Homme politique, Militaire (Guerre, Histoire, Politique).
Yougoslave, né le 7 mai 1892 et mort le 4 mai 1980
Enterré (où exactement ?).
Josip Broz dit Tito (en alphabet cyrillique, Јосип Броз Тито), né le 7 mai 1892 (25 mai sur son certificat de naissance officiel) officiellement à Kumrovec en Croatie et mort le 4 mai 1980 à Ljubljana, en RS de Slovénie, République fédérative socialiste de Yougoslavie (aujourd'hui en Slovénie), était un homme politique et militaire yougoslave. Agent du Komintern dans l'entre-deux-guerres, puis chef de la résistance communiste en Yougoslavie durant la Seconde Guerre mondiale, il fut ensuite le dirigeant du régime communiste yougoslave, de la fin du conflit mondial jusqu'à sa mort en 1980, avec les titres officiels de président du Conseil exécutif (chef du gouvernement), puis de président de la République (Président à vie à partir de 1974).
Il était également « maréchal de Yougoslavie » (du 29 novembre 1943, à sa mort, en 1980), le grade le plus élevé de l'armée de ce pays, dont il fut le seul titulaire. La Yougoslavie ayant rompu avec l'URSS en 1948, Tito opta pendant la guerre froide pour une position de neutralité et de bonnes relations avec l'Ouest. Il fut, à ce titre, l'un des fondateurs du Mouvement des non-alignés.
Josip Broz est né le 7 mai 1892 à Kumrovec, dans le Zagorje, en Croatie, dans ce qui était alors l'Autriche-Hongrie. Il est le 7 enfant de la famille de Franjo et Marija Broz. Son père, Franjo Broz, était croate alors que sa mère, née Marija Javerek, était slovène.
Après avoir passé une partie de son enfance avec son grand-père maternel à Podsreda, il entre à l'école primaire à Kumrovec qu'il quitte en 1905.
En 1907, il est embauché en tant que machiniste à Sisak.
Sensibilisé au mouvement ouvrier, il célèbre la fête du Travail pour la première fois. En 1910, il rejoint le syndicat des ouvriers de la métallurgie et, en même temps, le parti social-démocrate de Croatie et de Slavonie. Entre 1911 et 1913, il travaille de courtes périodes à Kamnik (Slovénie), Cenkovo (Bohême), Munich et Mannheim (Allemagne) où il est employé par le constructeur automobile Benz. Il se rend ensuite à Wiener Neustadt (Autriche), où il travaille pour Daimler en tant que pilote d'essais. Il y apprend aussi à parler couramment allemand.
Fin 1913, Broz est mobilisé et sert dans l'armée de l'Autriche-Hongrie. En mai 1914, il remporte la médaille d'argent d'un concours d'escrime au sein de l'armée austro-hongroise à Budapest. Il est envoyé à Ruma (Voïvodine). Arrêté pour propagande anti-guerre, il est emprisonné à la forteresse de Petrovaradin près de Novi Sad. En 1915, il est envoyé en Galicie, sur le front de l'est, combattre contre la Russie. En Bucovine, il est gravement blessé par un éclat d'obus. En avril, le bataillon entier est fait prisonnier par les Russes.
Après avoir passé plusieurs mois à l'hôpital, Broz est envoyé dans un camp en Oural fin 1916. En avril 1917, il est arrêté pour avoir organisé des manifestations de prisonniers de guerre. Il s'évade et rejoint les manifestations de Saint-Pétersbourg des 16 et 17 juillet 1917. Il fuit en Finlande pour échapper à la police mais est arrêté et enfermé à la forteresse de Petropavlovsk pendant trois semaines. Après avoir été transféré à Kungur (kraï de Perm), il s'échappe d'un train. En novembre, il s'engage dans l'Armée rouge à Omsk (Sibérie). En 1918, il s'inscrit au Parti communiste russe.
En 1920, il devient membre du Parti communiste de Yougoslavie qui sera bientôt interdit.
Il devient agent clandestin du parti dans son pays natal (entre 1923 et 1928), activités qui lui valurent d'être emprisonné pendant 5 ans (entre 1928 et 1934).
En 1935, il travailla un an dans la section Balkans du Komintern et est élève à l'École internationale Lénine. Il était membre du parti communiste soviétique et du NKVD, la police secrète soviétique, ancêtre du KGB. En 1936, le Komintern envoie le camarade Walter (pseudonyme de Tito) en Yougoslavie pour purger le parti. En 1937, Staline fait exécuter le secrétaire général du parti communiste de Yougoslavie, Milan Gorkić (en), à Moscou. Tito est nommé par Staline secrétaire général du parti communiste de Yougoslavie, toujours hors-la-loi. Selon l'historien Jean-Jacques Marie (Staline, Fayard, 2001), il fut également question à Moscou de liquider Tito, mais Staline s'y opposa et le laissa repartir d'URSS, non sans avoir fait fusiller son épouse.
Pendant cette période, Tito suit la politique du Komintern et soutient Staline, critiquant les démocraties occidentales, l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie. Au moment de la guerre d'Espagne, il est, à Paris, une plaque tournante du recrutement et de l'organisation des Brigades internationales.
Josip Broz adopta le nom de Tito en 1934 alors qu'il était membre du bureau politique du parti, alors à Vienne en Autriche.
Une explication populaire mais non avérée dit que le nom vient de la concaténation de deux mots croates ou serbes ti (c'est-à-dire toi) et to (c'est-à-dire ça). Il aurait utilisé ces mots pour donner des ordres en pointant une personne puis une tâche à accomplir. Tito est aussi un ancien nom croate correspondant à Titus. Le biographe de Tito, Vladimir Dedijer, affirmait que son nom viendrait de l'auteur croate Titu Brezovački.
Après l'invasion de la Yougoslavie par les forces armées allemandes en avril 1941, les communistes sont parmi les premiers à organiser un mouvement de résistance. Le 10 avril, le bureau politique du Parti communiste de Yougoslavie se réunit à Zagreb et décide de commencer la résistance, nommant Tito chef du comité militaire. Contrairement à ses rivaux royalistes, Tito se révèle être un redoutable leader politique et militaire.
Les premières actions anti-fascistes dans l'Europe occupée commencent le 22 juin près de Sisak par l'attaque d'un train de réserve allemand par un groupe de 49 hommes. Le 4 juillet, Tito, en tant que commandant suprême de l'Armée populaire de libération et des détachements de Partisans de Yougoslavie, fait imprimer et diffuser publiquement un plaidoyer pour la résistance armée contre l'occupation nazie. Ses troupes, désignées sous le nom de partisans, sont les protagonistes d'une grande et vigoureuse campagne de guérilla. Et ils commencent à libérer des parties du territoire qui constitue, à partir du 29 novembre 1943, la Fédération démocratique de Yougoslavie, État communiste autoproclamé. Les adversaires sont nombreux : Allemands, Italiens, Oustachis (fascistes croates), Bulgares et Hongrois. Les Partisans entrent également en conflit ouvert avec l'autre principal mouvement de résistance, les Tchetniks (monarchistes serbes) de Draa Mihailović, en raison de leur collaboration avérée avec les autorités collaborationnistes du général Nédic et les forces nazies du Troisième Reich, mais également en raison des massacres inter-ethniques auxquels ils se livraient. À la fin 1943, les partisans reçoivent le soutien matériel des Alliés, aux dépens des Tchetniks. La bonne conduite des partisans tant avec les populations civiles qu'aux combats -où ils résistent victorieusement à 6 offensives de l'Axe- rendent ces derniers très populaires au sein de la population civile.
Après l'expulsion des Allemands de Serbie (Belgrade est libérée avec l'aide de l'Armée rouge en octobre 1944), Tito devient d'abord le chef d'un gouvernement provisoire le 7 mars 1945, avec le représentant monarchiste Ivan ubaić au sein d'un Front national qui regroupe toutes les tendances politiques anti-fascistes : communistes, démocrates, représentants du gouvernement royal en exil. Ce gouvernement de coalition se met d'accord sur la tenue d'élections en novembre 1945 pour se prononcer sur la forme de gouvernement.
Le 28 septembre 1944, Tito avait signé un accord avec l'Union soviétique permettant l'« entrée temporaire de troupes soviétiques sur le territoire yougoslave ».
La présence de l'Armée rouge lui permet de s'imposer face aux monarchistes, et les élections du 11 novembre 1945 se déroulent, alors que le Parti communiste yougoslave (PCY) domine déjà tous les rouages de la vie publique et peut effectuer toutes les pressions nécessaires. Le représentant des démocrates, Milan Grol quitte alors le Front national et son journal est interdit. Un système d'urnes truquées permet de connaître les électeurs non membres du Front national, qui sont emprisonnés peu après. Le Front national alors composé du seul PCY, obtient 91 % des voix.
La nouvelle assemblée constituante nomme Tito Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, ce qui lui permet de diriger les politiques intérieure et extérieure du pays. Tito crée la police politique secrète, l'UDBA (Uprava dravne bezbednosti/sigurnosti/varnosti, Administration pour la Sécurité de l'État) dont le rôle officiel est de traquer les collaborateurs des nazis. Sous le prétexte de collaboration, Tito fait fusiller (17 juillet 1946) son rival, le résistant Draza Mihailovic, commandant des Tchetniks, fidèle au roi et ferme opposant des fascistes comme des communistes. L'assassinat déguisé de cet opposant d'obédience monarchiste, laisse alors le champ libre aux partisans communistes de Tito.
Le roi Pierre II de Yougoslavie est déposé le 29 novembre 1945 et Tito peut fonder la République fédérative populaire de Yougoslavie, qui est proclamée le même jour.
En 1946, une nouvelle Constitution, copie de celle de l'URSS de 1936, consacre le fédéralisme de la Yougoslavie et le pouvoir de Tito. En effet, les deux chambres législatives réunies nomment leur président qui deviendra le chef de l'État. Le gouvernement fédéral est investi du véritable pouvoir.
À l'instar de Staline en URSS, Tito décide de remplir les fonctions de Premier ministre fédéral et de chef du Parti communiste, puis de président de la République à partir de 1953. L'opposition est neutralisée avec sévérité et déclarée illégale.
La Constitution instaure six « Républiques populaires » (devenues « Républiques socialistes » en 1963) : la Bosnie-Herzégovine (capitale Sarajevo), la Croatie (capitale Zagreb), la Macédoine (capitale Skopje), le Monténégro (capitale Titograd), la Serbie (capitale Belgrade) et la Slovénie (capitale Ljubljana).
L'idée de fédéralisme en Yougoslavie datait de la monarchie constitutionnelle mais sans trouver d'application. En 1929, après l'assassinat d'un député croate par un collègue monténégrin, le roi Alexandre avait instauré une dictature royale. En revanche, pour Tito, le fédéralisme est un moyen d'assurer son pouvoir personnel et surtout de prévenir toute guerre fratricide résultant du sentiment de manque d'autonomie de tel où tel peuple yougoslave. En effet, en 1941, les croates et les slovènes de l'armée royale désertent en masse, ne voulant pas mourir pour un régime qui favorise très nettement l'élément serbe de la population yougoslave.
Le but de Tito est résumé par sa phrase : « La Yougoslavie a six républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti ». Tito crée donc un État où toutes les différences sont reconnues. Sur le plan politique, l'idée est de construire un État unifié, et donc plus puissant et souverain : il s'agit d'éviter le morcellement de la région en une myriade de petits États qui subiraient le jeu des grandes puissances comme c'était le cas depuis la seconde moitié du XIX siècle dans les Balkans.
Commencée comme une lutte pour le pouvoir en Yougoslavie, la rupture entre Staline et Tito va permettre à la Yougoslavie un sensible développement économique grâce aux crédits accordés par les États-Unis, intéressés à l'idée d'entretenir une rupture dans le bloc communiste.
L'adhésion de la Yougoslavie titiste au Kominform exige une obéissance absolue de Tito à la ligne fixée par le Kremlin. Or Tito désire rester indépendant des volontés de Staline. Il calcule qu'en jouant sur la concurrence des deux géants, soviétique et américain, il peut obtenir l'indépendance. Cette rupture intervient en plusieurs étapes.
Dès 1945, Tito entre en lutte contre les hommes de Staline placés dans l'administration et le parti communiste yougoslave. Il lutte contre la subordination de sa police, son armée et sa politique extérieure et refuse de voir se créer des sociétés mixtes de production par lesquelles les Soviétiques contrôleraient les branches essentielles de l'économie du pays et réduiraient son pouvoir à sa plus simple expression.
Tito prend des initiatives qui déplaisent aux dirigeants soviétiques : soutien aux communistes grecs dans une insurrection que Staline tient pour une aventure, projet d'une fédération balkanique (qui devait grouper l'ex-Yougoslavie, l'Albanie, la Bulgarie et la Grèce, si les communistes y prenaient le pouvoir).
La rupture entre les deux hommes est inévitable, car Staline, irrité par le prestige de Tito, n'envisage pas de partager l'autorité et il craint que son esprit d'indépendance ne devienne contagieux dans les démocraties populaires.
En mars 1948, Staline rappelle tous ses conseillers militaires et ses spécialistes civils basés en Yougoslavie. Cependant, Staline commet une erreur politique car il débarrasse Tito d'autant d'opposants internes. Peu après, une lettre du Comité central soviétique critiquant les décisions du PC yougoslave tente d'y semer la discorde. Mais Tito n'a plus que des fidèles autour de lui et les fidèles à Moscou sont exclus du Comité central puis arrêtés.
Le Kremlin tente alors un dernier recours en portant l'affaire devant le Kominform. Mais Tito refuse, se sentant « inégal en droits » et « déjugé par les autres partis frères ». Le Kominform considère cet acte comme une trahison.
Le 28 juin 1948, le Kominform publie une résolution condamnant l'attitude yougoslave. En excluant la Yougoslavie du Kominform, Staline espère ainsi provoquer un recul des Yougoslaves. C'est un échec : le PC yougoslave, épuré des kominformistes, élit un nouveau Comité central totalement dévoué à Tito.
Très intéressés par ces tensions au sein du bloc communiste, les États-Unis apportent un soutien discret à Tito lors de cette crise, lui demandant, en échange, de retirer ses partisans communistes de Grèce et de cesser d'aider les communistes grecs. En contrepartie, les États-Unis font savoir à Staline qu'il ne doit pas toucher à la Yougoslavie. À noter qu'au moment de cette crise balkanique, l'URSS ne possède pas encore la bombe atomique qui aurait été une menace de poids.
Staline tente alors la pression économique. Il réduit de 90 % les exportations de l'URSS vers la Yougoslavie et oblige les démocraties populaires à faire de même. Ce blocus économique incite Tito à augmenter ses échanges avec le bloc occidental. Il reçoit des crédits américains via le plan Marshall mais reste néanmoins toujours fidèle au socialisme.
En 1949, Tito crée le camp de Goli Otok où il enferme les communistes staliniens bientôt rejoints par les autres opposants.
La dictature se caractérise par l'absence de pluralisme politique et d'alternance au pouvoir : comme seul le Parti communiste est autorisé et que Tito en est le chef, il gouverne sans interruption de 1945 à sa mort en 1980, à 88 ans. Dix ans après sa mort, la Yougoslavie voit renaître de manière sanglante des tensions inter-ethniques entre ses peuples, dans un pays créé par les traités de l'après Première Guerre mondiale.
Les opposants au régime sont des monarchistes, des indépendantistes ou autonomistes des différentes nationalités qui composent la Yougoslavie, des communistes staliniens, les fascistes, parmi lesquels notamment l'influente diaspora oustachi qui intriguera sans relâche pour détruire la fédération. Les camps de Goli Otok et de Sveti Grgur sont les lieux de détentions du régime pour les opposants. Plusieurs épisodes de répression dans l'histoire yougoslave sont à retenir :
Stepinac : En 1946, Tito fait condamner l'encombrant et fascisant cardinal Stepinac à 16 ans de prison pour collaboration en raison de son opposition à la création d'une Église catholique en Yougoslavie, séparée de Rome.
Des opposants communistes comme Panko Brashnarov et Pavel Shatev sont arrêtés en 1950. Accusés de collusion avec la Bulgarie et de déviation sécessionniste, ils demandaient davantage de droits pour les Macédoniens. Shatev meurt de faim à Goli Otok.
Des militants pour plus de droits ethniques comme Metodi Antonov Chento qui demandait des droits pour la minorité bulgare de Macédoine et qui est condamné en 1950 à cinq ans de prison pour y être « rééduqué » ; Valentin Logar, linguiste slovène, professeur d'université (auteur de Dialectes slovènes, Slovenska narečja et Karta slovenskih narečij, Cartes de dialectes slovènes) est arrêté et envoyé à Goli Otok puis dans les mines en Bosnie.
Le printemps croate : en 1967, paraît un manifeste qui demande la reconnaissance de la langue croate. En 1971, sous la direction de Drazen Budisa, les Croates demandent plus de liberté et la reconnaissance de leur culture. La dure répression est marquée par 2 000 arrestations car Tito déclare qu'il s'agit d'une tentative d'inspiration oustachi, ce qui n'est pas faux, la diaspora oustachi essayant de détourner à son profit le mouvement pacifique des Croates.
Cependant le gouvernement est obligé de réagir au cours des événements et le 16 mai 1974, une nouvelle constitution renforce le fédéralisme en cédant davantage de droits aux peuples constituant la Yougoslavie mais elle nomme Tito, alors âgé de 82 ans, président à vie, officialisant une situation de fait datant de 1946.
En 1945, une première loi prise dans le cadre de la politique de reconstruction oblige les paysans à livrer une partie de leurs récoltes à l'État. Jusqu'à 20 % des récoltes pour les paysans ayant 2 à 3 hectares, de 15 à 55 % pour ceux ayant de 3 à 10 hectares et jusqu'à 85 % pour ceux ayant jusqu'à 10 hectares. Les quantités à livrer sont fixées à l'avance et ne correspondent pas forcément à ce que peuvent livrer les paysans tout en continuant de pouvoir vivre. Ces mesures entraînent une baisse de la productivité agricole ; le gouvernement parle de sabotage et après une politique d'intimidation et de violences, 30 000 paysans sont arrêtés par la police politique en 1948, entame la collectivisation des terres par l'établissement de coopératives agricoles de type soviétique : les coopératives paysannes du travail (SRZ) dont l'adhésion est officiellement volontaire mais obligatoire dans les faits pour survivre car ces coopératives possèdent les outils. La réforme ne résout pas la crise agricole mais l'aggrave.
En 1952, la vente obligatoire à l'État est suspendue, l'année suivante les coopératives paysannes du travail (SRZ) sont supprimées sous couvert de réorganisation du système. Une loi met fin à la collectivisation forcée mais limite la propriété paysanne.
Auto-proclamé maréchal de Yougoslavie, Tito s'accroche au pouvoir jusqu'à l'âge de 87 ans. Les journaux yougoslaves publient couramment ses photos dans toutes les activités de la vie quotidienne comme l'accueil des personnalités du monde entiers (telles Elisabeth Taylor, Nehru, Neil Amstrong, Kirk Douglas, etc.), les municipalités se plaisent à inaugurer des statues à son effigie, plusieurs localités sont baptisées de son nom. Tito fait coïncider le jour de son anniversaire avec celui de la fête nationale et en 1974, la nouvelle constitution déclare dans son article 333 que c'est « en raison de son rôle historique dans la libération nationale » que Tito est nommé président à vie. Sans limitation de durée, il cumule les mandats.
En 1978, Tito déclare que sa succession sera une présidence collective au sein du Parti ce qui laisse une libéralisation toujours plus effective de la fédération.
Tito s'appuie d'abord sur les Serbes qui sont les plus unionistes des Yougoslaves, face aux tendances autonomistes des Slovènes et des Croates. L'influence des Serbes culmine dans les années soixante avec la nouvelle Constitution de 1963.
Cette Constitution voit les Musulmans reconnus comme nationalité. Auparavant, les Yougoslaves de culture musulmane se déclaraient alors comme Croates, comme Serbes, ou comme nationalité « autre » ou « Yougoslave ».
La nouvelle Constitution crée également le poste de vice-président fédéral au profit d'Aleksandar Ranković, Serbe très en vue, également chef des services secrets. Il devient ainsi le n°2 du régime et semble à tous l'héritier d'un Tito vieillissant. Mais au cours de l'été de 1966, les non-Serbes de la direction de la Ligue des communistes le privent de sa charge de chef des services secrets et de sa fonction de vice-président.
Sa politique de rupture avec l'URSS suscite l'intérêt des pays occidentaux qui y voient un moyen d'affaiblir le monde communiste.
Tito remet en cause la direction unique du monde socialiste par l'URSS et ouvre la voie à l'idée d'un socialisme national. Avec la déstalinisation lancée en URSS sous l'impulsion de Nikita Khrouchtchev et la volonté de ce dernier de repenser les relations nationales, s'opère la normalisation des rapports soviéto-yougoslaves.
À la suite de la conférence de Bandung en 1955, Tito se rapproche de Nehru et de Nasser, qu'il rencontre à nouveau à la conférence de Brioni en 1956. Il devient ainsi l'un des principaux représentants du mouvement des non-alignés, créé en 1961 lors de la conférence de Belgrade. Cette politique de non alignement montre bien la volonté de la Yougoslavie de renvoyer dos à dos le modèle américain et soviétique. En effet, pour Tito, les non alignés sont le regroupement des pays qui n'avaient rien à gagner dans le conflit entre les U.S.A et l'U.R.S.S. Entre 1955 et 1980, la diplomatie yougoslave est très active surtout parmi les nouveaux pays afin de rallier le plus grand nombre de dirigeants à sa cause. Ainsi, le premier sommet des non alignés est organisé à Belgrade, sommet durant lequel participe le gouvernement provisoire algérien et que la Yougoslavie ainsi que le Ghana et le Cambodge reconnaissent de jure. Ce sommet consolide la notoriété déjà très forte du maréchal Tito : ayant été un des plus farouche résistant à Hitler dans l'Europe occupée par les nazis, étant l'homme qui a osé dire non à Staline, Tito se positionne après 1950, comme l'homme voulant combattre le colonialisme, et promouvoir l'égalité entre les pays. À partir de 1970, sous l'impulsion de la diplomatie yougoslave, les sommets des pays non alignés vont s'institutionnaliser : Lusaka 1970, Alger 1973, Colombo 1976, La Havane 1979 pour ceux du vivant de Tito. La Yougoslavie prête alors son savoir-faire ainsi que les équipements nécessaires au bon déroulement des conférences. Mais bien plus que cela, le pays se pose en champion du défenseur de l'égalité entre les peuples et de l'égalité politique entre les pays. La Yougoslavie n'a pas entretenu de relations diplomatiques avec des pays comme le Portugal jusqu'en 1974, l'Espagne jusqu'en 1975 ou l'Afrique du Sud à cause de son régime d'apartheid. En 1967, lors de la guerre des Six Jours, guerre préventive qu'Israël mena contre plusieurs adversaires en même temps, Tito rompt les relations diplomatiques avec Tel Aviv, en raison de ses amitiés dans le monde arabe. Il rejoint ici la politique des pays du pacte de Varsovie-Roumanie excepté.
Le 1 janvier 1967, la Yougoslavie est le premier pays communiste à ouvrir ses frontières à tous les visiteurs étrangers. Les citoyens yougoslaves en plus de cela ont un droit intégral à voyager à travers le pays et le monde, sans quelques entraves que ce soit. Tito critique violemment l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie en 1968, ce qui lui permet d'améliorer son image dans les pays occidentaux. Toutefois, la politique d'entente avec l'URSS initiée par Khrouchtchev en 1955 n'est pas remise en cause et Léonid Brejnev se rendra aux obsèques du maréchal en mai 1980.
À l'âge de 87 ans, Tito doit se faire hospitaliser au centre médical de Ljubljana en janvier 1980, pour une thrombose à la jambe gauche. L'amputation ne suffit pas ; il meurt le 4 mai. Tito est honoré par des funérailles nationales, auxquelles assistent de nombreuses têtes couronnées et responsables politiques, dont Indira Gandhi, Margaret Thatcher, Willy Brandt ou Léonid Brejnev, avec au total 209 délégations de 127 pays, ce qui constitue un cas unique dans l'histoire. Toutefois le président des États-Unis, Jimmy Carter, refuse de s'y rendre, dans le seul but de ne pas rencontrer son homologue soviétique à qui il ne pardonnait pas l'intervention en Afghanistan de décembre 1979. Tito repose aujourd'hui dans un mausolée (« Kuća Cveća » ou la « Maison des fleurs ») situé dans les faubourgs sud de Belgrade, à côté du musée du 25 mai, où sont exposés les cadeaux qu'il a reçus. C'est encore aujourd'hui le lieu de Serbie le plus visité par les touristes du monde entier.
La postérité laissée par Tito est assez conséquente. La Yougoslavie exerçait pleinement sa souveraineté (un exemple : les navires et avions militaires aussi bien du pacte de Varsovie que de l'OTAN devaient demander une autorisation spéciale pour pénétrer en mer Adriatique); et jouissait d'un grand prestige, notamment au sein des pays du tiers-monde où la politique des non alignés faisait apparaître pour la première fois un traitement diplomatique et économique d'égal à égal avec les pays tiers-mondiste. Tito, en tant que symbole de la lutte contre le nazisme et le fascisme disposait d'une grande aura. Le culte à la personne est encore présent.
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Un sentiment de « yougonostalgie » s'est développé rapidement après la chute du pays. Au XXIe siècle, la plupart des personnes ayant vécu dans le pays sont nostalgiques de la stabilité sociale, de la possibilité de voyager librement, du niveau d'éducation et du système de protection sociale qui existaient en Yougoslavie.
Il est badass, il a tenu tête à Staline et à Hitler tellement il s'en battait les couilles le gars il a butté tous les assassins envoyés par Staline. Du coup il mérite le paradis :)