Allemand, né le 24 mars 1927 et mort le 28 juillet 2023
Enterré (où exactement ?).
Martin Walser, né le 24 mars 1927 à Wasserburg (Bavière) et mort le 28 juillet 2023 à Überlingen (Bade-Wurtemberg), est un écrivain allemand. Il est connu par sa description des conflits intérieurs de l'anti-héros. Il passe, au même titre que Günter Grass et Heinrich Böll, pour l'un des grands romanciers allemands post Seconde Guerre mondiale, même s'il n'a jamais atteint la notoriété internationale de ces deux derniers. Il s’affirme comme le maître de la description des microcosmes petits-bourgeois, dont il est lui-même issu.
Ses parents s'occupaient d'une auberge à Wasserburg. Le milieu de son enfance est décrit dans le roman Ein springender Brunnen.
De 1938 à 1943, il va à l'école à Lindau et est enrôlé comme aide à la défense anti-aérienne.
Selon des documents du fichier central du Parti nazi, il aurait adhéré à ce dernier le 30 janvier 1944.
Il vit la fin de la guerre comme soldat dans la Wehrmacht. Après la guerre il passe le baccalauréat à Lindau puis étudie la littérature, l'histoire et la philosophie à Ratisbonne et à Tübingen.
Il obtient en 1950 un doctorat (promotion Friedrich Beißner) avec une thèse sur Franz Kafka (Beschreibung einer Form) (ISBN 3-518-38391-4).
Pendant ses études il travaille comme reporter pour la Süddeutscher Rundfunk (SDR) et écrit des Hörspiele (pièces radiophoniques). En 1950, il épouse Katharina « Käthe » Neuner-Jehle, avec qui il a quatre filles : Franziska, Alissa, Johanna et Theresia.
À partir de 1953 Walser est régulièrement invité aux réunions du Groupe 47 qui le distingue en 1955 pour le récit "Templones Ende".
Son premier roman, Ehen in Philippsburg, paraît en 1957 et connaît un grand succès. À partir de ce moment, Martin Walser vit de sa plume avec sa famille près du lac de Constance.
Dans les années 1960, Martin Walser se prononce comme beaucoup d'autres intellectuels allemands pour le vote en faveur de Willy Brandt au poste de chancelier fédéral. Il s'engage contre la guerre du Viêt Nam et est dans les années 1970 sympathisant du Parti communiste allemand (DKP) dont il ne sera cependant jamais membre.
Sa mise à l'écart par les intellectuels de gauche, alors même que Martin Walser a longtemps été considéré comme un des leurs, devient protestation véhémente, lorsque, à l'occasion de la remise du Prix de la paix des libraires allemands le 11 octobre 1998 dans l'église Saint-Paul de Francfort, il prononce un discours dans lequel il rejette l'« instrumentalisation de l'Holocauste ». Le temps est venu, selon lui, de « tourner la page d’Auschwitz ». Les explications orales compliquées de Walser peuvent être interprétées ainsi : il se sent profondément touché par les crimes nazis, mais, selon lui, la répétition constante des représentations de ces crimes en banalise l'horreur. C'est pourquoi il s'oppose à la « remise à neuf » répétée des camps de concentration. Dans un débat particulièrement animé, Ignatz Bubis réplique à ces critiques qu'elles ouvrent la voie à la banalisation voire au négationnisme des crimes nazis puisque les véritables révisionnistes, qui se focalisent sur ce thème explosif, pourraient désormais s'appuyer sur lui. Walser leur répond qu'il ne s'attendait pas à une instrumentalisation politique de son opinion personnelle et qu'il n'avait exprimé que des sentiments par essence subjectifs. Il ajoute que si tout est interprété à l'aune de l'Holocauste, l'écriture n'est plus qu'« un slalom au milieu du politiquement correct ».
En 2002, dans Mort d'un critique, Martin Walser s'attaque violemment au critique littéraire le plus puissant d'Allemagne, Marcel Reich-Ranicki, juif rescapé du ghetto de Varsovie. Il s'ensuit un scandale où se mêlent accusations d'antisémitisme, une guerre entre journaux et un bras de fer entre deux personnalités. Un écrivain, à plus forte raison membre du Parti nazi, a-t-il le droit de s'attaquer au critique le plus célèbre d'Allemagne, ancien chef de la section culturelle du plus prestigieux quotidien, animateur d'une émission littéraire à la télévision, allemand depuis un demi-siècle ? Dès sa sortie, le roman défraie la chronique. Il ne se passe pas un jour sans que les pages culturelles des journaux ne prennent position pour ou contre le livre. Sans même d'ailleurs qu'il ait été lu puisqu'il existait seulement quelques exemplaires des épreuves. Martin Walser s'est-il laissé aller à utiliser des clichés antisémites en mettant en scène, sous le nom transparent d'André Ehrl-König, Marcel Reich-Ranicki ? Oui, a répondu sans hésitation Frank Schirrmacher, chef de la section culturelle du Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), qui a déclenché la polémique. Le 29 mai – alors que la sortie du livre n'était prévue que pour la fin août – Frank Schirrmacher envoie une lettre ouverte à Martin Walser pour l'informer que, contrairement à la tradition, ce livre ne sera pas publié en feuilleton dans la FAZ, à cause des « clichés antisémites » qu'il contiendrait : « Ce roman est une exécution, un règlement de comptes, un document de haine », écrit-il. Commence alors une bataille d'Hernani à l'allemande. Le FAZ multiplie les témoignages de soutien à Marcel Reich-Ranicki, prédécesseur de Schirrmacher au FAZ. Les journalistes du quotidien concurrent, le Süddeutsche Zeitung de Munich, font corps derrière Walser, tant pour des raisons honorables – les journalistes de ce journal libéral ne décèlent aucun relent d'antisémitisme dans Mort d'un critique – que pour des raisons plus prosaïques : plusieurs d'en eux ayant quitté peu avant le FAZ pour le Süddeutsche, ils sont les agents d'une compétition féroce entre les deux journaux.
Martin Walser est mort le vendredi 28 juillet 2023, à l'âge de 96 ans, à Überlingen (Allemagne, en Bade-Wurtemberg).
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