Député, Homme d'état, Homme politique, Ministre (Politique, Politique de gauche).
Enterré (où exactement ?).
Jean Zay est un avocat et homme politique français, né à Orléans le 6 août 1904, et mort assassiné par la Milice à Molles (Allier), le 20 juin 1944.
Au cours de sa vie, Jean Zay assure les fonctions de sous-secrétaire d'État à la présidence du conseil, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts, député du Loiret et conseiller général.
Pendant ses quarante-quatre mois au gouvernement de front populaire, Jean Zay a institué, au titre de l'Éducation nationale : les trois degrés d'enseignement, l'unification des programmes, le prolongation de l'obligation scolaire à quatorze ans, les classes d'orientation, les activités dirigées, les enseignements interdisciplinaires, la reconnaissance de l'apprentissage, le sport à l'école, les oeuvres universitaires ; et au titre des Beaux-Arts,le CNRS, le musée des Arts et traditions populaires, le musée d'Art moderne, la Réunion des théâtres nationaux, le festival de Cannes.
Les cendres de Jean Zay ont été transférées au Panthéon le 27 mai 2015.
Son père, Léon Zay, était issu d'une famille juive originaire de Metz. Né et mort à Orléans, il fut le directeur du journal régional radical-socialiste Le Progrès du Loiret. Sa mère, Alice Chartrain, institutrice de religion protestante, est originaire de la région naturelle de la Beauce.
Jean Zay est élève au lycée Pothier d'Orléans, où il rencontre le futur directeur du conservatoire national de musique d'Orléans, René Berthelot, qui deviendra l'un de ses proches. Il y fonde un journal lycéen et obtient un prix de composition de littérature française au concours général de 1922, puis un prix de philosophie au concours de 1923.
Pour payer ses études de droit, Jean Zay devient clerc d'avoué et secrétaire de rédaction au Progrès du Loiret, le journal de son père. En avril 1925, en compagnie de quelques amis proches du radicalisme centriste, notamment René Berthelot et Roger Secrétain, futur fondateur de La République du Centre et, par la suite, maire d'Orléans et proche du gaullisme, il fonde la revue littéraire Le Grenier, qui, après dix-huit numéros, deviendra Le Mail.
À dix-neuf ans, horrifié par les massacres de la Première guerre mondiale, Zay compose Le Drapeau, un poème antimilitariste daté du 6 mars 1924 et dédié à Paul Dreux. Ce pastiche des productions du belliciste Gustave Hervé sera utilisé plus tard par ses ennemis.
Avocat en 1928, il s'inscrit au barreau d'Orléans.
Jean Zay s'engage très tôt en politique. Dès ses études secondaires, il adhère aux Jeunesses laïques et républicaines, puis, à sa majorité (21 ans) s'inscrit au Parti radical. Il fréquente les cercles républicains, devient membre de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen, responsable de la Ligue de l'enseignement et se fait initier, en 1926, à la loge maçonnique Étienne Dolet de l'obédience maçonnique du Grand Orient de France.
En 1932, à 27 ans, il est élu député du Loiret sous l'étiquette radical-socialiste, battant Maurice Berger, député sortant du parti démocrate populaire. C'est à cette époque que paraît dans un journal conservateur du Loiret, son poème Le Drapeau, volé et monnayé par des activistes d'extrême-droite.
Zay constitue l'un des piliers des « Jeunes Turcs », ces membres du parti qui souhaitent le rénover. Vite remarqué, il devient l'un des espoirs de ce parti et c'est à lui qu'est confié le rapport de politique générale du congrès de 1935 qui décide l'adhésion du parti radical au Front populaire. En 1936, le président du conseil des ministres Albert Sarraut le nomme sous-secrétaire d'État à la présidence du conseil. Quelques mois plus tard, il est réélu et devient, à 32 ans, le 4 juin 1936, membre du gouvernement du Front populaire comme ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts. En mars 1937, il est élu conseiller général du canton d'Orléans-Nord-Est.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Jean Zay démissionne le 2 septembre 1939, pour rejoindre l'armée française et suivre le sort de sa classe d'âge. Son courage et son dévouement, au sein de la IV armée, sont attestés par ses chefs militaires : « volontaire pour les missions les plus périlleuses et les plus délicates ».
Sous-lieutenant rattaché à l'état-major de la IV armée, il séjourne en Lorraine pendant la « drôle de guerre » de 1939-1940. En juin 1940, avec l'autorisation de ses supérieurs, il rejoint Bordeaux pour participer le 19 juin 1940 à la dernière session du Parlement qui s'est replié avec le gouvernement dans cette ville et qui débat de la question d'un abandon de la métropole aux troupes allemandes et d'un transfert du gouvernement français en Afrique du Nord. Aucune décision n'est prise mais, le 21 juin 1940, en fin d'après-midi, Camille Chautemps, vice-président du conseil, les présidents des deux chambres, Jean Zay et Pierre Mendès France ainsi que vingt-cinq autres parlementaires embarquent au Verdon à bord du Massilia. Arrivés à Casablanca, au Maroc, le 24 juin 1940, en raison d'une grève de l'équipage puis de l'attente d'une demande d'asile au gouvernement britannique, les passagers du Massilia sont d'abord consignés par le résident général dans un grand hôtel, et quatre d'entre eux, dont Jean Zay, sont arrêtés le 15 août 1940 pour désertion devant l'ennemi. Renvoyé en métropole, Jean Zay est interné le 20 août 1940 à la prison militaire de Clermont-Ferrand.
Pendant des mois, Jean Zay devient « la cible notoire de la campagne antisémite » et une violente campagne de presse orchestrée par Philippe Henriot, ministre de l'Information du gouvernement de Vichy, réclame la condamnation à mort du « juif Jean Zay » comme juif, franc-maçon, anti-munichois, anti-hitlérien et ministre du Front populaire. À cette occasion on ressort son poème de jeunesse Le Drapeau, volé préalablement et monnayé par des militants d'extrême-droite, qui le présentent comme une preuve d'antipatriotisme.
Le 4 octobre 1940, le tribunal militaire permanent de la 13 division militaire, siégeant à Clermont-Ferrand, le condamne comme officier pour désertion en présence de l'ennemi à la déportation à vie et à la dégradation militaire, contre six ans de prison pour Pierre Mendès France, huit ans de prison avec sursis pour Pierre Viénot et un non-lieu pour Alex Wiltzer. Pour Olivier Loubes, « bouc émissaire idéal », Jean Zay a été condamné « à une peine qui vise à rappeler celle d'Alfred Dreyfus ». Transféré le 4 décembre 1940 au fort Saint-Nicolas, à Marseille, pour être déporté, sa peine de déportation dans un bagne est muée par le régime de Vichy en simple internement en métropole et, le 7 janvier 1941, il est incarcéré au quartier spécial de la maison d'arrêt de Riom.
Durant sa captivité, Jean Zay, qui a pour compagnon de cellule le rabbin Édouard Gourévitch, peut continuer à recevoir régulièrement sa femme et ses deux filles, l'aînée, Catherine Martin-Zay, et la cadette, Hélène Mouchard-Zay, née en 1940, après l'arrestation de son père. On lui permet d'écrire et de communiquer avec ses amis. Il ne cherche pas à s'évader, comme la force de la Résistance intérieure française dans la région l'aurait sans doute permis. Il continue à travailler, préparant les réformes qu'il pense pouvoir mettre en oeuvre après la Libération.
Le 20 juin 1944, trois miliciens viennent le chercher à la prison. Il s'agit de Henri Millou, responsable de la sécurité de la Milice à Vichy, Charles Develle et Pierre Cordier. Les trois miliciens présentent un ordre de transfert pour Melun signé par le directeur de l'administration pénitentiaire, Baillet, également milicien. Ce document contient aussi des instructions de Raymond Clémoz, alors chef de cabinet de Joseph Darnand à Vichy. Les trois miliciens lui laissent entendre ensuite qu'ils sont des résistants déguisés qui ont pour mission de lui faire rejoindre le maquis, et l'assassinent dans un bois, près d'une carrière abandonnée, au lieu-dit Les Malavaux dans la faille du Puits du diable, à Molles, dans l'Allier.
Jean Zay est abattu par Charles Develle. Puis afin qu'il ne soit pas identifié, les tueurs le déshabillent, lui ôtent son alliance, jettent la dépouille dans la crevasse du Puits-du-Diable, et y lancent quelques grenades pour cacher le corps par des éboulis.
Le 22 septembre 1946, son corps et ceux de deux autres personnes sont retrouvés, enfouis sous un tas de pierres, par des chasseurs de Molles et de Cusset, et enterrés sur ordre de la municipalité de Cusset dans une même fosse du cimetière communal.
Faisant le rapprochement entre le cadavre et la disparition de Jean Zay, les enquêteurs retrouvent l'identité du milicien qui a signé le registre de levée d'écrou, Charles Develle, et l'interpellent à Naples en Italie, où il s'est réfugié. Exhumés fin 1947, les restes de Jean Zay sont identifiés grâce à sa fiche dentaire et aux mensurations données par son tailleur. Jugé en février 1953, Develle est condamné aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de Lyon puis libéré deux ans plus tard.
Jean Zay est inhumé dans le grand cimetière d'Orléans du 15 mai 1948 à 2015, année de son transfert au Panthéon.
Le 5 juillet 1945, la cour d'appel de Riom réexamine les faits reprochés au sous-lieutenant Jean Zay, constate qu'à aucun moment il ne s'est soustrait à l'autorité militaire, et que « les poursuites intentées contre le sous-lieutenant Jean Zay ne peuvent s'expliquer que par le désir qu'a eu le gouvernement d'atteindre un parlementaire dont les opinions politiques lui étaient opposées et qu'il importait de discréditer en raison de la haute autorité attachée à sa personnalité ».
Elle annule donc le jugement du 4 octobre 1940, et Jean Zay est pleinement réhabilité à titre posthume.
Le 21 février 2014, le président de la République François Hollande annonce le transfert des cendres de Jean Zay ainsi que celles de Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion au Panthéon en tant que « grandes figures qui évoquent l'esprit de résistance ». Le 7 janvier 2015 est paru un décret du ministère de la Culture et de la Communication annonçant l'hommage de la Nation à la mémoire de ces quatre personnalités et le transfert des cendres de deux d'entre elles, dont Jean Zay, au Panthéon. La cérémonie a lieu le 27 mai 2015, journée nationale de la Résistance.
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Ministre de l'Éducation nationale, il fut le Jules Ferry du Front populaire. Avec un objectif : la démocratisation de l'enseignement secondaire. Bien oublié, Jean Zay reste le vrai initiateur du CNRS et du Festival de Cannes. Objet de haine pour les antisémites, il fut assassiné par les miliciens en 1944.
Un homme politique français, assassiné par la milice et relativement mal connu. Ministre de l'éducation nationale dans le cabinet léon Blum sous le front populaire, il a pourtant eu un rôle considérable en introduisant des réformes qui sont toujours d'actualité. : les trois degrés d’enseignement, l’unification des programmes, la prolongation de l’obligation scolaire à quatorze ans, les classes d’orientation, les activités dirigées, les enseignements interdisciplinaires, la reconnaissance de l’apprentissage, le sport à l’école, les œuvres universitaires.