Écrivain et dissident politique russe, connu pour son roman « Le poète russe préfère les grands nègres » (1976), fondateur et chef du Parti national-bolchevique, truand à Kharkov, poète à Moscou, sans-abri puis domestique à New York, écrivain et journaliste à Paris, milicien pro-Serbe pendant la guerre de Bosnie, dissident puis prisonnier politique dans l'ex-URSS, il fut empêché d'être candidat à l'élection présidentielle russe de 2012. À partir de l'annexion de la Crimée et de la guerre du Donbass, il prend ses distances avec l'opposition et apporte son soutien à la politique étrangère de Vladimir Poutine.
Russe, né le 22 février 1943 et mort le 17 mars 2020
Enterré (où exactement ?).
Édouard Veniaminovitch Savenko, dit Édouard Limonov, né le 22 février 1943 à Dzerjinsk (URSS) et mort le 17 mars 2020 à Moscou (Russie), est un écrivain soviétique puis français et enfin russe et dissident politique, fondateur et chef du Parti national-bolchevique. Truand à Kharkov, poète à Moscou, sans-abri puis domestique à New York, écrivain et journaliste à Paris, milicien pro-Serbe pendant la guerre de Bosnie, dissident puis prisonnier politique dans l'ex-URSS, Limonov fut empêché d'être candidat à l'élection présidentielle russe de 2012. À partir de l'annexion de la Crimée et de la guerre du Donbass, il prend ses distances avec l'opposition et apporte son soutien à la politique étrangère de Vladimir Poutine. Selon Emmanuel Carrère, son biographe, « sa vie symbolise bien les rebondissements de la seconde partie du xx siècle ». Il est connu pour son roman « Le poète russe préfère les grands nègres » (1976).
Sa vie est riche en rebondissement : il fut truand à Kharkov, poète à Moscou, sans-abri puis serviteur à New York, écrivain et journaliste à Paris, soldat en Serbie, dissident puis prisonnier politique dans l'ex-URSS, et maintenant candidat à la présidentielle russe de 2012. Emmanuel Carrère, son biographe, a écrit à son propos que "Sa vie symbolise bien les rebondissements de la seconde partie du XXe siècle"
Limonov est né à Dzerjinsk, en URSS - une ville industrielle située sur la rivière Oka -, près de la grande ville de Nijni Novgorod (Gorki, sous le régime soviétique). Dans les premières années de sa vie, sa famille s'installe à Kharkov, RSS d'Ukraine, où Limonov a grandi. Son père est un officier subalterne du NKVD. Limonov racontera sa vie à Kharkov et notamment ses aventures de petit truand dans Autoportrait d'un bandit dans son adolescence. Au début des années 1970, il écrit des poèmes à Moscou, et atteint un certain succès, avant d'être invité à quitter l'Union soviétique (officiellement, il serait parti de son plein gré).
Il arrive à New York en 1974 en tant qu'émigré, et commence à écrire des romans. À cette époque, il fréquente les milieux punk et avant-gardistes de New York et admire la musique de Lou Reed. Il y découvre les revers de la liberté : après avoir été un dissident acclamé par l'occident, la maigre pension qu'on lui donne lui suffit juste à se payer un hôtel miteux, dans lequel il ne peut même pas allumer le gaz. Sa vie est miséreuse ; il s'engouffre dans les bas-fonds new-yorkais, l'envers du rêve américain, et fréquente des sans-abris, avec qui il a des relations sexuelles débridées, qu'il racontera dans Le Poète russe préfère les grands nègres. Il arrive ensuite à trouver un emploi chez un millionnaire new-yorkais. De cette période sortiront deux ouvrages autobiographiques Journal de son serviteur et Journal d'un raté, dont le dernier sera publié en France en 1983.
En 1982, il s'installe à Paris avec sa compagne Natalia Medvedeva, et devient rapidement actif dans les cercles littéraires français. Il collabora à des journaux communiste (L'Humanité) et nationaliste (Le Choc du mois), ainsi qu'à L'Idiot International, ce qui a nourri sa réputation de « rouge-brun ». . (c'est-à-dire fasciste et communiste), ou national-bolchévique. C'est à L'Idiot International qu'il vit une des périodes les plus fastes de sa vie, pendant laquelle il se lie d'amitié avec des écrivains français comme Marc-Edouard Nabe. On le voit passer à deux reprises à la télévision sur le plateau de Thierry Ardisson. Il sera notamment défendu par Patrick Gofman.
Après la chute du bloc soviétique, il retourne un court temps en Russie, où il retrouve brièvement ses parents qu'il n'avait pas vus depuis 20 ans 1. Pour des raisons non encore élucidées, il décide de repartir, et on le retrouve quelque temps plus tard en Serbie, pendant la guerre des Balkans. Les images de Limonov discutant avec Radovan Karadić, alors que les troupes serbes mitraillent Sarajevo, choqueront fortement les occidentaux. À partir de cette période, Limonov devient trop sulfureux et n'est plus réédité en France ; il sombre peu à peu dans l'oubli dans tout le monde occidental.
C'est en 2011 qu'il sortira de cet oubli, lors de la publication du roman d'Emmanuel Carrère, "Limonov", qui retrace la vie de l'écrivain russe. Ce roman recevra le prix Renaudot et se vendra à plus de 120 000 exemplaires en France. Limonov redevient fréquentable, et le succès du roman de Carrère permettra la réédition chez Albin Michel d'une partie de ses oeuvres, notamment le "Journal d'un raté", "Autoportrait d'un bandit dans son adolescence" et "Le Petit salaud", réédités entre novembre 2011 et janvier 2012.
Revenu en Russie, l'écrivain a fondé, sous la direction d'Alexandre Douguine, le Parti national-bolchévique (PNB). Après avoir rompu avec ce dernier, il a été arrêté en 2002 pour trafic d'armes et tentative de coup d'État au Kazakhstan, ce qui l'a conduit à purger deux ans de prison, au lieu des quatorze années auxquelles il fut condamné. Il a été libéré sous la pression d'une campagne internationale.
Lors de son dernier congrès, qui s'est tenu au début de l'année 2006, le Parti national-bolchévique a éclaté. Une fraction minoritaire (le Front national-bolchévique) a rompu avec le PNB, et s'est rapprochée de l'Union de la jeunesse eurasiste, branche jeune du parti d'Alexandre Douguine, ce dernier étant proche du Kremlin. Limonov a maintenu son action avec ses partisans sous le même nom.
Depuis, des heurts très violents (avec usage d'armes) ont opposé les partisans de Limonov et de Douguine. Les seconds reprochent aux premiers de travailler contre la Russie et pour l'Occident, du fait de l'alliance conclue par Limonov avec le Front civique unifié, qui regroupe nombre de militants pro-occidentaux ou libéraux. On constate aujourd'hui un désengagement de ce dernier dans cette alliance, que Limonov lui-même considérait comme tactique. Alain Soral a évoqué, à ce sujet, le terme de « peste orange-brune »[réf. nécessaire]. Douguine pense qu'il ne reste rien de brun aux nazbols, qu'il qualifie d'opportunistes sans idéologie claire. Les libéraux, quant à eux, hésitent à aller plus loin, pour des raisons contraires.[Quoi ?] Pour Limonov, la liberté n'est pas une question d'idéologie, et c'est cette première question qui se pose aujourd'hui. Il accepte tous les alliés, car il n'y en aura jamais assez dans un combat inégal contre le régime. Ce sont les libéraux qui avaient répondu à l'appel, mais ça pourrait être des nationalistes, qu'il a également invités à participer au combat civil.
Le 31 janvier 2009, Limonov ainsi que d'autres membres du Parti national-bolchevique sont interpellés par la police suite à une manifestation opposée à la politique du Kremlin, à Moscou.
Le 31 mai 2009, il est de nouveau arrêté avec des membres de son parti, ainsi que d'autres opposants à Poutine, lors d'une manifestation non autorisée5. Limonov avait, à ce moment, déclaré se présenter aux élections présidentielles de 20126.
Le 22 avril 2010, le « NET » russe le montre dans ses ébats avec une prostituée.
Le 31 mai 2010, pour la première fois, il n'est pas arrêté, dans le cadre d'un meeting non sanctionné de 3 000 personnes, niveau comparable aux années 1990.
Son engagement contre Poutine et l'interdiction du parti national-bolchévik entraînent Limonov à se rallier aux libéraux, bien qu'il conserve un très fort nationalisme. Il mène un parti nommé L'autre Russie, dont le nom est une réponse au parti de Poutine, Russie Unie. Il se rapproche notamment de Gary Kasparov, le joueur d'échecs, figure traditionnelle de l'opposition au régime poutinien. Il considère que Poutine est "une sorte de César présidant la chute de l'empire romain" 7
À partir de janvier 2011, il codirige un mouvement appelé Stratégie 31, qui manifeste tous les 31 du mois (c'est-à-dire un mois sur deux) pour demander le respect de l'article 31 de la Constitution russe, qui, en théorie, promet le droit de manifester. Ces manifestations sont suivies par un petit millier de personnes. Il est arrêté après chaque manifestation avec quelques-uns de ses partisans, et passe quelques jours en prison, avant d'être libéré, souvent au bout de deux semaines8. Après avoir dirigé un parti considéré "rouge-brun" et extrémiste, c'est un revirement surprenant : Limonov s'impose comme un grand défenseur de la liberté d'expression, de la liberté de pensée et de manifester.
Le 4 décembre 2011, alors que Limonov vient de s'être déclaré candidat à l'élection présidentielle de mars 2012, et que les élections législatives s'apprêtent à se dérouler, il est arrêté à Moscou lors d'une manifestation contre le trucage avéré des élections législatives, qui ont donné le parti de Vladimir Poutine gagnant, malgré une baisse significative des voix qui lui sont accordées.
Dans une interview au JDD parue le 6 décembre (alors que Limonov est en prison), il affirme vouloir lancer la voie de la résistance civile, car il pense désormais qu'une révolution n'est pas possible car elle serait immédiatement écrasée. Alors qu'il voyait Kasparov comme le chef possible d'une opposition unie, il avoue sa déception : depuis sa dernière arrestation et son passage de quatre jours en prison, ce dernier s'est retiré de la scène politique. C'est une des raisons qui ont poussées Limonov à se présenter aux présidentielles de mars 2012 : il pense avoir la carrure nécessaire, que personne d'autre n'a (à ce qu'il dit). 9
Le 31 décembre, il est simplement interpellé (et non plus arrêté et mis en prison) lors d'une de ses habituelles manifestations pour le respect de l'article 31 de la Constitution russe.
Limonov fut un auteur très prolifique, ayant écrit de très nombreux livres (tous originalement en russe) ou articles (en russe, anglais ou français). Ses livres sont pour la plupart de nature autobiographique, caractérisée par leur cynisme et leur violence. Limonov raconte ses expériences, d'abord de jeune russe ("Autoportrait d'un bandit dans son adolescence", "Discours d'une grande gueule coiffé d'une casquette de prolo"), puis d'émigré à New York ("Journal d'un raté", "Le Poète russe préfère les grands nègres"), de son séjour en prison à son retour en Russe ("Mes prisons") et enfin de son engagement politique contre le pouvoir de Vladimir Poutine ("L'autre Russie", "Limonov vs Poutine"), toujours de manière très crue et directe.
Malgré sa très bonne connaissance de l'anglais et du français, Limonov a toujours écrit ses livres en russe. Ses seules productions littéraires en langue étrangère sont des articles parus dans divers journaux français.
Limonov a commencé sa carrière d'écrivain en tant que poète, fortement influencé par Vladimir Maïakovski. Aucun de ses recueils de poésie de cette époque n'est traduit en français. On sait en revanche qu'il se fit connaître dans un cercle dissident, et que son travail fut apprécié, et suffisamment connu pour qu'on l'enjoigne à quitter l'URSS. Il voua toute sa vie une grande animosité au poète Joseph Brodsky, de deux ans plus jeune que lui, également dissident et futur prix nobel de littérature, car Brodsky lui aurait pris la place de dissident reconnu et acclamé que Limonov méritait.
Arrivé à New York, il passe un long moment sans écrire, environ deux ans, et vit de manière assez misérable, soit sans-abri soit vivant dans un taudis. Il sortira de cette expérience un roman autobiographique, Le Poète russe préfère les grands nègres, qui raconte ses aventures sexuelles avec les clochards de New York. Ce livre choqua largement l'opinion, et valut à Limonov une petite reconnaissance.
Dans la foulée, il écrit Journal d'un raté, un autobiographie en forme de journal, mais non daté. Les textes forment des ensemble indépendants, racontant chacun soit une expérience, une observation, une remarque sur la société en général, un souvenir ou une apostrophe au lecteur (l'utilisation du pronom personnel "Tu" dans ces textes peut par ailleurs renvoyer au lecteur, à un éventuel ami auquel Limonov dédierait son livre, ou à Limonov lui-même). Il fait un constat amer sur sa vie : "J'ai trente-quatre ans et je suis fatigué des relations humaines" 11 Il raconte sa vie marginale, et se sert de ce point de vue marginal pour montrer la société new-yorkaise de manière extrêmement cynique. Ce livre ne peut être qualifié de roman, étant donné l'absence de trame dans tout l'ouvrage, mais ce n'est pas non plus un journal, étant donné l'absence de datation ; ce livre échappe donc à la catégorisation dans un genre littéraire. Cependant, pour la réédition du Journal d'un raté chez Albin Michel en 2011, le livre est qualifié de roman.
Enfin, il raconte son expérience de serviteur d'un milliardaire new-yorkais dans Journal de son serviteur, toujours avec une grande violence, notamment envers son "maître", qui pourtant l'appréciait beaucoup, et qui fut apparemment très choqué par le livre.
Limonov possède déjà un petit succès en France grâce à la traduction du "Poète russe préfère les grands nègres", puis grâce à la parution du Journal d'un raté en 1982. Il devient à cette époque une des personnalités de Saint-Germain-des-prés. A Paris, sa production est surtout journalistique, notamment pour le journal L'idiot international. Il s'essaye au roman, avec notamment "La mort des héros modernes", son seul roman traduit en français pour l'instant. Il compose également un certain nombre de nouvelles, parues en recueils à la fin des années 80 : Salade niçoise, Discours d'une grande gueule coiffée d'une casquette de prolo, ou encore Écrivain international.
Après la chute de l'URSS, Limonov passe un long moment sans écrire, pendant lequel il se trouve tout d'abord aux côtés des serbes en Yougoslavie, puis dans l'opposition russe. Son engagement politique lui vaut d'écrire mis en prison pendant trois ans. En trois années, il écrit trois livres, dont le seul traduit en français est "Mes prisons", dans lequel il raconte toutes les prisons qu'il a connues dans sa vie. Un second, non-traduit en français mais dont le titre signifie "Le livres des eaux", consiste en une réflexion lyrique sur les eaux, lacs, mers, fleuves, rivières ou océans qui ont marqué sa vie, et les amours qui sont affiliés à chacun de ces souvenirs.
Après sa libération, ses ouvrages sont pour majorité politiques : "L'autre Russie", manifeste de son parti, et "Limonov vs Poutine", pamphlet contre le dirigeant russe.
Édouard Limonov est mort le mardi 17 mars 2020, à l'âge de 77 ans, à Moscou (Russie).
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