Artiste, Écrivain (Art, Littérature).
Francais, né le 10 octobre 1913 et mort le 6 juillet 2005
Enterré (où exactement ?).
Claude Simon est un écrivain français, né le 10 octobre 1913 à Tananarive (Madagascar) et mort le 6 juillet 2005 à Paris. Le prix Nobel de littérature en 1985 est venu récompenser celui « qui, dans ses romans, combine la créativité du poète et du peintre avec une conscience profonde du temps dans la représentation de la condition humaine ».
Il s'est également intéressé à la peinture et à la photographie.
Claude Simon naît le 10 octobre 1913, à Tananarive (Madagascar), d'un père militaire qui meurt, quelques mois plus tard, le 27 août 1914, lors de la Première Guerre mondiale près de Verdun. Il est élevé à Perpignan, dans le sud de la France, par sa mère. Cette dernière meurt en 1925 des suites d'un cancer. Son éducation est alors prise en charge par sa grand-mère maternelle (arrière-petite-fille du général et conventionnel tarnais Jean-Pierre Lacombe-Saint-Michel) et l'un de ses oncles, sous la tutelle d'un cousin germain. Il effectue ses études secondaires au lycée François Arago de Perpignan (une promotion y est d'ailleurs nommée en son honneur), puis au collège Stanislas à Paris, de 1925 à 1930, puis au lycée Saint-Louis.
En 1931, il se consacre à la peinture et à la photographie. Il suit d'ailleurs des cours à l'académie de peinture André Lhote.
Il fait son service militaire au 31e régiment de dragons de Lunéville de 1934 à 1935. L'année suivante, il commence à écrire et se rend à Barcelone auprès des républicains qui sont opposés aux troupes franquistes lors de la Guerre d'Espagne. Il décrit notamment cette expérience dans Le Palace. En 1937, il effectue un voyage qui le conduit en Allemagne, en Pologne et en URSS. Il se lance dans l'écriture d'un premier roman, Le Tricheur, publié à la Libération.
En 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé pour servir dans le 31e régiment de dragons. Fait prisonnier par les Allemands en juin 1940, il s'évade de son camp en Saxe et rejoint Perpignan. Mais, risquant d'être arrêté après l'occupation de la zone libre[Quand ?], il se rend à Paris[Quand ?] où il habitera jusqu'à la fin de la guerre, participant à la Résistance.
Après la guerre, il devient viticulteur en Roussillon avec sa propre exploitation et commence la rédaction de plusieurs oeuvres. Édités aux Éditions de Minuit, ses ouvrages le classent, pour beaucoup de critiques, dans la mouvance du Nouveau Roman (selon le terme de Roger-Michel Allemand). Son roman La Route des Flandres obtient le prix de l'Express en 1960, et il signe la même année le Manifeste des 121, déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie.
En 1967, il obtient le prix Médicis pour l'un de ses romans les plus connus, Histoire.
Après l'avoir rencontrée en 1962 lors d'un dîner chez son éditeur Jérôme Lindon, Claude Simon se marie en secondes noces avec Réa Karavas.
En 1981, Les Géorgiques paru après six années d'écriture, sans autre publication durant cette période, constitue l'un des romans majeurs de Claude Simon. En 1985, le prix Nobel de littérature vient récompenser l'un des plus grands représentants français de la modernité littéraire dont l'oeuvre, novatrice et exigeante, fut occultée, contestée voire rejetée par une partie de la presse et du public pour « hermétisme », « confusionnisme » et « artificialité ». Bien que l'auteur soit lu et apprécié à l'étranger, son nom est en effet méconnu de la plupart des médias français lors de l'attribution de la récompense.
À la fin de son existence, il résidait entre sa maison de Salses-le-Château et son appartement du no 3 place Monge qu'il habitait depuis 1965, dans le Quartier latin à Paris. Claude Simon était également photographe. Bien avant sa mort, il a demandé à sa seconde épouse de détruire tous ses tableaux, qu'il jugeait quelconques. Il relisait plusieurs fois les ouvrages qu'il aimait, fréquentait Pierre Soulages, correspondait avec Jean Dubuffet et appréciait l'oeuvre de Nicolas Poussin, Pierre Alechinsky et Antoni Tàpies. Fiodor Dostoïevski et Marcel Proust étaient ses auteurs de chevet.
Simon a écrit plusieurs romans qu'il considère comme appartenant à une période probatoire et peu convaincante : La Corde raide (1947), Gulliver (1952) et Le Sacre du printemps (1954), période achevée par la publication du Vent (1957).
Voici un extrait de son discours de remerciement lors de la cérémonie de remise des prix Nobel à Stockholm, le 9 décembre 1985 :
« Je suis maintenant un vieil homme, et, comme beaucoup d'habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée : j'ai été témoin d'une révolution, j'ai fait la guerre dans des conditions particulièrement meurtrières (j'appartenais à l'un de ces régiments que les états-majors sacrifient froidement à l'avance et dont, en huit jours, il n'est pratiquement rien resté), j'ai été fait prisonnier, j'ai connu la faim, le travail physique jusqu'à l'épuisement, je me suis évadé, j'ai été gravement malade, plusieurs fois au bord de la mort, violente ou naturelle, j'ai côtoyé les gens les plus divers, aussi bien des prêtres que des incendiaires d'églises, de paisibles bourgeois que des anarchistes, des philosophes que des illettrés, j'ai partagé mon pain avec des truands, enfin j'ai voyagé un peu partout dans le monde... et cependant, je n'ai jamais encore, à soixante-douze ans, découvert aucun sens à tout cela, si ce n'est comme l'a dit, je crois, Barthes après Shakespeare, que « si le monde signifie quelque chose, c'est qu'il ne signifie rien » sauf qu'il est. »
Claude Simon meurt le 6 juillet 2005, à l'âge de 91 ans. Il est inhumé à Paris, au cimetière de Montmartre. En 2006, ses grands romans sont édités à la Bibliothèque de la Pléiade. En 2013, la Bibliothèque publique d'information, associée au Centre Georges-Pompidou, lui consacre une exposition.
Assimilée au Nouveau Roman, son oeuvre littéraire cherche à retranscrire les mécanismes de la pensée et donne le sentiment d'une profonde unité thématique et stylistique. Elle rejette l'illusion référentielle ainsi que l'héritage du réalisme et du naturalisme (lien de cause à effet, effet de réel, représentation fidèle et vraisemblable d'une réalité objective, identification aux personnages). Néanmoins, elle n'abandonne pas la dimension narrative du roman qu'elle renouvelle tout en délaissant un aspect purement fictionnel : l'inspiration autobiographique, primordiale, est le point de départ d'une reconstruction imaginaire du monde par le langage. Ses ouvrages comprennent certains épisodes vécus (la guerre d'Espagne, l'engagement sur le front de 1940) qui nourrissent plusieurs romans. Ces derniers présentent au lecteur des figures récurrentes comme la mère, perdue à 11 ans, la grand-mère et l'oncle qui ont élevé l'écrivain et les deux tantes qui s'étaient sacrifiées pour permettre au père de faire ses études. À cela s'ajoutent les archives personnelles du romancier : les photographies familiales, les papiers d'un aïeul général et les cartes postales que le père, en poste dans les colonies, écrivit à la mère durant leurs fiançailles.
Les romans de l'auteur sont traversés par les thèmes de l'érotisme, de la guerre, de l'histoire perçue comme un éternel recommencement et du temps conçu comme un piétinement immobile. Ils évoquent également l'embourbement et l'enlisement, tant physique que psychique. La thématique de l'enlisement est rendue, dans le texte, par des procédés d'écriture particuliers tels que l'étirement de la phrase, la répétition, la digression, la disparition de la ponctuation ou encore l'emboîtement vertigineux de parenthèses. Un flot d'images, de citations, de jeux de mots et de métaphores vient perturber la logique narrative, sans toutefois s'éloigner d'une certaine cohérence. L'auteur cherche également à exalter la sensation, donnant une dimension éminemment tactile à ses évocations. Inspirée d'abord par Marcel Proust et William Faulkner auquel elle emprunte la forme « -ing », retranscrite en français par l'emploi répété des participes présents pour tenter de figer le temps, l'écriture de Claude Simon se caractérise par un travail formel d'importance. On y retrouve l'approche du peintre cubiste qui brouille la figuration, déforme les corps et tord la perspective. Sa composition littéraire, qui malmène la chronologie et unit ou sépare des scènes et des images disparates, est aussi comparée au collage en peinture. Son style, très découpé et visuel, est par ailleurs rapproché du cinéma ; Simon étant un grand cinéphile doublé d'un passionné des formes et de la virtuosité technique des films. La perception organique de l'histoire vécue s'illustre par la présentation de détails apparemment insignifiants et par le mouvement chaotique de l'imagination qui guide le récit. À cela se mêlent des considérations esthétiques et des réflexions fournies sur le langage littéraire.
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Les meilleures citations de Claude Simon.
Une coulée de lumière persistait encore entre les berges obscures du canal lorsqu'il le franchit, scintillante, argentine, teintée de jade, contrastant avec l'inerte lueur des globes électriques qui s'allumaient, égrenés le long des quais, éclaboussant de jaune les troncs écaillés des platanes, stagnant au dessus de l'étourdissant et agressif carrousel de phares, de feux rouges, l'inerte et impuissant conglomérat de voitures enchevêtrées se suivant sans avancer autour des palmiers décoratifs.
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