Artiste, Musicien, Pianiste (Art, Littérature).
Suisse, né le 26 septembre 1877 et mort le 15 juin 1962
Enterré (où exactement ?).
Alfred Cortot, né le 26 septembre 1877 à Nyon (Suisse) et mort le 15 juin 1962 à Lausanne, est un pianiste français, considéré comme l'un des grands interprètes du XXe siècle. Pédagogue renommé, il est un des fondateurs de l'École normale de musique de Paris. Son rôle dans le gouvernement de Vichy et son attitude pendant l'Occupation sont un sujet de controverses.
Alfred Cortot naît dans une famille modeste installée à Nyon, petite ville située à proximité du lac Léman en Suisse. Sa mère vient du pays d'Ajoie, région de Suisse se réclamant de la tradition française ; son père, français, est originaire du Villars, près de Tournus en Bourgogne. Bien que qualifié de « franco-suisse » par son biographe Bernard Gavoty et malgré son attachement à son pays de naissance, il n'a jamais eu que la nationalité française.
Il est le quatrième enfant d'une fratrie composée d'un frère et de deux soeurs beaucoup plus âgés. Très tôt, sa mère décide de faire de son benjamin un grand pianiste alors que, selon lui, il n'a « ni aptitude ni préférence » pour le piano. En 1882, la famille emménage à Genève afin d'offrir à l'enfant un environnement artistiquement stimulant. Alors qu'il n'a que cinq ans, ses deux soeurs apprennent le piano et le solfège au Conservatoire de cette ville pour transmettre cet enseignement à leur frère. Léa, l'aînée, se charge de l'instrument et Annette, sa cadette, de la théorie musicale. Bien que leur niveau musical soit très rudimentaire, Cortot est profondément marqué par cet apprentissage improvisé. Il dira beaucoup plus tard à propos de ses soeurs :
« Elles accordaient à l'apprentissage élémentaire du clavier une signification imagée qui me faisait oublier le côté abstrait des notions qu'elles m'enseignaient pour le situer en marge du réel, dans une sorte d'ambiance féerique, propre à enchanter ma nature rêveuse et sevrée de toutes autres distractions. Je dois à cette prise de contact initiale ce qu'on a appelé ensuite, et parfois sans trop de complaisance mon « expressionnisme ». »
Alfred n'est pas un enfant prodige, mais travaille avec beaucoup de soin et de discipline. Toute la famille se sacrifie pour son éducation. Comme le résume Bernard Gavoty : « Chez les Cortot, un enfant [...] porte sur ses petites épaules l'ambition d'un foyer laborieux. Cinq personnes autour de lui s'imposent bien des sacrifices pour que le benjamin poursuive ses études. Chacun y met tout son coeur. [...] La réussite d'Alfred sera le salut de la famille entière. »
En 1886, la famille déménage à Paris avec l'objectif de le voir entrer au Conservatoire. Sa formation étant insuffisante, il échoue, mais l'un des professeurs, Émile Decombes, accepte de le prendre dans son cours comme auditeur libre et il réussit le concours l'année suivante.
Dans la classe de Decombes, il rencontre des gens qui ont été élèves de Frédéric Chopin, comme Georges Mathias (1826-1910) ; il en est marqué pour toute la vie, se trouvant ainsi en relation immédiate avec l'époque du romantisme qui a toujours été son paradis perdu. Decombes lui-même avait reçu à plusieurs reprises des conseils de Chopin.
Les études du jeune Cortot sont laborieuses même si ses professeurs le décrivent comme très appliqué : il ne réussit à passer dans la classe supérieure de Louis Diémer qu'après six années. Il n'a pas de grandes affinités avec Diémer qui privilégie la technique au détriment de l'expression. Cependant celui-ci lui présente Anton Rubinstein, élève de Franz Liszt et le plus fameux pianiste de l'époque. Cortot joue devant lui la Sonate « Appassionata » de Ludwig van Beethoven. Rubinstein lui déclare à la fin de leur rencontre : « Petit, n'oublie pas ce que je vais te dire : Beethoven, ça ne se travaille pas, ça se réinvente. »
Cortot échoue encore à trois reprises au concours de fin d'année. Mais, en 1896, alors qu'il a presque dix-neuf ans, il joue la Quatrième Ballade de Chopin devant le jury et remporte brillamment le premier prix, à l'unanimité du jury, et, fait extrêmement rare au Conservatoire, seul nommé.
Dans la classe de Diémer, Cortot rencontre Édouard Risler de quatre ans son aîné et premier prix en 1889, qui eut une immense influence sur lui. Diémer avait étudié en Allemagne avec Eugen d'Albert, le disciple préféré de Franz Liszt : il enseigne à Cortot une approche du piano beaucoup plus orchestrale et expressive. Mais c'est Risler qui initie Cortot à Chopin et en particulier à ses Études qui l'accompagnèrent toute sa vie. Bernard Gavoty rapporte le ressenti de Cortot lors d'une séance de travail :
« Je sentis tout à coup la musique entrer en moi, non pas avec ses notes, mais avec son sortilège, sa faculté d'irradier, de transmettre l'incommunicable... [...] Risler me révélait un monde magique dont je ne connaissais que l'extérieur... [...] De ce moment, je compris ce que suscitait la musique et comment la vocation d'interprète pouvait transcender le métier de pianiste. Je savais, je voyais, je croyais, j'étais désabusé. »
Cette formation joua un rôle décisif qui explique son premier prix en 1896. Cortot dit de Risler : « c'était mon frère et mon modèle. Je lui dois tout. »
La maison Pleyel offrant un cadeau aux lauréats du premier prix du conservatoire, Cortot demande qu'on lui offre un voyage à Bayreuth. Il rejoint là-bas Risler qui lui présente Cosima, la fille de Franz Liszt et épouse de Richard Wagner. La découverte de la musique de Wagner est un tel choc qu'il décide de devenir chef d'orchestre. Risler l'introduit aussi dans le cercle des musiciens français qui font le « pèlerinage » à Bayreuth : ces rencontres vont lui ouvrir de nombreuses portes dans son pays. De retour en France, il est un musicien reconnu et joue de la musique de chambre dans les salons parisiens et convainc la comtesse Greffulhe de financer la première exécution du Crépuscule des Dieux en France qu'il dirige lui-même le 15 avril 1902 et qui est un triomphe. Il est répétiteur à Bayreuth en 1901.
En 1903, il crée son propre orchestre, ce qui lui permet de diriger ainsi les premières en France du Requiem allemand de Brahms et de la Missa solemnis de Beethoven. Comme il est de coutume à cette époque, il coproduit les concerts qu'il dirige. Malheureusement, après le retrait progressif de ses mécènes et un associé douteux sur le plan de la gestion, sa carrière de chef d'orchestre se révèle un désastre financier, et il reprend sa carrière de pianiste en 1905.
Par son mariage en 1902 avec Clotilde Bréal la fille du philologue Michel Bréal et la meilleure amie de la femme de Léon Blum, Cortot fréquente assidûment le milieu de la bourgeoisie intellectuelle. Ainsi, dans le salon de Mme Ménard-Dorian, il rencontre Clemenceau, Aristide Briand et les grandes figures de la gauche radicale ou socialiste. Cortot se déclare durant cette période «passionnément dreyfusard ». Il considère Léon Blum comme « son meilleur ami ».
En 1905, il fonda avec Pablo Casals et Jacques Thibaud un trio de musique de chambre dont la réputation devint rapidement internationale. Le trio eut un succès considérable qui fit sortir ce genre musical des salons pour l'imposer sur les scènes de concert. Mais le trio s'arrêtera dans les années 1930 pour des raisons politiques, Casals reprochant à ses partenaires de ne pas s'engager dans sa lutte antifasciste lors de la Guerre d'Espagne : « La difficulté de concilier les agendas respectifs des trois vedettes, mais aussi des tensions d'ordre privé et politique séparent cependant Casals de ses camarades vers 1935 : contrairement aux deux autres, le violoncelliste refuse d'aller jouer dans l'Allemagne nazie, puis s'engage avec passion dans la défense de l'Espagne républicaine. ».
Il rencontre Gabriel Fauré dont il devient très proche : c'est Cortot qui crée ses Nocturnes nº 7 et nº 9.
À côté de ses activités d'interprète, Alfred Cortot mène une carrière d'enseignant. Il est nommé professeur de la classe féminine de piano au Conservatoire de Paris en 1907. Il a comme premières étudiantes Yvonne Lefébure, Magda Tagliaferro et Clara Haskil. Toute sa vie durant, il fera alterner concerts et enseignement.
En 1914, Cortot interrompt sa carrière pianistique pour se consacrer entièrement à des actions patriotiques. Il organise des spectacles pour le public du front et de « l'arrière ». Précisément, il organise des Matinées Nationales qui se dérouleront jusqu'en 1918 en Sorbonne, à Paris. Il participe également au rayonnement de la musique au sein des spectacles du Théâtre aux Armées, destinés aux combattants des tranchées. Appelé par Dalimier, sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts qui le repère dès 1916, Cortot se voit confier en 1916 un « service de propagande artistique ». Il organise de nombreuses manifestations, expositions, représentations théâtrales, concerts dans les pays alliés ou neutres.
Le rôle d'Alfred Cortot et son niveau d'implication dans le régime de Vichy ont fait l'objet de nombreuses polémiques. Pour François Anselmini, c'est « le sujet qui fâche » et qui va ternir durablement sa réputation.
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