Ayant vu Tony Poncet à l'Opéra Graslin de Nantes dans "Guillaume Tell", "Cavalleria Rusticana"/"Paillasse" et "La Juive", j'en conserve un souvenir très contrasté ! Certes Poncet était un phénomène vocal et il payait comptant ! L'indigence scénique (dont il n'avait pas le privilège à l'époque) était relayée par un chant aussi généreux que primaire. La performance tenait lieu d'art. La science du chant faisait place à la prouesse qui, naturellement, épatait un certain public plus avide de sensations fortes que d'émotion et de musicalité. Et Poncet, généreux et appliqué (à sa manière), bissait facilement, pour le plus grand plaisir des amateurs de performances. Quant aux chefs d'orchestre, ils devaient être très disponibles pour "suivre" parfois ledit ténor. Tony Poncet appartient à une autre époque: celle du théâtre lyrique encore triomphant et dominateur sur nos scènes de province où se côtoyaient alors le pire et le meilleur (à Paris également du reste). Il est donc difficile d'imaginer aujourd'hui ce que représentait Poncet en son temps; difficile aussi d'imaginer ce qu'aurait pu devenir ce ténor en un autre temps et avec un art du chant moins rudimentaire. Il plut, il plaît encore: à chacun son plaisir et son opinion.