Homme d'état, Président (Politique).
Enterré (où exactement ?).
Juvénal Habyarimana (8 mars 1937 - 6 avril 1994) fut le président de la République rwandaise de 1973 jusqu'à son assassinat en 1994. Juvénal Habyarimana a épousé Agathe Kanziga.
Juvénal Habyarimana est originaire du nord-ouest du Rwanda.
Militaire de carrière, il exerce différents commandements très tôt après l'indépendance. Il est ainsi le premier chef d'état-major non-belge de la garde nationale en remplacement du lieutenant-colonel Vanderstraeten.
Ministre de la Défense pendant la présidence de Grégoire Kayibanda, dont le fils était son filleul, Juvénal Habyarimana dirige un coup d'État et prend le pouvoir le 5 juillet 1973. Ce coup d'État intervient dans un contexte très troublé : le président Kayibanda est de plus en plus contesté, cependant que le massacre des élites hutues au Burundi, en 1972, réveille des angoisses au Rwanda. Le gouvernement de Kayibanda tente de renforcer son assise dans la population en lançant de violentes campagnes contre les Tutsis dans les établissements scolaires et l'administration. Selon Bernard Lugan, « le coup d'État militaire de juillet 1973 a stoppé un processus qui aurait pu évoluer vers des massacres généralisés et une guerre civile interne aux Hutu. » Selon l'ancien ministre de la Défense (1992-1993) James Gasana, « l'élite tutsi va se solidariser avec le coup du 5 juillet 1973 », car se sent « vengée » par le renversement et l'incarcération de son oppresseur.
Grégoire Kayibanda était né au sud du Rwanda. Même si ces deux présidents se reconnaissaient comme Hutus, les populations des deux régions avaient peu de sympathies mutuelles. Juvénal Habyarimana le laissa mourir en prison, ainsi que plusieurs membres du gouvernement renversé.
Marqué, comme son prédécesseur, par l'institutionalisation des catégories administratives ethnistes lors de la colonisation belge, il favorisera les Hutus, dont il était issu, pendant les vingt années de sa présidence, et soutiendra la majorité hutue du Burundi contre le gouvernement tutsi, avant que le pouvoir ne revienne, dans ce pays voisin du sud, aux partis hutus en 1993. Habyarimana, introduit des quotas ethniques dans l'administration et l'enseignement pour limiter le poids des Tutsis. L'historien Jean-Pierre Chrétien va jusqu'à parler de « nazisme tropical » pour caractériser le régime Habyarimana. Des auteurs, comme Gauthier De Villers, ont jugé qu'une telle dénomination n'avait « guère de sens », ou d'autres, comme Pierre Péan, qu'elle relevait de la manipulation pro-FPR.
L'ancien premier ministre (juillet 1994-août 1995) rwandais Faustin Twagiramungu a indiqué que « jamais le président Habyarimana n'avait été accusé par l'opposition démocratique (dont Twagiramungu était l'un des meneurs) d'être l'ennemi des Tutsis. On disait même au contraire que le coup d'État qu'il avait perpétré les avait favorisés, et qu'en tout état de cause, il leur avait ouvert le secteur privé où ils étaient devenus prospères ». James Gasana, le ministre de la Défense de J. Habyarimana, désormais installé en Suisse, nuance et précise que les quotas régionaux et ethniques ont en tout cas favorisé les Tutsis par rapport aux Hutus du sud, soutiens du président Kayinbanda jusqu'à la fin des années 1960 - alors que Habyarimana vient du nord.
Le juriste et politologue belge Filip Reyntjens note quant à lui qu'« entre la prise de pouvoir par le général Habyarimana et le début de la guerre en octobre 1990, aucune violence à caractère ethnique n'a été déplorée » et que « même si elle était loin d'être parfaite, la situation des droits de l'homme contrastait favorablement avec celle prévalant ailleurs en Afrique » dans les années 1970 et 1980. Dès la première édition de son ouvrage sur le génocide au Rwanda, Gérard Prunier propose des analyses comparables : « L'un dans l'autre, les Tutsis n'avaient pas la vie facile étant donné qu'ils étaient victimes d'une discrimination institutionnelle, mais dans la vie quotidienne, la situation restait tolérable. En comparaison avec les années Kayibanda, les choses s'étaient améliorées au point même que certains hommes d'affaires tutsis réputés avaient fait fortune et étaient en très bons termes avec le régime. L'accord tacite était « Ne vous mêlez pas de politique, c'est la prérogative des Hutus ». Tant que les Tutsis respectaient ce principe, on les laissait généralement en paix. [...] Le système, bien qu'autoritaire, était quelque peu débonnaire et il fonctionnait sur le plan économique. »
Un des arguments qui rendirent le régime Habyarimana très populaire auprès des organisations non gouvernementales jusqu'en 1990, était en effet sa stabilité et sa relative prospérité.
Au début des années 1990, la rébellion armée tutsie du Front patriotique rwandais, intégrant dans ses rangs les démocrates hutus opposants à Juvénal Habyarimana, mène des actions militaires contre le gouvernement rwandais. Après avoir franchi la frontière ougando-rwandaise en masse le 1er octobre 1990, l'avancée se poursuit jusqu'à Gabiro (à 90 km de Kigali), mais suite aux contre-attaques meurtrières de l'armée rwandaise et à l'engagement des forces françaises de l'opération Noroït, le FPR ne peut progresser plus loin. Il poursuit des actions de guérilla pour maintenir son contrôle sur une partie du territoire rwandais. Au moins le Zaïre et la Belgique ont en 90 et jusqu'en 91 (pour les Belges) eux aussi aidé l'armée d'Habyarimana contre le FPR.
Suite au discours de La Baule du président François Mitterrand en 1990, Habyarimana annonce une libéralisation et une démocratisation du régime. En 1991, une nouvelle constitution, garantissant le multipartisme et les libertés publiques, est adoptée. À partir de 1992, le gouvernement est dirigé par un membre de l'opposition.
Selon Colette Braekmann, Pascal Krop et Gérard Prunier, le président François Mitterrand entretint une relation particulière avec Habyarimana, de même que leurs fils respectifs Jean-Pierre Habyarimana et Jean-Christophe Mitterrand, responsable de la cellule africaine à l'Elysée, que les Rwandais, comme d'autres Africains, appelaient « papa m'a dit» . L'ancien premier ministre Faustin Twagiramungu, a pour sa part jugé que ces relations n'avaient jamais été particulières. Selon les notes rédigées par J.-Ch. Mitterrand et consultées par Pierre Péan, le conseiller et fils du président était réservé et dénué d'enthousiasme sur l'intervention française au Rwanda. Dans une note du 16 octobre 1990, il juge « impossible » une intervention directe, se prononce pour « des livraisons minimum » de munitions et d'armes, et juge que cette aide « permettrait à la France de demander avec force le respect des droits de l'homme et une ouverture démocratique, une fois le calme revenu ».
Dans la soirée du 6 avril 1994, le président Habyarimana, le président Cyprien Ntaryamira du Burundi, ainsi que plusieurs hauts responsables du Rwanda et du Burundi, sont tués à bord de l'avion qui les ramène de Tanzanie, où ils avaient participé à un sommet consacré aux crises burundaise et rwandaise. Leur Falcon 50 avait amorcé sa phase d'atterrissage sur l'aéroport de Kigali, lorsqu'il a été frappé par un tir de missile sol-air. Le lendemain, les extrémistes hutu ont éliminé les éléments modérés du gouvernement, avant d'exterminer les populations civiles tutsi ainsi que les hutu qui s'opposaient au génocide.
Les circonstances exactes et les responsabilités de cet attentat ont fait l'objet de vives controverses. Selon la première théorie, l'attentat aurait eu lieu sur ordre de Paul Kagamé, chef du FPR, selon la seconde, il aurait été perpétré par des extrémistes hutus voulant faire capoter les accords d'Arusha.
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