Aviateur, Homme d'affaire, Industriel, Inventeur (Histoire, Invention, Science).
Enterré (où exactement ?).
Leur père, Pierre, est papetier comme son père et son grand-père, ce qui est une tradition dans la famille qui remonte au XIVe siècle. Le moulin est installé à Viladon-lès-Annonay, petit bourg de l'Ardèche situé non loin du Rhône à 75 kilomètres au sud de Lyon. La papeterie a une réputation européenne. Joseph est né le 26 août 1740 à Viladon-lès-Annonay. C'est le douzième enfant de Pierre. Curieux et inventif, il n'est pourtant pas un très bon élève, ne se faisant pas à la discipline de l'époque. Il s'intéresse néanmoins aux sciences physiques et naturelles. Une fois ses études terminées, ne voulant pas intégrer la papeterie familiale, il va monter un laboratoire de chimie, puis faire un séjour à Paris assez bref pour revenir à Villadon travailler à la papeterie. Avec son frère Augustin, il fonde une papeterie à Rives où il essaye d'améliorer les techniques papetières de l'époque.
Étienne est né le 6 janvier 1745 également à Viladon-lès-Annonay, c'est le quinzième. Il est assez différent de Joseph. Il réussit mieux à l'école et il étudie l'architecture à Paris. Il travaille sous la direction de l'architecte Germain Soufflot. C'est ainsi qu'il réalisera des bâtiments pour la papeterie de Jean-Baptiste Reveillon que l'on retrouvera plus loin dans l'histoire. Mais en 1772, le frère aîné des Montgolfier, Raymond décède et son père le rappellent au pays pour prendre en charge la papeterie.
En 1774, Pierre laisse la responsabilité de l'entreprise à Étienne et nomme Joseph responsable technique des ateliers de la papeterie Montgolfier. En 1777, Étienne met au point le premier papier vélin français. En 1780, Joseph s'installe à Avignon qui à cette époque ne faisait pas partie de la France, mais dépendait du Pape. De nombreuses imprimeries y étaient installés pour éviter la censure française et pour ne pas payer les droits sur des copies d'ouvrages.
Joseph en profite pour passer son baccalauréat et une licence de droits, qu'il a en 1782, à 42 ans. La papeterie compte à peu près à cette époque trois cents ouvriers, ce qui est un effectif important et, les affaires marchent bien.
La découverte de l'hydrogène par Henry Cavendish datait de 1766. Il découvre ainsi que « l'air inflammable » est un gaz 11 à 12 fois moins dense que l'air. En 1782, les frères Montgolfier avaient fait des expériences en produisant de l'hydrogène, en versant du vitriol sur de la ferraille, et en tentant de l'enfermer dans des sacs en papier. Mais sans succès.
Cela serait en jetant un papier dans la cheminée que Joseph s'aperçoit que ce dernier est aspiré, ou alors en voyant monter la fumée dans la cheminée, les sources ne sont pas sûres. En novembre 1782, alors que celui-ci est à Avignon, il fait une première expérience avec une chemise fermée, puis avec un « cube » de taffetas de soie d'un mètre cube environ qu'il arriva à faire monter au plafond de son logement.
En décembre, les deux frères sont réunis à Annonay, et la même expérience est refaite : une enveloppe cubique d'un mètre cube gonflée par un feu de laine et de paille mouillée s'envole à une trentaine de mètres d'altitude. Le feu produisait une épaisse fumée, car ils pensaient par analogie aux nuages que c'était la fumée la responsable de l'élévation.
Le 14 décembre 1782, ils gonflent avec de l'air chaud une sphère de 3 m³ qui parvient à s'envoler elle aussi. Ils décident donc de faire un ballon plus gros, d'une douzaine de mètres de diamètre. Ils utilisent de la toile en coton qu'ils doublent avec des feuilles de papier mince, découpée en fuseaux assemblées ensuite entre-eux. Le poids du ballon était de 225 kg pour 800 m³. Le ballon est prêt en avril 1783 et quelques essais captifs sont réalisés. Le 25, le ballon est lâché et il monte à une hauteur estimée de 400 mètres.
Le 4 juin 1783, c'est avec ce ballon qu'ils font une démonstration aux États particuliers du Vivarais. Il se serait élévé ce jour-là à 1 000 mètres et se posa 10 minutes après l'envol à 2 kilomètres. Les députés firent un rapport pour l'Académie des sciences de Paris. Les deux frères songèrent à se faire connaître à Versailles pour obtenir des financements. Tous leurs essais avaient été payés jusqu'alors sur leurs fonds propres.
L'information de l'expérience du 4 juin est très vite arrivée à Paris. L'Académie des sciences forma une commission pour réaliser une démonstration à Paris en participant aux frais. C'est Étienne seul qui va se rendre à l'invitation.
Joseph et Étienne après avoir hésiter à réemployer le ballon d'Annonay, décidèrent de construire pour cette expérience un nouveau ballon d'une plus grande taille, 1 000 m³ environ et 450 kg. Le textile de base de l'enveloppe fut encore de la toile de coton encollée sur ses deux faces avec du papier. Il était formé de 24 fuseaux qui lui donnait une allure biconique assez allongée de 24 mètres de haut.
Barthélemy Faujas de Saint-Fond, qui avait lancé une souscription pour l'expérience du ballon à gaz de Jacques Charles, qui se déroula le 27 août 1783, en lança une nouvelle pour les Montgolfiers. Étienne s'installe à la papeterie de son ami et ancien client Jean-Baptiste Reveillon, la Manufacture royale des papiers peints. Il faudra deux mois pour assembler le ballon cousu à la main. Dans l'équipe, on notera également le genevois Ami Argand, spécialiste des phénomènes de combustion.
Le premier essai captif aura lieu le 11 septembre 1783 dans le parc de l'usine Reveillon. La Comission académique vint assister le lendemain à une deuxième expérience toujours avec le ballon captif. L'enveloppe détrempée à cause de la pluie de la veille se déchire. La commission ne considère pas que c'est un échec et fixe la démonstration devant le roi au 19 septembre, soit une semaine après.
Le ballon n'est malheureusement pas réutilisable. Un nouveau ballon est reconstruit en 5 jours. Et celui-ci fait 1 400 m³, il est néanmoins moins haut, 19 m, moins lourd, 400 kg et un peu plus sphérique. Il sera essayé en vol captif le 18. Il est nommé Le Reveillon.
Le 19 septembre 1783, c'est donc à Versailles devant Louis XVI qu'à lieu la démonstration avec un mouton, un canard et un coq comme passagers. Ils furent enfermés dans un panier rond en osier accroché par une corde au ballon. Une fois laché, celui-ci monta à une hauteur estimée de 500 mètres. Handicapé par une déchirure causée au départ, le ballon volera huit minutes et parcourera trois kilomètres cinq cents.
À l'atterrissage, Jean-François Pilâtre de Rozier est accouru. Les animaux sont vivants et bien portants. Le mouton finira ces jours à la Ménagerie royale en guise de récompense. L'expérience est un succès : il est possible d'emporter une charge conséquente et on peut survivre au séjour en altitude. L'étape suivante était le vol habité...
Étienne se mit donc à dessiner un nouveau ballon, d'une taille permettant l'emport de deux personnes. Il fallait également un autre système qu'un panier fermé accroché par une corde et il pensa à une plateforme circulaire encerclant le foyer.
Ascension captive du 19 oct. 1783Inspiré du ballon précédent, il avait une forme ovoïde, 13 mètres de diamètre, 21 mètres de haut pour un volume de 2 200 m³ et 500 kg. Elle fut également décoré du chiffre du roi sur fond bleu, plus des signes du zodiaque, des fleurs de lys, etc. Il fut terminé dans les environs du 8 octobre.
Le 12, les essais captifs ont commencé. Malgré l'interdiction de son père, Étienne fit son baptême de l'air à cette date. Apparemment c'est la seule fois qu'il « vola. » Jean-François Pilâtre de Rozier fut choisi pour les essais suivants, le 15 et le 17. La méthode de chauffage change, la paille sèche est utilisée qui produit moins de fumée mais est plus efficace. Pilâtre commence à bien manier la ballon, maniement qui consiste à alimenter le feu du foyer avec de la paille pour contrôler la montée ou la descente du ballon.
Il faut un équipier, après l'essai d'André Giroud de Villette, c'est François Laurent Marquis d'Arlandes qui sera choisi. Plaque commémorative de l'évènementTout est prêt mais il manque l'autorisation du Roi. Il préfererait proposer la vie à deux condamnés à mort volontaires pour l'expérience, mais finalement se laisse fléchir.
Le vol avec humain aura lieu le 21 novembre 1783, avec Jean-François Pilâtre de Rozier et le Marquis d'Arlandes. Le « lâcher tout » est donné du château de la Muette à Paris, à la lisière du Bois de Boulogne. La ballon qui pèse dans les 850 kg s'élève sans problème. Il file vers Paris, et c'est au dessus des Tuileries qu'ils atteignent leur altitude maximale : 1 000 mètres. Puis ils commencent à perdre de l'altitude en quittant Paris par la barrière d'Italie. Ils atterrirent sur la Butte aux Cailles, aujourd'hui place Verlaine, dans le XIIIe arrondissement. La distance parcourue fut de neuf kilomètres, en vinq-cinq minutes. Le feu fut alimenté uniquement par le marquis guidé par Pilâtre qui avait cassé sa fourche.
Le 10 décembre 1783, Joseph et Étienne furent nommés membres correspondants de l'Académie des sciences à titre exceptionnel. Le père Pierre reçut des titres de noblesse et sa papeterie devint Manufacture royale, le 15 avril 1784. Les deux frères eurent donc le titre de chevalier, leur devise étant sic itur ad astra, « nous irons ainsi jusqu'aux astres ».
Pendant qu'Étienne était à Paris, Joseph était lui à Lyon pour des raisons professionnelles. Les deux frères correspondaient par courrier, ce qui incita probablement Joseph à tenter des expériences également de son côté. Il fabriqua un petit aérostat en papier à la demande de Jacques de Flesselles, intendant de Lyon (équivalent à l'époque de préfet). Ce petit ballon fut lancé le 31 octobre 1783. Il était équipé d'un petit brûleur grillagé alimenté avec du papier froissé imbibé d'huile d'olive.
Un second ballon fut construit, plus important, 340 m³, fait de papier rouge, fut chauffé à la paille puis entretenu avec le même système de réchaud grillagé. Il fut laché à la tombée de la nuit du 18 novembre, ce qui donna un spectacle assez inattendu, d'autant plus qu'il était équipé de deux feux d'artifices qui se déclenchèrent en altitude.
Joseph voulait construire un énorme ballon, pour pouvoir couvrir de longues distances, de Lyon à Paris par exemple. Le succès de ses premières expériences lui permirent d'ouvrir une souscription. Un ballon de 23 270 m³, un des plus grands jamais construit et, d'un poids de sept tonnes, capable d'emmener sept personnes, fut mis en chantier. La construction fut assuré par un ami de Joseph, un dénommé Fontaine, avec sous ses ordres 150 tailleurs et couturiers.
Jean-François Pilâtre de Rozier arriva à Lyon en décembre, appelé par Jacques de Flesselles et/ou recommandé par Étienne. Il y eut quelques frictions entre lui et Joseph, entre l'aéronaute expérimenté et l'inventeur. Les essais captifs eurent lieu du 7 au 15 janvier 1784. Le ballon avait souffert de l'hiver rigoureux cette année-là. De plus du fait de sa taille le gonflement était très délicat, surtout avec des aides aérostiers peu expérimentés. Le temps peu favorable et une lutte entre les souscripteurs pour savoir qui volerait faillit faire capoter le projet.
Enfin, le 19 janvier, le temps est propice et les esprits calmés, 100 000 lyonnais sont présents et même Pierre, le père des deux inventeurs est là. Prennent place à bord du Flesselles, Joseph dont ce sera le seul et unique vol, Pilâtre, le conte de Laurencin qui avait amené une grande partie des fonds, le conte de Dampierre, le marquis de Laporte d'Anglefort, le prince de Ligne et le jeune Fontaine. Un resquilleur sera évacué tel un sac de sable.
Le décollage est laborieux mais il se déroule normalement tout de même. Au bout de douze minutes de vol, le vent change et ramène le ballon au point de départ. C'est alors qu'une déchirure apparait au sommet, le ballon perd rapidement de l'altitude et atterit brutalement à une centaine de mètres de son point de départ. Les voyageurs sont choqués mais indemne, ce qui n'est pas le cas du ballon à moitié brûlé qui est irrécupérable.
Étienne revint à Annonay au printemps 1784 pour s'occuper de la papeterie qui négligée pendant tout ce temps ne se portait pas très bien. Étienne est nommé Membre associé à l'Académie des sciences en juin 1784. Il continua à s'interresser aux ballons et fit construire une montgolfière par Reveillon à des fins scientifiques, elle sera d'ailleurs utilisée par Jean-François Pilâtre de Rozier, le 23 juin 1784, où elle battra un record d'altitude mais ne pourra être récupérée.
Étienne et Joseph, plus leur frère Alexandre, essayèrent de 1785 à 1787 d'obtenir des fonds pour construire un ballon qu'ils voulaient diriger. Mais la révolution approchant, le projet s'enlisa. Réformateurs, ils ne seront pas inquiétés durant la révolution française. Mais ils n'obtiendront pas des différents gouvernements qui se succèdent alors des moyens pour développer leur invention.
Joseph continue d'inventer pour la papeterie et en 1792, il invente notamment le bélier hydraulique qui permet d'élever un volume d'eau à partir d'une chute. Joseph recevra la Légion d'honneur de Napoléon Bonaparte, qui le nommera administrateur du Conservatoire national des arts et métiers. Il participe à la création de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. Il est reçu à l'Académie des sciences en 1807. Étienne meurt à Serrières le 1er avril 1799. Joseph s'installe alors à Paris. Joseph meurt à Balaruc-les-Bains dans l'Hérault, lors d'une cure, le 28 juin 1810.
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