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Timothy Charles Buckley III est un chanteur et auteur de chansons états-unien, né le 14 février 1947, mort le 29 juin 1975 d'une surdose. Il interprète avec une voix de cinq octaves de la musique expérimentale, teintée de jazz, musique psychédélique, funk, soul music et free jazz, au cours de sa courte carrière.
Il considérait sa voix comme un instrument, ce qu'il montre sur ses albums Goodbye and Hello, Lorca, Starsailor et Sefronia. Il épouse Mary Guibert, avec qui il a le chanteur guitariste Jeff Buckley, également connu pour sa voix de trois octaves et demi, mort en 1997.
Fils d'un Irlandais à la voix de ténor, il suit ses parents dans leurs déménagements successifs aux États-Unis (Washington, Amsterdam (NY), et Los Angeles). Très jeune, il découvre l'étendue du registre de sa voix (cinq octaves[1]). Il commence une carrière de chanteur au lycée, à Orange county, puis dans les bars, s'accompagnant à la guitare dans les hootenanny. Il y fait la connaissance de Larry Beckett, qui compose les textes des chansons de ses premiers albums. À cette époque, il joue de la musique folk, très en vogue avec la percée de Bob Dylan. Il découvre aussi sous l'influence de Larry Beckett le joueur de sitar Ravi Shankar et la musique concrète de Karlheinz Stockhausen.
Il forme un groupe avec Larry Beckett à la batterie, Jim Fielder à la contrebasse et Brian Hartzler à la guitare, qui joue lors des concerts des fêtes de lycée, sous les noms des Bohemians et des Harlequins Three. Peu à peu, ils sont invités à se produire dans les cabarets du Strip, à Los Angeles. Il y fait la connaissance de Frank Zappa qui joue avec les Mothers, qui deviendra plus tard les Mothers of Invention. C'est à cette époque qu'il épouse Mary Guibert. Celle-ci fait un pseudocyesis (grossesse nerveuse) en 1966 ce qui provoque une défiance chez lui à son égard.
Il continue de se produire dans les cabarets, où il rencontre Herbie Cohen, qui lui fait signer un contrat avec la Third story music. Celui-ci le fait inviter dans des cabarets plus prestigieux, dont le Troubadour. Il signe ensuite, poussé par Herb Cohen, pour le label Elektra Records (qui produit Eric Clapton et les Doors), chez qui il réalise son premier album Tim Buckley. Cet album folk révèle sa voix extraordinaire, qu'il manie avec une grande maîtrise, chantant de façon très veloutée et profonde, passant d'une voix de tête à des passages beaucoup plus graves. Bien qu'assez conventionnel, surtout dans le label avant-gardiste Elektra, cet album sensible touche par ses côtés grave et doux-amer, et la recherche sur les sonorités de la musique folk.
Il se sépare de sa femme Mary Guibert à ce moment de sa vie, se désintéressant de son fils Jeff Buckley juste né (mais lui dédie son chef d'oeuvre I Never Asked To Be Your Mountain). Il vit entre New York et Los Angeles et découvre Miles Davis et Thelonious Monk dans les boîtes de jazz. Il continue de se produire dans les lycées, ou il croise Donald Fagen (futur leader des Steely Dan, et qui fut marqué par cette rencontre) et recrute Carter Collins dans son groupe, joueur de congas, instrument alors inconnu dans les groupes californiens.
Petit à petit, sa musique évolue vers un rock qui se mêle au folk de ses débuts. L'album Goodbye & Hello mêle expérimentations instrumentales, fréquentes à l'époque (orgues, sonorités étrangères à la musique : bruits de circulation, de machines) à des mélodies mélancoliques. La voix de Tim Buckley fait toujours merveille, rythmée, fiévreuse, passant par de nombreux registres. C'est aussi de cette époque que date la chanson Song to the siren, ode mélancolique à l'amour inaccessible (qui n'est éditée que dans l'album Starsailor).
Au cours de l'année 1968, son style évolue en incluant des influences de blues. Ceci se manifeste dans le renouvellement permanent de la manière de jouer chaque morceau. Il inclut un joueur de vibraphone dans son groupe, puis recrute Danny Thompson en Europe, le bassiste de Pentangle.
De plus, dans ses tournées promotionnelles comme dans ses passages télévisés, il exécute de plus en plus d'improvisations. Cela est rarement apprécié, et le dessert commercialement. Cependant, dans une émission comme celle de John Peel (qui donne lieu aux célèbres Peel sessions), cela donne de fabuleuses versions d'anciennes chansons.
L'album sorti en 1969, Happy sad, confirme cette nouvelle orientation. Les morceaux sont enregistrés très rapidement, souvent en une seule prise, ou même improvisés et jamais rejoués. Les bases restent folk, même si la manière de jouer et d'enregistrer est très marquée par le jazz : improvisations, longs solos (notamment de vibraphone), durée des morceaux. L'ambiance générale est mélancolique, et il s'agit d'un des meilleurs albums de l'artiste. Il lui apporta de plus un nouveau public de connaisseurs exigeants. Au creux de la vague durant l'année 1971, il est même obligé d'accumuler les petit boulots pour subvenir à ses besoins. Il fut notamment chauffeur de taxi.
Bien que les ventes de ses albums ne décollent pas, il connaît certains succès : un concert salle comble dans le prestigieux New York Philharmonic Hall, un bon classement dans le Billboard.
Son instabilité se manifeste dans tout les domaines : il quitte Jane Goldstein, sa compagne depuis près de trois ans, et se marie avec Judy Sutcliffe ; déménage sur Venice avenue, puis achète une maison à Laguna Beach (à 80 km de Los Angeles) ; et abandonne son style précédent. Il évolue vers le free jazz. Le morceau Lorca (sur lequel il s'essaie à l'orgue) de l'album du même nom s'inspire ainsi de In a silent way (Miles Davis). Sur d'autres morceaux du même album, il joue d'une guitare Fender à douze cordes. Ces chansons sont de longs morceaux presque sans rythme, seul Nobody walkin possède un refrain. Même si on peut considérer Lorca comme un coup d'essai, Tim Buckley fait preuve d'une rare virtuosité vocale, s'amusant à étirer chaque sonorité en longueur.
Bien qu'enregistré après Lorca, l'album Blue afternoon le précède pourtant dans les bacs. Tim Buckley le réalise pour son nouveau label, Straight. Cet album délicat réunit des chansons écrites pour d'autres albums, mais enregistrées en plusieurs sessions à New York et Los Angeles, avec son ensemble jazz. La tonalité reste folk-jazz, mélodieuse, et porte à merveille la voix veloutée de Tim Buckley (le morceau Blue Melody est peut-être le plus typique de ce style). La huitième et dernière chanson annonce la suite : The train est un morceau haletant, ponctué de gémissements, emporté par une guitare acoustique, et sur lequel le chanteur étire à plaisir certaines syllabes, jouant de plusieurs registres de sa voix. Et puis arrive Starsailor. Si Lorca comportait des traces de free jazz, Starsailor y plonge à pieds joints. À l'exception de 2 morceaux (Moulin Rouge et Song to the Siren), l'album n'est que vocalises atonales dont Monterey est l'exemple le plus réussi, Starsailor (le morceau), quant à lui flirte avec la musique contemporaine la plus exigeante.
Après une période de presque 2 ans où il exerce diverses métiers (dont chauffeur pour Sly Stone), il revient avec Greetings From L.A., un album gorgé de soul et de sexe (Sweet Surrender, Move On Top, Nighthawkin et surtout le délirant et sado-maso Make It Right avec le Beat me, whip me, spank me and make it right). Jamais Tim Buckley n'avait sonné aussi confiant en lui. Il peut tout de sa voix : passe de l'extrême grave à l'extrême aigu, du chuchotement au cri.
En 1973 paraît "Sefronia" : y figurent notamment une reprise exceptionnelle du "Dolphins" de Fred Neil ainsi que le morceau-titre de l'album (en 2 parties). L'album final Look at the Fool est plus incolore (quoique plus musclé).
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