Politicien tchadien, président de la République du Tchad de 1982 à 1990, à la suite du coup d'État qui renverse Goukouni Oueddei. Condamné à mort par contumace pour crimes contre l'humanité par un tribunal de N'Djaména, il se réfugie au Sénégal, puis est inculpé de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et actes de torture. Son procès, qui s'ouvre à Dakar en 2015, est la première utilisation de la compétence universelle sur le continent africain. Il est condamné à la prison à perpétuité en appel en 2017.
Enterré (où exactement ?).
Hissène Habré, aussi connu comme Hissein Habré, né le 13 août 1942 à Faya-Largeau et mort le 24 août 2021 à Dakar, est un homme d'État tchadien, membre du peuple toubou du clan Anakaza. Premier ministre du Tchad du 29 août 1978 – 23 mars 1979, il est président de la République du Tchad de 1982 à 1990, à la suite du coup d'État qui renverse Goukouni Oueddei. Condamné à mort par contumace pour crimes contre l'humanité par un tribunal de N'Djaména, il se réfugie au Sénégal, puis est inculpé de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et actes de torture. Son procès, qui s'ouvre à Dakar en 2015, est la première utilisation de la compétence universelle sur le continent africain. Il est condamné à la prison à perpétuité en appel en 2017.
Son régime de parti unique a été marqué par de graves et constantes violations des droits de l'homme et des libertés individuelles et de vastes campagnes de violence à l'encontre de son propre peuple. Habré a persécuté, par périodes et en procédant à des arrestations collectives et des meurtres en masse, différents groupes ethniques dont il percevait les leaders comme des menaces à son régime, notamment les Sara et d'autres groupes sudistes en 1984, les Hadjaraï en 1987 et les Zaghawa en 1989.
Le nombre exact des victimes de Habré reste à ce jour inconnu. Une Commission d'Enquête du Ministère Tchadien de la Justice, établie par son successeur, a accusé en 1992 le gouvernement Habré de 40 000 assassinats politiques et de torture systématique. La plupart des exactions furent perpétrées par sa terrifiante police politique, la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), dont les directeurs, qui rendaient des comptes exclusivement à Hissène Habré, appartenaient tous à sa propre ethnie, les Goranes.
Les Etats-Unis et la France ont soutenu Habré, le considérant comme un rempart contre le leader libyen Mouamar Khaddafi, qui tentait de s'emparer du nord tchadien. Pendant la présidence de Ronald Reagan, les Etats-Unis apportèrent en secret et par le biais de la CIA un soutien paramilitaire à Habré, afin que celui-ci prenne le pouvoir dans son pays. Par la suite, les États-Unis fournirent à Habré une aide militaire massive et ont entraîné et aidé tant matériellement que financièrement la DDS. Malgré l'enlèvement par Habré et ses hommes, alors en rébellion contre le pouvoir central, de l'anthropologue française Françoise Claustre en 1974 et le meurtre du Capitaine Galopin venu négocier la libération de sa compatriote en 1975, la France a également soutenu fermement Habré, une fois celui-ci arrivé au pouvoir, en lui procurant armes, soutien logistique et renseignements, et en lançant les opérations militaires "Manta" (1983) et "Epervier" (1986).
La Commission d'Enquête a recommandé, dès 1992, d'engager des poursuites judiciaires contre les auteurs des atrocités, mais le gouvernement actuel du Tchad n'a jamais cherché l'extradition de Habré du Sénégal, ni engagé des poursuites contre ses complices restés au Tchad.
(Tiré et adapté de Human Rights Watch, Les Poursuites contre Hissène Habré, un "Pinochet africain", www.hrw.org/french/themes/intro_web2.htm).
Une procédure engagée en 2000 au Sénégal contre Hissène Habré par plusieurs de ses victimes s'est soldée par une décision d'incompétence des autorités judiciaires sénégalaises mettant fin aux procédures dans ce pays (voir sous "ramifications").
Avant même la décision finale de la Cour de cassation du Sénégal, d'autres victimes avaient, discrètement, porté plainte en Belgique contre Hissène Habré et créaient ainsi les conditions d'une possible extradition vers ce pays. Ces plaintes émanent de 21 victimes, dont trois d'entre elles ont obtenu la nationalité belge après avoir résidé de nombreuses années dans ce pays. Elles sont instruites par Monsieur Daniel Fransen, juge d'instruction près le Tribunal de première instance de Bruxelles.
Les plaintes ont été déposées en Belgique en application de la loi dite de compétence universelle qui, dans sa version initiale, permettait l'ouverture de poursuites pénales contre les responsables des pires violations des droit de l'homme, quelque soit le lieu où ces violations avaient été commises et quelque soit la nationalité des responsables ou des victimes. Au mois d'août 2003 et après de fortes pressions du gouvernement américain, le parlement belge a abrogé la loi de compétence universelle. Grâce à des dispositions transitoires, ces modifications n'ont affecté en rien le cas Habré, puisque l'instruction a déjà commencé et puisque des victimes de nationalité belge ont porté plainte.
En avril 2001, le président sénégalais Abdoulaye Wade déclarait publiquement qu'il avait donné un mois à Habré pour quitter le Sénégal. Cette surprenante décision sonnait comme un hommage rendu à la lutte des victimes, mais représentait un risque sérieux de voir Habré se réfugier sur le territoire d'un Etat peu soucieux du respect du droit international, devenant ainsi inaccessible à la justice. Les victimes ont alors déposé un recours devant le Comité des Nations Unies contre la torture et le Comité a alors prié le Sénégal de "ne pas expulser Hissène Habré et de prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher que Hissène Habré ne quitte le territoire du Sénégal autrement qu'en vertu d'une procédure d'extradition". A la suite d'une demande expresse de Kofi Annan, le président Wade déclarait le 27 septembre 2001 qu'il avait accepté de garder Hissène Habré sur le sol sénégalais le temps qu'un pays, comme la Belgique, capable d'organiser un procès équitable, le réclame.
En mai 2001, à l'occasion d'une visite au Tchad d'une délégation de Human Rights Watch, le gouvernement tchadien accordait l'autorisation d'accéder aux archives de la DDS à N'Djamena même. Une équipe de membres de l'AVCRP (l'Association des victimes de crimes et répressions politiques au Tchad) a, depuis lors, trié, classé et photocopié cette montagne de documents qui retracent par le détail comment Hissène Habré avait placé la DDS sous son contrôle direct et planifié et organisé des campagnes de "nettoyage ethnique" contre son propre peuple.
Du 26 février au 7 mars 2002, le juge Fransen s'est rendu au Tchad, dans le cadre d'une commission rogatoire internationale, accompagné du substitut du procureur du roi au Parquet de Bruxelles et de quatre officiers de police judiciaire, spécialistes des enquêtes sur les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et de torture. Avec la coopération totale du gouvernement tchadien, le juge et son équipe ont interrogé plaignants, victimes de Hissène Habré, témoins des atrocités et plusieurs agents de la DDS. Le juge a pu également visiter les anciens lieux des massacres près de N'Djamena et tous les centres de détention du régime Habré dans la capitale tchadienne, dont la sinistre "Piscine", la prison souterraine de la DDS. Il était accompagné à chaque fois d'ancien détenus qui décrivaient les traitements subis et indiquaient l'emplacement des charniers. Le juge a enfin eu accès aux archives de la DDS et a consulté et saisi de nombreux documents. Cette visite historique a eu sur place un écho retentissant et beaucoup de victimes ont estimé que "justice commençait enfin à être rendue".
Des dizaines de victimes et autres témoins sont également venus du Tchad et d'ailleurs témoigner directement devant le juge belge à Bruxelles.
En octobre 2002, le ministre de la justice du Tchad, a déclaré par écrit au juge Fransen que "Monsieur Hissène Habré ne peut prétendre à une quelconque immunité de la part des Autorités Tchadiennes".
(Extraits de Human Rights Watch, Les Poursuites contre Hissène Habré, un "Pinochet africain", www.hrw.org/french/themes/intro_web2.htm).
Le 19 septembre 2005, le juge Fransen a décerné un mandat d'arrêt contre Hissène Habré. Une demande d'arrestation de l'ancien dictateur a ensuite été remise aux autorités sénégalaises, la Belgique sollicitant son extradition afin qu'il soit jugé dans ce pays.
Le 16 novembre 2005, Hissène Habré a été placé en détention dans l'attente de la décision qui sera rendue sur la requête adressée par la Belgique au Sénégal.
Le 25 novembre 2005, lors de l'audience sur la demande d'extradition, la Cour d'appel de Dakar s'est déclaré incompétente pour juger de l'extradition de Hissène Habré vers la Belgique.
La Cour aurait avancé comme argument «l'immunité de juridiction» d'un ex-chef d'Etat. Cet argument a été refuté immédiatement par les ONGs, car en droit international, l'immunité est un privilège de l'Etat, et non des individus. Pour cette raison, un Etat peut renoncer à l'immunité de ces fonctionnaires et représentants, présents ou anciens. Dans ce contexte, il est important de rappeler que le Tchad avait déjà affirmé aux autorités belges que Hissène Habré ne pourrait prétendre à une quelconque immunité.
Il n'est pas clair qui reste compétent pour désormais trancher la requête d'extradition. L'article 17 de la loi sénégalaise sur l'extradition prévoit que si l'avis de la chambre d'accusation «repousse la demande d'extradition, celle-ci ne peut être accordée». L'article 18 dit que «[d]ans le cas contraire, l'extradition peut être autorisée par décret». Des ONGs ont manifesté leur opinion que vu le fait que la Cour n'avait pas "repoussé" la demande d'extradition, il revenait maintenant au président Wade de signer le décret d'extradition.
Le lendemain, le ministre de l'intérieur a émis un decret mettant Habré «à la disposition» du président de l'Union Africaine (UA), le président nigérien Olusegun Obasanjo. Ce dernier aurait affirrmé que l'affaire sera soumise aux Etats membres de l'UA lors du prochain sommet en janvier 2006. En attendant, Hissène Habré pourra séjourner légalement au Sénégal.
Le 24 janvier 2006, l'Union africaine s'est prononcé contre l'extradition de Habré vers la Belgique. Le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, a annoncé que l'union avait demandé la création d'une commission de juristes pour trouver une solution juridique à son cas en Afrique.
En mai 2006, le Comité des Nations Unies Contre la Torture (CAT) a reproché au Sénégal d'avoir failli à son obligation de traduire en justice Hissène Habré. Les experts du Comité ont enjoint aux autorités sénégalaises soit de juger Habré au Sénégal soit de répondre à la demande d'extradition émanant de la Belgique ou de tout autre demande légitime formulait par un autre état.
Au début du mois de juillet 2006, l'Union africaine a décidé qu'il revenait au Sénégal de mener à bien le procès contre Hissène Habré. Le président Wade s'est alors déclaré en faveur de cette solution, en indiquant toutefois que les bases légales devaient d'abord être adoptées par le Parlement. De même, Wade a estimé que les procureurs sénégalais ne pourraient pas simplement reprendre le dossier du juge belge.
Le 15 août 2008, il est condamné à mort par contumace pour crimes contre l'humanité par un tribunal de N'Djaména.
Le 3 décembre 2012, Reed Brody, s'appuyant sur les témoignages recueillis par l'Association des victimes des crimes et répressions politiques que préside Souleymane Guengueng, annonce l'imminence de son procès. Le 30 juin 2013, il est placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte par un tribunal spécial devant le juger. C'est un soulagement pour beaucoup de victimes, qui attendaient la tenue de ce procès. Le cinéaste tchadien Mahamat Saleh Haroun réalise un documentaire intitulé Hissein Habré une tragédie nationale, consacrant une grande partie du film aux rescapés de cette barbarie.
Hissène Habré est jugé à partir du 20 juillet 2015, à Dakar par les Chambres africaines extraordinaires, juridiction spéciale créée par le Sénégal et l’Union africaine considérée par certains experts comme étant la juridiction la plus nationale des tribunaux internationaux. Ce procès n'aurait pas pu avoir lieu sans l'intervention de l'avocat Reed Brody, un des conseillers et porte-parole de Human Rights Watch, et sans l'action de la Belgique, qui avait saisi la Cour internationale de justice (CIJ) en 2009 d'une action contre le Sénégal pour son abstention à juger ou extrader Hissène Habré conformément à ce que prévoit la Convention des Nations unies contre la torture qui liait les deux États : le 12 juillet 2012, la CIJ, à l'unanimité des 17 juges, donne raison à la Belgique et déclare que le Sénégal est obligé de poursuivre Hissène Habré ou, à défaut, de l'extrader vers tout État qui veut le poursuivre pénalement.
Pour défendre les 4 000 victimes, le collectif des avocats est coordonné par l'avocate tchadienne Jacqueline Moudeina.
Le 30 mai 2016, il est reconnu coupable de crimes contre l'humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvements. Il est condamné à la prison à perpétuité par le tribunal spécial africain à Dakar, au Sénégal en première instance. Le 29 juillet 2016 s'ajoute à cette peine une condamnation à verser entre 10 et 20 millions de francs CFA (entre 15 245 et 30 490 euros) par victime.
Hissène Habré a fait appel de sa condamnation : ce nouveau procès débute le 9 janvier 2017. Le 27 avril 2017, les Chambres extraordinaires africaines annoncent le maintien de la condamnation à la prison à perpétuité, peine qu'il purgera au Sénégal ou dans un autre pays de l'Union africaine. En outre, la Chambre d'appel fixe le montant des dommages que Hissène Habré devra verser à 82 milliards 290 millions de francs CFA (environ 125 millions d'euros).
À la suite d'une demande de son avocat arguant des risques pour sa santé en raison de la pandémie de Covid-19 et de son âge avancé, Hissène Habré est placé le 7 avril 2020 en résidence surveillée pour 60 jours.
Le 7 juin 2020, il retourne en prison.
En avril 2021, la justice sénégalaise refuse une demande de libération.
Le 24 août 2021, Hissène Habré est hospitalisé à Dakar pour des complications dues au Covid-19 qu'il a attrapé dans la prison du Cap Manuel.
Hissène Habré est mort le mardi 24 août 2021, à l'âge de 79 ans, du coronavirus, à Dakar (Sénégal).
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Parce que voilà un vrai dictateur tortionnaire! N'est-ce pas les antivax? Que mérite-t-il ? L'Enfer s'il existe, j'espère pour lui!
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