Artiste, Chanteur, Compositeur, Guitariste, Musicien (Art, Musique).
Américain, né le 30 décembre 1928 et mort le 2 juin 2008
Enterré (où exactement ?).
Ellas Otha Bates McDaniel plus connu sous le nom de Bo Diddley, né à McComb (Mississippi) le 30 décembre 1928 et mort le 2 juin 2008 à Archer (Floride), est un bluesman, guitariste, chanteur, compositeur et acteur américain. Il est reconnu comme l'inventeur du diddley beat, forme évoluée et transposée sur la guitare du jungle beat, qui précipite l'éclosion du Rock en 1955 et de tout ce qui s'ensuit. Il est ainsi surnommé l'Originator et considéré pour son rôle clé dans le passage du rythm'n blues vers l'ensemble de la musique populaire et alternative moderne, qu'elle soit rock, électronique ou break.
Son pseudonyme lui vient du nom donné à un instrument rudimentaire, constitué d'un morceau de fil de fer accroché à un mur sur lequel on faisait glisser un goulot de bouteille selon la technique du bottleneck, et qui remplaçait la guitare chez les apprentis musiciens noirs des débuts du blues. Cet instrument, le diddle ou diddley bow (aussi appelé jitterbug ou one-string), est avec le jug (bouteille servant de basse dans laquelle on soufflait) à la base de l'invention des musiques afro-américaines.
Bo Diddley est né dans une famille pauvre du Mississippi alors que sa mère n'avait que 16 ans. Son père mourant peu après sa naissance, il est adopté par une cousine de sa mère qui le lui confie : Gussie McDaniel, seulement âgée de 15 ans mais formant un foyer. Il prendra le nom de McDaniel mais continuera à y accrocher celui de Bates. Des incertitudes existent aussi quant au premier prénom qui lui fut donné, celui de Ellas ou de Otha. Il aura cependant comme nom d'usage : Ellas McDaniel.
La famille McDaniel déménage en 1934 à Chicago dans la banlieue sud réputée comme un quartier difficile. Il y étudie, s'orientant finalement vers la lutherie, y pratique de petits métiers et apprend à se défendre.
Musicalement, Bo débuta comme violoniste et passa à la guitare sous l'influence notable de Louis Jordan ou encore de John Lee Hooker et Muddy Waters, quand se faisaient ressentir les premiers soubresauts de ce qui n'était encore que le Rhythm and Blues et pas encore le rock'n'roll dont Diddley, avec Chuck Berry, Elvis Presley, Bill Haley, Little Richard et Fats Domino, sera l'un des pionniers.
Marié à 18 ans, il arrête en même temps la boxe à la suite d'un cuisant match de défaite. Depuis l'année 1943, Bo Diddley, sous ce surnom, se produisait avec ses groupes dans les coins de rues (où pour un jeune il gagnait de belles sommes d'argent), puis sur les marchés (où il passe de plus en plus à la guitare) et finalement en club en 1951.
L'origine de son surnom est incertaine elle aussi. Sa mère aurait été fan d'un musicien local portant ce surnom et l'un de ses camarades de boxe témoigne que ce surnom était utilisé par un membre plus ancien dont il pensait qu'il s'était inspiré.
Diddley raconte qu'en débutant la guitare quand il était adolescent et en participant avec fascination aux musiques rythmées des églises (baptistes, puis pentecôtistes où il trouve des rythmes encore plus singuliers), il aura tendance à en jouer comme si c'était une batterie marquant les mesures, le tout avec des techniques propres au violon. Il développe dès lors son style rythmique.
Certaines guitares qu'il concevra sont d'ailleurs faites pour jouer en même temps en percussion sur les parties ajoutées et peuvent intégrer une boite à rythme ou même un pad électronique. Sa formation de luthier l'amena dans ses expériences à concevoir et créer des fonctions à ses guitares comme les boutons permettant de changer d'effet sans passer par le pédalier. Steve Vai lui-même ne prendra la mesure de cette utilité qu'au milieu des années 1990. Il se vantera même, en l'inscrivant sur l'une de ses guitares et avec son style humoristique flirtant volontiers avec la mégalomanie, d'avoir créé la première guitare turbo et à 5 vitesses. Il s'accordait aussi en quinte à la manière des violons et sera l'un des premiers guitaristes de rock à utiliser l'accord ouvert, issu du blues, et à l'enseigner autour de lui, notamment aux Rolling Stones dès leurs premières tournées.
Il fut accompagné à partir de 1950 et jusqu'en 1964 par Jerome Green , son joueur de maracas capable de soutenir leurs astucieux contre-temps. Jerome Green est selon le témoignage de Marshall Chess (Chess Records) recueilli par Martin Scorsese (dans sa série Presents the Blues), celui qui a introduit chez Bo Diddley les rythmes dits jungle au sein même de la racine rhythm'n'blues. Le fruit de leur rencontre sera le diddley beat où le concept rythmique de Diddley trouve son écho et son accompagnement. Le fils Chess s'appuie en introduction du cinquième volet sur la formule de Willie Dixon : « the blues is the roots, everything else is the fruits ». En intégrant au Blues un fondement particulier, allant retrouver le plus directement ses origines africaines et afro-américaines lointaines (au moins du XVIIe siècle et plus particulièrement des siècles d'esclavage, du Hambone et de la Bamboula), le sillon de Diddley et de Green prendra une dimension révolutionnaire pour la musique moderne et la date consensuelle de 1955, où ils se révélèrent au grand public en provoquant extase et courroux, deviendra le repère de la naissance du Rock dont on retrouve la référence à travers toute son Histoire (Let There Be Rock, AC/DC, The legend of Bo Diddley, The Animals, Bo, Godfather of rock and roll, Public Enemy...).
En 1952, il acquiert un ampli de guitare d'où il va sortir son premier vrai son saturé allié à une réverbération généreuse. Il bricolera lui-même l'un des tout premiers effets trémolo/vibrato électronique (vibe, parfois appelé effet texan) avec un réveil et quelques pièces de mécanique et il crée alors son premier son spécifique (Diddley sound) qu'il va toujours plus explorer et élargir. Selon son témoignage recueilli par maxwellstreetdoc, il aurait aussi été à l'origine des premières expériences de création de vibrato (tremolo bar) bien qu'il ne se servit que très peu de cet accessoire mécanique monté sur certaines de ses premières guitares Gretsch et abandonné sur celles à forme rectangulaire (toujours des Gretsch).
L'activité musicale étant trop saisonnière pour en vivre, il concède de produire une maquette comportant 2 titres : Uncle John et I'm a Man (pour la face B). Rapidement repéré, il signe en 1954 un contrat de sortie pour un disque avec la Chess Records et Uncle John devient Bo Diddley.
Avec son premier single double face comportant Bo Diddley (A) et I'm a Man (B) qui sort en mars 1955, il révèle au grand public un rythme qui sera abondamment repris dans le monde du blues et du rock. On le nomme jungle beat (au sens large des rythmes proches scindés de manière identique) ou diddley beat (en tant que rythme jungle particulier qui n'apparait que très sporadiquement dans différents styles antérieurs). Le disque atteint la seconde place des charts Rhythm'n Blues aux États-Unis.
Si le diddley beat de la chanson Bo Diddley est considéré comme original et singulier pour l'Histoire du Rock, le riff ainsi que les paroles de I'm a Man sont inspirés d'une chanson de Muddy Waters, Hoochie Coochie Man écrite par Willie Dixon en janvier 1954. Waters, ami et collègue de Diddley à la Chess Records, lui donnera une réponse en sympathie mais relativement aiguisée avec Mannish Boy en 1955 juste après la sortie de son single pour lui signifier qu'il venait de pénétrer la cour des grands. En fait, Manish Boy (un seul n dans la première orthographe du titre) est une reprise quasiment conforme, dans la mélodie et le texte, de I'm a Man. Cependant, vis-à-vis de l'originalité de la rythmique, Willie Dixon s'était lui-même inspiré d'un riff déjà en vogue mais que seul Bo Diddley permit de vulgariser en le personnalisant fortement sur I'm a Man. C'est finalement, et à cause de sa meilleur maitrise d'alors, la version de Waters, Manish Boy, qui sera employée dans le monde médiatique, notamment dans les légendaires publicités des jeans Levi's.
Elvis Presley, performant depuis moins d'un an seulement, se montre fan de Bo Diddley et ce dernier attribue le développement des contorsions suggestives et caractéristiques du King, à l'inspiration ou l'audace qu'il a acquise en regardant Bo Diddley sur scène, telle sa prestation au Carnegie Hall de New York cette même année.
Le 20 novembre 1955, il passe au Ed Sullivan Show qu'il rend furieux. Annoncé comme un musicien de Folk et censé jouer sagement un morceau devenu classique de la musique country, Sixteen Tons de Tennessee Ernie Ford, comme il était convenu, il interprétera sans avertir Bo Diddley. Le très respecté Ed Sullivan lui dira qu'il est "l'un des premiers hommes de couleur à l'avoir jamais trahi (doublé)". Face à cette expression ressentie comme raciste et autoritaire (castratrice), Bo Diddley avouera s'être retenu de s'emporter physiquement contre lui. Suite à cet évènement, il sera empêché de pratiquer plusieurs autres shows et Ed Sullivan lui dira que sa carrière serait finie avant 6 mois. Cependant, Bo Diddley venait de lancer son premier tube sur les ondes et en kiosque tout en ayant tenu tête au système médiatique alors soumis à la ségrégation raciale et au conservatisme. Malgré son approximation qu'il aurait été le premier noir à passer dans le Ed Sullivan Show en tant que vedette, il devint un exemple qui prendra beaucoup de sens dans les années 1960.
En 1956 il fait la connaissance de celle qui deviendra en 1957 Lady Bo, Peggy Jones, la toute première guitariste de Rock, toujours active et dont il affirme qu'elle est la seule à connaitre les voies de l'origine. Parmi les femmes qui l'ont accompagné se trouve aussi celle qu'il a surnommée la Duchesse, the Duchess (1962-1966), Norma-Jean Wofford . Elle permit la transition durant l'envol en solo de Lady Bo avec son propre groupe (Lady Bo & The Family Jewel) et Bo avait fait passer la Duchesse pour une demi-soeur uniquement pour alimenter la curiosité de ceux qui osaient demander où avait pu passer Lady Bo. Il avait appris la guitare à la Duchesse et elle était entourée de deux autres choristes : Gloria Morgan et Lily "Bee Bee" Jamieson, dont le trio en compagnie de Diddley est connu sous le nom de Bo-ettes. Elle quitta à son tour le groupe pour fonder sa famille, puis il y eut notamment Cornelia Redmond surnommée Cookie ainsi que Debby Hastings.
Il écrit en 1957 sous le pseudonyme de sa femme d'alors, Ethel Mae Smith, le titre Love is Strange pour le duo Mickey et Sylvia (Mickey Baker et Sylvia Robinson, créatrice de Sugar Hill Records) qui en font l'un des plus grands classiques du Rhythm and Blues. Il sera repris par Buddy Holly, les Everly Brothers, Sonny and Cher, Paul McCartney, Everything but the Girl, etc., ainsi que dans le film Dirty Dancing.
Il influencera plusieurs groupes des sixties : The Rolling Stones, The Yardbirds, The Strangeloves, The Pretty Things, The Animals, Led Zeppelin, The Shadows of Knight, The Kinks, The 13th Floor Elevators, The Kingsmen, The Who, The Them et la scène rock'n'roll en général (selon l'expression des Animals dans leur reprise en 1964 de The Story of Bo Diddley qu'ils réarrangent et développent, mais qui comprend quelques petites erreurs de date et d'interprétation, témoins de l'effervescente légende qu'était devenu Bo Diddley).
Les Moody Blues eux-mêmes lui consacreront des prestations live en son honneur remplies d'admiration et d'énergie. Parmi ses fans et pairs ayant fait des reprises sans jamais payer de droit durant des concerts, sous couvert de clins d'oeil ou de medleys, on compte aussi Janis Joplin et Jimi Hendrix.
Dans les années 1960, il produit beaucoup de morceaux dont certains sont accompagnés de paroles parlées à l'instar de son hit Say Man (1958) qui sont les pâles prémices du Rap et du Slam, mais en tout cas un signe de liberté musicale et de recherche de mode d'expression qui deviendront chères à Frank Zappa à la fin des années 1960. Leur style humoristique est parfois bien particulier et consiste en des joutes orales traditionnellement appelées par les afro-américains "The_dozens dozens " ou "your father" (dérivé bien plus tard, à la fin des années 1980, en ta mère pour les francophones) où l'on épuise les comparatifs et réflexions burlesques jusqu'à ce que l'un n'ait plus de répondant. Sur certaines chansons primordiales comme Who do you love (1956) et I'm a man (1955) Diddley adopte et développe en outre le style chanté-parlé de Hooker qui s'assimile dès lors au deejaying qui est sur le point de naitre en Jamaïque. Diddley est donc perçu pour ces trois raisons réunies comme un géniteur très précoce du hip-hop qu'il rejoindra très naturellement dans les années 1980 et 90 sans délaisser sa guitare ni son diddley beat.
Bo Diddley joue à la Maison Blanche au concert d'investiture de John Fitzgerald Kennedy le 20 janvier 1961.
Il passe haut la main la fameuse épreuve du train relative aux bluesmen qui est d'imiter le train avec la guitare (cf. ex. le film Crossroads, les chemins de la gloire - Steve Vai, Ralph Macchio - 1986), avec le morceau Please Mister Engineer (1961) où il réaffirme le son saturé et son importance, ainsi que sa toute simplicité (toujours très relative avec Bo Diddley). Il n'utilise pas le diddley beat à proprement parler sur cette chanson. Bo Diddley pense par ailleurs qu'avec son diddley beat il a trouvé « le son d'un train de marchandises » (voir article du Figaro en notes et références). Il n'y a aussi qu'un pas à croire que le diddley beat serait la 30e chanson perdue de Robert Johnson, relatée dans ce même film, selon la légende du pacte à la croisée des chemins (Robert Johnson, Cross Road Blues, 1936). Le Diable enlèverait les âmes contractantes à l'âge de 27 ans (Jimi Hendrix, Brian Jones, Janis Joplin, Jim Morrison, Robert Johnson... Dit le club des 27) mais ne put rien contre Bo Diddley qui à 27 ans (1955) lutte a contrario contre toute signature contraignante et toute soumission au système : à la Bête, qui le renvoie et cherche à l'écarter (Ed Sullivan). Pour illustration de ce lien logique légendaire, Eric Clapton reprendra le morceau Cross Road Blues (aka Crossroads) de Johnson, certainement de manière intuitive et spontanée, avec son groupe Cream en 1968 puis durant sa carrière solo, en retrouvant de plus en plus le diddley beat primordial qui animait leur version. Robert Johnson et Bo Diddley semblent liés par la légende du Blues, l'un ayant flirté avec l'image du Diable, l'autre n'ayant jamais cru en lui, mais ils auraient pourtant rassemblé à tous les deux le registre entier du Rock ou qui le permet.
Les Rolling Stones débutent leur carrière en tournant avec Bo Diddley en 1964. Ils lui voueront une admiration toujours renouvelée et feront plusieurs reprises en s'en inspirant régulièrement. Ils l'inviteront par la suite dans plusieurs de leurs concerts pour jouer avec eux.
Avec le morceau Bodiddley-itis enregistré la décennie suivante (1972), il compte démontrer aux mauvaises langues - intriguées par la qualité peaufinée que prennent ses albums à la fin des années 1960 - qu'il maitrise en effet toujours la scène et qu'il faut même se passer des studios pour n'avoir qu'à jouer et performer. Il y exécute de remarquables sauts et contorsions (la guitare entre les jambes) toujours avec son célèbre jeu de jambes, et avait fortement influencé Pete Townshend des Who (dont beaucoup de morceaux sont des diddley beats comme Magic Bus de 1968). Pete Townshend étant finalement devenu le maitre médiatique de la hard-attitude et des sauts avec guitare (bien au-delà des Led Zeppelin), Bo Diddley renchérira sur le même morceau live (Bo Diddley at his Best) en imitant jusqu'au saut spécifique de Pete.
Leonard Chess, fondateur de la Chess Records meurt en 1969. Bo Diddley s'aperçoit peu avant que ce dernier n'a pas encore payé tous les impôts relatif à Bo Diddley et qu'il lui doit "des millions" en droits d'auteur. Ce décès lui fait perdre la main dans son procès et met fin aux mythiques "années Chess" (Chess years) de Bo Diddley. Dès cet instant et à la décennie suivante, Bo Diddley commencera à trouver d'autres alternatives de production (dont l'auto-production) et élargira finalement ses relations et ses partenariats musicaux comme la fabuleuse rencontre avec Johnny Otis qui produira notamment l'album d'anthologie : Where It All Began paru en 1971.
La décennie suivante est moins prolifique, sa créativité décline et il semble se contenter de remanier ses vieux titres. Ses schémas rythmiques compliqués et denses, hypnotiques parfois, l'ont élevé cependant au rang de maître du genre. Mais fallut-il encore qu'on l'attende dans ce registre?
En mars 2005 est commercialisée la compilation Tales From The Funk Dimension 1970-1973. Elle montre une facette jusqu'alors passée inaperçue de Bo Diddley, celle d'un musicien qui a aussi touché précocement au Funk, dès 1966 avec des morceaux comme Do The Frogg qui s'inscrivaient encore dans le mouvement Soul, dans les mêmes années que la consécration de James Brown, détonateur populaire de ce genre avec Sex Machine en 1970. Les titres (Funky Fly, Pollution, Bad Side of the Moon (Elton John, 1970)...) sont extraits de ses trois premiers albums du début des années 1970 et montrent une assimilation méticuleuse du style et du son et finalement une grande aisance à créer dans ce registre ou à en faire des reprises parfois mieux travaillées que les originaux.
En 1976, Bo Diddley édite un 33 tours composé de reprises personnelles (à l'exception de Not Fade Away) et de quelques compositions nouvelles, toutes envisagées en Funk. L'album est conçu pour saluer les 20 ans du Rock'n'Roll et s'intitule 20th Anniversary of Rock & Roll. Sur sa couverture de Not Fade Away (Buddy Holly) on entend une introduction particulière, inspirée d'un riff de Jimi Hendrix, qui sera reprise telle quelle par Lenny Kravitz sur son titre Are You Gonna Go My Way (1993). La version de Kravitz utilise aussi les breaks sur 2 tons à l'instar de Bo Diddley dans ses schémas classiques et de manière identique à ceux de You Really Got Me des Kinks, faisant de son morceau une double copie de Bo Diddley, mais aussi un plagiat de l'air de Jean-Jacques Goldman : Quand la Musique est Bonne.
Au beau milieu des années 1970 et à la suite de 5 albums Funk, Bo Diddley s'engage durant deux ans et demi dans la police de la commune de Los Lunas dans le comté de Valencia au Nouveau-Mexique où il devient shérif et député. Il accrochera à son palmarès 3 courses poursuites à bord de voitures de police affectées aux autoroutes. Il gardera de cette période le port d'écussons métalliques personnalisés qu'il portera traditionnellement à son chapeau.
Bo Diddley commence à déserter les studios d'enregistrement et retourne à ses premiers principes : pas de studio, pas de dépendance ni de contrainte autre que jouer!
Durant les années 1980, continuant à adopter les nouvelles technologies de son comme le filtron ou l'usage rythmique et mélodique des harmoniques, il produit dans des concerts de grande et petite taille qu'il multiplie, un nombre important mais difficilement estimable de morceaux sans titre ni édition audio ou vidéo, que seul des particuliers ont enregistrés et conservés (Never Before Seen Live, "Never Let Me Go", 1981). On y remarque aussi qu'il envisage ses morceaux classiques sur d'autres modes. Quelques concerts seulement, ne comportant souvent que des reprises régulières de ses standards, sortent en album.
Sur cette période il n'enregistrera qu'un album en 1983 : Ain't It Good To Be Free, enregistré avec le groupe de ses filles Tammi et Terri resté underground : Offspring (ne pas confondre avec The Offspring plus commercial), qu'il rééditera en 1995 sous le nom de The Mighty Bo Diddley pour en appuyer les aspects intemporels et précurseurs. Le groupe de ses filles présente un registre allant du blues au black metal en passant par le breakbeat et pratique toujours la scène sans aucune annonce médiatique. Sur la seconde face du disque, il présente des classiques blues de Lady Bo. Il préfigure la période Rap (qui n'a pas encore de nom spécifique et n'est pas encore extraite du rock) avec des morceaux comme I Don't Want Your Welfare, et Électro-pop et même Techno avec Stabilize Yourself mais reste plus globalement dans un style Rock et Funk.
Bo Diddley fait quelques brèves apparitions au cinéma dans des films comme Un Fauteuil pour Deux de John Landis (1983) et Eddy and the Cruizers II (1989, où il incarne un guitariste de légende). Il crée aussi 2 chansons pour le film documentaire sur les motards de l'enfer ou Hells Angels, en rupture apparente avec sa fonction de shérif qu'il occupait quelques années plus tôt : Hells Angels Forever (1983), où il joue en live en s'adressant à eux (Do Your Thing et Nasty Man). Il n'y abandonne cependant pas sa droiture, mais réaffirme le droit à la liberté quand elle n'interfère pas fondamentalement avec les règles de l'ordre social sous quelque forme qu'elles soient.
Il est introduit membre de la prestigieuse Rock and Roll Hall of Fame en 1987 parmi les premiers artistes admis et est le treizième artiste dont le nom est enregistré.
En 1989 Bo Diddley crée finalement, en studio, l'un de ses albums les plus énigmatiques : Breakin' Through The B.S., annonçant la couleur musicale des années 1990 et décomposant celle du passé. Son style est exclusivement Urban dans la première partie (Break, Électro, Rap...) et "roots" et rock (R.U. Serious) dans la seconde partie où il aborde aussi des modes du Heavy Metal (Home to McComb). Les arrangements y sont complexes jusqu'à celui de sa voix (Bo Pop Shake, Turbo Diddley 2000) ou dans un retour à des couleurs racines notamment caribéennes, clés dans l'histoire exhaustive du rock (Louie Louie) et des raves. Il y pratique l'ensemble des instruments principaux (synthétiseur, percussions, guitare, voix et producteur exécutif) et est accompagné d'autres guitares, ainsi que basse, saxophone, batterie et vocales. Sa guitare est parfois utilisée en percussion selon ses manières inédites et l'album entier est concept faisant lien entre le Rhythm and Blues (R'N'B) classique et moderne.
En 1989 toujours, il participe à une publicité pour Nike qui restera très populaire et parodiée aux États-Unis jusque dans 1, rue Sésame. La vedette principale est Bo Jackson une star de baseball autant que de football américain qui s'essaye à toutes sortes de sports avec à chaque fois la même exclamation : "Bo knows football, ou basketball ou tenis, etc." La musique est celle de Bo Diddley et Bo Jackson finit par se mettre à la guitare mais en fait une catastrophe. Bo Diddley lui déclare : "Bo you don't know Diddley!" Six mois plus tard Bo Jackson revient et joue en compagnie de Diddley en synchronisant même ses jeux de jambe. Finalement Bo Diddley confus et époustouflé s'exclame à Bo "qu'il connait Diddley".
Avec des albums qu'il réenregistre donc en studio tels que This Should Not Be en 1992, Bo Diddley aborde des genres éclectiques qui comprennent tant le Reggae, le Rock et le Funk, que le R'n'B contemporain naissant, ou des bases electro proches du New Wave et même du New Beat (forgé sur les débuts de la Techno noire et du Rap des années 1980). C'est un album très incisif vis-à-vis de la guerre du Golfe dans la chanson portant le titre de l'album This Should Not Be par laquelle il fait remarquer les décalages qu'il peut exister entre l'argent déployé en Irak, dont parle indirectement un ex-soldat du Viêt Nam, avec la pauvreté d'une grande frange des américains dont fait partie "sa famille" (puis du reste du monde) qu'il estime "under attack" (« Our great nation is under attack, all their pray say : "In this country it should not be!" Bo knows. All of them may say... », dit-il en introduction alors que cette terminologie ne sera utilisée stratégiquement qu'en 2001). Il vise des dirigeants qu'il dit voués à l'argent comme il l'affirmait auparavant dans la chanson Wake Up America de 1989 en pensant aux récentes élections et à la famille Bush, déjà illustre dans le monde politique, de la CIA, des affaires et discrètement condamnée pour l'armement et la montée du nazisme (les Bush-Walker étaient 2 des 7 banquiers de l'ange d'Hitler, Fritz Tissen, selon la dénomination du Herald Tribune en 1942, banquiers et fournisseurs secrets du carburant illicite issu de technologie militaire américaine, du futur lobby G. Bush, pour Adolf Hitler dès 1928) ainsi que dans le travail des déportés d'Auschwitz où ils avaient aussi leurs propres firmes comme en témoignent les archives révélées en 2002, 60 ans après le procès de Prescott Bush. Son son n'est pas sans rappeler celui de Prince ou même d'Afrika Bambaataa (son premier hit Planet Rock, 1982) et se fait résolument moderne jusqu'à l'inclusion du Hip Hop sur des titres très étonnants et travaillés comme Rock Patrol (un autre clin d'oeil à sa période de shérif où il a recours à des voix d'enfants). Il utilise toujours sporadiquement ses formes de diddley beat, qui est en lui-même un Breakbeat primordial et qu'il n'hésite pas à désarticuler ou envisager dans de nouvelles optiques musicales.
Il participe au film rock fantastique de série B Rockula sorti en 1990 et fait une apparition plus prestigieuse dans Blues Brothers 2000 (1998).
Durant les années 1990, Bo Diddley pratique toujours les concerts avec ses nouvelles compositions mais surtout avec ses classiques qui sont très demandés (quand on ne connait pas qu'eux), ainsi que des grands Jams rocks et fait notamment des apparitions en compagnie des Rolling Stones qui avaient débuté en tournant avec lui.
En 1995 il réédite son album Ain't it Good to Be Free (1983) sous le nom de The Mighty Bo Diddley et le fait passer pour un album moderne de fusion rock-electro comportant des accents de techno primitive des années 1980 dans Stabilize Yourself, dont le renouveau populaire avait débuté depuis peu. L'album est tout autant roots'n'blues, funk et même rap (lui aussi revenu très en vogue à l'époque) et son exercice de datation, à cause de la modernité des sons, des techniques, des styles et des effets reste confondant pour le néophyte. L'exploration techno de Stabalize Yourself, avec des sons électroniques particuliers, rappelle des morceaux de Kraftwerk comme Pocket Calculator (1981) tout en restant sur les premières bases rocks et acoustiques de la techno noire débutée en 1979 à Detroit et vulgarisé par le Sharevari de A Number Of Names en 1981. Ce mélange agrémenté d'un jeu rock de Bo Diddley le rapproche finalement d'un style à peine plus tardif et représentatif des années 1980, l'Electro-pop (Synthpop), initié aux origines avec des titres comme Video Killed the Radio Star (1979) des Buggles.
En 1996 Bo Diddley sort un autre album, A Man Amongst Men orienté à nouveau rock. D'autres compositions qui suivront (Bo Diddley's Rap...) et qu'il continuera à faire de manière moins fréquente ne seront jouées qu'en concert mais seront cette fois-ci enregistrées par des sources officielles (dont des radios), contrairement à ce qu'il avait fait durant les années 1980.
Il reçoit en 1996 une récompense d'honneur de la Rhythm and Blues Foundation pour l'ensemble de sa carrière et en 1998 la même récompense de la Recording Academy (Grammy Awards).
En 2005 et 2006, entamant une tournée mondiale pour ses 50 ans de carrière, il continue de jouer avec le groupe de Johnnie Johnson, mais il a de fréquents problèmes cardiaques notamment en 2007. Une certaine perte de vélocité et de mobilité due à l'âge le conduit dans les années 2000 à compenser en accentuant l'usage de sons qui lui sont spécifiques (filtron, chorus, u-vibe, auto wha...). Il lui arrive parfois de rapper de façon moderne ses morceaux en faisant aussi des clins d'oeil à de célèbres Raps.
Lors d'un concert en Espagne au festival de Jazz de San Javier le 21 juillet 2006, une fan ne cesse de hurler avec zèle par dessus la foule : "Bo Diddley [...] is Rock'n'Roll!". Il lui répondra qu'il ne pratique pas ce genre de musique, qu'il comprend les générations plus jeunes, mais qu'elles se trompent, il joue du Bo Diddley. Il signifie ainsi aux générations de fans intrigués par les grands médias tout autant que l'information alternative, qu'il n'a pas pratiqué que la musique qu'ils lui attribuent, celle compartimentée et censurée par ces mêmes médias (qu'il a défié dès sa première apparition en 1955), et à laquelle on le réduit en négligeant terriblement l'ensemble de son oeuvre, jusqu'à croire communément que sa créativité s'arrête avec les années 1960. S'il reste l'un des pères, peut-être le père du Rock, c'est-à-dire du Rock'n'Roll en général, il demande à chacun de se rappeler ce qu'il a réellement joué, créé et inspiré ; qu'il a finalement accompagné l'ensemble des changements d'époque depuis le Rhythm and Blues en passant par la Soul, le Funk, les styles caribéens (Calypso, le Reggae), différents États du Rock et jusqu'à l'Urban, au Breakbeat et subrepticement à la Techno qu'il n'a finalement jamais opposés ni limités.
Le 2 juin 2008, Bo Diddley meurt à l'âge de 79 ans, d'un arrêt cardiaque dans sa maison d'Archer, en Floride. Une page du rock fut tournée le jour de sa mort et tous les plus grands artistes de rock comme les Rolling Stones déplorèrent le décès de celui qu'ils admiraient et qu'ils considèreront toujours comme l'un des plus grands guitaristes et chanteurs de rock.
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un bon musicien qui a été un des fers d elance du rock dans les années 60
Moins connu mais il fait quand même partie des légendes du Rock