Pape, Religieux (Religion).
Enterré (où exactement ?).
Eugenio Maria Giuseppe Giovanni Pacelli (Rome, 2 mars 1876Castel Gandolfo, 9 octobre 1958), élu pape le 2 mars 1939 sous le nom de Pie XII (en latin Pius XII, en italien Pio XII). Sa béatification, un temps prévue en même temps que celle de Jean XXIII, le 2 septembre 2000, a été différée.
Eugenio Pacelli naît à Rome dans une famille de petite noblesse très liée, depuis le XIXe siècle, aux milieux du Vatican. Son père, Filippo Pacelli, est avocat à la Rote romaine puis avocat consistorial ; il se montre défavorable à l'intégration des États pontificaux au royaume d'Italie. Sa mère vient d'une famille distinguée pour ses services rendus au Saint-Siège.
Eugenio fait ses études au lycée Visconti, un établissement public. Il entame en 1894 sa théologie à l'Université grégorienne, comme pensionnaire du Collège capranica. De 1895 à 1896, il effectue également une année de philosophie à la Sapienza, l'université d'État de Rome. En 1899, il rejoint l'Apollinaire, où il obtient trois licences, l'une de théologie et les autres in utroque jure (« dans les deux droits », c'est-à-dire droit civil et droit canonique). Au séminaire, pour des raisons de santé, il échappe au lot commun et obtient de rentrer chaque soir au domicile parental.
Il est ordonné prêtre le 2 avril 1899 par Mgr Cassetta, vice-régent de Rome et grand ami de la famille.
En 1901, il entre à la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires, chargée des relations internationales du Vatican, suite à la recommandation du cardinal Vannutelli, ami de la famille. Il y devint minutante. Pacelli assiste au conclave d'août 1903, qui voit l'empereur d'Autriche porter la dernière exclusive contre le cardinal Rampolla. En 1904, il est nommé par le cardinal Gasparri secrétaire pour la Commission pour la codification du droit canonique. Il devient également camérier secret, signe de confiance de la part du pape. Il publie une étude sur La Personnalité et la territorialité des lois, spécialement dans le droit canon, puis un livret blanc sur la séparation de l'Église et de l'État en France. Pacelli doit décliner de nombreuses offres de chaires de droit canonique, aussi bien à l'Apollinaire qu'à l'université catholique de Washington. Il accepte cependant d'enseigner à l'Académie des nobles ecclésiastiques, vivier de la Curie romaine. En 1905, il est promu prélat domestique.
Ses promotions continuent d'être rapides et régulières :
en 1911, il devient sous-secrétaire aux Affaires ecclésiastiques extraordinaires. Ceci le porte parmi les têtes pensantes de la diplomatie vaticane ;
en 1912, Pie X le nomme secrétaire adjoint, puis secrétaire le 1er février 1914. Il conserve ce poste sous le règne de Benoît XV et assume alors la tâche de promouvoir la politique du pape pendant la Première Guerre mondiale. En particulier, il tente de dissuader l'Italie d'entrer en guerre, en partie parce qu'il craint une révolution communiste à Rome ;
en 1915, il voyage à Vienne et travaille en collaboration avec Mgr Scapinelli, nonce apostolique à Vienne, pour convaincre l'empereur François-Joseph de se montrer plus patient à l'égard de l'Italie.
Le 20 avril 1917, Benoît XV nomme Pacelli nonce apostolique en Bavière Munich est alors l'unique représentation pontificale de l'Empire allemand. Trois jours plus tard, le nouveau nonce est nommé archevêque in partibus de Sardes. Il oeuvre pour la réception de la note du 1er août 1917 de Benoît XV, mais n'obtient que des résultats décevants. Il s'efforce également de mieux connaître l'Église catholique allemande, visitant les diocèses et assistant aux principales manifestations catholiques, comme le Katholikentag, en ramenant soeur Pasqualina qui lui servira de gouvernante jusqu'à la fin de sa vie. Parallèlement, il prend connaissance des discussions entre le Vatican et l'URSS. Il relaie des propositions soviétiques pour l'organisation du catholicisme. En 1926, il consacre évêque le jésuite D'Herbigny, chargé de constituer un clergé en Russie.
Depuis 1919, la nonciature en Bavière était reconnue compétente pour l'ensemble du territoire allemand. Le 23 juin 1920, une nonciature en Allemagne est créée. Pacelli y est transféré en même temps qu'il reçoit la nonciature de Prusse, double casquette purement formelle puisque le personnel et l'adresse sont les mêmes. Lorsque des troubles éclateront en Bavière, des révolutionnaires menaceront Pacelli de leurs fusils, ce qui entraînera son hospialisation pour dépression nerveuse.
Afin de régulariser les relations entre le Saint-Siège et les autres États et d'y défendre les activités catholiques, il négocie plusieurs concordats avec différents pays. Avec la Lettonie en 1922, la Bavière en 1924, la Pologne en 1925, la Roumanie en 1927. Il est accrédité à Berlin en 1920. En 1929, il signe un concordat avec la Prusse, est élevé à la dignité de cardinal et nommé cardinal secrétaire d'État. Il devient le principal collaborateur de Pie XI.
Le 20 juillet 1933, il signe, au nom du Saint-Siège, le concordat avec Hitler, qui venait d'être élu chancelier de la république de Weimar.
L'Allemagne nazie n'entend pas respecter cet accord. Pacelli envoya 55 notes de protestations au gouvernement allemand de 1933 à 1939. En conséquence, en mars 1937, il durcit le texte de l'encyclique Mit brennender Sorge, préparé par le cardinal-archevêque de Munich. Le concordat n'est cependant pas dénoncé.
En 1933, il signe également un concordat avec l'Autriche, et en 1935, avec la Yougoslavie.
En 1938, il critique l'approbation immédiate de l'Anschluss par l'épiscopat autrichien et exige du cardinal Innitzer, archevêque de Vienne, une déclaration prenant position contre l'invasion. Innitzer s'exécute le 6 mai, dans un article paru dans l'Osservatore Romano, qui n'aura cependant pas de répercussions d'ampleur.
Armoiries de Pie XIIÀ la mort de Pie XI, le cardinal Pacelli semble le candidat le plus probable, d'autant que le feu pape a laissé échapper quelques phrases tendant à le désigner comme son successeur (« Sarà un bel papa ! », « il sera un beau pape ! »).
De fait, Pacelli est élu pape le 2 mars 1939, au troisième tour de scrutin. Le conclave a à peine duré 24 heures et cette courte durée accrédite une rumeur selon laquelle l'élection avait été unanime. Il est cependant probable que plusieurs cardinaux italiens eussent préféré le cardinal Dalla Costa, archevêque de Florence. Pacelli est élu avec probablement 48 voix sur 62. Le nouveau pape choisit le nom de règne de Pie XII (Pius XII), dans la continuité du pontificat précédent.
Il nomme le cardinal Maglione, ancien nonce à Paris, secrétaire d'État. Fait remarquable, Pie XII est le premier secrétaire d'État élu pape depuis Clément IX en 1667.
Aussitôt, Pie XII se trouve plongé dans la Seconde Guerre mondiale. Après l'invasion de la Tchécoslovaquie, la diplomatie vaticane intervient pour empêcher la guerre, sans succès. Après le pacte Ribbentrop-Molotov, le Vatican tente au moins de garder l'Italie hors du conflit. Dans sa première encyclique, Summi pontificatus (20 octobre 1939), il dénonce l'engrenage de la guerre. Fin 1939, Pie XII visite même le roi Victor-Emmanuel III dans sa résidence du Quirinal, ancienne résidence pontificale.
Pie XII choisit de maintenir l'Église hors du conflit des belligérants. À la supplique des évêques polonais décrivant les atrocités des Nazis, il réplique par la voix de Mgr Tardini :
« Tout d'abord, il ne semblerait pas opportun qu'un acte public du Saint-Siège condamne et proteste contre tant d'injustices. Non pas que la matière manque (...) mais des raisons pratiques semblent imposer de s'abstenir.»
Mgr Tardini ajoute qu'une condamnation officielle du Vatican « accroîtrait les persécutions ». Pie XII précise lui-même :
« Nous laissons aux pasteurs en fonction sur place le soin d'apprécier si, et dans quelle mesure, le danger de représailles et de pressions, comme d'autres circonstances dues à la longueur et à la psychologie de la guerre, conseillent la réserve malgré les raisons d'intervention afin d'éviter des maux plus grands. C'est l'un des motifs pour lesquels nous nous sommes imposés des limites dans nos déclarations.»
Cherchant à mener une politique de compromis, Pie XII ouvre les institutions du Vatican aux victimes du nazisme dans la Rome occupée, mais n'intervient pas publiquement contre les persécutions, celles contre le clergé ayant déjà été évoquées dans Mit brennender Sorge.
Dans l'ensemble, la diplomatie vaticane se heurte à de nombreux échecs pendant le conflit. Elle ne parvient pas à maintenir des relations satisfaisantes avec l'Allemagne nazie, ni avec l'Italie fasciste. Les rapports avec l'URSS se révèlent inexistants. En revanche, le Vatican peut nouer des liens avec les États-Unis. Le président Roosevelt a nommé un représentant personnel auprès du Saint-Siège, Myron Taylor. D'après les travaux d'Annie Lacroix-Ruiz, ce dernier fut le relais pour l'évacuation vers l'Amérique latine de certains dirigeants nazis.
Au début de la guerre, les puissances de l'Axe tentent de lever le drapeau de la croisade contre l'URSS pour légitimer leur action. Mgr Tardini répond que « la croix gammée n'[était] pas précisément celle de la croisade. » En septembre 1944, à la demande de Myron Taylor, il rassure les catholiques américains, inquiets de l'alliance de leur pays avec les soviétiques.
La fin de la guerre permet la pénétration du communisme en Europe de l'Est. Les rapports, inexistants durant la guerre, empirent. Les gouvernements liés à Moscou font fermer peu à peu les représentations du Saint-Siège. En 1952, le maréchal Tito rompt les relations diplomatiques avec le Vatican. L'arrestation brutale en 1948 du prince-primat de Hongrie, le cardinal Mindszenty, archevêque d'Esztergom, symbolise la tension entre les régimes communistes et l'Église catholique romaine. De même, Mgr Stepinac, archevêque de Zagreb et primat de Yougoslavie, subit l'emprisonnement et la torture. Mgr Beran, archevêque de Prague, se voit interdire d'exercer son ministère. Les Églises catholiques de rite byzantin d'Ukraine et de Roumanie sont incorporées de force dans des Églises indépendantes. Les gouvernements communistes accusent en effet le pape d'être le « chapelain de l'Occident ».
En juillet 1949, le Saint-Office excommunie globalement les communistes. Pie XII y fait allusion dans son discours de béatification d'Innocent XI, affirmant sa volonté de « défense de la chrétienté ». Les deux parties se crispent donc dans des attitudes d'opposition. Quelques exceptions voient le jour en Europe de l'Est. Ainsi, en Pologne, le primat, Mgr Wyszynski, signe un accord garantissant quelques libertés à l'Église catholique polonaise, en échange de son soutien dans la politique de défense des frontières. Le Vatican se montre réservé face à cet accord, et Mgr Wyszynski est arrêté peu après par le gouvernement polonais.
Pie XII se distingue par son usage intensif de nouveaux moyens de communication, comme la radio. Durant la guerre, il adresse cinq messages radio :
le 1er juin 1941, sur l'anniversaire de Rerum novarum ;
à Noël 1941, sur l'ordre international ;
à Noël 24 décembre 1942, sur l'ordre intérieur des nations : "...Ce voeu (de retour à la paix), l'humanité le doit à des centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, pour le seul fait de leur nationalité ou de leur origine ethnique, ont été vouées à la mort ou à une progressive extinction"...
le 1er septembre 1944, sur la civilisation chrétienne ;
à Noël 1944, sur les problèmes de la démocratie.
Par la suite, il utilisera également la télévision. Pie XII a proclamé le dogme de l'Assomption de la Vierge Marie par la constitution apostolique Munificentissimus Deus du 1er novembre 1950. La même année, le 23 décembre, il annonça la découverte de la tombe de saint Pierre, retrouvée exactement à l'aplomb de la coupole de Michel-Ange (sous l'autel majeur) à la suite de fouilles archéologiques.
Il canonisa Pie X en 1954. On a pu parler de Pie XII comme d'un « docteur universel » (Yves-Marie Hilaire) : il s'exprima sur un grand nombre de sujets. Il est le pape le plus cité dans les textes de Vatican II. On le surnomme aussi Pastor Angelicus, « pasteur angélique » d'après la prophétie de saint Malachie. Il eut une réputation de saint et de mystique. La presse parla des apparitions de Fátima dont il aurait été témoin. Vivant avec son temps, une photo de lui tapant à la machine à écrire lui aurait, selon Roger Peyrefitte gagné la haute finance américaine par sa modernité. La polémique et le soupçon (v. ci-dessous) n'interviendront qu'à partir de 1963.
En janvier 1954, Pie XII tombe gravement malade. Mal soigné, il sort très diminué de cette attaque. Il meurt le 9 octobre 1958 à Castel Gandolfo, résidence d'été des papes, où depuis 1954 il faisait de longs séjours de repos.
Il est enterré dans les grottes Vaticanes, près de la chapelle ad caput, qui touche à la tombe de saint Pierre. Jean XXIII lui succède.
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Les meilleures citations de Pie XII.
Le Beau doit nous élever.
Déjà dans des milliers de familles règnent la mort et la désolation, les lamentations et la misère. Le sang d'innombrables êtres humains, même non combattants, élève un poignant cri de douleur, spécialement sur une nation bien-aimée, la Pologne.
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