Artiste, Écrivain (Art, Littérature).
Enterré (où exactement ?).
Rabelais est né à Chinon. 0n ne sait pas la date précise de sa naissance, qu'on à fixée en 1483, en 1490 et en 1495 La date de 1490, donnée par Guy Patin, est celle qui nous paraît devoir être adoptée de préférence. 1519-1524, L'existence de Rabelais est saisie pour la première fois dans un document contemporain en 1519.Un acte d' achat de la moitié d' une auberge à Fontenay-le-Cômte, par les religieux franciscains du couvent de cette ville, passé le 5 avril de cette année, porte les signatures d' une douzaine de moines et entre autres, celle de François Rabelais. Ainsi le futur auteur Gargantua et de Pantagruel nous apparaît d' abord sous le froc du frère mineur ou du cordelier. Par sa supplique au pape Paul Ill, Rabelais nous apprend, en effet qu' il avait reçu, dans cet ordre,la prêtrise et exercé les fonctions sacerdotales.
Rabelais, pendant q' il était.dans ce couvent, se livra à des grands travaux d' érudition.Il apprit le grec, étudia le droit, acquit des connaissances en histoire naturelle et en médecine et se pourvut enfin de cette science encyclopédique à laquelle prétendaient les docteurs de la Renaissance.
Il y avait là, dans ce monastère de Fontenay -le-Comtë, quelques moines studieux comme Rabelais; 1'un d'eux , Pierre Amy, était en relations avec le.célèbre Helléniste Guillaume Budée. Rabelais, par le moyen de son confrère, entre en correspondance avec ce haut personnage.Deux lettres de Budée, l'une presque entièrement grecque, l'autre grecque et latine lui sont adressées personnellement;et de plus, quand Budée écrit à Pierre Amy, il ne manque pas d'ajouter un mot à l'intention de Rabelais : "Saluez de ma part votre frère en religion et en science Rabelais," ou encore : " Adieu, et saluez quatre fois en mon nom le savant et gentil Rabelais, ou de vive voix, s'il est près de vous ou par, missive, s'il est absent".
Les doctes religieux de Saint-Francois avaient, en outre, des amitiés assez considérables, soit dans la ville de Fontenay, soit dans la province.Ils formaient une société étroite avec André Tiraqueau, juge,puis lieutenant au bailliage de Fontenay, avec Aimery Bouchard, président de Saintes, et faisaient cause commune avec les savants que le jeune évêque de Maillezais, Geoffroy d'Estissac, leur voisin se plaisait à réunir autour de lui. Dans ces années de 1520 à 1524, Rabelais sort à nos yeux de l'obscurité qui l'a environné jusqu'alors. Il figure très honorablement dans ce groupe d' érudits. On le cite avec de constants éloges. Une controverse s' élève entre Bouchard et Tiraqueau à propos d'un traité de ce dernier De legibus connubialibus.
L' autorité de Rabelais est plusieurs fois invoquée par ces Jurisconsultes.Tiraqueau cite une traduction du premier livre d'Hérodote que Rabelais avait faite et il parle de lui en ces termes expressifs: « Homme, dit-il, d'une habileté consommée dans les langues latine et grecque et dans toutes les sciences, au delà de ce qu 'on attendrait de son âge et en dehors des habitudes, pour ne point dire des scrupules excessifs de son ordre. »
Ces scrupules excessifs qui régnaient dans l'ordre ne tardèrent pas à susciter des persécutions aux savants cordeliers. L'étude du grec était alors suspecte aux théologiens; elle indiquait une tendance à la rébellion de l'esprit et aux idées de la Réforme. Les supérieurs voulurent sévir contre l'hellénisme de Pierre Amy et de Rabelais. Des perquisitions furent faites dans leurs cellules. Livres et papiers furent confisqués. Les deux religieux se cachèrent et bécrivirent à Guillaume Budée, qui était le protecteur naturel de tous les hellénisants, pour lui demander son appui. Les lettres que ce savant adresse à Pierre Amy et à Rabelais réduisent toute cette affaire à ses véritables proportions. Avant d'avoir eu besoin d'user de son influence en leur faveur,il a appris que l'orage s'est calmé : les persécuteurs ont renoncé à leur entreprise, lorsqu'ils ont été averis qu'ils se mettraient en opposition avec des personnages éminents et avec le roi lui-même. Les livres confisqués ont été restitués à leurs propriétaires et ceux-ci rétablis dans leur tranquille liberté première.
L'évêque de Maillezais avait eu probablement la plus grande part à cette pacification.Il trouva un moyen de soustraire définitivement Rabelais à ces vexations : il obtint du pape Clément VII un indult qui autorisait celui-ci à passer de l'ordre de Saint-François dans l'ordre de Saint Benoit, et du couvent de Fontenay-le-Comte dans l'abbaye de Maillezais.
1524, Rabelais devint alors l'hôte et le commensal habituel de Geoffroy d'Estissac. Il noua de nouvelles et honorables relations, notamment avec Jean Bouchet. Il demeura à Maillezais plusieurs années, puis, rejetant le vêtement monastique et prenant l'habit de prêtre séculier il s' élança à travers le monde, per abrupta seculi.
1525, Rabelais à la recherche d' un refuge propice au travail intellectuel, suit Geoffroy d' Estissac en Périgord et en Poitou. On le retrouve en particulier au prieuré de LIGUGE(ancienne abbaye), où il a travaillé dans une Tour qui aujourdh'ui porte son nom. Rabelais alors moine bénédictin de la cathédrale de Maillezais, vécut quelques temps à Ligugé, d'où il envoya à Jean Bouchet, procureur à Poitiers et historien, une lettre datée "A Ligugé ce matin de septembre, sixième jour, en ma petite chambre"...... qui est la premère oeuvre connue de l'auteur de Pantagruel.Rabelais conserva de Ligugé un agréable souvenir. En 1536, envoyant à d'Estissac des graines d'Italie, il lui rappela que les salades de Ligugé sont aussi bonnes et plus douces et aimables à l'estomac que celles de Naples.Ecrivant son Gargantua, Rabelais fit boire à son géant du vin de Ligugé, et, au chapitre IV du tiers livre, le juge Perrin Dandin est laboureur et chantre au lutrin de Smarves, village distant de Ligugé de deux kilomètres.Tous les noms de hameaux voisins: Aigue, Croutelle, La Motte, Mezeaux, Toulneroux, se retrouvent dans l'oeuvre célèbre et démontrent que Rabelais dut séjourner assez longtemps à Ligugé pour en connaître aussi bien les alentours.
1530-1531, Il est à Montpellier en 1530. Il se fait inscrire sur les registres de la Faculté de médecine le 16 septembre de cette année, et, le ler novembre suivant, il est promu au grade de bachelier,ce qui prouve qu'il était arrivé en cette ville armé de toutes pièces, et qu'il n'avait qu'à obtenir pour ses ses connaissances acquises la consécration des diplômes officiels. A la fin de cette année et au commencement de l'année suivante, il fait avec beaucoup de succès un cours public sur les Aphorismes d'Hippocrate et sur l'Ars parva de Galien. Pendant son séjour à Montpellier, il prend part, ainsi qu'il nous l'apprend lui-même, à des représentations comiques, et joue, avec quelques compagnons d'études, "la morale comédie de celuy qui avoit espousé une femme mute (muette)".
A la fin de 1531 ou au commencement de 1532, il est à Lyon. An mois d'octobre 1532 il est attaché comme médecin à l'Hôtel-Dieu de cette ville à raison de quarante livres par an.Nous le voyons, en cette même année, multiplier tout à coup les publications. Il met au jour une édition des Lettres médicales de Giovanni Manardi, de Ferrare, avec une dédicace latine à André Tiraqueau judici æquissimo apud Pictones. Il édite les Aphorismes d'Hippocrate et l'Ars parva de Galien en un volume in-16. L'épitre dédicatoire est adressé à Geoffroy d'Estissac, évêque de Maillezais.Il fait imprimer une plaquette sous ce titre - Ex reliquiis venerandæ antiquitatis: Lucii Cuspidii testamentum.Iten contractus venditionis, antiquis Romanorum temporibus initus. Il dédie cette publication à Aimery Bouchard, devenu conseiller du roi et maître des requêtes. Rabelais, en présentant ce testament et ce contrat de vente comme des monuments de l'époque romaine, était dupe d' une supercherie; ces textes étaient apocryphes ; Pomponius Loetus et Jovianus Ponltanus les avaint fabriqués.
Au mois de décembre 1532, il écrit la fameuse lettre à Bernard de Salignac à qui il rend des actions de grâces si magnifiques qu'on est embarrassé d'en faire honneur à un personnage inconnu. On serait tenté, en songeant à l' Oratio prima contra Desiderium Erasmum, publiée par Scaliger en 1531 et attribuée par Érasme à Jérôme Aléandre, de voir dans ce Bernard de Salignac quelque pseudonyme ou prête-nom d'Érasme.
1533, En même temps qu'il prend part à de nombreuses publications scientifiques, il produit des ouvrages d'un autre goût qui feront bien davantage pour sa renomrnée et qui immortaliseront son nom. C'est à la fin de l532 que les premiers livres de Gargantua et de Pantagruel paraissent avoir vu le jour. On a une édition du deuxième livre datée de 1533. En examinant bien les titres et les prologues, on se convainc aisément que l'apparition du fameux roman doit être un peu antérieure, et que les éditions princeps des deux premiers livres ne se sont probablement pas encore retrouvées. Le langage de Rabelais, dans le prologue du Gargantua, n'est pas celui d'un auteur jusqu'alors inédit; le prologue du Pantagruel se rapporte bien, selon nous, au premier livre de Gargantua, et non à ces grandes et inestimables Chroniques du géant Gargantua, dans lesquelles M. Brunet a voulu voir un premier essai de Rabelais. Il est certain toutefois qu'il y avait un petit roman populaire qui a servi à Rabelais de point de départ; nul doute que Gargantua n'eût une existence traditionnelle bien avant le rôle éclatant qu'il fut appelé tout à coup à jouer. Les grandes et inestimables Chroniques sont un monument de cette tradition. Le roman rabelaisien attira l'attention sur elles. Rabelais eut-il quelque part aux réimpressions qui furent faites de ces opuscules à la même époque? Rien n'autorise à l'affirmer; l'intérêt des libraires suffit bien à expliquer ces réimpressions.
Rabelais publia encore un almanach pour 1533 et la Pantagrueline prognostication pour cette même année. Cette « Pantagrueline prognostication, par M. Alcofribas, architriclin dudit Pantagruel, » nous prouve que, dès la fin de 1532, le roman de Rabelais était déjà bien connu du public, puisque, si l'histoire de Pantagruel par son architriclin n'eût fait que de paraître, l'auteur n'aurait pas mis en tête d'une brochure ces noms qui eussent été une énigme pour les acheteurs. Dans le courant de cette année 1533, Pantagruel fut censuré par la Sorbonne. On sait par une lettre de Calvin, à la date d'octobre, que la Faculté de théologie avait condamné « ces ouvrages obscènes: Pantagruel, la Forêt d'amours, et d'autres du même billon (obscoenos illos Pantagruelem, Sylvam amorum, et ejus monetæ. »
1534, Premier voyage de Rabelais à Rome, à la suite de Jean du Bellay, évêque de Paris. Ce prélat était chargé par François 1er, de tenter un dernier effort pour empêcher la séparation de l'Angleterre et du Saint-Siège. Venant d'Angleterre, où il avait été conférer avec le roi Henri VIII, il traverse la France, passe à Lyon, où il s'attache Rabelais comme médecin, franchit les Alpes et arrive à Rome la veille de Noël 1533. Il ne réussit pas dans sa mission, malgré le zèle et l'éloquence qu'il y déploya. Ce premier séjour de Rabelais à Rome, qui a prêté à tant de facétieuses anecdotes, comprend les premiers mois de 1534. De retour à Lyon, Rabelais fit paraître, au mois de septembre, la Description de Rome Antique , de Marliani, avec une dédicace a Jean du Bellay. A cette année se rapporte aussi, selon les plus savants bibliographes, la première édition connue du premier livre: la Vie de Gargantua.
1535, Dans les premiers mois de cette année, Rabelais s'étant absenté pour la deuxième fois et ayant quitté son service à l'Hôtel-Dieu sans donner avis ni prendre congé, les conseillers recteurs du grand hôpital délibérèrent, le 23 février, sur la question de lui donner un remplaçant. Plusieurs médecins, maître Charles, maître Canape, maître Du Castel, sollicitent sa place. Ce dernier est appuyé par M. de Montrottier, qui est un des bienfaiteurs de l'hôpital, auquel il donne trois cents livres par an. L'un des conseillers, nommé Pierre Durand, est d'avis qu'il convient d'attendre jusqu'à Pâques, « car il a entendu que ledit Rabellays est à Grenoble et porra revenir. »
Le 5 mars 1535, les conseillers recteurs élisent, à l'unanimité, Pierre Du Castel, docteur médecin, pour le service du grand hôpital du pont du Rhône, « au lieu de maistre François Rabellays, médecin, qui s'est absenté de la ville et dudit hospital sans congé prendre pour la deuxiesme fois. » Les « gages » de Du Castel sont réduits à trente livres tournois, au lieu de quarante livres que touchait Rabelais. Rabelais avait fait pour l'année 1535 un nouvel almanach ; il y prend pour la dernière fois la qualité de « médecin du grand hospital dudict Lyon ».
C'est probablement pendant les deux ans et demi qti'il exerça les fonctions de médecin de l'Hôtel-Dieu que Rabelais fit à Lyon la leçon publique d'anatomie dont il est question dans une des pièces du recueil de poésies latines publiés par Éienne Dolet en 1538, pièce intitulée Cujusdam epitaphium qui exemplo edito strangulatus, publico postea spectalculo Lugduni sectus est, Francisco Rabelæso doctissimo fabricam corporis interptretan.
1536, Le pape Paul III, successeur de Clément VII, avait promu l'évêque de Paris, Jean du Bellay, au cardinalat. Le cardinal vint éablir à Rome sa résidence, et Rabelais l'accompagna de nouveau. Ils s'y trouvaient au mois de novembre 1535, et y demeurèrent jusqu'au mois d'avril 1536. C'est pendant ce deuxième séjour que Rabelais écrivit à Geoffroy d'Estissac les trois lettres datés du 30 déembre, du 28 janvier et du 15 férier. On doit remarquer toutefois que les dates attribués à ces lettres par les frères de Sainte-Marthe, les premiers éiteurs, ne sont pas tout à fait exactes. Ainsi la première lettre, qui n'est datée que par les éiteurs, est du 30 décembre 1535 , et cela est si vrai que Rabelais dit en la terminant: «Je vous envoye aussi un almanach pour l'an qui vient 1536. »La deuxième et la troisième sont bien datés du 28 janvier 1536 et du 15 férier 1536, parce que Rabelais emploie la supputation romaine qui fai t commencer l'année au 1er janvier et non à Pâques. Les événements de l'histoire générale ne laissent pas de doute à cet égard.
Ces événements sont méorables. C'est pendant cette année 1536 que se prépara et qu'eut lieu la grande invasion de la Provence par l'empereur Charles-Quint. Revenu en Sicile après l'expedition de Tunis, l'empereur nouait des alliances, levait des troupes, amassait des sommes d'argent pour sa vaste entreprise. Il entre à Rome le 5 avril 1536 par une large voie triomphale, et, le 8, il prononce dans le consistoire cette fameuse harangue où dans l'exaltation de son orgueil, il dévoile ses projets, vante sa puissance, et insulte pendant deux heures la France et son roi. Charles-Quint, au lendemain de ce discours, songea qu'il avait peut-êre eu tort de se départir de sa dissimulation ordinaire.Il chercha à persuader aux ambassadeurs de France d'atténuer dans leurs dépêches la portée des déclarations qu'il avait faites. Le cardinal du Bellay se douta que le roi ne saurait point par eux l'exacte vérité En rentrant chez lui, il écrivit tout au long la harangue de l'empereur; il avait des moyens mnémotechniques pour retenir les plus longs discours qui étaient prononcés devant lui. Cela fait, il sortit de Rome sous un déguisement, prit la poste, et arriva huit jours aprè à Paris.
Rabelais revint en France soit avec lui, soit peu après. Pendant ce deuxième séjour, Rabelais avait fait réulariser son état. Il avait adressé au Saint-Père une supplicatio pro apostasia. Un bref du pape Paul III, datédu 17 janvier 1536, lui accorde une absolution pleine et entière, l'autorise à reprendre l'habit de Saint-Benoit et à rentrer dans un monastèe de cet ordre où l'on voudra bien le recevoir (nous verrons tout à l'heure que Rabelais avait à ce sujet des vues arrêrés) et lui permet à exercer, confornément aux règles canoniques, l'art de la médecine.
La grande invasion des Impériaux eut lieu à la fois par le nord et par le midi. Le comte de Nassau entra par le nord, prit Guise, assiéea Péonne. Charles-Quint, àla tête de cinquante mille hommes, passa la Sesia le 7 juin, franchit le Var le 25 juillet. Le roi François 1er s'avança à sa rencontre. Le cardinal du Bellay fut, par ordonnance du 21 juillet 1536, nommé lieutenant général du roi et chargé de la défense de Paris, de la Picardie et de la Champagne. Comment il s'acquitta de cette mission, c'est ce que l'histoire nous apprend avec des détails que nous ne pouvons donner ici. Disons seulement qu'il déploya beaucoup d'activité et d'énergie; en huit jours il approvisionna Paris pour un an et slit tenir tête même à la soldatesque révoltée. La double invasion échoua, comme on sait ;Charles-Quint repassa le Var le 5 septembre ; le siège de Péronne avait été levé le 15 du même mois.
On ne sait pas au juste ce que Rabelais devint pendant ces événements. Il resta sans doute attaché à son protecteur. Dè le temps de leur séjour à Rome, l'évêque de Paris lui avait offert un asile dans l'abbaye de Saint-Maur-les-Fossé, dont il éait abbé Cette abbaye de l'ordre de Saint Benoit, àla sollicitation de l'évêque, venait d'être érigée en collégiale, c'est-àdire que les moines étaient devenus chanoines. Cette transformation avait eu lieu avant que Rabelais eû été reçu parmi eux. S'il avait été reçu avant la bulle d'érection, il n'y aurait eu aucune difficulté à craindre ; mais comme il n'avait été reçu qu'après, il paraît qu'on pouvait contester que les termes du bref du 17janvier, l'autorisant à rentrer dans l'ordre de Saint-Benoît, fussent ainsi observés; et, en effet, Rabelais ne figura point à l'installation des nouveaux chanoines qui eut lieu le 17 août 1536. Pour se mettre à l'abri de toute contestation, il adressa une nouvelle supplique au souverain pontife. On ignore quel sort eut cette supplique.
Au commencement de 1537, Rabelais est à Paris, on le sait par une pièce de vers latins d'Étienne Dolet qui, ayant commis un meurtre à Lyon le 31 décembre 1536, vint solliciter sa grâce du roi, l'obtint et à cette occasion réunit dans un festin Budée, Clément Marot, etc.) avec Rabelais, "l'honneur de la médecine, dit-il, qui peut rappeler les morts des portes du tombeau et les rendre à la lumière."
Parmi les nombreux témoignages d'estime,adressés vers cette époque à Rabelais, il faut citer celui de Salmon Macrin, secrétaire du cardinal du Bellay. Macrin, originaire de Loudun, publia en 1537) à Lyon, un recueil d'odes. L'une d'elles, en l'honneur de Rabelais, célèbre à la fois son savoir et les grâces piquantes de son esprit. Un autre versificateur, Nicolas Bourbon, nous fait connaître les relations amicales de Rabelais avec Guillaume du Maine, abbé de Beaulieu, précepteur des fils de François 1er, et avec Mellin de Saint-Gelais. Il est certain que Rabelais est en excellents termes avec la plupart des personnages distingués de ce temps.
Nous avons vu Rabelais prendre dans ses publications, dans sa supplique au pape, partout, la qualité de docteur en médecine. Il parait cependant qu'il n'avait pas encore reçu l'investiture officielle de ce grade. Il se rendit à Montpellier où, le 22 mai 1537, il fut promu au doctorat, ainsi qu'il résulte de la mention faite par lui-même sur les registres de la Faculté. Il passa une partie de cette année dans cette ville, où il fit, devant un nombreux auditoire, un cours sur le texte grec des Pronostics d'Hippocrate.
Il y reçoit, entre autres visiteurs, Jean de Boyssonné, professeur à l'université de Toulouse, et Hubert Sussanneau, docteur en médecine et en droit et poète latin. Il y fait, en 1538, une leçon publique d'anatomie pour laquelle il touche un écu d'or. Il est peu probable cependant que sa résidence dans cette ville ait été constante pendant ces deux années 1537-1538. A Lyon, comme dit Simon Macrin, était son habituel retour. C'est peut-être à cette époque que se rattache une lettre du cardinal de Tournon au chancelier Antoine du Bourg (ce chancelier étant mort en 1538, on ne saurait du moins assigner à cette lettre une date plus tardive), dans laquelle le cardinal se plaint des nouvelles que Rabelais fait parvenir à Rome.
" Monsieur, Je vous envoie une lettre que Rabelezus escrivoit à Rome, par où vous verrez de quelles nouvelles il advertissoit un des plus maulvais paillards qui soit à Rome. Je lui ai fait commandement que il n'eust à bouger de cette ville jusqu'à ce que j'en sceusse votre voulonté. Et s'il n'eust parlé de moi en ladite lettre, et aussy qu'il s'advoue au roy et reyiie de Navarre, je l'eusse faict mettre en prison pour donner exemple à tous ces escripvetirs de nouvelles. Vous m'en manderez ce qu'il vous plaira, remettant à vous d'en faire entendre au roy cc que bon vous en semblera." On ne voit pas, cependant, que l'affaire ait eu des suites.
Un événement extra-canonique qu'il est impossible de reculer davantage dans la suite des événements de sa vie, c'est l'existence d'un enfant que Rabelais eut à Lyon, et qui vécut deux années. Les renseignements à ce sujet se trouvent dans les manuscrits du professeur toulousain'Boyssoné. Ce professeur de droit, dont Rabelais parle avec une amitié respectueuse, était en même temps un versificateur latin. Parmi ses poésies, plusieurs pièces font mention d'un enfant nommé Théodule Rabelais, mort à l'âge de deux ans, et les termes dont il se sert ne peuvent laisser aucun doute sur le père de cet enfant. Il ne parait pas, du reste, que la paternité de l'auteur de Gargantua ait eu rien de clandestin. Dans l'épitaphe qu'il compose pour ce jeune enfant, Boyssonné lui fait dire : Moi qui repose sous cette tombe étroite, vivant, j'ai eu des pontifes romains pour serviteurs (Romanos habui pontifices fanulos).
1539-1543, Rabelais entre, toujours en qualité de médecin, au service de Guillaurue du Bellay, seigneur dee Langey, frère du cardinal. Ce personnage avait été établi gouverneur du Piémont en 1537. L 18 décembre 1539, Rabelais passe à Chambéry où cette même année le « vertueux » Boyssonné avait été nommé conseiller, peut-être à la recommandation de son ami. En juillet et octobre 1540,il est à Turin; nous le voyons en correspondance avec G. Pélissier, évêque de Maguelonne, ambassadeur du roi de France à Venise.
Le seigneur de Langey avait beaucoup de maladies et d'infirmités. Il demanda à être relevé de son gouvernement du Piémont, et, ayant obtenu son congé, il revint en France, porté en litière. il mourut au mont de Tarare, entre Lyon et Roanne, le 9 janvier 1543. Rabelais fut présent à sa mort. Le Duchat affirme que Guillaume du Bellay laissa cinquante livres tournois de rente à Rabelais, jusqu'au moment où celui-ci aurait trois cents livres de revenu en bénéfices. Les affaires de ce seigneur étaient dans un état déplorable, à cause des dépenses qu'il avait faites pour adoucir les souffrances d'une famine qui avait sévi en Piémont. Peut-être est-ce pour tenir lieu de cette rente que René du Bellay, évêque du Mans, frère du défunt, conféra à Rabelais la cure de Saint-Christophe-du-Jambet. Il est certain que Rabelais fut titulaire de cette cure, dont il touchait le revenu sans être obligé à résidence.
Rabelais consacra un ouvrage latin à l'histoire des hauts faits de Guillaume du Bellay. Claude Massuau, autre domestique de Guillaume du Bellay, le traduisit en français sous ce titre : « Stratagérnes, c'est-à-dire prouesses et ruses de guerre du preux et très Célèbre Chevalier Langey, au commencement de la tierce guerre césariane. » L'original et la traduction sont perdus.
1543-1546, Cependant les éditions du Gargantua et du Pantagruel se succédaient avec une vogue inépuisable. En 1542, Rabelais donna, des deux premiers livres, une édition où il avait légèrement atténué ses hardiesses. En 1546, il mit au jour le troisième livre avec un privilège du roi François ler, non plus sous le pseudonyme d'Alcofribas Nasier, mais sous son nom. L'année suivante, 1547, parurent à Grenoble les premiers chapitres du quatrième livre.
1546-1550, Depuis longtemps déjà le roi François 1er, en qui Rabelais avait trouvé un protecteur, était gravement malade; on prévoyait sa mort prochaine. En quelles mains passerait alors le pouvoir? Les principaux protecteurs de Rabelais allaient sans doute perdre leur crédit. Rabelais n'attendit pas la crise. Il semble qu'il se soit d'assez loin prémuni contre elle. Il quitta la France et se réfugia à Metz. A quel moment? On ne le peut dire avec précision. Mais il parait prouvé que ce fut plus d'une année avant la mort du roi. Il résulte des recherches des érudits lorrains que Rabelais aurait passé à Metz l'année 1546 tout entière. Les comptes de la ville pour cette époque ont disparu ; mais il en subsiste un extrait par Paul Ferry (Observations séculaires), et dans cet extrait on lit ces lignes : « 1547. Payé à Mr Rabellet p. ses gages d'un an, c'est à sçavoir à la Saint-Remy 60 livres; à Paques darien 60 livres ; comme plus con lui ont (sic) p. le quart d'an de Saint-Jean 30 livres. »
Ainsi, Rabelais fut médecin salarié de la ville de Metz, aux gages de 120 livres par an; il toucha le semestre de Pâques 1546 à la Saint-Remi, ler octobre, le semestre du Ier octobre 1546 à Pâques 1547, plus un demi-semestre de Pâques à la Saint-Jean (24 juin). Il eut congé à cette dernière date, 24 juin 1547.
La lettre de Rabelais au cardinal du Bellay, datée de Metz, où il implore en termes si pressants les secours du cardinal, est-elle du 6 février 1547, comme on le croit généralement? Tout fait supposer que cette lettre est plutôt du 6 février 1546, les appointements assez élevés que Rabelais touchait en 1547 ne justifiant plus de tels cris de détresse. Il faut, en ce cas, assigner également à cette année, au 28 mars 1546 (nouveau style), la lettre de Jean Sturm, recteur du Gymnase de Strasbourg, au même cardinal du Bellay. On trouve dans cette lettre un passage indiquant l' importance des gains de Rabelais.
On a vu pourquoi le fugitif s'était arrêté à Metz, c'est qu'il y avait trouvé des fonctions qui le mettaient à l'abri du besoin.
François 1er mourut le 31 mars 1547. Le cardinal du Bellay, forcé de se démettre de ses charges politiques, se rendit à Rome. Rabelais l'y suivit. Rabelais était pour la troisième fois à Rome au mois de février à l'époque de la naissance de Louis d'Orléans, deuxième fils de Henri II et de Catherine de Médicis. Il écrivit au cardinal de Guise (depuis cardinal de Lorraine), sous le titre de Sciomachie, la description des fêtes célébrées à cette occasion par le cardinal du Bellay et par l'ambassadeur de France d'Urfé. Cette description fut imprimée à l,yon, chez Sébastien Gryphe.
La même année, parut à Paris une violente attaque dirigée contre Rabelais ; elle eut lieu dans un pamphlet en forme de dialogue contre les mauvais livres, intitulé Theotimus sive de tollendis et expurgandis malis libris, iis præcipue quos vix incolumi fide ac pietate plerique legere queant. Cette publication était l'ouvre de Gabriel de Puits-Herbaut,moine de Fontevrault. La sortie de Puits-Herbaut n'est pas moins violente contre l'homme que contre ses ouvrages. On y voit apparaître pour la première fois, dans un document contemporain, le Rabelais biberon, glouton, cynique, que les biographes, confondant la vie de l'auteur avec les inventions de son livre, ont représenté par la suite.
L'agression de Puits-Herbaut n'eut aucun effet. Rabelais ne tarda pas à se faire d'aussi solides appuis sous le nouveau règne que sous le règne précédent. L' influence à la cour de France, sous Henri II , appartenait aux Guises, au connétable de Montmorency, à ses cinq fils et à ses trois neveux les Chatillons. Nous venons de voir, à propos de la Sciomachie, Rabelais en correspondance avec le cardinal de Guise. Nous allons le voir tout particulièrement soutenu par l'ainé des Châtillons, le cardinal Odet, évêque-comte de Beauvais.
Il rentre en France « hors de toute intimidation », et obtient pour ses ouvrages un privilège de Henri II, comme il en avait obtenu un de François Ier.
1550-1552, Par provisions du 18 janvier 1550, Rabelais fut nommé à la cure de Meudon. On peut remarquer comme coïncidence significative, que la terre de Meudon avait été récemment achetée par le duc de Guise à la duchesse d'Estampes. Rabelais ne fut curé de Meudon que l'espace de deux ans moins quelques jours. Il n'est pas sûr qu'il ait rempli jamais les fonctions curiales. Le nouvel évêque de Paris, Eustache du Bellav, faisant sa première visite pastorale, au mois de juin I551, est reçu à Meudon par Pierre Richard, vicaire, et quatre autres prêtres; il n'est pas question de Rabelais. En tout cas, il est évident qu' il ne put laisser dans le pays ces profondes traces, ces souvenirs vivaces qu'auraient retrouvés cent ans plus tard les Antoine Leroy, les Bernier, les Colletet. La légende du curé de Meudon s'est formée après coup.
Il résigna ses deux cures, celle de Saint-Christophe-de-Jambet au diocèse du Mans et celle de Saint-Martin-de-Meudon au diocèse de Paris, le 9 janvier 1552. Selon toute apparence, cette double démission fut motivée par la publication très prochaine du quatrième livre complet. Ce quatrième livre fut achevé d'imprimer le 28 janvier 1552. Il parut tvec le privilège du roi et une épitre de l'auteur au cardinal de Châtillon.
La Faculté de théologie s'en émut aussitôt et le censura. Un arrêt du parlement, en date du mars 1551, en suspendit la vente. "Attendu la censure faicte par la Faculté de théologie contre certain livre maulvais exposé en vente soubz le titre de Quatrièsme livre de Pantagruel, avec privilége du roi.... la cour ordonne que le libraire sera promptement mandé en icelle, et lui seront faictes defenses de vendre et exposer ledict livre dedans quinzaine: pendant lequel temps ordonne la cour au procureur du roi d'adverir ledict seigneur roi de la censure faicte sur ledict livre par ladicte Faculté de théologie, et lui en envoyer un double pour suyvre son bon plaisir."
Mandé devant la cour, le libraire Michel Fezandat reçut défense, sous peine de punition corporelle, de vendre l'ouvrage dedans quinzaine. Après ces quinze jours la vente reprit-elle son cours? On est tenté de croire que la suspension dura plus longtemps, si l'on remarque que Henri Il était tout entier alors à son etitreprise contre Metz et les provinces austrasiennes. Il laissa la régence à Catherine le 10 mars, rejoignit l'armée à Chàlons, et victorieux entra dans Metz le 18 avril. Dans cet intervalle, Rabelais fit, au moyen d'un nouveau tirage du prologue, la modification suivante en l'honneur du roi. Le premier tirage portait: « N'est-il pas écrit et pratiqué par les anciennes coustumes de ce tant noble, tant florissant, tant riche et triurnphant royaume de France ?... » Et un peu plus loin : « Le bon André Tiraqueau, conseiller du roy Henri le second. Dans le second tirage, on a supprimé le mot triomphant devant royaume de France et fait précéder le nom du roy Henri le second des épithètes grand, Victorieux et triomphant.
Quoi qu'il en soit, les protecteurs de Rabelais l'emportèrent, et le bon plaisir du roi fait que la vente de l'ouvrage pût reprendre son cours interrompu.
1553, L'époque de la mort de Rabelais, incertaine comme celle de sa naissance, est fixée communément à cette date de 1553. Outre que dès ce moment un profond silence se fait sur l'auteur de Gargantua et de Pantagruel, quelques indications viennent confirmer l'opinion commune. Théodore de Bèze, dans son Epistola Passavantii, mentionne Rabelais en ces termes: « Pentagruel cum suo libro quem fecit imprimere per favorem cardinalium qui amant vivere sicut ille loquebatur-. » Ces mots ,sicut ille loquebatur (comme il parlait) semblent témoigner que Rabelais n'existait plus. Or l'Epistola Passavantii est généralement attribuée à l'année 1553. M. Rathery a signalé un autre document : parmi les personnages d'une satire en forme de dialogue des morts, composée en 1555, figure Rabelais, qu'on représente comme descendu depuis quelque temps déjà aux sombres bords. Son habileté dans l'art de la médecine y est célébrée, et l'auteur ajoute : "Je sais en quels termes honorables n'a cessé de s'exprimer sur ton compte ce grand cardinal qui t'aimait tant et ne t'admirait pas moins."
L'obscurité la plus complète règne sur les circonstances de cette mort. Les faiseurs d'anecdotes se sont emparés des derniers moments de celui que Bacon appelait « le grand railleur, the great jester of France ». Ils ont mis en circulation de nombreuses facéties auxquelles on ne peut ajouter foi mais qui, évidemment se propagèrent de très bonne heure et presque en même temps que le bruit de ce trépas. Jacques Tahureau, poète et conteur, mort dans le Maine en 1555, semble y faire quelque allusion dans l'épitaphe suivante qui fait partie de ses oeuvres.
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