Pédagogue, Scientifique (Science).
Francais, né le 16 octobre 1896 et mort le 8 octobre 1966
Enterré (où exactement ?).
Célestin Baptistin Freinet est un pédagogue français, né le 16 octobre 1896 à Gars dans les Alpes-Maritimes, mort le 8 octobre 1966 à Vence dans les Alpes-Maritimes.
D'abord au Bar-sur-Loup, puis surtout à Vence, il développe avec l'aide de sa femme Élise Freinet, et en collaboration avec un réseau d'instituteurs, toute une série de techniques pédagogiques, basée sur l'expression libre des enfants : texte libre, dessin libre, correspondance interscolaire, imprimerie et journal scolaire, enquêtes, réunion de coopérative etc. Militant engagé, politiquement et syndicalement, en une époque marquée par de forts conflits idéologiques, il conçoit l'éducation comme un moyen de progrès et d'émancipation politique et citoyenne.
Son nom reste attaché à la pédagogie Freinet qui se perpétue de nos jours notamment via le Mouvement de l'École moderne. Tandis que certaines techniques développées par Freinet ont pénétré l'institution scolaire, elles ont également pu inspirer la Pédagogie institutionnelle et des approches plus libertaires, autogestionnaires. L'École Freinet, de Vence, devenue publique en 1991 est classée au patrimoine de l'UNESCO.
Freinet naît en 1896 dans le petit village de Gars, dans les Alpes-Maritimes. Il est l'avant-dernier enfant d'une famille qui comptera six enfants. Seuls son frère et sa soeur plus âgés survivront jusqu'à l'âge adulte. Son père Joseph, Delphin Freinet, est cultivateur (décédé en 1939), sa mère Marie Victoire Torcat (décédée en 1929) s'est occupée de l'épicerie du village. Enfant il lui arrive de garder les troupeaux. Reçu au certificat d'études primaires il est admis à l'école primaire supérieure (en internat) à Grasse en 1909. Il obtient son brevet et entre à l'école normale d'instituteurs de Nice qu'il fréquente de 1912 à 1914. Le 26 octobre 1914 il obtient un poste d'instituteur intérimaire à Saint-Cézaire en remplacement du titulaire appelé sous les drapeaux. Mobilisé à son tour, incorporé le 10 avril 1915 et nommé aspirant le 1er janvier 1916, il est versé dans l'infanterie. Il participe à l'offensive du Chemin des Dames. Le 27 octobre 1917 il est grièvement blessé par balle au poumon (il en gardera des séquelles sa vie durant). Il passe sept mois à l'hôpital militaire de Soissons. Reconnu mutilé de guerre à 70 %, il est décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire. Il demande à son administration une affectation compatible avec son état de santé. En janvier 1919, il est nommé à La Croix Villard, où il ne se plaît pas. Le 31 décembre 1919 il reçoit son avis d'affectation au Bar-sur-Loup. Il se lie d'amitié au romancier Henri Barbusse et noue des relations avec Henry Poulaille.
Le 1er janvier 1920, il est nommé instituteur adjoint à l'école du Bar-sur-Loup. Il passe et réussit le concours de professeur d'École primaire supérieure en 1922. Il refuse un poste à Brignoles pour poursuivre l'expérience pédagogique qu'il a déjà entamée. C'est au Bar-sur-Loup qu'il entame son travail de pédagogue.
En mai 1920, il publie son premier article, dans l'École émancipée, qui est une traduction d'un article d'un auteur allemand Adolphe Röchl.
Il se lance dans le mouvement de l'Éducation nouvelle. Certaines lectures l'aident à concevoir une pratique pédagogique qu'il appellera « moderne » : il s'inspire notamment du philosophe américain John Dewey. Divers voyages lui permettront de découvrir des méthodes alors inconnues en France.
L'été 1922 son premier voyage à l'étranger l'emmène en Allemagne, où invité par Siems, il visite les écoles primaires de Hambourg, et notamment les écoles libertaires de Hambourg. Il rend compte de ce voyage dans un article (en octobre et novembre 1922 sur deux numéros, dans L'École émancipée). Il n'avait guère trouvé probante cette pédagogie, la trouvant trop individualiste et trop peu organisée.
Il écrit dans l'École émancipée et dans Clarté (où il publie neuf articles de janvier 1923 à juin 1925).
En 1923 il participe au Congrès de la Ligue internationale pour l'éducation nouvelle à Territet-Montreux où il fait la connaissance d'Adolphe Ferrière à qui il vouera une amitié fidèle.(Freinet se distingue de Ferrière, chrétien, par son anticléricalisme ; « L'école active » de Ferrière, publié en 1924, sera un des livres de chevet de Célestin Freinet). Celui-ci rencontre encore le Dr Decroly, (l'école atelier), Cousinet, le professeur genevois Charles Baudouin, Émile Coué et aussi le professeur Cizek, de Vienne. Freinet peut y entendre Paul Geheeb.
À la rentrée scolaire d'octobre 1924, ayant fait l'acquisition d'une presse CINUP, il modifie sa pédagogie en la centrant autour de l'écriture et la lecture de textes imprimés. C'est aussi en 1924 qu'il introduit la pratique de la correspondance scolaire. La connaissance de l'espéranto est pour lui à cet égard un avantage affirmé.
En septembre 1925, il visite l'URSS avec Maurice Wullens en tant que membre d'une délégation syndicale (invitée par le Syndicat Panrusse des Travailleurs de l'Enseignement) et fait ainsi la connaissance de l'épouse de Lénine, Nadejda Kroupskaïa, alors Ministre de l'éducation. Ce voyage lui inspirera 14 articles (Mes impressions de pédagogue en Russie soviétique, in : L'École émancipée N° 7 du 8 novembre 1925).
Il se marie avec Élise Lagier-Bruno, institutrice et artiste, en mars 1926 à Saint-Martin-de-Queyrières (De leur union naitra une fille, Madeleine Freinet qui épousera Jacques Bens). Le 4 juillet 1926 un article du Temps salue « L'École de Gutenberg ».
À la rentrée scolaire de 1926 commence la première expérience de correspondance interscolaire régulière, entre la classe de Freinet du Bar-sur-Loup et celle de René Daniel de Saint-Philibert-en-Trégunc . Ils échangeront également des films tournés en 9,5 mm Pathé-Baby. Relatée en 1927-1928 dans l'École Émancipée, cette expérience incitera d'autres instituteurs/trices à se joindre à eux, formant ainsi un réseau de correspondants dans toute la France et même à l'étranger.
En 1926 il lance une Coopérative d'entraide pédagogique dont le bulletin mensuel a pour titre « L'imprimerie à l'école ».
En avril 27, est créée La Gerbe, coorevue d'enfants qui regroupe une sélection de textes produits dans le cadre de la correspondance scolaire.
Dans la foulée du congrès de la Fédération de l'enseignement unitaire qui se tient à Tours en août 1927, il prend une part active au Congrès international de l'imprimerie à l'école et participe à la création de la « Coopérative d'entraide de l'imprimerie à l'école » . À l'occasion de ce même congrès, Freinet et Rémy Boyau projettent deux petits films tournés en Pathé-Baby : il y est décidé de créer une coopérative pour développer cette activité, ce qui est fait le 27 octobre 1927 avec la création d'une société anonyme [sic] dénommée « Cinémathèque Coopérative de l'Enseignement Laïc » ayant son siège à Bordeaux. Cet organisme doit assurer prêts et vente de films, projecteurs, caméras et envisage la production de films pédagogiques. Grâce aux liens existant entre Charles Pathé, ayant une résidence à Tourettes-sur-Loup et les Freinet, cet organisme bénéficie de conditions tarifaires intéressantes. Au second congrès à La Bellevilloise, en 1928, la Société de la Cinémathèque, fusionnant avec la Coopérative d'entr'aide pédagogique (crée en 1926), devient la « Coopérative de l'enseignement laïc » dont le siège est maintenu à Bordeaux; le bulletin prend alors pour nom L'Imprimerie à l'École, le Cinéma, la Radio et les Techniques nouvelles d'Éducation populaire, revue pédotechnologique mensuelle, organe de la Coopérative de l'Enseignement Laïc.
Quand, en 1928, Freinet quitte Le Bar-sur-Loup pour s'installer à Saint-Paul-de-Vence, où il a été muté, il a déjà mis en oeuvre l'essentiel de ses méthodes : l'imprimerie, la correspondance interscolaire, la coopérative scolaire, et il a même mis sur pied, au niveau national, la Coopérative de l'enseignement laïc (CEL). Grâce à sa participation à des congrès nationaux et internationaux, il s'est déjà fait un nom dans le monde pédagogique.
En 1929 avec Roger Lallemand, ils ont l'idée du Fichier Scolaire Coopératif.
En août 1929 naît Madeleine, leur fille et unique enfant.
En février 1932, Freinet, par la Bibliothèque de travail (BT), s'est engagé dans une entreprise d'auto édition indépendante. En octobre 1932 paraît le premier numéro de l'Éducateur Prolétarien, le nouveau nom donné à la revue L'imprimerie à l'École. La CEL produit le court-métrage « Prix et profits » réalisé par Yves Allégret en collaboration avec le Groupe Octobre. Ce film, dans lequel apparaissent les frères Prévert, est attaqué dans l'Écho de paris et l'Action Française.
L'affaire de Saint-Paul de 1932, va donner à Freinet, déjà connu internationalement en tant que pédagogue, une notoriété nationale en un moment qui précède la crise de février 1934.
À Saint-Paul-de-Vence, Freinet est responsable d'une classe de 49 élèves qu'il instruit dans une école dont il se plaint de la vétusté et de l'exiguïté. Il sollicite l'ouverture d'une deuxième classe, espérant que le poste pourrait échoir à Élise. N'obtenant d'abord rien de son administration, et en butte à l'indifférence de la municipalité aux conditions d'hygiènes -qu'il fait constater par des médecins-, il prend appui sur son syndicat et obtient l'ouverture d'une deuxième classe de garçons dans son école. Élise obtient par ailleurs une mutation à Saint-Paul, mais pas dans la classe de garçons. Un différend l'oppose ensuite à son administration au sujet des modalités de transmission d'un rapport d'inspection concernant l'adjoint de Freinet. Menacé de mutation d'office, Freinet, sur les conseils de son syndicat, doit céder.
Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1932 une cinquantaine d'affiches, de deux types différents, sont apposées sur les remparts du village. Tandis que des affiches reprennent un récit de rêve composé par les enfants de la classe de Freinet, et qui peut passer, détourné de son contexte, comme une apologie du meurtre, l'autre modèle accuse l'instituteur de faire de ses élèves de futurs bolcheviques. Dans la foulée, la municipalité, d'obédience Union républicaine et démocratique, et une association d'anciens combattants introduit une plainte contre Freinet. Tandis que l'administration diligente une enquête, les tensions montent entre partisans et opposants de Freinet. Le 19 décembre le maire appelle à une grève scolaire. La presse locale d'abord, puis nationale - Maurras lui-même s'exprimera à ce sujet dans l'Action Française - se fait l'écho du conflit qui résonne jusque dans l'Assemblée. Le préfet décide de déférer Freinet devant le Conseil Départemental de l'enseignement primaire, qui, le 28 janvier 1933, finit par le condamner à la Censure. Tandis que Freinet fait appel de cette décision auprès du Conseil d'État, parvient à l'Inspecteur d'académie une pétition, signée par des parents, qui reprochent à Freinet de faillir à son devoir de neutralité scolaire en faisant l'éloge de la révolution russe. Les lettres se multiplient, tant celles portant une opposition que celle exprimant un soutien. Freinet écrit au Ministre de l'Instruction Publique, Anatole de Monzie, une lettre dans laquelle il répond point par point aux reproches qui sont faits tant à lui personnellement qu'à l'éducation nouvelle en général. tandis que la grève scolaire continue, la réponse du ministre se fait attendre. Le 23 avril 1933, veille de la rentrée de Pâque, une foule se presse devant l'école; des violences sont commises ; Freinet, craignant pour la sécurité des enfants accueillis et la sienne exhibe un revolver. Après cet épisode, invité à accepter une mutation, Freinet ne concède que de se mettre en congé pour trois mois. Le 21 juin 1933, le Préfet avise Freinet de sa mutation d'office « dans l'intérêt de l'école laïque ». Refusant sa réaffectation au Bar-sur-Loup, Freinet fait demande un congé de longue durée, pour raison de maladie, qui est acceptée. Il se consacre à la CEL mais songe déjà à la création d'une école coopérative, indépendante du pouvoir politique et donc privée. Cette idée d'abord rejetée par les militants, qui craignent notamment les frais élevés de scolarité propres à cette forme juridique, finira par aboutir. Après avoir reconduit ses congés autant que possible, Freinet doit, d'après la loi, se mettre en retraite s'il veut pouvoir exercer dans une école privée : c'est ce qu'il fait en 1935.
Au Congrès de la Ligue internationale pour l'éducation nouvelle de 1935, il fait part du projet de créer un Front de l'enfance ; Romain Rolland accepte d'en prendre la présidence.
Le 1er octobre 1935, grâce au soutien d'amis politique et de la presse de gauche, Freinet déclare son école ouverte. En fait, et alors même que le Conseil d'État n'a toujours pas rendu son arrêt, l'administration oppose à Freinet un vice de procédure : après des chicanes réglementaires, l'ouverture n'acquerra d'existence légale qu'un mois plus tard, le 6 novembre 1935. L'administration trouve encore à poursuivre Freinet qu'elle considère en contravention avec la réglementation sur les internats. Plutôt que de poursuivre Freinet en correctionnelle, le Préfet le défère une nouvelle fois devant le Conseil Départemental de l'enseignement primaire qui vote à l'unanimité la fermeture de l'École. Si le Conseil d'État, par sa décision finale du 3 avril 1936, ne donne pas droit aux demandes de Freinet, l'avènement du Front Populaire quelques mois plus tard permet à Freinet d'obtenir une révision de la dernière interdiction : le 23 juillet 1936, Jean Zay (1904-1944), nouvellement nommé ministre de l'Éducation par Léon Blum, autorise l'ouverture de son école du Pioulier à Vence. Freinet sollicitera ensuite l'attention et le soutien de Virgile Barel, ancien instituteur, communiste nouvellement élu député à Nice.
Le Pioulier à l'écart de Vence. Bâtie sur un site isolé, de type pavillonnaire, l'école accueille "Une majorité de fils d'ouvriers parisiens, de cas sociaux venant de l'Assistance sociale, des fils d'instituteurs pour la plupart venus... pour raison de santé, et çà et là quatre ou cinq enfants de familles aisées..." (Élise Freinet, 1968). La plupart des élèves sont internes. Jusqu'en 1940, le couple Freinet est totalement impliqué dans la vie des enfants qui les appellent « Papa et Maman ». Un adolescent, Albert Belleudy, seconde Freinet dans toutes les tâches de l'école entre 1934 et 1939.
En 1935 il lance les Brochures d'Éducation Nouvelle Populaires (BENP).
Il y accueille aussi des élèves juifs allemands, qui fuient le nazisme.
En 1936, Freinet incite les membres de la CEL à investir le GFEN (le GFEN, Groupe français d'éducation nouvelle, qui avait été créé en janvier 1929, se présentant alors comme un cercle de réflexion animé par de hautes personnalités intellectuelles).
En février 1937 les deux premiers enfants espagnols arrivent à l'école de Célestin et Élise Freinet. En mai de la même année, une institutrice espagnole est accueillie pour faire la classe aux petits réfugiés qui dès lors écrivent et impriment dans leur langue.
Comme beaucoup de militants communistes, et à la suite de la signature du pacte germano-soviètique, C. Freinet fait l'objet d'une surveillance policière renforcée en septembre 1939 ; il est assigné à résidence hors de la zone des armées le 29 octobre 1939. Il est interné au centre de séjour surveillé de Saint-Maximin la Sainte-Baume le 16 mars 1940. (Un texte tardivement rendu public donne le 20 mars comme étant sa date d'arrestation). En avril 1940, Freinet est interné dans plusieurs camps du Sud de la France, à Chabanet dans l'Ardèche, à Chibron dans le Var et à Saint-Sulpice dans le Tarn. Son école est fermée par un arrêté du ministre de l'Éducation nationale en date du 3 mai 1940. Ce sera néanmoins pour lui l'occasion de rédiger ses textes pédagogiques fondamentaux (Conseils aux parents, L'École moderne française, L'Éducation du travail et Essai de psychologie sensible), qui ne seront publiés, à l'exception notable de Conseils aux parents, qu'après guerre. Il est libéré le 29 octobre 1941.
Entretemps, le préfet a décrété la fermeture de l'école le 7 mai 1940. Élise Freinet a dû quitter l'école le 10 juin 1941. Les bâtiments et la propriété du Pioulier sont loués à une association tchécoslovaque, la MACE - Maison d'accueil chrétienne pour enfants-, dirigée par Joseph Fisera. Fisera obtient que Freinet lui loue bâtiments et propriété. Elle rouvrira en août 1945.
Assigné à résidence hors de son département, Freinet rejoint les siens dans la maison de la mère d'Élise à Vallouise (Hautes-Alpes).
Grâce à Ferrière qui, de Suisse, sert d'intermédiaire entre Freinet et Jean Mawet, en Belgique, Conseils aux parents paraît en épisodes dans la revue belge Le Service social de mai à décembre 1942.
Freinet rejoint en 1944 le maquis FTPF de Béassac dirigé par son beau-frère Lagier-Bruno. Avec l'étiquette P.C., il se retrouve ensuite au Comité départemental de libération à Gap où il a notamment la charge de la liaison avec le monde agricole.
À la Libération, Raymond et Lucie Aubrac lui confient la responsabilité pédagogique des centres d'accueil destinés à accueillir notamment les orphelins de guerre de la région. Dans les locaux réquisitionnés du grand séminaire de Gap il crée un centre scolaire destiné à héberger des orphelins de fusillés ou victimes de guerre, des enfants Juifs ayant échappé au génocide. Il prend la direction du centre scolaire de Gap en février 1945. C'est aussi en février 1945 que reparaît L'Éducateur.
En juillet 1945 et avec le soutien d'Henri Wallon, il lance l' « Union Pédagogique » afin de regrouper mouvements éducatifs et syndicats enseignants. Le projet n'aboutit pas.
L'école rouvre en octobre 1945 : « centre scolaire » elle accueille alors des enfants victimes de guerre.
Le 30 décembre 1945, la Coopérative de l'Enseignement Laïc tient son Assemblée générale, en Seine et Oise.
La CEL lance un emprunt obligataire pour relancer les activités.
En 1946, il publie L'École Moderne Française.
En 1946 deux bâtiments sont loués à Cannes pour héberger les locaux de la CEL, un atelier de lithographie,le bureau de Freinet, son secrétariat et son appartement. En octobre 1946 Freinet reprend la responsabilité directoriale de son école, toujours privée, de Vence. Habitant désormais à Cannes, dans les locaux de la CEL, les Freinet ne passent qu'une faible partie de leur temps à l'école de Vence où ils séjournent dans un bâtiment distinct, l'Auberge.
En 1946 un arrêté du Directeur du Premier Degré attribue pour l'école de Freinet trois postes d'enseignants publics. Cette facilité cessant en 1950, l'école doit alors payer ses enseignants qui doivent par ailleurs se mettre en congé de convenance personnelle (avec interruption de carrière) s'ils veulent y enseigner. En 1954 Freinet obtient de nouveau l'ouverture de trois postes publics dans son école, mais n'obtient qu'en 1958 le droit de regard sur les nominations d'enseignants qui ne restent en poste qu'un ou deux ans avant de regagner leur département d'origine. À plusieurs reprises des conflits éclatent entre Freinet et les enseignants.
À partir de mai 46, Freinet concentre les fonctions de directeur de la CEL, celles d'animateur de l'ICEM et celle de gérant des revues.
En 1946, il rompt avec le GFEN.
En avril 1947, l'Institut Coopératif de l'École Moderne création (ICEM) est avalisée par les militants au congrès de Dijon (l'ICEM n'accèdera à une existence légale qu'en 1951). En 1948, la Coopérative de l'enseignement laïque se transforme en "Institut de l'école moderne". En 1957, c'est au tour de la Fédération Internationale des Mouvements de l'École Moderne (FIMEM) de voir le jour.
En juillet 1947 a lieu le premier voyage-échange entre classes correspondantes ( de tels voyages avaient été envisagés avant-guerre).
En 1949 Élise publie "Naissance d'une pédagogie populaire".
En mars 1949 le film L'École Buissonnière sort en salle à Paris avant d'entamer une carrière internationale. L'absence du nom de Freinet au générique donne lieu, après une vaine tentative de conciliation, à une longue bataille juridique. En juin 1951 un jugement du Tribunal Civil de la Seine condamne la société productrice à payer à Freinet 500,000 F de dommages et intérêts et à modifier le générique. Cette décision, contestée, est réaffirmée par la Cour d'Appel de Paris, le 7 mai 1952. Cependant, le générique n'ayant pas été modifié sur toutes les copies, des constats d'huissiers sont établis par des militants de l'ICEM dans des salles de province à la demande de Freinet.
Le 20 juin 1953 la C.E.L. reprend ses activités.
En septembre 1953 la section locale du Parti Communiste engage des actions contre Freinet en sa qualité de patron de la CEL.
En 1954 Freinet lance l'objectif 25 élèves par classe (alors qu'en cette période de baby boom les classes peuvent compter de 40 à 50 élèves!).
En 1957 est créée la FIMEM (Fédération Internationale des Mouvements d'École Moderne).
En 1961, au Congrès de Saint-Étienne, les responsables présents du groupe parisien, Raymond Fonvieille, Fernand Oury et Marie-Josèphe Denis refusant de se soumettre à un ultimatum, sont exclus du mouvement. Après la rupture avec Freinet, Fonvieille et Oury développent la Pédagogie institutionnelle, le premier en liaison avec l'Autogestion Pédagogique développée par Georges Lapassade, Michel Lobrot et René Lourau, le second avec un regard plus psychanalytique ( son frère est Jean Oury).
En 1964 l'école Freinet de Vence est reconnue comme école expérimentale, et ses enseignants sont pris en charge par le ministère de l'Éducation Nationale.
En 1965 Freinet contacte des banques en vue de fonder « L'Institut Freinet de Vence ».
Décédé en 1966 à Vence, il est enterré dans son village natal de Gars.
En 1919 la Société Française de Pédagogie, crée en 1914, tient sa première assemblée générale au Musée Pédagogique.
La loi du 30 décembre 1921, dite loi Roustan, permet notamment le rapprochement des couples d'instituteurs.
Sous Paul Lapie, directeur de l'enseignement primaire au ministère de l'Instruction, sont adoptées les instructions officielles de 1923 qui reprennent dans leur grande ligne les instructions de 1887.
En avril 1928 est créé l'Office des coopératives scolaires qui est reconnu par le ministère de l'Instruction publique. En 1929 et en 1930,cet Office, rebaptisé,OCCE voit sa vocation étendue : son but est d'encourager non seulement la constitution de coopératives scolaires, mais l'enseignement de la coopération dans les écoles à tous les niveaux. En 1936 le ministère accorde son patronage à l'OCCE.
Sa pédagogie, qui entend faire de la classe un atelier, est incarnée dans ses dialogues par le personnage du « père Mathieu », dont « M. Long », instituteur très marqué par la IIIe République, aux idées modernistes un peu courtes, constitue l'antithèse. Elle insiste, comme celle de Dewey, sur le rôle du travail et de la coopération dans l'apprentissage, ainsi que sur l'insertion de l'école dans la vie locale, y compris politique (d'où des relations houleuses avec le maire).
Freinet ne s'est pas contenté de rattacher l'activité des élèves à la responsabilité et à la production intégrale d'un journal, impression comprise : il a théorisé également le « tâtonnement expérimental ». Il assimile l'autorité du maître à une violence. En effet, quand le travail de l'écolier est correctement organisé, il passionne l'élève et il n'est plus besoin d'autorité ni de discipline. Cette pédagogie est d'inspiration socialiste, mais aussi volontiers naturaliste et anti-intellectualiste (d'où le personnage du « Père Mathieu », berger de son état, qui représente la nature et le bon sens, l'équilibre avec le monde et ses « invariants »). L'intellectuel est décrit par Freinet comme une grosse tête, munie de bras atrophiés, une sorte de monstre. Qui voudrait que ses enfants lui ressemblent ?
L'éducation traditionnelle exagère le rôle des connaissances et des performances intellectuelles. On peut la comparer à l'industrie, par opposition à la nature et à l'artisanat. L'enfant est une « plante », qu'il faut aider à se développer harmonieusement, en respectant certains « invariants » de la pédagogie.
Mais Freinet a critiqué également la pédagogie du jeu, comme d'ailleurs le philosophe Alain. C'est parce que l'enfant est dépouillé de responsabilités réelles que son activité se réfugie dans le jeu. L'éducateur, en le responsabilisant et en le considérant comme un adulte, l'aidera à grandir de façon naturelle. Contrairement à la plupart des autres pédagogues, Freinet considère que l'enfant et l'adulte ont pour l'essentiel la même nature. Il voit même là le premier « invariant » pédagogique.
Freinet distingue cependant le « jeu-haschich » du « jeu-travail », moins critiquable, et enfin du « travail-jeu », c'est-à-dire du travail non aliéné, en accord avec la spontanéité de l'enfant, dans les phases de répétition du « tâtonnement expérimental ». Il faut rattacher cela à sa conception volontiers vitaliste de l'enfant, comme énergie ascendante de la vie. « Les aigles ne prennent pas l'escalier ».
Freinet emprunte l'idée de coopération à Barthélemy Profit. Malgré des divergences entre eux, quant à la portée à donner aux coopératives scolaires, l'amitié entre Freinet et Profit, amorcée vers 1925, durera toute leur vie.
Il adhère à la Section Française de l'Internationale Communiste vers 1925-1926. Une autre source donne 1928 pour sa date d'adhésion.
Dans les années 1930, Freinet ne rencontre pas une large adhésion auprès des militants communistes : ceux-ci ne représenteraient que 15 % des instituteurs se réclamant de son mouvement.
Pendant le Front Populaire il est candidat communiste, malheureux, aux élections cantonales à St-Auban, dans les Alpes Maritimes.
Dès 1943, des frictions surgissent entre Freinet et le parti communiste.
En 1946 Freinet rompt avec le GFEN (alors dominé par des membres du Parti Communiste) auquel il reproche de ne pas être assez attentif aux opinions des instituteurs.
La réalisation du film, financé par le Parti Communiste, L'École buissonnière est une source de frictions entre Freinet et le Parti. Sorti en 1949, ce film connaît un très grand succès tant en France qu'à l'étranger.
Si, avant et pendant la guerre, Freinet avait été attaqué par la droite et l'extrême-droite, dès 1945, c'est le Parti communiste français qui orchestrera une campagne sournoise contre lui. Freinet est en effet accusé par la propagande communiste d'avoir collaboré avec le régime de Vichy, puis, à partir de 1950, de diffuser une pédagogie bourgeoise. Il ne quittera pourtant le parti qu'en 1952, quand la cellule communiste de sa coopérative sera dissoute autoritairement par la direction du parti.
Le 3 avril 1950 Georges Snyders entame les hostilités contre Freinet dans un article intitulé « Où va la pédagogie nouvelle? À propos de la pédagogie Freinet » paru dans la revue La Nouvelle Critique. Le PCF est encore représenté officiellement au congrès de l'I.C.E.M. de La Rochelle en 1952. Bientôt un article de Georges Cogniot paru dans La Nouvelle Critique engage les hostilités à l'encontre de Freinet. Celles-ci sont reprises par une série d'articles dans L'École et la Nation, action à laquelle s'associe H. Wallon. En 1954. Seclet-Riou enfonce le clou. Les communistes l'accusent de vitalisme, de mégalomanie et d'ignorance.
« La théorie pédagogique de Célestin Freinet est assez souple pour pouvoir être rapprochée aussi bien de quelques modèles libertaires que d'un certain esprit pétainiste ».
Freinet s'engage dans la carrière d'instituteur au moment où le syndicalisme enseignant cherchant à se constituer doit faire face à des actions judiciaires ( les enseignants, fonctionnaires, n'obtiendront vraiment le droit de s'affilier à un syndicat qu'après la Libération). Si 1921 marque par ailleurs la scission entre la CGT et la CGTU, 1947 sera de nouveau le temps de la scission syndicale.
En août 1920 est fondée l'Internationale de l'Enseignement. À l'époque Freinet s'y associe activement.
Il adhère à la Section Française de l'Internationale Communiste vers 1925-1926.
En 1922 il adhère à la Fédération unitaire de l'enseignement. En juin 1922, il est secrétaire pédagogique départemental de la Fédération des membres de l'enseignement laïque. Élu secrétaire des Alpes-Maritimes de la Fédération Unitaire, il est délégué au Congrès de Tours en août 1927.
Dans les années 1920 et 1930 Freinet et son réseau utilisent les organisations syndicales pour la diffusion de leurs articles pédagogiques et pour les rencontres de l'Imprimerie à l'école qui sont greffées sur les rencontres syndicales nationales.
Freinet dispose dans les années 1930 d'une position institutionnelle à la Fédération unitaire de l'enseignement. Ce syndicat, minoritaire, comprenant une active minorité syndicaliste-révolutionnaire, fusionnera ultérieurement avec le puissant Syndicat national des instituteurs. Des dissensions naissent entre Freinet et la Fédération : celle-ci, qui ne veut pas choisir parmi les différentes versions des pédagogies nouvelles, refuse à Freinet un soutien affirmé pour ses propres théories. En outre, la Fédération n'apprécie pas la personnalisation de sa pédagogie. Ces dissensions finiront pas aboutir à une rupture entre Freinet et la Fédération, ce qui contraindra Freinet à accentuer la personnalisation de sa pédagogie pour faire exister son oeuvre.
Partisan d'une éducation qu'il qualifie lui-même de « prolétarienne », mais refusant tout endoctrinement, il s'oppose à la Fédération Unitaire qui a écrit et édité un manuel d'histoire d'inspiration pacifiste et internationaliste.
En 1935 le mouvement décide d'organiser à l'avenir des congrès distincts, dissociés des congrès syndicaux.
Freinet fonde également au Bar-sur-loup une coopérative de travailleurs pour l'électrification de sa commune. Il participe comme trésorier à l'animation de la Coopérative de consommation villageoise l'Abeille baroise.
Il soutient Jean Laurenti qui fonde en 1934 le syndicat l'Union Paysanne.
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Les meilleures citations de Célestin Freinet.
C'est l'enfant lui-même qui doit s'éduquer, s'élever avec le concours des adultes. Nous déplaçons l'acte éducatif : le centre de l'école n'est plus le maître mais l'enfant.
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