Le professeur Sudel Fuma était mon ami. Un très grand ami, qui m'a beaucoup aidé dans les moments les plus sombres de ma vie! Mon fils Damien est décédé dans ses bras, sur l'île de Nossi Bé (Madagasacar) le 10 mai 2005, victime d'un accident du taxi qui le transportait de l'aéroport de fascène à l'hôtel, où devait être hébergé le groupe créoloceltique Renésens. Aujourd'hui, je suis historien, à plus de 60 ans, grâce à Sudel, qui m'a encouragé à ne pas sombrer dans le désespoir. "Tu dois faire cela pour ton fils, me disait-il. Tu en es capable!". Je constate, sans surprise, les diverses récupérations plus ou moins politiques de la disparition de mon ami par des municipalités de l'île de la Réunion, où j'habite. Je n'en suis pas attristé. C'est tout à son honneur. Mais la plus importante reconnaissance qu'on lui a offert, c'est surtout d'attribuer son nom aux Archives départementales de La Réunion. Comme l'a dit Mme Nassimah Dindar, dans son discours du 13 juillet 2015, c'est une reconnaissance non seulement départementale mais surtout nationale. En tant qu'historien, je suis fier de voir le nom de Sudel au fronton de ces archives où j'ai passé tant de temps! Car ce lieu n'est pas, comme je l'ai lu dans un forum, celui de l'histoire colonialiste de la France coloniale. Malgré les destructions, parfois mal-intentionnées de certains documents d'archive, il contient encore beaucoup de documents anciens qui permettent de retrouver l'histoire de l'esclavage et de l'engagisme à l'île Bourbon. Ecrire l'Histoire n'est pas une démarche politique. C'est un travail scientifique, comme l'avait commencé le professeur Sudel Fuma, et nous allons le poursuivre...