierre Naville. C'est au cours de ces années qu'il fréquente Louis Aragon, André Breton, Jacques Prévert, Benjamin Péret.
Nommé professeur de lettres en 1936, il enseignera jusqu'en 1945, brièvement comme professeur de lettres à Prades, mais il préférera très vite être instituteur à Thiais, afin de se rapprocher de Paris. C'est alors qu'il collabore avec André Breton à la revue Clé qui dénonce l'internement en France des républicains espagnols dans le contexte de la montée de la guerre.
Après le bref épisode de sa mobilisation, il reprend l'enseignement sous l'occupation nazie et s'engage dans des activités politiques clandestines. Son réseau de Résistance (qui comprenait un soldat allemand qui sera fusillé) sera démantelé au cours d'une rafle : David Rousset et plusieurs de ses membres seront déportés. L'épouse de David Rousset aide alors Nadeau à échapper à la déportation.
Cette première partie de sa vie l'amène en 1945 à publier une Histoire du surréalisme, qui est encore aujourd'hui un ouvrage de référence sur le sujet, même si André Breton ne la trouva pas exactement à son goût.
À la Libération, il entre d'abord comme critique, grâce à Pascal Pia qui en est le rédacteur en chef, dans le journal issu de la Résistance Combat dirigé par Albert Camus. Il tiendra la page littéraire durant sept ans. Il y fera connaître des auteurs comme Georges Bataille, René Char, Henri Michaux, Claude Simon, Henry Miller, et entreprend de commencer l'édition des oeuvres du marquis de Sade. Il étonnera ses contemporains en prenant la défense de Louis-Ferdinand Céline.
Commence alors une longue période éditoriale dans diverses maisons et journaux : ainsi il est directeur de la collection Le Chemin de la Vie aux éditions Corréa de 1949 à 1954, critique au Mercure de France de 1949 à 1953, critique à France-Observateur (1952-1959), puis à L'Express de Françoise Giroud (1959-1964), directeur de collection aux Éditions Julliard (1953-1964), il dirige une revue littéraire, Les Lettres nouvelles, (1953-1976), où il publie Edmond Jabès, Yves Bonnefoy, Salah Stétié. C'est alors que, voisin de palier de la revue Les Temps modernes, il fréquente Jean-Paul Sartre, avec qui, durant la guerre d'Algérie, il signe et diffuse le Manifeste des 121 (1960). Il travaille ensuite chez Denoël (1965-1977) puis aux éditions Robert Laffont.
Le 15 mars 1966, il publie, avec François Erval, le n° 1 du bimensuel La Quinzaine littéraire qu'il anime encore aujourd'hui. Il la dirige à partir de 1970, et, dès le n° 2, s'assure de la collaboration étroite d'Anne Sarraute. Cette publication traverse régulièrement des difficultés financières. Une vente aux enchères est même organisée en 1976 pour la sauver, avec la participation de personnalités comme Pierre Soulages, Samuel Beckett, Henri Michaux ou Nathalie Sarraute.
Les Lettres nouvelles devient alors le nom de sa propre maison d'éditions qu'il fonde en 1977 et qu'il continue à diriger jusqu'à sa mort. En 1984, elles deviennent les Éditions Maurice Nadeau. Il y publie notamment le premier roman de Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, les ouvrages du futur Prix Nobel, J. M. Coetzee, et des jeunes auteurs comme Soazig Aaron, Ling Xi ou Yann Garvoz.
Le 16 mai 2013, Maurice Nadeau a signé un texte intitulé Vous ne laisserez pas mourir la Quinzaine. Il appelait à la création d'une société participative comportant deux collèges (l'un regroupant les lecteurs et amis de la Quinzaine littéraire, l'autre les collaborateurs) afin que chacun ami ou écrivain collaborateur puisse devenir actionnaire et propriétaire de « son » journal. Il s'est éteint un mois plus tard.
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