Homme d'état, Homme politique, Roi (Politique).
Cambodgien, né le 31 octobre 1922 et mort le 14 octobre 2012
Enterré (où exactement ?).
Norodom Sihanouk (né le 31 octobre 1922 à Phnom Penh et mort le 14 octobre 2012 à Pékin) est un homme d'État et monarque cambodgien, actuel Roi-Père du Cambodge. Il fut l'une des principales figures de la vie politique cambodgienne au XXe siècle, exerçant notamment une période de pouvoir personnel entre 1953 et 1970, sous les titres successifs de roi, puis de chef de l'État à vie, avant de redevenir roi dans les années 1990. Il fut également à plusieurs reprises Premier ministre, cumulant parfois cette charge avec ses fonctions de roi ou de chef de l'État. Il est aussi poète, compositeur, romancier, journaliste et cinéaste.
Le nom dynastique Norodom dérive du sanskrit Narottama : "le meilleur (uttama) des hommes (nara)", épithète de Vishnu. Le prénom Sihanouk est issu du pâli Sihahanu : "à la mâchoire (hanu, cf. Hanuman) de lion (siha)", qui est une épithète du Bouddha et le nom du grand-père paternel de celui-ci.
Il est considéré comme l'un des pères fondateurs de la Francophonie, avec le Sénégalais Léopold Sedar Senghor et le Nigérien Hamani Diori.
Norodom Sihanouk suit des études secondaires au Lycée Chasseloup Laubat de Saïgon au Vietnam, le Cambodge n'ayant pas d'écoles secondaires.
C'est le gouverneur général de l'Indochine, l'amiral Decoux qui lui annonce au début 1941 que la France nourrit des ambitions politiques pour sa personne et lui remet quelques mois plus tard la couronne d'or des souverains d'Angkor. Il a alors 18 ans. « J'ai appris la nouvelle en versant un torrent de larmes. Je suis trop jeune et je ne m'en sens pas capable », écrira-t-il plus tard dans ses mémoires Souvenirs doux et amers.
En soutenant l'accession de Norodom Sihanouk au trône, en 1941, la France aurait espéré qu'il serait aussi docile que l'empereur du Vietnam Bảo Đại.
Devenu Dieu Roi, il se fait appeler Samdedh'Euv (Monseigneur Papa) et exige que les paysans se prosternent à ses pieds, considérant que « c'est l'expression de l'unité du royaume ».
En mars 1945, l'Empire du Japon prend le contrôle de l'Indochine, détruisant l'administration coloniale française. Pressé par les Japonais, Norodom Sihanouk proclame l'indépendance du Cambodge, mais sans s'avancer dans la collaboration avec le Japon. Toutefois, il est très vite mis sous la tutelle de Son Ngoc Thanh, un dirigeant nationaliste jusque-là en exil à Tokyo et qui, par sa francophobie, offrait de meilleures garanties de soutien aux autorités nipponnes. Son Ngoc Thanh, soutenu par les Japonais, s'auto-proclame chef du gouvernement dans la nuit du 8 au 9 août. Cette première indépendance, toute relative, sera de courte durée et prendra fin en octobre de la même année, avec le retour des Français et l'emprisonnement en métropole de Son Ngoc Thanh.
Le monarque prend alors goût à la politique et dirige même pendant un mois, le gouvernement en 1950.
Il reviendra à la tête du gouvernement en juin 1952 et se donnera trois ans pour obtenir une indépendance totale. Il va lancer sa "campagne royale pour l'indépendance". En 1953, il vient en France, puis se rend au Canada et aux États-Unis, s'exile en Thaïlande pour faire pression sur Paris avant de rentrer triomphalement chez lui en novembre. Depuis le 17 octobre, le Royaume du Cambodge est pleinement souverain.
Dès lors, le pouvoir appartient à Sihanouk. Il lance un mouvement il insiste pour qu'on ne l'appelle pas "parti" -, le Sangkum Reastr Niyum, la communauté socialiste populaire.
En mars 1955, Sihanouk accompli un geste peu banal : il abandonne sa couronne au profit de son père, Norodom Suramarit pour pouvoir mieux se consacrer à la politique.
En 1956, il devient co-fondateur du Mouvement des pays non-alignés avec le président yougoslave Josip Broz Tito, le président égyptien Gamal Abdel Nasser, le président indonésien Soekarno et le Premier ministre indien Jawaharlal Nehru.
En 1960, à la mort de son père, il ne reprend pas sa place de roi. Il prend le titre de chef de l'État et laisse le trône vacant, l'institution monarchique étant incarnée dans la personne de la reine mère Kossamak.
Au début des années 1960, il se rapproche des pays de l'Est et le Cambodge accueille alors plus de mille experts soviétiques. Il permet aussi à quarante mille soldats nord-vietnamiens et vietcong de s'installer dans son pays. De fait, sous couvert d'une neutralité officielle, il apporte son soutien au camp communiste, ce qui correspond à une déclaration de guerre contre les Américains. Plus tard, il expliquera qu'il avait fait cette alliance pour sauver sa monarchie et museler les communistes cambodgiens.
Sa police continue à pourchasser les communistes khmers qu'il qualifie de « rouges » et qu'il accuse de conspirer contre lui. En 1967, il déclare se moquer de la Constitution et des lois du royaume, et il fait exécuter sans jugement des centaines de Khmers.
À la fin des années 1960, il entreprend un rapprochement avec les Chinois exprimant sa vénération pour Zhou Enlai et Mao Zedong, qui savait le flatter en lui disant que s'il était chinois, il serait l'empereur de Chine. Les Russes n'apprécient pas ce rapprochement qu'ils considèrent comme une trahison.
En août 1966, il reçoit à Phnom-Penh le général de Gaulle, président de la République française, qui y prononce un discours clairement hostile à l'intervention américaine au Vietnam.
Au Cambodge même, de nombreux scandales financiers touchent la famille royale et une partie de la population commence à se fatiguer de ses facéties et de ses caprices. Une opposition se fait jour et le 6 janvier 1970, il se rend en France à Grasse, officiellement pour des problèmes neuro-psychologiques.
Le 18 mars 1970, alors que Sihanouk est en visite en URSS, le général Lon Nol, chef du gouvernement, le renverse. Immédiatement, le roi part à Pékin pour fonder un gouvernement en exil, le Gouvernement royal d'union nationale du Kampuchéa, et se range du côté du Nord Viêt-Nam espérant du gouvernement de Hanoï de l'aide militaire pour lutter contre le gouvernement dissident du Cambodge. Le 23 mars 1970, il devient président du Front uni national du Kampuchéa et en avril, à Canton, il est l'initiateur de la conférence au sommet des peuples indochinois regroupant le Premier ministre nord-vietnamien Pham Van Dong, le président du Front national de libération du Sud-Vietnam Nguyen Huu Tho et le président Souphanouvong du Neo Lao Haksat.
Le 17 avril 1975 : l'Armée populaire de libération nationale du FUNC remporte la victoire militaire. Le Kampuchea démocratique est fondé et Norodom Sihanouk en devient le président. Cependant, en avril 1976, il démissionne et est détenu en résidence surveillée. En 1979, à la chute des Khmers rouges, il fuit le Cambodge avant l'invasion vietnamienne et trouve refuge en Corée du Nord.
En 1981, il crée le FUNCINPEC qui intègre en 1982 un gouvernement de coalition en exil mais reconnu par la communauté internationale, regroupant les différents partis politiques dont les Khmers rouges et le FLNPK (parti républicain de Son Sann). Son rôle est alors essentiellement honorifique, le prince restant en exil à Pékin. Il se considère alors chef de la Résistance nationale du Cambodge (contre l'État du Cambodge) et président du Kampuchea démocratique, État qui en fait n'existe plus, mais est reconnu par la communauté internationale.
Le 17 juillet 1991, Sihanouk quitte la présidence du Kampuchéa démocratique et de la R.N.C. pour se placer au-dessus des factions et partis politiques cambodgiens. Les 11 membres du Conseil national suprême du Cambodge l'élisent président.
Grâce aux accords de Paris sur le Cambodge de 1991, le pays se dote d'une nouvelle constitution, celle d'une monarchie constitutionnelle. Sihanouk retrouve en 1993 son titre de roi. Il abdique en octobre 2004, pour des raisons de santé. Il souffre d'un lymphome depuis 1993. Pour se soigner, il fait de longs séjours à Pyongyang (Corée du Nord) puis à Pékin.
Il laisse le trône à son avant-dernier fils, Norodom Sihamoni et prend alors le titre de Roi-Père. Ses activités de monarque, bien que réduites à quelques rares apparitions publiques, continuent au moins jusqu'en 2010. Il vit à Siem Reap ou à Phnom Penh quand il est au Cambodge, mais fait de longs séjours à Pékin pour se faire soigner. Il y est mort le 14 octobre 2012 selon l'Agence Chine Nouvelle.
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