Agnès Cécile Marie-Madeleine Valois, née le 30 juin 1914 à Rouen et morte le 19 avril 2018 à Martin-Église, est une infirmière et religieuse française décorée par le Canada et la France pour avoir soigné des soldats alliés durant la Seconde Guerre mondiale après l’échec du débarquement de Dieppe. Augustine, elle a été sœur Sainte Marguerite-Marie de 1937 à 1968 puis depuis 1968 sœur Agnès-Marie.
Agnès Valois est née le 30 juin 1914 à Rouen et est baptisée le 3 août 1914, jour de la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France.
Elle est la petite-fille de Jules Vallois, fondateur en 1880 à Notre-Dame-de-Bondeville de la corderie mécanique qui porte son nom, cette corderie fermera ses portes en 1978 et accueille aujourd’hui le musée industriel de la corderie Vallois.
Elle est la fille de Gaston Vallois, fils de Jules, et de Cécile Debreuil. Agnès a deux grandes sœurs, Marguerite-Marie et Cécile, et un petit frère, Pierre.
Après une scolarité dans une petite école de Mont-Saint-Aignan puis aux Cours Notre-Dame, un lycée de Rouen, Agnès Valois réussit son baccalauréat en 1932. Infirmière dès 1934 après des cours à la Croix-Rouge toujours à Rouen, elle obtient son diplôme d’État d’infirmier en 1936.
De 1936 à 1938, Agnès Valois travaille en médecine hospitalière en salle militaire ; puis de 1938 à 1940, elle travaille en salle d’opération ; à la fin de cette période, elle devient infirmière anesthésiste.
Dans le même temps, Agnès Valois devient religieuse le 15 octobre 1936 dans l’ordre des Augustines de la miséricorde de Jésus au couvent de l’Hôtel-Dieu de Rouen. Elle prend l’habit le 24 avril 1937 sous le nom de sœur Sainte Marguerite-Marie avant de prononcer ses premiers vœux le 7 juin 1938 et ses vœux perpétuels le 7 juin 1941.
Durant la Seconde Guerre mondiale, en 1942, Agnès Valois est donc religieuse infirmière à Rouen en France occupée à l’Hôtel-Dieu. L’Hôtel-Dieu est alors le lieu d’une antenne chirurgicale sous ordre allemand.
Après l’échec du débarquement de Dieppe le 19 août 1942 dans le cadre de l’opération Jubilee à laquelle ont participé des soldats alliés de huit nationalités (surtout des Canadiens et quelques Britanniques), des soldats blessés alliés et allemands sont amenés auprès des Augustines à partir de 2h du matin le 20 août. À partir de cette nuit-là, dix infirmières augustines, dont Agnès Valois, soignent et apportent réconfort sans relâche à plusieurs centaines de blessés dont une cinquantaine d’Alliés et ce au-delà de la volonté des Allemands qui avaient peur qu’elles puissent relayer des informations importantes.
Malgré les menaces, Agnès Valois et les autres infirmières augustines s’assureront que les blessés alliés reçoivent les mêmes soins médicaux que les militaires allemands : le soldat canadien Russel Dube rapporte qu’il a vu Agnès Valois frappée par deux soldats allemands pour lui avoir lavé la figure et sommée de s’éloigner des soldats alliés mais Agnès Valois les repoussa pour continuer les soins. Les infirmières augustines procurent aussi clandestinement aux soldats alliés alcool, friandises, raisin, etc. pris directement dans les stocks allemands de l’Hôtel-Dieu.
Dix soldats canadiens et anglais succombèrent la nuit de leur arrivée à l’Hôtel-Dieu, trois d’entre eux échappèrent à la fosse commune, leurs corps ayant été, malgré le danger, subtilisés par les Augustines pour leur donner des sépultures décentes. Ces trois soldats sont maintenant enterrés dans le carré réservé aux soldats étrangers du cimetière Saint-Sever de Rouen.
Parmi les soldats canadiens, il y eut entre autres un soldat, du nom d’Edwin Bennett, grièvement blessé au visage : la ténacité d’Agnès Valois ayant permis d’obtenir l’assistance d’un ophtalmologiste de Berlin, il recouvra la vue. Après l’opération, ce médecin allemand confiera que si elle n’avait « pas été là, il ne l’aurait pas fait ». Bennett, dont la vue était revenue pendant sa captivité, n’avait jamais aperçu sa bienfaitrice. Il la reconnut au son de sa voix en 1982 lors de commémorations. Agnès Valois obtient aussi la vie sauve d’un autre soldat canadien, Roland Laurendeau, que les Allemands voulaient tuer d’une balle dans la tête tellement il était agonisant, ce soldat recroisera Agnès Valois lors d’un voyage au Québec en avril 1993 et, tout comme Edwin Bennett en 1982, la reconnaîtra également au son de sa voix, voix entendue cinquante-et-une années plus tôt.
Plusieurs mois plus tard, fin novembre 1942, la plupart des soldats alliés sont soit morts soit déportés en Allemagne dans les camps de prisonniers ; seuls deux blessés intransportables canadiens sont encore soignés à l’Hôtel-Dieu. À la demande d’un des deux, le commandant Robert J. Hainault, et malgré les risques, Agnès Valois enlève et brûle le portrait d’Adolf Hitler présent dans la salle de soin où séjournait le militaire canadien.
Après de nouvelles études d’infirmière de 1944 à 1946, Agnès Valois est promue surveillante de service et assistante au bloc opératoire.
En 1963, Agnès Valois obtient le diplôme des cadres après une année à Poitiers. Grâce à ce diplôme, elle devient, en 1964, surveillante en chirurgie.
Le 15 octobre 1968, en raison de la fermeture de l’Hôtel-Dieu, elle arrive au monastère de Thibermont sur la commune de Martin-Église et prend le nom de sœur Agnès-Marie. Elle exerce de 1968 à 1974 à l’hôpital de Dieppe également comme surveillante en chirurgie puis de 1974 à sa retraite en 1979 au service gériatrie de Château-Michel aussi à Dieppe.
Fred J. Mifflin (en), ministre canadien des Anciens combattants, lui a rendu hommage lors des cérémonies du cinquante-cinquième anniversaire du débarquement de Dieppe au cimetière Saint-Sever de Rouen du 18 août 1997. Agnès Valois a elle-même témoigné lors des commémorations du soixante-dixième anniversaire le 19 août 2012 au cimetière des Vertus à Hautot-sur-Mer et elle s’est vu remettre les clefs de la ville canadienne de Windsor par son maire Eddie Francis (en). Elle fut ovationnée par les Canadiens présents ce jour-là dont sept anciens soldats qu’elle avait soignés. Elle est appelée l’« Ange blanc » ou l’« Ange miséricordieux » par les anciens combattants canadiens ou l’« Ange de Dieppe » par ceux britanniques.
Agnès Valois est morte le 19 avril 2018 à l'âge de 103 ans à Martin-Église (Seine-Maritime, Normandie, France).
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La question ne se pose pas pour elle, elle est montée direct en TGV express grâce à sa vie exemplaire et ses actes de courage.
Pour toutes ces vies qu'elle a sauvées et ces blessés soignés avec courage face aux Allemands, bien sûr le Paradis direct !
Quant le devoir passe avant tout, cela mérite le plus profond respect !