Académicien, Artiste, Diplomate, Écrivain (Art, Littérature).
Francais, né le 13 mars 1888 et mort le 23 juillet 1976
Enterré (où exactement ?).
Paul Morand, né le 13 mars 1888 à Paris 8e et mort le 23 juillet 1976 à Paris 15e, est un écrivain, diplomate et académicien français.
Son père, Eugène Édouard Morand, occupe à Paris, grâce à l'entremise de son beau-frère Abel Combarieu, directeur du cabinet du président de la République plusieurs fonctions liées à l'art : conservateur du Dépôt des marbres en 1902, directeur de l'École nationale supérieure des arts décoratifs en 1908. Il fréquente également les poètes, dont le cercle des Amis de Mallarmé, les artistes et les sculpteurs, dont Auguste Rodin, pendant la jeunesse de Paul. On lui prête cette simple réponse à la sempiternelle question : « Que voulez-vous faire de votre fils ? Un homme heureux. »
Eugène Édouard Morand meurt en 1930, et son épouse en 1947. Paul Morand a pour oncle Abel Combarieu, secrétaire général et directeur du cabinet civil de la Présidence de la République de 1899 à 1906 et frère du musicologue Jules Combarieu. C'est Abel Combarieu qui introduisit Morand aux Affaires étrangères (service du Protocole) en 1912.
Le jeune Paul apprend l'anglais très tôt et se rend à Londres à plusieurs reprises durant son adolescence (1902, 1903, 1904, 1908, 1909, 1913). Il visite aussi Venise et l'Italie du Nord et, chaque été, séjourne pendant un mois près du lac de Côme.
Il entre au collège Jules Ferry, puis au lycée Chaptal.
Il rate l'oral de philosophie de son baccalauréat, en 1905. Jean Giraudoux devient son précepteur et le jeune Paul se transforme tout d'un coup en élève assidu. Il intègre l'École libre des sciences politiques, puis termine premier au concours du Quai d'Orsay. Tout en débutant dans la carrière administrative, où il reçoit l'appui de Philippe Berthelot, il fréquente les milieux littéraires, fait la connaissance de Jean Cocteau et de Marcel Proust, et s'essaie à la poésie en composant une Ode à Marcel Proust.
Attaché à l'ambassade de Londres, il rentre à Paris et est affecté au cabinet du ministre des Affaires étrangères pendant la 1ère guerre mondiale. Il est ensuite en poste à Rome et à Madrid. Son amitié avec Philippe Berthelot lui permet de faire des missions diplomatiques qui sont en fait à but littéraires. Après son mariage il se fait mettre en congé illimité mais réintègre la Carrière en 1939, il est nommé à Londres pour diriger la Mission économique française.
Ses premiers textes publiés sont des poèmes, notamment Lampes à Arc en 1919. Mais il fait sa véritable entrée en littérature en 1921 avec la parution de son premier ouvrage en prose, Tendres Stocks, un recueil de nouvelles préfacé par Proust.
Au cours des années 1920-30, il écrit de nombreux livres, récits de voyage, romans brefs et nouvelles (Ouvert la nuit, Lewis et Irène...), qui frappent par la sécheresse du style, le génie de la formule et la vivacité du récit, mais aussi par la fine description des pays traversés par l'auteur ou ses personnages, généralement de grands bourgeois cultivés aux idées larges.
Son écriture témoigne également d'une certaine vision du métissage : « En fait, si comme dit Emerson, la nature adore les mélanges, elle ne les adore pas tous, on ne saurait visiter une université ou un collège noirs aux États-Unis, contempler ces innombrables métis si appliqués et pourtant si studieux, ces visages d'Européens égarés sous d'affreuses tignasses laineuses, ces négresses blondes ou rousses, ces âmes brûlées par des désirs contradictoires, ces corps dont toutes les proportions ont été bousculées, violées dans le combat des deux hérédités, sans ressentir cette pitié angoissée, mêlée de répulsion qu'inspirent les anomalies humaines... » (Citation extraite d'Hiver Caraïbe, 1926).
Durant la même période, il pratique le journalisme, notamment pour Le Figaro. Il exerce aussi le métier d'éditeur en dirigeant chez Gallimard la collection « Renaissance de la nouvelle », où paraissent en 1938 les Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar, et est également membre du Comité de direction de l'Association du Foyer de l'Abbaye de Royaumont.
Le 3 janvier 1927, à Paris, il épouse la riche Roumaine d'origine grecque Hélène Chrissoveloni (1879-1975), princesse Soutzo (1879-1975), dont le frère Jean (+ 1926), banquier fort cultivé et polyglotte, avait acquis trois ans plus tôt, avec son épouse Sybille, le château des Mesnuls (Yvelines), où le couple très mondain donna des fêtes fastueuses.
Portrait du chef de la mission française en Angleterre de guerre économique en 1939 par Élisabeth de Miribel : « Paul Morand me plaît. Il est souple, insaisissable. Il ne s'impose jamais, mais s'insinue. Il reste toujours, avec lui, quelque chose d'inexprimé. Il pense plus loin que ne le laisse supposer son extraordinaire facilité. Il ne se livre, ni se commande. Il plane : inchangé et fluide au-dessus de la marée humaine. Son raisonnement est formé d'intuitions brillantes qu'il ne cherche pas à prouver. Il sait s'entourer sans appartenir à personne. Il réussit auprès des Anglais par persuasion, par standing social plutôt que par des démarches officielles... ».
Un des faits marquants de la vie de Morand est son attitude durant la Seconde Guerre mondiale et sa proximité avec le régime de Vichy.
Après avoir été mis à la retraite d'office en 1940, il est nommé, lors du retour de Pierre Laval au gouvernement en 1942, ambassadeur de France en Roumanie, pays d'origine de la famille de son épouse.
Jean Jardin, éminence grise de Pierre Laval, favorise son départ de Bucarest en 1944, lors de l'avancée des troupes russes, et le fait nommer en Suisse.
Lorsque la guerre se termine, il est ambassadeur à Berne, ce qui lui vaut d'être révoqué à la Libération par le général de Gaulle; son attitude durant l'Occupation lui vaudra longtemps une solide inimitié de ce dernier qui, après son retour au pouvoir en 1958, empêchera jusqu'en 1968 son entrée à l'Académie française. À cause de cela, Morand l'appellera toujours avec mépris « Gaulle », notamment dans sa correspondance avec son ami Jacques Chardonne.
Après la Guerre, il est contraint à l'exil à Vevey en Suisse. Il y passe une dizaine d'années, au grand dam d'autres écrivains en exil, avant d'être à nouveau admis sur le sol français. On continue néanmoins de lui reprocher ses amitiés du temps de Vichy et le soutien de l'Occupant à la publication de ses ouvrages, tandis que lui-même proteste de son innocence.
Au sujet de son exil forcé, il écrira plus tard : « L'exil est un lourd sommeil qui ressemble à la mort. » (Chronique de l'homme maigre)
Durant ces années, il se consacre à la poursuite de son oeuvre, marquée par des orientations nouvelles et, notamment, par un intérêt nouveau pour l'Histoire, ainsi qu'en témoignent Le Flagellant de Séville et Fouquet ou le Soleil offusqué.
Il devient à la même époque, avec Jacques Chardonne, le modèle et le protecteur d'une nouvelle génération d'écrivains qu'on appellera par la suite les Hussards. Il entretient une relation quasi filiale avec le premier d'entre eux, Roger Nimier.
Il est élu à l'Académie française le 24 septembre 1968 au fauteuil no 11 de Maurice Garçon, élu en 1946. Mais le chef de l'État, contrairement à la tradition, ne le recevra pas, après avoir pourtant levé son veto de manière implicite en déclarant au Secrétaire Perpétuel : « Paul Morand... qui va être des vôtres, n'est-ce pas ?. » Pauline Dreyfus a tiré un roman de la campagne qui précéda cette élection, Immortel, enfin (2012).
Morand survit un an et demi à son épouse, décédée le 27 février 1975, et meurt à l'hôpital Laennec à Paris; conformément aux dispositions de son testament, ses cendres seront mêlées à celles de son épouse à Trieste, ville dont elle était originaire.
Il avait annoncé ses intentions dans Venises : « Un cimetière à Trieste (...) J'ai accepté l'asile que m'offrent mes cousines par alliance, dans le mausolée des E... ; il date de François-Joseph (...) C'est une noble pyramide de pierre, haute de six mètres, un morceau d'éloquence toute italienne (...). On est loin du décor funèbre des grandes capitales, de la cohue des pierres tombales (...). Champ de repos vert au milieu du désert des vivants. Là, j'irais gésir, après ce long accident que fut ma vie. Ma cendre, sous ce sol, une inscription en grec en témoignera ; je serai veillé par cette religion orthodoxe vers quoi Venise m'a conduit. » (Venises, Gallimard, 1971, p. 214 et 215).
Bernard Beyern fera de la crémation de Morand le récit suivant : « Paul Morand fut crématisé au plus fort de la canicule de l'été 1976. On confia ensuite à un employé le soin de ramener l'urne jusqu'au domicile du de cujus. Sans savoir qui il transportait sur le porte-bagages de son Solex, le fonctionnaire assoiffé a traversé la capitale dans plusieurs bistrots pour boire une grenadine. Ainsi l'auteur de Venises commença-t-il son dernier voyage vers l'Italie (...), par des stations sur les trottoirs de la Roquette... ».
Roger Nimier avait écrit au sujet de Morand : « Un jour il bondira, vieux sportif, dans la mort. »
Morand eut de la peintre et décoratrice bordelaise Madeleine Mulle une fille, Marie-Claude Morand, née à Bordeaux le 2 avril 1916, qui fut élevée au sein du mariage postérieur de sa mère avec le photographe Louis-Victor Emmanuel Sougez, dans l'oeuvre duquel elle apparut fréquemment sous le nom de Claude.
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Les meilleures citations de Paul Morand.
Elle était belle comme la femme d'un autre.
Que de temps perdu à gagner du temps !
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