Écrivain américain, connu pour son premier roman semi-autobiographique « La Conversion » (Go Tell It on the Mountain), paru en 1953, et sa nouvelle « Blues pour Sonny » (Sonny's Blues). Ses essais explorent les non-dits et les tensions sous-jacentes autour des distinctions raciales, sexuelles et de classe au sein des sociétés occidentales, en particulier dans l'Amérique du milieu du XXe siècle.
Américain, né le 2 août 1924 et mort le 1er décembre 1987
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James Arthur Baldwin, né le 2 août 1924 dans le quartier de Harlem, à New York, et mort le 1er décembre 1987 à Saint-Paul-de-Vence, dans les Alpes-Maritimes, en France, est un écrivain américain, auteur de romans, de poésies, de nouvelles, de pièces de théâtre et d’essais. Son œuvre la plus connue est son premier roman, semi-autobiographique, intitulé La Conversion (Go Tell It on the Mountain), paru en 1953, et sa nouvelle Blues pour Sonny (Sonny's Blues) incluse dans le recueil de nouvelles Face à l'homme blanc (Going to Meet the Man), paru en 1965. Ses essais, rassemblés notamment dans Chronique d'un pays natal (Notes of a Native Son, 1955) et La Prochaine Fois, le feu (The Fire Next Time, 1963), explorent les non-dits et les tensions sous-jacentes autour des distinctions raciales, sexuelles et de classe au sein des sociétés occidentales, en particulier dans l'Amérique du milieu du xxe siècle. Ses romans et pièces de théâtre transposent quant à eux vers la fiction des dilemmes personnels, questionnant les pressions sociales et psychologiques complexes qui entravent non seulement l'intégration des personnes noires, mais aussi des hommes gays ou bisexuels. Il dépeint également les obstacles intériorisés qui empêchent de telles quêtes d'acceptation, par exemple dans son roman La Chambre de Giovanni (Giovanni's Room), écrit en 1956, bien avant le mouvement de libération des homosexuels.
Juste avant la naissance de James Arthur Baldwin, sa mère, Emma Berdis Jones, quitte son père biologique à cause de ses abus de drogue et s'installe dans le quartier de Harlem à New York. Elle y épouse un pasteur, David Baldwin. La famille est très pauvre.
James Baldwin passe beaucoup de temps à s'occuper de ses jeunes frères et sœurs. À l'âge de 10 ans, il est harcelé et abusé par deux officiers de la police de New York, un exemple de harcèlement raciste par le NYPD qu'il expérimentera à nouveau à l'adolescence, et qu'il documentera dans ses essais. Son père adoptif, que Baldwin dans ses essais nomme simplement son père, l'a semble-t-il traité avec une grande rudesse — bien davantage que ses frères et sœurs.
David Baldwin meurt de la tuberculose pendant l'été 1943, alors que James va bientôt avoir 19 ans. Le jour de l'enterrement de son beau-père est aussi celui de son 19e anniversaire, ainsi que le jour où commencent les Harlem Riots de 1943, qu'il dépeindra plus tard en introduction de son essai Chronique d'un pays natal. La quête pour expliquer le rejet familial et social qu'il a vécu — et ainsi se construire une identité apaisée — devint un thème récurrent dans les écrits de Baldwin.
James Baldwin fréquente une école publique, la P.S. 24, sur la 128e rue à Harlem, où il écrit l'hymne de l'école, qui restera en usage jusqu'à sa fermeture. Il passe ses années de collège à la Frederick Douglass Junior High, où il est influencé par le poète Countee Cullen, l'une des figures de proue du mouvement de la Renaissance de Harlem. Son professeur de mathématiques l'encourage à participer comme éditeur au journal de l'établissement, le Douglass Pilot. Juste avant lui, le collège Frederick Douglass avait accueilli le futur acteur Brock Peters et le futur pianiste jazz Bud Powell. Baldwin rejoint ensuite le lycée DeWitt Clinton High School dans le quartier de Bedford Park situé dans l'arrondissement du Bronx. Là, aux côtés de Richard Avedon, Baldwin travaille sur le magazine de l'école en tant que directeur littéraire, mais il garde une mauvaise expérience de l'établissement à cause d'insultes raciales constantes.
Les difficultés que James Baldwin rencontre adolescent, notamment le comportement abusif de son beau-père, l'amènent à chercher secours dans la religion. À 14 ans, il assiste à des rassemblements de l’Église Pentecôtiste et, lors d'un meeting de prière euphorique, il se convertit, puis devient prêcheur. Rapidement, à l'assemblée pentecôtiste de Fireside, il attire des foules plus nombreuses que celles que son beau-père attirait en son temps. Mais à 17 ans, le point de vue de Baldwin évolue et il juge que la chrétienté est basée sur de faux présupposés. Plus tard, il considérera que sa période de prêcheur était une manière de surmonter ses crises personnelles.
Baldwin rencontre un jour Elijah Muhammad, leader du mouvement Nation of Islam, qui le questionne au sujet de ses croyances religieuses. Il répond alors : « J'ai quitté l'église il y a 20 ans et je n'ai jamais rejoint quoi que ce soit d'autre depuis ». Quand Elijah lui demande « Et qu'êtes-vous maintenant ? », il explique : « Maintenant ? Rien. Je suis écrivain. J'aime faire des choses seul ». Cependant, son expérience avec l'église a significativement façonné sa vision du monde et son écriture. Baldwin lui-même note que « être à la chaire c'était comme travailler au théâtre ; j'étais dans les coulisses et je savais comment se construisait l'illusion ».
Il accuse le christianisme d'avoir renforcé le système esclavagiste américain en palliant la sensation d'oppression tout en repoussant le salut à une vie après la mort : une thèse illustrée dans la pièce de théâtre Le Coin des Amen (''The Amen Corner), parue en 1954. Baldwin louait cependant la religion en cela qu'elle inspirait certains Noirs américains à défier l'oppression. Il écrit ainsi : « Si le concept de Dieu a une utilité, c'est de nous rendre plus grands, plus libres et plus aimants. Si Dieu ne peut pas faire ça, il est temps de se débarrasser de lui ». Baldwin se décrivait publiquement comme n'étant pas religieux. Un enregistrement de lui chantant « Precious Lord, take my hand » a cappella fut diffusé à son enterrement.
Un jour, alors que James Baldwin a 15 ans, son camarade de classe et ami Emile Capouya sèche l'école et, à Greenwich Village, quartier de Manhattan célèbre pour son milieu d'artistes et de libres-penseurs, rencontre le peintre afro-américain Beauford Delaney. Capouya donne ensuite à Baldwin l'adresse de Delaney et lui suggère d'aller le rencontrer. À l'époque, Baldwin travaille après l'école dans un atelier clandestin sur Canal Street, non loin de chez Delaney, à qui il rend visite au 181 Greene Street. Delaney devient un mentor pour Baldwin qui, à son contact, réalise qu'une personne de couleur peut devenir artiste. Alors que son père s’oppose à ses aspirations littéraires, Baldwin trouve aussi un soutien auprès du maire de New York, Fiorello La Guardia. Il quitte sa famille pour s'installer à Greenwich Village.
Au début des années 1940, il abandonne sa foi religieuse pour la littérature. Tout en enchaînant les petits boulots, Baldwin écrit des nouvelles, des essais et des critiques de livres, dont certains seront plus tard réunis dans le recueil Chronique d'un pays natal (Notes of a Native Son) publié en 1955. En 1944, il devient ami avec l'acteur Marlon Brando, et les deux hommes partagent un temps le même appartement. Ils sont probablement amants occasionnels et restent amis pendant plus de 20 ans.
C'est pendant son adolescence que James Baldwin commence à prendre conscience de son homosexualité.
En 1948, il entre dans un restaurant ségrégué pour Blancs : quand la serveuse lui annonce que l'établissement ne sert pas les Noirs, Baldwin lui jette un verre d'eau, brisant le miroir derrière elle. Frustré et attristé par les discriminations envers les Noirs et les homosexuels aux États-Unis, Baldwin quitte le pays à l'âge de 24 ans pour s'installer en France, à Paris. Il souhaite ainsi s'éloigner des discriminations américaines et vivre son identité et son écriture en dehors du contexte afro-américain. Baldwin ne voulait pas être lu comme « juste un nègre ; ni même juste un écrivain nègre ». Il espère également résoudre ses questionnements autour de son orientation sexuelle et échapper au désespoir auquel beaucoup de jeunes afro-américains tels que lui succombent à New York.
À Paris, Baldwin s'implique rapidement dans le radicalisme culturel de la Rive Gauche. Il commence à publier ses travaux dans des anthologies, notamment Zéro, édité par son ami Themistocles Hoetis, qui avait déjà publié des essais de Richard Wright.
Il vit en France pendant la majeure partie de sa vie, passant parfois du temps en Suisse et en Turquie. De son vivant comme après sa mort, Baldwin, très influent, est perçu non seulement comme un écrivain afro-américain, mais aussi comme un écrivain exilé, du fait de ses nombreuses expériences en dehors des États-Unis et de leur impact sur sa vie et sur son écriture.
James Baldwin s'installe à Saint-Paul-de-Vence dans le sud de la France en 1970, dans une ancienne maison provençale sous les remparts du célèbre village. Sa maison est toujours ouverte à ses amis, qui lui rendent souvent visite sur le chemin de la Côte d'Azur. Le peintre américain Beauford Delaney fait de la maison de Baldwin sa résidence secondaire, installant souvent son chevalet dans le jardin. Delaney peint plusieurs portraits colorés de Baldwin. Les acteurs Harry Belafonte et Sidney Poitier sont également des invités réguliers.
Beaucoup des amis musiciens de Baldwin investissent l'endroit pendant les festivals de jazz de Nice et de Juan-les-Pins : Nina Simone, Joséphine Baker (dont la sœur habitait à Nice), Miles Davis ou encore Ray Charles, pour qui il écrit plusieurs chansons. Dans son autobiographie, Miles Davis écrit :
« J'avais lu ses livres et j'aimais et respectais ce qu'il avait à dire. Quand j'ai été amené à mieux le connaître, Jimmy et moi nous sommes ouverts l'un à l'autre. Nous sommes devenus de très bons amis. À chaque fois que j'étais dans le sud de la France, à Antibes, je passais un jour ou deux dans sa villa de Saint-Paul-de-Vence. On se mettait à l'aise dans cette belle et grande maison, et il nous racontait toutes sortes d'histoires… C'était un grand homme. »
Baldwin apprend à parler français couramment et se lie d'amitié avec l'acteur français Yves Montand et l'écrivaine Marguerite Yourcenar, qui traduit vers le français sa pièce The Amen Corner (Le Coin des Amen).
Ses années à Saint-Paul-de-Vence sont également des années de travail. Attablé devant sa machine à écrire, il consacre ses journées à écrire et à répondre aux très nombreux courriers qu'il reçoit en provenance du monde entier. Il écrit certains de ses derniers travaux dans cette maison, notamment Harlem Quartet (Just Above My Head) en 1979, et Preuves de phénomènes invisibles (Evidence of Things Not Seen) en 1985.
C'est aussi dans cette maison que Baldwin écrit sa fameuse « Lettre ouverte à ma sœur, Angela Davis » (« Open Letter to My Sister, Angela Y. Davis ») le 19 novembre 1970. Publiée dans «The New York Review of Books » le 7 janvier 1971, cette lettre ébranlera la conscience de l'Amérique. Dans cette lettre, Baldwin apporte son soutien à Angela Davis, arrêtée pour avoir comploté dans une tentative d'évasion de prisonniers noirs de la prison de Soledad en Californie, tout en dénonçant l'indifférence coupable de l'Amérique blanche face à la situation des Noirs. C'est une manière de légitimer le combat de sa « sœur », celui de se battre contre le sort pitoyable réservé aux Noirs durant cette période. Pour lui, l'arrestation d'Angela Davis symbolise un retour vers un passé sombre marqué par l'esclavage, la ségrégation raciale et le refus de citoyenneté devant une Amérique blanche.
James Baldwin est mort le mardi 1er décembre 1987, à l'âge de 63 ans, d'un cancer de l’estomac, dans sa maison de Saint-Paul-de-Vence (France, dans les Alpes-Maritimes). Baldwin repose au Ferncliff Cemetery de Hartsdale à New York, au côté de sa mère, Berbis, décédée en 1999.
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Les meilleures citations de James Baldwin.
L'argent est en tous points comme le sexe. On n'arrête pas d'y penser quand on en manque et on pense à autre chose quand on en a.
J'imagine que l'une des raisons pour lesquelles les gens s'accrochent si obstinément à leur haine est qu'ils sentent qu'une fois la haine disparue, ils seront obligés de faire face à la douleur.
Le but de l'éducation... est de créer chez une personne la capacité de regarder le monde par elle-même, de prendre ses propres décisions.
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