Mathématicien et poète français, membre de la Pléiade, un des premiers (avec Guillaume Gosselin) à user de lettres en algèbre pour résoudre les systèmes d'équations linéaires. Préfigurant la logistique spécieuse, ses notations et ses exigences de fonder de façon abstraite les mathématiques font de lui un précurseur immédiat de François Viète.
Francais, né le 25 juillet 1517 et mort le 28 septembre 1583 (environ)
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Jacques Peletier du Mans, ou Pelletier, né au Mans le 25 juillet 1517, mort à Paris en 1582 ou 1583, est un mathématicien, médecin, grammairien et un poète humaniste français, membre de la Pléiade. Il est un des premiers avec Guillaume Gosselin à user de lettres en algèbre pour résoudre les systèmes d'équations linéaires. Préfigurant la logistique spécieuse, ses notations et ses exigences de fonder de façon abstraite les mathématiques font de lui un précurseur immédiat de François Viète.
Jacques Peletier est né dans une famille nombreuse (il est le neuvième des quinze enfants de l'avocat Pierre Pelletier et de Jeanne le Royer) ; son père est féru d'astrologie et note l'heure de sa naissance, à quatre heures du matin. Avocat du Sénéchal du Maine et Bailli de Touvoie, employé par la maison épiscopale, ce père le pousse vers des études de théologie et de droit ; mais de ses rencontres avec Jean Spineus, un ami de la famille, médecin et astrologue, naît cependant un amour des sciences. De cette époque datent également ses premiers démêlés avec l'orthographe et la grammaire.
Vers treize ans, il monte à Paris, et se tourne vers la philosophie, qu'il étudie au Collège de Navarre, à Paris, où son frère Jean (de neuf ans son aîné) est professeur de mathématiques et de philosophie et Ramus son condisciple. Il étudie également les mathématiques et la médecine en autodidacte, puis revient au Mans, exercer son droit pendant cinq ans (vers 1538), probablement aidé par son frère Victor. Peu après, il apprend le grec, qui n'était pas pour lors enseigné au collège de Navarre.
Fréquentant le cercle littéraire de Marguerite de Navarre, il devient vers 1539 secrétaire de l'évêque René du Bellay (grand cousin du poète). On le retrouve au Mans en 1540 et, à nouveau, de 1541 à 1543, discutant déjà avec son protecteur de ses projets de réformes orthographiques. Il traduit alors L’art poëtique d’Horace en vers français, où il plaide déjà pour l'utilisation de la langue vernaculaire et se lie d'amitié avec Pierre de Ronsard (tonsuré pour obtenu une cure, au Mans, le 6 mars 1543) et Joachim Du Bellay, dont on enterre l'oncle Guillaume du Bellay le 5 mars de la même année. Avec eux, Jacques Peletier fait partie des sept poètes formant la Pléiade. C'est à lui que Ronsard montre en 1543 ses premières odes.
En 1543, le 6 novembre, il est nommé recteur du Collège de Bayeux à Paris.
En 1541, il publie des commentaires sur Gemma Frison dans son Arithmeticae practicae methodus facilis, et la même année sa traduction d'Horace (la première traduction de l’Art poétique). En 1546, il est à Paris avec Ronsard et conseille à Du Bellay de préférer l'ode et le sonnet ; son jeune ami entre comme élève au collège de Coqueret. En 1547, il prononce l’oraison funèbre d’Henri VIII et publie ses premières Œuvres poétiques, qui comprennent des traductions des deux premiers chants de l’Odyssée d’Homère et du premier livre des Géorgiques de Virgile, douze sonnets de Pétrarque, trois odes d’Horace et une épigramme dans le style de Martial ; ce recueil de poésie inclut également les premières poésies publiées de Joachim du Bellay et de Pierre de Ronsard.
Il fréquente alors un groupe d’humanistes autour de Théodore de Bèze, Jean Martin, et Denis Sauvage. Il finit toutefois par s'opposer au premier d'entre eux à propos de la réforme de l'orthographe. Cette réforme, née sous la plume d'un anonyme d'Abbeville, et reprise en 1542 par Louis Meigret et ses successeurs, Guillaume des Autels, Peletier du Mans, Ramus et Honoré Rambaud, rencontre une farouche opposition chez Théodore de Bèze et un grand nombre de « conservateurs ».
En 1547, Jacques Peletier quitte son poste de recteur, qu'il juge ennuyeux, pour voyager, et achève ses études de médecine entre 1549 et 1552. Il subit une crise de dysenterie alors qu'il est reçu médecin. Puis il visite Bordeaux, Poitiers, Lyon et Bâle, vivant de ses leçons de mathématiques et de sa pratique médicale. En 1549, il publie sa propre Arithmétique départie en quatre livres, un des premiers livres du genre en français après ceux de d'Estienne de La Roche et Nicolas Chuquet, cinq ans avant celui de Jean Trenchant.
En 1550, il plaide enfin ouvertement pour une profonde réforme de l'orthographe dans son Dialogue de l'ortografe et prononciation françoese. Il encourage notamment à enseigner les sciences dans un français rénové. Sa tentative de réforme de l’orthographe se heurte toutefois à l'habitude prise depuis la Renaissance de modeler le vocabulaire français sur ses racines latines. Pendant ces années passées entre Bordeaux, Poitiers et le Piémont (vers 1554), où il a peut-être été le précepteur du fils du maréchal de Brissac, Peletier préconise une orthographe phonétique utilisant de nouveaux signes typographiques, qu’il a continué à employer dans toutes les œuvres qu’il a publiées. C’est la raison pour laquelle « Peletier » est toujours orthographié avec un seul « l ». Néanmoins, cette réforme est mal perçue et son orthographe phonétique rebute les lecteurs.
En 1554, il publie à Lyon, en langue française, chez Jean Tournes, une Algèbre départie an deus Liures où il développe les idées de l'Arithmetica intégra de Michael Stifel (1544). On lui doit en particulier l'introduction de plusieurs variables pour résoudre une équation. Ce travail original le situe comme un prédécesseur immédiat de François Viète et de sa logistique spécieuse.
Entre 1553 et 1557, il s'installe à Lyon, où il se lie d'amitié avec les poètes et les humanistes Maurice Scève, Louise Labé, Olivier de Magny et Pontus de Tyard. Publiant en latin, Peletier revient à la poésie avec L’amour des amours (1555) qui rend hommage au poète Lucrèce. Ce nouveau recueil de poésie, composé d’une série de sonnets et de poésies encyclopédiques décrivant des météores, des planètes et les cieux devait influencer les poètes Guillaume du Bartas et Jean Antoine de Baïf. Parcouru par de nombreux phénomènes d'allitérations, ces poésies aux rimes riches, le rapprochent plus des grands rhétoriqueurs que de des autres poètes de la Pléiade. C'est le premier recueil poétique de Peletier à paraître sous une orthographe réformée.
La même année, il donne l’Art poétique français à l’atelier de l’imprimeur Jean de Tournes au fils duquel, âgé de quatorze ans, il enseigne la géométrie. Cet atelier, il en est en quelque sorte un des responsables. Dans ce manuel de composition poétique, Jacques Peletier souligne que la poésie lui propose une véritable « récréation » et qu’elle est « un exercice d’une bien douce folie ». Dans la dédicace à Zacharie Gaudart, il indique aussi que « l’amour est un sujet capable ». Dans cette œuvre, il entreprend de définir les différents genres poétiques de son temps et l’attitude que les poètes doivent avoir. Il a en particulier le « projet d’y pouvoir appliquer choses naturelles, Cosmographie, Astrologie, et autres choses dignes des plus nettes et graves oreilles ».
En 1557, Jacques Peletier regagne Paris et s'occupe dès lors de médecine et de mathématiques ; il publie ses éléments d'Euclide : Euclidis elementa demonstrationum (1557), traité critiqué par Jean Borrel et Christopher Clavius. Dans ce traité, Peletier revient sur l'angle de contact d'une courbe et de sa tangente : à l'opposé de Jérôme Cardan et de Christophe Clavius, il nie que l’angle de contact soit une grandeur infiniment petite et considère qu’il n’existe pas comme quantité. Il est soutenu dans ses efforts par Henri de Monantheuil. Pour lui, les mathématiques doivent partir de postulats et de conventions ; la vérité se dégage au fruit d'hésitations et de tâtonnements qui, loin de le conduire au désarroi, lui permettent de mettre en forme.
En 1558, il fait imprimer un discours solennel en latin appelant à la paix entre Henri II et de Charles Quint.
Enfin, Peletier passe les dernières années de sa vie à voyager en Savoie, en Allemagne, en Suisse, à Bâle, où il édite Jacobi Peletarii Medici et Mathematici, rééditée chez Jamet Mettayer en 1581, le De Peste compendium (une réfutation de Galien sur la peste), et De Constitutione Horoscopi entre 1562 et 1563. Il voyage également en Italie et dans diverses régions de France. De là, il publie de nombreuses œuvres en latin sur l’algèbre, la géométrie et les mathématiques, la médecine.
En 1572, il est brièvement directeur de l’université d’Aquitaine (Bordeaux), mais démissionne de ce poste qui le lasse. Pendant cette période, il a été en bons termes avec Montaigne et Pierre de Brach. Il plaide devant le parlement, en mauvaise posture, et comme pour se disculper de sa faillite. Les guerres de Religion le retiennent en Aquitaine. En 1579, il est nommé à Poitiers, comme professeur de mathématiques à l'Université, mais le 15 octobre de la même année il revient à Paris. Là, il engage la polémique avec Bressius qui lui reproche son âge et sa pauvreté, mais plus grave encore, d'ignorer le grec et d'appartenir à la religion réformée. En dépit de cette polémique à propos de la chaire créée par Ramus, Peletier est enfin nommé directeur du collège du Mans, rue de Reims.
En 1581, il publie un dernier recueil de poésies, Louanges. Entouré d'amis protestants et de protecteurs qui inclinaient à la Réforme, Jacques Peletier n'a jamais dévié de la foi de ses pères.
Jacques Peletier du Mans est mort en 1582 ou 1583, à l'âge d'environ 65 ans, à Paris (France). À sa mort, Jean Dorat le remplace au sein de la Pléiade. Il est fêté de son temps par Scevolle de Sainte-Marthe, qui note l'étendue de ses talents, Pontus de Tyard, Jean Vauquelin de La Fresnaye, et Guillaume Colletet. Le poète savoisien Marc-Claude de Buttet, en réponse à son poème sur La Savoye, lui dédie un sonnet en lui appliquant l'épithète de « Divin Pelletier ». Jacques Peletier sombra dans l'oubli dès le XVIIe siècle. Sa vie fut étudiée par Gilles Ménage mais il ne reste pas de trace de cette monographie. Bayle le nomme à l'article Bonaventure Des Périers, dont Peletier fut l'ami. Sainte-Beuve le ridiculise. Peletier du Mans ne retrouvera son importance qu'au XXe siècle avec Paul Laumonier et la réimpression de ses œuvres en 1904.
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