Cardinal, Homme d'état, Religieux (Histoire, Religion).
Francais, né le 9 septembre 1585 et mort le 4 décembre 1642
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Cardinal et homme d'État français, qui encouragea l'absolutisme en France en consolidant l'autorité royale et posa les bases de la grandeur du royaume au XVIIe siècle en poursuivant une politique étrangère conquérante. Né à Paris le 9 septembre 1585 d'un grand prévôt de la noblesse poitevine et de la fille d'un avocat de la bourgeoisie de robe, Richelieu fit ses études au collège de Navarre et à l'académie Pluvinel. Il se destinait d'abord à la carrière militaire mais dut y renoncer lorsque son frère Alphonse abandonna l'évêché de Luçon (près de La Rochelle) pour devenir moine, et se retira à la Grande Chartreuse. Afin de maintenir dans sa famille l'évêché de Luçon et les revenus qui en découlaient, il entreprit des études de théologie et fit un voyage à Rome pour obtenir du pape Paul V les dispenses d'âge.
En 1607, à vingt-deux ans, il fut ordonné évêque. Il se consacra avec zèle à l'administration de son diocèse, où il créa un séminaire et encouragea les missions. Représentant de son ordre aux états généraux en 1614, il présenta le cahier général du clergé et déclara que les rois avaient intérêt à appeler dans leur conseil des ecclésiastiques, "à cause des vertus de capacité et de prudence auxquelles les obligeait leur profession". Il accrut son influence dans le monde politique et, très vite, gagna les faveurs de la reine mère, Marie de Médicis ainsi que celles de Concini. Nommé aumônier de la reine mère, il entra au conseil en 1616 en tant que secrétaire d'État pour l'Intérieur et pour la Guerre. Ce fut le début de son initiation aux problèmes européens. Il tomba en disgrâce l'année suivante lorsque le roi fit abattre Concini et rétablit son autorité personnelle.
Chassé de la cour, il suivit la reine mère dans son exil, d'abord à Blois, puis dans son prieuré de Coussay. Bien que ses sentiments religieux, traditionnels, fussent sans grande profondeur, il n'oublia pas les charges liées à son état et profita de cette retraite forcée pour écrire deux livres, une Défense des principaux articles de la foi catholique (1617) et une Instruction pour les chrétiens. Travaillant à la réconciliation de la reine mère et du roi, il prépara son retour au conseil. Il fut réhabilité et nommé cardinal en 1622. En 1624, il devint le principal ministre de Louis XIII. Il le restera jusqu'à sa mort, exerçant ainsi dix-huit années d'un ministère d'une exceptionnelle longévité.
Pendant toutes ces années, Richelieu poursuivit deux objectifs, sans jamais parvenir à les atteindre complètement : restaurer l'autorité royale et affirmer la force de l'État, établir la prépondérance française sur le continent européen. Homme du XVIIe siècle français, pragmatique plus que réformateur, Richelieu croyait que le pouvoir monarchique, sacré, était la condition essentielle de la puissance du pays, sous réserve que le roi sache se faire respecter à l'intérieur et redouter à l'extérieur.
Dès son retour aux affaires, il entreprit ainsi la lutte contre les protestants, qu'il considérait comme un véritable "État dans l'État" et contre la noblesse qui, oubliant ses devoirs, ne cessait de comploter contre le ministère, n'hésitant pas à faire appel à l'ennemi espagnol pour tenter d'affaiblir la Couronne. Il organisa le siège de La Rochelle où les protestants bénéficiaient du soutien des Anglais et du duc de Buckingham; la ville se rendit le 28 octobre 1628.
Il battit également Rohan, qui résistait dans les Cévennes et le Languedoc à la tête d'armées huguenotes. La paix d'Alès (1629) confirma la liberté de culte et l'égalité civile accordée aux protestants par l'édit de Nantes, mais ceux-ci perdirent leurs places fortes et leurs privilèges militaires. Il combattit également le jansénisme naissant (arrestation de Saint-Cyran) et entra en conflit avec le Saint-Siège à propos de l'imposition d'un impôt foncier au clergé. Pour financer ses guerres, il augmenta considérablement la pression fiscale (augmentation de la taille, taxes à la consommation, etc.), provoquant un mécontentement croissant du peuple, souvent attisé par la noblesse. De nombreuses révoltes éclatèrent dans les provinces (la Guyenne en 1635, l'Angoumois et la Saintonge en 1636, le Périgord en 1637). Les soulèvements des "croquants" du Sud-Ouest et des "nu-pieds" de Normandie furent impitoyablement réprimés (châtiment de Rouen).
Pour contrer l'agitation de la noblesse, Richelieu fit interdire les duels et démantela les châteaux forts privés. Si le frère du roi, Gaston, duc d'Orléans, demeurait intouchable, ses proches furent arrêtés. Chalais, le duc de Montmorency, qui avait soulevé une partie du Midi et Cinq-Mars furent décapités, et Soissons tué. La reine mère dut s'exiler après la journée des Dupes, pendant laquelle Richelieu faillit être renversé. Mais malgré ses efforts et le soutien du roi, la noblesse continua d'entretenir un esprit de sédition, nobiliaire et populaire, qui rendait fragiles les entreprises du cardinal.
Afin de parfaire la restauration de l'autorité royale, Richelieu se fit l'artisan d'une centralisation du pouvoir, qui fut d'ailleurs réorganisé. La législation et le conseil royal furent réformés (code Michau en 1629) et le droit de remontrance des parlements limité. Il enleva aux gouverneurs de province une partie de leurs pouvoirs et développa l'institution des intendants royaux qui devinrent les instruments de l'absolutisme monarchique.
Amateur d'art (il possédait des oeuvres de Bassano, Raphaël, Caravage, Michel-Ange, etc.), il encouragea également la diffusion de libelles et de pamphlets appuyant son action et soutint la Gazette de France de Théophraste Renaudot et le Mercure français. Conscient du prestige que la culture et les arts pouvaient apporter à la royauté, il créa l'Académie française (voir Institut de France) en 1634, agrandit la Sorbonne et bâtit le Palais-Cardinal, futur Palais-Royal.
Soucieux de favoriser le développement économique qui était selon lui la condition de la puissance des États, il créa, en sa qualité de surintendant de la Navigation et du Commerce, des compagnies commerciales sur le mode hollandais et jeta les bases d'un empire colonial au Sénégal et en Guyane en 1626, à la Martinique en 1635, à la Réunion en 1638, à Madagascar en 1643 et au Canada où la Compagnie de la Nouvelle-France, fondée en 1627, implantait des colons.
Malgré l'importance de l'oeuvre accomplie dans le royaume, la politique étrangère fut sa principale préoccupation. Sa stratégie, très classique, consista à affaiblir les Habsbourgs en s'alliant avec les puissances protestantes. Afin de s'assurer le soutien de l'Angleterre, il commença par organiser le mariage de la soeur du roi, Henriette Marie, avec le prince de Galles, devenu plus tard Charles Ier d'Angleterre. La "politique des portes" visait à assurer la liberté de passage aux frontières, en particulier alpines. La France prit une première fois le contrôle de la Valteline en 1625, coupant ainsi les communications entre les Autrichiens, les Italiens, les Espagnols et les Flamands. Une seconde offensive en Italie (1629-1630) et l'invasion du duché de Savoie aboutirent à la prise de Suse et de Pignerol par la France et du duché de Mantoue par la maison de Nevers qui soutenait Richelieu. Il prit aussi la Lorraine, prévenant ainsi une invasion par l'est. Grand tacticien, calculateur et réfléchi, il pratiqua également une guerre indirecte contre les Habsbourgs en versant des subsides aux princes protestants Christian IV, roi du Danemark, et Gustave II Adolphe, roi de Suède et champion de la cause luthérienne, dont il finança l'invasion de l'Allemagne en 1631.
Lorsqu'en 1634, après la victoire des impériaux à Nordlingen, la paix de Prague réconcilia l'empereur et les princes allemands, la France entra elle-même directement dans la guerre de Trente Ans (1635). Après être passées par des moments d'extrême péril (prise de Corbie en 1636, défaite de Fontarabie en 1638), les armées françaises se redressèrent. La conquête de l'Alsace sur les impériaux, la prise d'Arras en 1640, l'entrée à Perpignan (1642) et le soutien aux entreprises des révoltés catalans et portugais contre l'Espagne modifièrent complètement la donne européenne. Sur tout le continent, la puissance de l'Espagne ne cessait de décliner, tandis que s'affirmait le triomphe de l'hégémonie française. Alors que la France était en passe de devenir la première puissance militaire européenne, confirmant la justesse de la politique du cardinal, Richelieu mourut d'épuisement à Paris, le 14 décembre 1642. Il a laissé des Mémoires et un Testament politique, dans lesquels est résumée et développée la philosophie de son action.
Richelieu fut le partisan inlassable de la raison d'État. Travailleur infatigable, très ambitieux, il se fit le défenseur implacable des intérêts de la Couronne. Il resta toute sa vie fidèle à Louis XIII, qui estimait les qualités de Richelieu sans l'apprécier réellement. Malgré un peuple rebelle et récalcitrant, une noblesse qui refusait avec vigueur de subordonner ses intérêts particuliers à ceux de l'État, une fiscalité écrasante et une misère croissante dans le royaume, Richelieu réussit la gageure de consolider considérablement l'appareil d'État, engageant la France dans une voie administrative moderne. Son gouvernement marqua une étape sans retour dans la formation d'un État fort, dont le règne de Louis XIV fut en quelque sorte l'apothéose monarchique. S'il ne put conquérir des "frontières naturelles", chimère que lui ont prêtée certains historiens et à laquelle il ne croyait pas lui-même, il sécurisa la défense de la France par ses alliances, empêchant ainsi toute tentative d'invasion massive. Assez impopulaire à la fin de sa vie, l'"homme rouge" inaugura un nouveau type d'homme politique dans l'histoire de France : le serviteur de l'État.
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