Artiste, Compositeur (Art, Musique).
Finlandais, né en 1865 et mort le 20 septembre 1957
Enterré (où exactement ?).
Jean Sibelius (né Johan Julius Christian Sibelius), né le 8 décembre 1865 à Tavastehus, dans le grand-duché de Finlande et mort le 20 septembre 1957 à Järvenpää, près d'Helsinki, est un compositeur finlandais de musique classique. Il est, avec Johan Ludvig Runeberg, l'un des Finlandais qui symbolisent le mieux la naissance de l'identité nationale finlandaise.
Johan Julius Christian Sibelius (Janne pour ses amis et Jean en français, pour son activité musicale) naît à Hämeenlinna (Tavastehus en suédois) au nord d'Helsingfors, dans une famille parlant le suédois. Jean Sibelius est le fils du médecin Christian Gustaf Sibelius et de Maria Charlotta Sibelius née Borg. Le nom de famille provient de la succession Sibbe en Uusimaa qui était détenue par son arrière grand-père paternel. Le père de Sibelius est mort du typhus en juillet 1868, laissant des dettes importantes. En conséquence, la mère de Jean qui était de nouveau enceinte, a dû vendre leurs biens et aller avec sa famille dans la maison de Katarina Borg, sa mère veuve, qui vivait également à Hämeenlinna. Sibelius a été par conséquent élevé dans un environnement féminin, la seule influence masculine venant de son oncle, Pehr Ferdinand Sibelius, qui était intéressé à la musique, surtout le violon. C'est cet oncle qui a donné au garçon un violon quand il était âgé de dix ans, et qui plus tard, l'a encouragé à maintenir son intérêt pour la composition. Pour Sibelius, l'oncle Pehr non seulement a pris la place d'un père, mais d'un conseiller musical. En 1870, le tout jeune Jean reçoit ses premières leçons de piano d'une tante, Julia Sibelius. C'est au contact de son oncle Pehr violoniste amateur, qu'il découvre l'instrument pour lequel il écrira un célèbre concerto et de nombreuses pièces avec orchestre, le violon. À dix ans il écrit au piano sa première oeuvre Gouttes d'eau. En 1876, dans un contexte social qui promeut la culture finnoise, ses parents l'inscrivent dans une école où les cours sont en finnois. Il poursuit ensuite sa scolarité au lycée normal de Hämeenlinna jusqu'en 1885.
C'est pendant cette période, vers 1880, qu'il entreprend d'étudier sérieusement la musique. Il prend ses premiers cours de violon avec le chef de la musique militaire Gustav Leander ; ayant acquis une certaine technique, il se met à jouer de la musique de chambre avec son frère et sa soeur et dès 1883 s'essaie à la composition avec un trio.
Il fait une rencontre importante avec le virtuose du piano Ferruccio Busoni qui impressionne tant Sibelius qu'il renonce définitivement à l'idée de devenir un jour soliste virtuose du violon. Étudiant en droit peu studieux à l'université impériale Alexandre à Helsinki, il s'inscrit à l'institut de musique de Martin Wegelius (qui sera rebaptisé Académie Sibelius en 1939) en classe de violon où il suit les cours de Mitrofan Vassiliev. Sibelius dès lors se tourne définitivement vers sa passion, la musique. Il compose sa première oeuvre d'importance, un quatuor en la mineur qui récolte un succès certain lors d'un concert public.
Il travaille aussi l'harmonie avec Wegelius, mais faute de classe d'orchestration, Sibelius reste encore cantonné dans un environnement de musique de chambre. Il se rend à Berlin pour étudier avec Albert Becker de 1889 à 1890 ; il a l'occasion d'écouter les concerts du grand chef d'orchestre allemand Hans von Bulow qui joue Richard Strauss et Antonín Dvořák ; dans cette ville qu'il trouve trop bruyante à son goût, il compose un quintette pour piano et cordes. De retour en Finlande, il écrit son quatuor à cordes en si bémol majeur. L'année suivante, il part pour Vienne pour travailler avec Karl Goldmark de 1890 à 1891.
Il sollicite une entrevue avec Brahms qui ne répond pas. Mais c'est la révélation de la musique de Anton Bruckner avec sa troisième symphonie qui sera le fait marquant de ce voyage. L'année 1890 marque un tournant dans sa vie de compositeur. Il compose ses premières oeuvres pour orchestre, une simple ouverture, certes imparfaite, mais avec « beaucoup de bonnes choses » selon l'avis de son professeur et une scène de ballet. Il s'intéresse de plus en plus aux mythes et légendes finlandaises comme le Kalevala écrit par Elias Lönnrot et s'oriente dès lors de plus en plus vers un art authentiquement finlandais dans ses racines et ses références nationales, « tout ce qui est finlandais m'est donc sacré, le monde primitif finlandais a pénétré ma chair et mon coeur » écrit-il à Aino.
Il travaille à sa première composition symphonique Kullervo. Il échoue à devenir violoniste dans l'orchestre philharmonique de Vienne. De retour à Helsinki en 1892, il épouse Aino Järnefelt et compose ses premiers Lieder. L'année suivante, il écrit son premier poème symphonique En saga teinté de couleurs d'Islande, quelques pièces pour piano dont la sonate en fa majeur op. 12 et des impromptus.
Terre sauvage de Carélie
C'est à cette époque que se manifeste un penchant pour la boisson. En 1893, il s'attelle à un projet d'opéra La Construction du bateau dont le livret s'inspire du Kalevala. « Trop lyrique, pas assez dramatique » jugeront certains, le projet sera abandonné. Il écrit une musique de scène Karelia en hommage à la Carélie, province peu industrialisée et sauvage, berceau de nombreux chants populaires. En 1894, il se rend à Bayreuth pour écouter la musique de Richard Wagner : le choc artistique est fort. Subjugué par Parsifal et Tristan et Isolde il est dans un premier temps conquis par le génie wagnérien puis s'en détache pour finalement se rapprocher de l'univers musical de Franz Liszt tel qu'il se traduit dans la Faust-Symphonie. En 1895, de retour en Finlande, après un détour par l'Italie, il compose une oeuvre orchestrale d'envergure la suite Lemminkäinen op. 22 dont l'une des parties, « Le Cygne de Tuonela », devait connaître un succès immense.
En 1896, il compose le seul opéra de sa carrière, en un acte, La Jeune Fille dans la tour qui ne sera joué que trois fois à Helsinki. Bien que plébiscité, il échoue à obtenir le poste de professeur de musique à l'université d'Helsinki à la suite de l'intervention du chef d'orchestre finlandais Robert Kajanus auprès de l'administrateur russe à Saint-Pétersbourg. Le commentaire du jury ne laisse aucun doute à ce sujet « en la personne de Sibelius est donné à notre pays un musicien dont le riche talent dépasse tout ce que notre musique a pu produire jusqu'ici ». En 1897, il compose la musique de scène pour la pièce le Roi Christian II.
De retour à Berlin au printemps 1898, il signe un contrat avec le célèbre éditeur allemand Breitkopf & Härtel. En août, le tsar Nicolas II publie le Manifeste de février qui prive la Finlande de tout droit à l'autonomie. En réaction, Sibelius compose le Chant des Athéniens dans lequel la Russie est comparée aux Perses primitifs de l'Antiquité.
En 1899, il fait jouer sa première symphonie op. 39 qui reçoit un accueil triomphal. Sa musique opère pour la première fois une synthèse réussie entre son style « primitif » et les exigences de la symphonie postromantique. La police tsariste accentuant sa répression en instaurant la censure et en supprimant des journaux, la riposte s'organise autour d'une célébration pour la presse spectacle chorégraphique pour lequel Sibelius écrit une musique de scène en 7 tableaux. Afin de présenter une musique emblématique de la Finlande à l'exposition universelle de 1900, Sibelius en reprend des extraits pour composer Finlandia. Début 1901, il s'installe avec sa famille en Italie où il travaille sa deuxième symphonie op. 43. Il fait la rencontre d'Antonín Dvořák et de Richard Strauss au festival de Heidelberg. La rencontre est des plus amicales, Sibelius note «il s'est montré très aimable et m'a parlé de ses oeuvres avec la plus grande franchise»
L'année suivante, en 1902, l'exécution de la deuxième symphonie obtient un vrai triomphe public. Puis il s'attelle à l'une de ses oeuvres emblématiques, son Concerto pour violon et orchestre op. 47, enchaîne avec une musique de scène Kuolema (la mort), qui contient la célèbre « Valse triste ». En 1903 pour échapper à l'atmosphère pesante de la capitale, il se fait construire une villa au nord d'Helsinki qu'il baptise du nom de sa femme Ainola et où il s'installe définitivement avec sa famille quelques mois plus tard. Ses problèmes avec l'alcool ne s'estompent pas. Il confie à son frère Christian « tu vois, mon penchant pour la boisson a des racines très profondes et très dangereuses ». En février 1904, il dirige son concerto pour violon qui reçoit initialement un accueil public plutôt chaleureux mais devant le peu de succès rencontré lors des représentations suivantes, Sibelius décide de le réviser. Le Grand-duché de Finlande, qui appartient à l'Empire russe depuis 1809, est, à partir de 1898, sous la coupe autoritaire du gouverneur général du duché, le général russe Nikolaï Bobrikov dont les pouvoirs en 1903 ont pris une forme absolutiste. En juin, ce dernier est assassiné par un jeune patriote finlandais Eugen Schauman pour lequel Sibelius écrira en 1909 une marche funèbre In memoriam.
Sa deuxième symphonie suscite à Berlin l'année suivante des réactions plutôt contrastées tandis que sa nouvelle composition Pelléas et Mélisande d'après Maurice Maeterlinck rencontre un franc succès. C'est l'heure de la découverte des oeuvres de ses contemporains. Il s'émerveille devant la musique de Claude Debussy, se passionne pour Arnold Schönberg, s'enthousiasme pour le grand orchestre de Richard Strauss. En octobre, son concerto pour violon dans sa version définitive est donné à Berlin avec Richard Strauss à la direction. Si la critique est favorable, l'accueil du public est en revanche plutôt réservé. Il enchaîne avec une nouvelle oeuvre inspirée du Kalevala, La Fille de Pohjola op. 49 suivie en 1907 de la troisième symphonie qui ne suscite pas d'enthousiasme populaire.
Sa rencontre amicale avec Gustav Mahler, qui apprécie sa musique, met en lumière deux visions de la musique radicalement différentes. Pour Gustav Mahler, la musique doit embrasser tout l'univers, pour Sibelius en revanche, cela doit être le dépouillement, l'ascèse, l'expression rigoureuse de l'essentiel, l'art du non-dit et de l'aphorisme. En 1908, Sibelius, qui se remet difficilement d'une opération pour un cancer à la gorge, entame l'écriture d'un nouveau poème symphonique Chevauchée nocturne et lever de soleil puis termine l'année suivante son quatuor à cordes Voces intimae, oeuvre d'un caractère sombre et douloureux.
Reconnu dans la sphère anglo-saxonne comme l'un des compositeurs majeurs de ce début de siècle, les offres affluent. La Eastman School of Music aux États-Unis lui propose un poste de professeur et Londres le sollicite pour être chef d'orchestre invité. Il accepte cette dernière offre. Sur le plan matériel, pour ses cinquante-cinq ans, quelques patrons finlandais lui font un don de 19 000 marks. L'année suivante, il se rend à Berlin pour régler quelques menus détails de contrat avec son éditeur Breitkopf & Hartel puis fait une tournée réussie en Grande-Bretagne en y dirigeant ses grandes compositions. Il s'offre quelques moments de détente avec des amis en Norvège ; les concerts qu'il y donne sont chaudement salués, puis il rentre en Finlande.
Il compose, il dirige, participe à quelques soirées bien arrosées. Pour Sibelius, c'est un cycle perpétuel. Il termine la Valse chevaleresque au printemps 1920, il apprend que son frère Christian est atteint d'un mal incurable qui finalement l'emporte le 2 juillet. En 1922, il devient franc-maçon et compose de la musique rituelle pour ses frères de loge. En décembre, on lui commande une Cantate de Noël, il décide en relisant des brouillons d'écrire un quatuor à cordes qu'il intitule Andante festivo. En 1938, il en tire un arrangement pour cordes et timbales. Début 1923, la sixième symphonie est enfin achevée et jouée devant un parterre d'auditeurs et de critiques conquis, il se rend à Stockholm où il est ovationné puis se rend à Rome où amoindri et fatigué, l'accueil est plutôt mitigé. En revanche, à Göteborg, il est acclamé par le public suédois.
Sibelius travaille maintenant à sa septième symphonie. Pour calmer ses mains tremblantes, il boit, suivant en cela les avis des médecins. Il achève la partition de sa symphonie au printemps 1924, qu'il dirige à Stockholm avec succès. Il apprend avec douleur la nouvelle de la mort de Ferrucio Busoni, puis après une tournée au Danemark, le tremblement de ses mains le force à envisager de mettre un terme à la direction d'orchestre.
À l'automne, il compose la Fantaisie symphonique. En 1925, l'éditeur Hansen et le Théâtre royal danois sollicitent Sibelius pour une musique d'accompagnement de la pièce la Tempête de William Shakespeare. Il y travaille activement et la première audition est présentée au printemps 1926. À l'occasion de ses soixante ans, est organisée une collecte nationale qui rapporte 275 000 marks à Sibelius, ajoutée à cela une pension d'État de 100 000 marks ; Sibelius est désormais à l'abri du besoin.
Au début de l'année 1926, l'Orchestre philharmonique de New York lui passe commande d'un poème symphonique d'une vingtaine de minutes. Ayant accepté, il part pour Rome afin de s'y consacrer. À l'automne, la commande est bouclée et elle s'appellera Tapiola. On la joue à New York où elle reçoit un accueil mitigé de la part des critiques. Début 1927, il écrit sa Massonic Ritual Music op. 113 ou (Musique religieuse). Pendant l'été, il met la touche finale à sa musique de scène pour La Tempête.
Jean Sibelius épouse à Maxmo le 10 juin 1892 Aino Järnefelt (1871-1969) fille du général Alexander Järnefelt. Ils ont eu 6 filles: Eva (18931978), Ruth (18941976) qui a été actrice et a épousé Jussi Snellman, Kirsti (18981900), Katarina (19031984), Margareta (19081988) et Heidi (19111982) qui a été styliste et qui a épousé l'architecte Aulis Blomstedt.
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