François Béranger

Anonyme 75722 François Beranger un phare un petit phare, avec une voix, une petite voix sèche et de peu de résonance comme une noix, une écorce d'arbre, petite et vraie, sourde, presque grave ou caverneuse ... qui éclaire. Un poète simple, singulier intelligent, intelligible, pour tous, dont on dit peu.... comme le sang qui coule dans les veines. Quand on l'entend pas; ça coule Quand on l'entend, on s'inquiète et on est ému. "Faut faire qq chose". Comme dans Brazil.Trouver le trou de souris qui va nous faire: nous faire... nous faire quoi? Nous échapper.. Nous réaliser.Vivre peut-être. Des questions, des révoltes,beaucoup, Des réponses, quelques unes seulemnt. Un gars fait de chair, d'os et qui a su articuler avec ce qu 'il avait.Musicalement, il épouse ses époques Jamais d'accord parfois raccord. Un ami à hauteur d'homme et de femme, qui a su prendre la parole.

Une chanson qu on ne peut pas offrir mais faire partager? "Derrière ses valises"
Et beaucoup d'autres.
Dans les années 70, zero quasi zero radio (sauf FIP avec le Tango de l'ennui sauce sud américaine savoureuse et ouvrière sans nostalgie Musique à la sauce Los Calchakis ) Et des salles pleines pourtant.
Faisait un trio, une triade, une mafia libertaire, à distance respectanle les uns des autres, brinquebalante et emballante avec Lavilliers, Higelin. Lui plus patelin, plus roots paysan (Ma grand-mère de Clamecy) et moins dans l'effet , avec un sourire en coin un humour et une sincérité qui compensaient un petit moins en abattage scénique.
A eux trois réunis ils étaient un Brel, un Brassens, un Ferré, une Barbara (inégalables) Un Caussimon . Ferrat rodait pas loin mais plus violonnant et plus façon Jacques Lantier (pardon Ferrat) Avec Béranger on s'y retrouvait.. Dans la tradition réaliste des honky tonk français, Béranger anticipe Renaud presque de la même époque dans le sillage de son homonyme Béranger et aussi des Bruant, Damia et Fréhel. Il est pas loin de la grande Colette Magny non plus ( Richard II Quarant, Nous sommes deux drôlesaux large epaukes et Melocoton).
Sur le long terme, Manset et Bashung; onanistes des ténèbres, lui ont damé le pion.dans les passages radio policés des années 80-90 ; les ondes étaient avides de post punk soft esthétisant. L'époque a alors décliné d'autres chants (intéressants mais plus froids et nimbés de solitude) et lui ont offert un accès 'premium' aux oubliettes de la 'ringardise' folk. Pourtant François Beranger chantait déjà 10 ans avant: " Elle voyage en solitaire" et un désenchanté mais si prenant"Paris Lumière" accompagné de Jean-Pierre Alarcen, grand talent inventif et traditionnel de la guitare jazz-rock. François Béranger est mort jeune, dommage. Il a du vivre sans ceinture de sécurité -et sans le montrer- dans des paysages à la Pierre-Albert Espenel (cf Département 26") Aussi, àl 'heure où l Algérie fait causer, il faut réécouter "Tranche de Vie" sur son album public; une narration, un tempo qui ne mentent pas. Du vrai blues qui sent l Apache des fortifs envoyé dans les Aurès. Le titre se suffit à lui même. Aujourd'hui et avec ampleur, plus noir mais aussi généreux, jouissif et draguant un plus large public de 7 à 77 ans, il y a Thiéfaine En tout cas Vive François Béranger. Ecoutez-le,Invitez-le à manger sur vos platines.