Enterré (où exactement ?).
Claude Allègre, de son nom complet Claude Jean Allègre, né le 31 mars 1937 à Paris et mort le 4 janvier 2025 dans la même ville, est un géochimiste et homme politique français. Ses travaux scientifiques et sa carrière de chercheur sont notamment récompensés par le prix Crafoord en 1986 et la médaille d'or du CNRS en 1994. Il est membre de l'Académie des sciences. Il publie de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique et adopte des positions publiques sur les thèmes de l'université française et de la recherche, notamment lorsqu'il est ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie dans le gouvernement Lionel Jospin de 1997 à 2000. Il se distingue aussi par ses prises de position controversées mettant en doute l'origine anthropique et l'importance du réchauffement planétaire, à l'encontre du consensus scientifique sur ces sujets depuis les années 1990, bien qu’il ait défendu la position inverse dans la décennie précédente. Auparavant membre du Parti socialiste depuis trente ans, il se rallie à Nicolas Sarkozy, alors président de la République, en 2008.
Après l'obtention de la licence en 1960, Claude Allègre prépare le diplôme d'études supérieures sous la direction de Louis Barrabé, professeur titulaire de la chaire de géologie structurale et géologie appliquée de la Faculté des sciences de Paris, qui décède en février 1961. Nommé assistant de chimie à la faculté des sciences de Reims (puis de Paris), c'est sous la direction du successeur de Louis Barrabé, Pierre Routhier, futur vice-président du conseil scientifique du Front national, que Claude Allègre prépare, au sein du laboratoire de géologie appliquée de la faculté des sciences de Paris, sa thèse pour le doctorat ès sciences physiques qu'il soutient en 1967. Il fonde alors, dans les locaux d'une usine de Saint-Maur-des-Fossés, un groupe d'études de géologie isotopique, baptisé « groupe Louis Barrabé », qui est, un an plus tard, rattaché à l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP) sous le nom de laboratoire de géochimie et cosmochimie, avant d'emménager dans le nouveau campus de Jussieu. Claude Allègre est nommé professeur titulaire à l'université Paris VII en 1970 et devient directeur de l'IPGP. En 1992, il succède à Maurice Allègre (aucun lien de parenté entre les deux) à la présidence du Bureau de recherches géologiques et minières.
En 1976, après être devenu directeur de l'IPGP, il préconise, lors du réveil du volcan la Soufrière en Guadeloupe, le maintien de l'évacuation d'urgence de la population décidée par le préfet par crainte d'une éruption avec nuées ardentes. Cette affaire provoqua une polémique durable avec le volcanologue Haroun Tazieff qui avait diagnostiqué une éruption phréatique. Une violente polémique opposa Haroun Tazieff à Michel Feuillard, directeur de l'observatoire volcanologique de la Guadeloupe, et à Claude Allègre, alors supérieur de ce dernier à l'IPGP mais sans experience volcanologique propre. Feuillard, Allègre (et le professeur Brousse, sur place) se fondant sur des analyses alarmantes montrant de la présence de magma frais dans les laves et cendres recueillis après les éruptions du volcan, conseillaient l'évacuation de 70 000 habitants proches, tandis que Tazieff, de retour d'un déplacement en Équateur, et se fondant sur son expérience de terrain après une visite sur le site (où il faillit être tué par un jet de gaz) affirmait que le volcan n'avait pas de magma frais, et que, cette fois, il allait donc se calmer sans aucun risque de nuées ardentes. Des mots peu aimables furent échangés, mais dans le doute les pouvoirs publics préférèrent évacuer. Finalement, les analyses montrant la présence de magma frais s'avérèrent erronées, et la Soufrière n'explosa pas, confirmant l'expertise de Tazieff. Les seuls dégâts furent économiques.
Les travaux de l'équipe de chercheurs dirigée par Claude Allègre ont essentiellement porté sur des questions de géochimie à partir de l'étude des éléments trace et des isotopes. Ses contributions ont facilité par la suite la compréhension de la constitution de la croûte et du manteau terrestres et aussi de l'interaction entre ces deux couches de la Terre. Allègre et son équipe ont également conçu des modèles sophistiqués d'un certain nombre de processus géologiques comme le volcanisme, l'évolution de l'atmosphère terrestre et la formation des nébuleuses proto-planétaires. Parallèlement à l'Américain G. J. Wasserburg, ils ont développé un certain nombre de techniques de datation isotopique, et notamment la méthode de datation par le système Samarium-Neodyme.
Ces recherches lui ont permis d'obtenir en 1986, en compagnie de Wasserburg, le prix Crafoord dans cette discipline. Claude Allègre a également reçu la médaille d'or du CNRS, plus haute distinction scientifique française, en 1994, et la médaille Wollaston en 1987. Il est membre de l'Académie des sciences française et de la National Academy of Sciences, l'académie des sciences américaine. Il est également membre de l'IUF, qu'il a créé pendant son mandat de ministre.
Il est président du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de 1992 à 1997.
En 1994, bien que ses pouvoirs soient limités, il laisse échoir, avec son directeur général, Jean-Pierre Hugon, le droit de préemption de la France sur les 24,7 % d'actifs possédés par le BRGM dans la mine de Yanacocha au Pérou (les plus grandes réserves d'or de l'Amérique du Sud). Une polémique est née en parallèle à ces pertes, révélant que Claude Allègre se serait servi de ses fonctions économiques notamment pour se faire payer par le BRGM un train de vie élevé. Sa piètre défense dans ce dossier lui aurait valu de perdre sa fonction en 1997.
Claude Allègre adhère au Parti socialiste en 1973. Il anime le « groupe des experts » du PS dans les années 1980.
Conseiller spécial de Lionel Jospin au ministère de l'Éducation nationale de 1988 à 1992, il est souvent qualifié[réf. nécessaire], en raison de son influence, de « ministre officieux » ou de « vice-ministre » de l'enseignement supérieur et de la recherche. Il est notamment l'initiateur du plan « Université 2000 ». Il propose une réforme profonde du système des classes préparatoires.
Claude Allègre est nommé, le 2 juin 1997, ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie dans le gouvernement Lionel Jospin.
Il entend réformer l'enseignement supérieur. Le 25 mai 1998, les quatre ministres chargés de l'enseignement supérieur d'Allemagne, de France, de Grande-Bretagne et d'Italie se retrouvent lors d'un colloque à la Sorbonne, à l'occasion de la célébration du 800e anniversaire de l'université de Paris, pour lancer un appel à la construction d'un espace européen de l'enseignement supérieur. Lancé à l'initiative du ministre français de l'Éducation nationale, le processus a pour objectif de favoriser les échanges universitaires (étudiants, enseignants et chercheurs) et de faire converger les systèmes universitaires vers des niveaux de référence communs.
L'initiative est progressivement reprise et développée par la plupart des gouvernements et des universités européens.
Il réforme la gestion du personnel enseignant, supprime les heures supplémentaires des professeurs et contribue à mettre en place le système de diplômes européen LMD. Il défend la nécessité d'un rapprochement de l'école et de l'entreprise et d'un « décloisonnement » des systèmes[réf. nécessaire]. À cet effet, il rencontre des chefs d'entreprise.
Ces réformes suscitent, dès octobre 1998, des protestations et des manifestations lycéennes qui dureront quelques mois.
En 1999 le ministre commence la mise en place de la réforme LMD, en conformité avec le processus de Bologne décidé par l'Union européenne. La Loi Allègre de 1999 sur l'innovation et la recherche permet dorénavant aux universitaires et aux chercheurs de créer une entreprise de type startup et de déposer des brevets.
Toutefois, sa gestion et ses annonces à la télévision et à la radio conduisent à une opposition croissante des syndicats enseignants (dont le SNES, alors présidé par Monique Vuaillat). Le 24 juin 1997, il prononce la phrase : « il faut dégraisser le mammouth ». Cette phrase sera l'emblème du conflit avec les enseignants. Les chiffres qu'il annonce en septembre 1997 sur le taux d'absentéisme des enseignants (12 %) sont supérieurs à la réalité (entre 5 % et 8 %). En plus de leurs revendications, les syndicats dénoncent de manière récurrente les paroles prononcées et le choix des termes. Il déclare par exemple : « Les enseignants ont quatre mois de vacances et, en plus, ils prennent leurs congés formation sur la scolarité ». De plus, un certain nombre de ses décisions passent pour autoritaires.
Il se retrouve par ailleurs isolé avec Pierre-Gilles de Gennes, en opposition à la majorité des physiciens français, lorsqu'il renonce à mettre en oeuvre en France un projet de synchrotron de nouvelle génération. Il préfère une participation au Diamond Light Source (le synchrotron anglais) pour des raisons budgétaires. Roger-Gérard Schwartzenberg, son successeur au ministère de la Recherche, reviendra sur ce choix et lancera la construction du synchrotron Soleil.
Le conflit avec les enseignants conduit à des manifestations en mars 2000 qui contraignent Claude Allègre à remettre sa démission. Jack Lang lui succède au ministère. En plus de sa phrase « il faut dégraisser le mammouth » qui sera l'emblème du conflit avec les enseignants en 1997, Claude Allègre provoque par ses propos un certain nombre de discussions lors de son passage au ministère de l'Éducation nationale. Des propos tenus en 1999 lorsqu'il était ministre de l'éducation (« Les maths sont en train de se dévaluer de manière quasi inéluctable. Désormais, il y a des machines pour faire les calculs ») ainsi que des propos similaires publiés en 1995 dans son livre La défaite de Platon, entraînent un vif émoi chez de nombreux enseignants et chercheurs français. Il en va de même de sa phrase, prononcée à La Rochelle le 30 août 1997 : « Les Français doivent cesser de considérer l'anglais comme une langue étrangère ».
L'hebdo satirique Le Canard enchaîné crée une polémique à propos de la déclaration suivante d'Allègre, le 21 février 1999, dans l'émission Public de TF1 : « Vous prenez un élève, vous lui demandez une chose simple en physique : vous prenez une boule de pétanque et une balle de tennis, vous les lâchez, laquelle arrive la première ? L'élève, il va vous dire la boule de pétanque. Eh bien non, elles arrivent ensemble, et c'est un problème fondamental, on a mis 2 000 ans pour le comprendre. Ça, c'est des bases, tout le monde doit savoir ça. » Suivent une série d'articles du Canard enchaîné reprochant à Claude Allègre de confondre « chute dans le vide » et « chute dans l'air », avec des réponses de Claude Allègre, qui s'obstine, jusqu'à ce que l'hebdomadaire sollicite l'avis de Georges Charpak (prix Nobel de physique). Le prix Nobel de physique donnant tort à Claude Allègre, la polémique s'éteint.
En 2011, Claude Allègre se préoccupe encore des questions d'éducation et propose ses remèdes pour « sortir l'école de la spirale de l'échec » : la décentralisation de l'administration des établissements scolaires et des enseignants, le rétablissement d'un examen d'entrée en sixième pour la lecture et le calcul, la professionnalisation de la formation des professeurs, la revalorisation de leur éthique, de leur évaluation et de leurs salaires.
Au sein du PS, après le retrait de Lionel Jospin, en 2002, il milite pour le retour de ce dernier à des responsabilités nationales. Au printemps 2006, il espère le voir se porter candidat et tente de s'opposer à la montée en puissance de Ségolène Royal pour la candidature aux élections présidentielles [Lesquelles ?] [réf. nécessaire]. Il soutient d'abord Dominique Strauss-Kahn pour l'élection primaire socialiste de novembre 2006, puis Jean-Pierre Chevènement quand Ségolène Royal est investie. Chevènement finit par se désister en faveur de cette dernière.
En septembre 2007, il publie un livre d'entretiens avec Dominique de Montvalon. La Défaite en chantant revient sur l'échec de la gauche aux élections présidentielle et législatives du printemps. Il s'en prend à Ségolène Royal, dont il juge les capacités insuffisantes pour la présidence de la République, à François Hollande (« Il a foutu un bordel noir ») et à Lionel Jospin qu'il épargnait jusque-là.
Bien que militant depuis 1973 au PS, il décide de ne pas reprendre sa carte en janvier 2008. Nicolas Sarkozy, chez qui il avait été aperçu entre les deux tours de l'élection présidentielle, déclare en février 2008 qu'il aimerait bien travailler avec lui.
Le 28 août 2008, Nicolas Sarkozy, président en exercice du Conseil européen, a confié à l'ancien ministre socialiste de l'Éducation nationale Claude Allègre le soin d'organiser les Assises européennes de l'innovation.
Le 26 mai 2009, il annonce à l'AFP qu'il votera « sans états d'âme » et « sans hésitation » pour la liste UMP aux élections européennes du 7 juin.
Le 18 février 2012, il annonce qu'il soutiendra et votera pour Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle française de 2012.
Le 17 janvier 2013, il est victime d'une crise cardiaque lors d'une conférence scientifique à Valparaíso.
Claude Allègre est mort le samedi 4 janvier 2025, à l'âge de 87 ans, à Paris (France).
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