Réalisateur français, précurseurs de la Nouvelle Vague avec « Rentrée des classes » (1956) et « Blue Jeans » (1958), son 1er long métrage « Adieu Philippine » (1962, drame) est considéré comme emblématique de l'esthétique de la Nouvelle Vague. Connu aussi pour ses films « Du côté d'Orouët » (1973, comédie dramatique), « Les Naufragés de l'île de la Tortue » (1976, comédie) ou « Maine Océan » (1986, comédie, avec Bernard Ménez).
Francais, né le 10 novembre 1926 et mort le 2 juin 2023
Enterré (où exactement ?).
Jacques Rozier, né le 10 novembre 1926 à Paris et mort le 2 juin 2023, est un réalisateur français. Après des études de cinéma à l'IDHEC, il travaille comme assistant à la télévision et réalise dès le milieu des années 1950 des courts métrages considérés comme précurseurs de la Nouvelle Vague, Rentrée des classes (1956) et Blue Jeans (1958). Son premier long métrage, Adieu Philippine (1962), est considéré comme emblématique de l'esthétique de la Nouvelle Vague. Malgré ce succès d'estime, Jacques Rozier doit attendre 1969 pour tourner un nouveau long métrage, Du côté d'Orouët (1973), qui révèle au cinéma le talent comique de l'acteur Bernard Ménez. Adepte des tournages improvisés, il réalise ensuite Les Naufragés de l'île de la Tortue (1976), une comédie avec Pierre Richard, puis dix ans plus tard il retrouve Bernard Ménez associé à l'acteur Luis Rego pour une nouvelle comédie intitulée Maine Océan (1986). Ses films, peu distribués, n'ont pas rencontré un grand succès public mais ont tous obtenu un succès critique. Il a reçu le prix Jean-Vigo pour Maine Océan (1986), le prix René-Clair (1997) et le Carrosse d'or (2002) pour l'ensemble de sa carrière.
Jacques Rozier naît à Paris le 10 novembre 1926 et grandit dans le quartier des Batignolles.
Il suit des études à l'IDHEC en 1948-1949. Pour son film de fin d'études, il part en Provence avec ses bobines et une caméra et filme les premières images de son futur court métrage Rentrée des classes.
Après ses études, il travaille comme assistant à la télévision auprès de réalisateurs comme Marcel Bluwal, Stellio Lorenzi et Claude Loursais, qui tournent des dramatiques dans les studios des Buttes Chaumont. Rozier se dit impressionné et influencé par leur rapidité d'exécution et leur savoir-faire.
Il fait un stage sur le tournage de French Cancan de Jean Renoir.
Avec l'argent gagné à la télévision, il achète de la pellicule pour tourner Rentrée des classes (1955). Le film, réalisé en 1955, peut être considéré comme le premier film de la Nouvelle Vague.
Avec l'argent obtenu par la vente de Rentrée des classes, il tourne Blue Jeans. Il rencontre Jean-Luc Godard en présentant Blue Jeans aux Journées internationales du court métrage à Tours en 1958. À l'époque, Godard est critique de cinéma à Arts et il signe un article intitulé « Resnais, Varda, Demy et Rozier dominent le Festival de Tours. », ce qui sonne comme une provocation étant donné qu'Agnès Varda, Jacques Demy et Jacques Rozier étaient alors complètement inconnus. Il voit dans Blue Jeans « le film le plus frais, enfantinement pur, jeune et sympa de ces fades et horriblement sérieuses journées ». Blue Jeans est ensuite diffusé au cinéma en première partie du film de John Berry Oh ! Qué mambo (1959).
Après le succès d'À bout de souffle, en 1960, Jean-Luc Godard présente Jacques Rozier à son producteur, Georges de Beauregard. Ce dernier permet à Rozier de réaliser son premier long métrage, Adieu Philippine. Rozier avait le souhait de tourner un film décrivant les premiers jours d'un appelé dans un régiment. Un tel sujet était impossible à traiter pendant la guerre d'Algérie. Il s'oriente alors vers l'histoire d'un garçon amoureux de deux filles, très amies entre elles. Le garçon laisse finalement les choses en plan pour partir en Algérie. Inspiré par l'esthétique du néoréalisme italien, Rozier choisit ses acteurs dans la rue. Or, la production du film est difficile ; le tournage du film a lieu en partie en Corse dans des montagnes uniquement accessibles à dos de mule. Le montage dure douze mois. Les bandes-son ont été perdues et Rozier n'avait gardé aucune trace écrite des dialogues de sorte qu'il a fallu reconstituer les dialogues en lisant sur les lèvres des acteurs. Georges de Beauregard ne croit plus au film et Rozier doit racheter les droits du film avec des amis pour l'achever et pouvoir le montrer au festival de Cannes en 1962 : le film, sélectionné pour la première édition de la semaine de la critique, y reçoit un prix. Le film sort finalement en salles en septembre 1963. Adieu Philippine est salué par la critique et devient l'un des films emblématiques de la Nouvelle Vague. Jean-Michel Frodon y voit le film qui condense le mieux l'esprit de la Nouvelle Vague. Le critique Louis Skorecki y voit « le plus beau portrait de la France du début des années 60. »
Dans Paparazzi et Le Parti des choses : Bardot et Godard (1963), il filme l'actrice Brigitte Bardot sur le tournage du Mépris (1963) de Jean-Luc Godard confrontée à la traque des paparazzi à Capri et à Rome.
Après Adieu Philippine, Jacques Rozier rencontre des difficultés pour réaliser un nouveau film. Ses relations difficiles avec Georges de Beauregard lui donnent une mauvaise réputation auprès des producteurs et font de lui l'« enfant terrible de la Nouvelle Vague ».
Il lance de nombreux projets mais n'arrive pas à boucler ses scénarios. Dans un entretien avec Frédéric Bonnaud en 1996, il explique : « Mon défaut, c’est que je fonctionne sur la notion de désir. Si j’ai l’idée d’un film, j’ai envie que ça se fasse dans les trois-quatre mois. Je lance une idée, j’écris mais sans achever l’écriture, j’ai du mal à donner à lire un scénario bouclé. » Il continue de travailler à la télévision où il réalise notamment une série Ni figue, ni raisin avec la chanteuse Michèle Arnaud puis une émission dans la série Cinéastes de notre temps sur Jean Vigo.
Du côté d'Orouët, tourné en 16 mm en 1969 et sorti en 1973, raconte les vacances de trois jeunes filles et d'un jeune homme dans une villa sur le littoral vendéen. Le film ne reste en salle qu'une semaine.
Il révèle le talent comique de l'acteur Bernard Menez.
En 1974, le producteur Claude Berri propose à Rozier de tourner un film avec Pierre Richard, qui vient de connaître le succès au cinéma avec Le Grand Blond avec une chaussure noire. Rozier accepte à la condition de ne pas avoir à fournir de scénario. Les Naufragés de l'île de la Tortue raconte l'histoire d'une agence de voyages qui tente de lancer une nouvelle formule de vacances. Au lieu de proposer aux vacanciers un programme surchargé, elle propose une opération « Robinson Crusoé » qui consiste à laisser les touristes à eux-mêmes sur une île déserte. Jean-Arthur Bonaventure (Pierre Richard) et Petit Nono (Jacques Villeret) sont chargés par l'agence de voyages de mettre sur pied cette opération. Cependant Pierre Richard doit quitter le tournage prématurément pour tourner un film avec Claude Zidi. Jacques Rozier modifie son scénario initial en fonction et décide de mettre le personnage de Pierre Richard en prison. À sa sortie en salles en 1976, le film est un échec commercial. Il est repris au cinéma en copie neuve en 2004. Le critique Ludovic Lament voit dans le film un « anti-Bronzés loufoque. »
Rozier réalise aussi avec Pascal Thomas un pilote pour une série destinée à la télévision intitulée Nono Nenesse (1975) où Bernard Ménez, Jacques Villeret et Maurice Risch jouent aux bébés au milieu d'un mobilier géant dans un esprit régressif. La série s'inspire de Laurel et Hardy. La série n'a finalement pas été diffusée à la télévision mais le pilote a été montré au public lors de la rétrospective de l'œuvre de Rozier au festival international du film de La Rochelle en 1996.
Maine Océan, comédie poétique en forme d’étrange voyage en train, ne voit le jour qu’au printemps 1986. Les critiques sont, une nouvelle fois, très élogieuses. Une version restaurée est reprise au cinéma en 2007. Le film rencontre un succès public relatif (135 000 entrées en France).
Jacques Rozier réalise aussi deux documentaires sur l'opéra baroque à travers deux œuvres de Lully. Le premier, L'Opéra du roi, tourné en 1989 au Théâtre lyrique de Montpellier, dévoile les coulisses d'une représentation d' Atys dirigée par William Christie (musique) et Francine Lancelot (chorégraphie). Le second, Revenez, plaisirs exilés, est une captation des répétitions et de la générale d' Alceste ou le Triomphe d'Alcide, données à l'opéra de Versailles et au Théâtre des Champs-Elysées en 1991 sous la direction de Jean-Louis Martinoty (mise en scène), Jean-Claude Malgoire (musique), Marie-Geneviève Massé et François Raffinot (chorégraphie).
En 1996, le festival international du film de La Rochelle rend hommage à Jacques Rozier en lui consacrant une rétrospective.
En 1997, l'ensemble de son œuvre cinématographique est distinguée par le Prix René Clair.
En 2001, le réalisateur présente à la Mostra de Venise, Fifi Martingale, une comédie qui se déroule dans un théâtre. Le film ne connaît pas de distribution en salles et Jacques Rozier souhaite remanier le montage.
Du 2 au 26 novembre 2001, une rétrospective intégrale de Jacques Rozier a été présentée au Centre Pompidou. La rétrospective révèle que l'œuvre de Rozier ne se limite pas aux cinq longs métrages sortis en salle du réalisateur. Il a en réalité réalisé une trentaine d'œuvres de différents formats et de différentes durées pour la télévision ou pour le cinéma.
En 2006, il lance le projet de réaliser une comédie intitulée Le Perroquet parisien, initialement Le Perroquet bleu, sur le milieu du cinéma. Le tournage a été interrompu pour des problèmes de production.
En 2021, il travaille sur une rétrospective de sa carrière en collaboration avec la Cinémathèque française prévue pour novembre de cette même année, durant laquelle il devait présenter nombre de ses films phares, avant d'annuler sa présence au début du mois en raison de désaccords avec l'organisme.
Le 15 juillet 2021, il est expulsé de son logement à Neuilly-sur-Seine, et une pétition est lancée pour l'aider.
Jacques Rozier est mort le vendredi 2 juin 2023, à l'âge de 96 ans, après avoir été hospitalisé.
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