Pakistanais, né le 11 août 1943 et mort le 5 février 2023
Enterré (où exactement ?).
Pervez Musharraf ou Pervez Moucharraf, né le 11 août 1943 à Delhi (Inde britannique) et mort le 5 février 2023 à Dubaï, est un général et homme politique pakistanais. À la suite d'un coup d'État non-violent, il a été à la tête du Pakistan du 12 octobre 1999 au 18 août 2008, mais officiellement président de la République seulement du 20 juin 2001 au 18 août 2008.
Après être entré dans l'armée pakistanaise en 1964, Pervez Musharraf ne cesse de progresser dans la hiérarchie, jusqu'à être nommé chef de l'armée par le Premier ministre Nawaz Sharif en octobre 1998. Le 12 octobre 1999, il est l'instigateur du coup d'État militaire contre le gouvernement démocratique de Nawaz Sharif peu après le conflit du Kargil, dans un contexte tendu entre le pouvoir civil et le pouvoir militaire et alors que Nawaz Sharif avait tenté de nommer un autre chef de l'armée. Pervez Musharraf devient ainsi le dirigeant du Pakistan alors que la loi martiale est instaurée et la Constitution suspendue.
En 2001, alors que la Constitution est rétablie, il devient officiellement président de la République. Il est confirmé dans sa position par la Cour suprême puis après sa courte victoire aux élections législatives de 2002, marquées par la montée des islamistes, il est élu président par le collège électoral en 2004. Son mandant coïncide avec un rapprochement entre son pays et les États-Unis, alors que Pervez Musharraf promet de lutter contre le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001. D'un autre coté, il permet une libéralisation des médias et améliore relativement le droit des femmes. Il est réélu par le collège électoral en octobre 2007 alors que dans le même temps son pouvoir est du plus en plus contesté, notamment par le mouvement des avocats. Après la défaite du parti politique le soutenant aux élections législatives de 2008, il démissionne alors que la coalition au Parlement entendait entamer une procédure de destitution contre lui.
Il s'est exilé après sa démission, et a lancé le 1er octobre 2010 à Londres un nouveau parti politique, la Ligue musulmane de tout le Pakistan.
Les parents de Pervez Musharraf appartiennent à la classe moyenne et ont bénéficié d'un enseignement supérieur en Inde :
- Son père, Syed Musharraf ud-Din, est diplômé de l'université d'Aligarh,
- Sa mère, la begum Zehra Musharraf, est diplômée en littérature anglaise de l'université de Lucknow et a travaillé pour le Bureau international du travail (BIT) jusqu'en 1986.
Second de trois enfants, Pervez Musharraf est donc né en Inde à Daryaganj, près de Delhi. Après l'indépendance et la partition de l'Inde britannique (Empires des Indes) en 1947, sa famille de religion musulmane chiite[Informations douteuses] émigre alors vers le nouvel état pakistanais et s'installe à Karachi, dans la province du Sind. Musharraf est ainsi un Muhadjir. Le frère de Musharraf est médecin à Chicago.
Pervez passa une partie de son enfance en Turquie où il apprend à parler couramment le turc, son père diplomate reste plusieurs années en poste à l'ambassade du Pakistan à Ankara. Par la suite, ce dernier intègre le ministère pakistanais des Affaires étrangères, progressant au fil de sa carrière jusqu'à la position de chef de section.
Pervez Musharraf est marié à la begum Sehba Musharraf, et ont deux enfants mariés (parents eux aussi de deux enfants chacun) :
- un fils, Bilal Musharraf, diplômé de l'université Stanford et qui travaille actuellement à la Silicon Valley,
- une fille, Ayla Raza, qui travaille comme architecte à Karachi.
En 2006, il écrit ses mémoires intitulés In the line of fire : a memoir. Ce qui lui a valu diverses controverses et polémiques dans son propre pays, mais aussi chez les plus hauts dirigeants politiques américains.
Le conflit du Kargil précipite les événements : du 9 mai au 12 juillet 1999, des combats ont lieu entre des troupes islamistes pakistanaises infiltrées en territoire indien et soutenues par le pouvoir, et l'Inde. Ce conflit se solde par une défaite du Pakistan, désavoué de surcroît par ses alliés traditionnels, comme les États-Unis.
Cette défaite débouche sur un coup d'État militaire au Pakistan le 12 octobre 1999. L'armée renverse le gouvernement civil de Nawaz Sharif, qui est remplacé par le général Pervez Musharraf. Ce dernier devient officiellement président de la République le 20 juin 2001.
Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis le perçoivent comme un allié important dans la lutte qu'ils mènent contre le terrorisme1.
Il est confirmé dans ses fonctions de président le 30 avril 2002, lors d'un référendum qui recueille 99,7 % de « oui » selon les chiffres officiels, avec une participation de 80 %, taux inhabituellement élevé dans le pays. Alors que des irrégularités sont dénoncées, Musharraf s'excuse lors d'une allocution télévisée concernant les irrégularités ayant entaché l'élection.
Lors des élections législatives de 2002, la Ligue musulmane du Pakistan (Q) remporte une majorité relative de sièges (126 sièges sur 442 et 25,7 % des voix). Il forme une coalition avec une alliance de partis religieux (Muttahida Majlis-e-Amal) lui permettant d'obtenir la majorité absolue. Le Premier ministre devient Zafarullah Khan Jamali.
Sa présidence est marquée, entre autres, par le vote par le Parlement, le 15 novembre 2006, du Women's Protection Bill (en) (Loi sur la protection des femmes), qui amende l'Ordonnance sur les hudud (en) promulguée en 1979 par le régime de Zia-ul-Haq. Il permet également en 2002 la libéralisation du secteur des médias, ce qui conduit à la multiplication du nombre de chaînes télévisées (plus de cent) dont de nombreuses chaines d'information en continu.
Il abandonne le poste de chef des armées au lendemain de sa brillante réélection (671 voix contre 8) au poste de président, le 6 octobre 2007. Alors que Benazir Bhutto et Nawaz Sharif rentrent au Pakistan à la fin de l'année 2007 en vue des prochaines élections législatives, ceux-ci si situent dans l'opposition à Musharraf et la popularité de Musharraf est alors en baisse. Benazir Bhutto est assassinée le 27 décembre 2007 et des émeutes suivent l'annonce de sa mort. Les partisans de Bhutto accusent Musharraf d'être responsable de sa mort. Musharraf réunit alors son gouvernement en situation d'urgence et annonce trois jours de deuil national.
Le 18 février 2008, le parti soutenant Musharraf perd les élections législatives et le 25 mars, et un nouveau gouvernement dirigé par Youssouf Raza Gilani entre en fonction.
Le 7 août 2008, « les partis de coalition sont parvenus à un accord de principe pour lancer une motion de destitution contre le président Musharraf », a indiqué à l'AFP une source de cette coalition.
Le 18 août 2008, il annonce sa démission lors d'une allocution télévisée.
Le 15 avril 2010, alors que Musharraf vit à Londres, le rapport d'enquête sur l'assassinat de Benazir Bhutto le 27 décembre 2007 remet en cause son gouvernement en l'accusant d'avoir négligé la sécurité de l'ancien Premier ministre. Ce rapport est un coup dur pour l'ancien président, et le Royaume-Uni décide quelques jours plus tard de retirer le service de protection dont Musharraf bénéficiait jusqu'ici.
Le 20 mai 2010, il annonce sa volonté de revenir au Pakistan pour retourner sur la scène politique. Il communique souvent via Facebook. Il a annoncé vouloir créer un nouveau parti politique, mais ne réussit pas à obtenir un soutien suffisant parmi les personnalités politiques de son pays. Il vivrait désormais la majeure partie de son temps aux Émirats arabes unis, refusant de retourner au Pakistan pour le moment. Il dit ainsi attendre des « signes positifs », alors qu'il pourrait devoir affronter la justice s'il rentrait d'exil.
Le 1er octobre 2010, il lance à Londres son nouveau parti la « Ligue musulmane de tout le Pakistan ». Il s'est alors excusé pour avoir commis des « erreurs » durant son mandat. Quelques jours auparavant, il a prévenu qu'un nouveau coup d'État militaire était probable au Pakistan et il a critiqué l'action du gouvernement pakistanais dans sa lutte contre les insurgés islamistes. Dans un entretien le 4 octobre 2010 au Spiegel, il déclare que « Le Pakistan a besoin de trouver une stratégie pour continuer à exister, pour faire face à la situation avec des gens comme Seraj Haqqani, Gulbuddin Hekmatyar (chefs de guerre afghans), les talibans pakistanais et Mollah Omar. Quand les Occidentaux partiront, nous nous retrouverons seuls », en clair, qu'une offensive généralisée n'est pas à l'ordre du jour selon lui.
Pervez Musharraf est ordonné à comparaitre devant le Tribunal anti-terroriste de Rawalpindi le 12 février 2011, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Benazir Bhutto. Il est accusé d'avoir négligé la sécurité de l'opposante, alors que cinq personnes sont également suspectées d'avoir joué un rôle dans l'assassinat, dont des membres du Tehrik-e-Taliban Pakistan et des officiels de la police.
En janvier 2012, il annonce son retour au Pakistan pour la fin du mois, entre le 27 et le 30 janvier. Face aux menaces des autorités civiles de l'arrêter dès son arrivée, il reporte ses projets.
Il rentre finalement au Pakistan le 24 mars 2013 pour conduire la campagne de son parti aux élections législatives du 11 mai 2013 alors qu'il est menacé de mort par les talibans.
En janvier 2016, alors qu'il est placé en résidence surveillée dans l'attente de ses procès dans plusieurs affaires, il est relaxé pour le meurtre d'un chef rebelle tribal. Le 18 mars 2016, il quitte le Pakistan pour Dubaï, officiellement pour des raisons de santé. Ne se présentant pas à certaines audiences, il est de nouveau menacé d'arrestation s'il rentre au Pakistan. La Commission électorale refuse sa candidature pour les élections législatives de 2018 puis Pervez Musharraf abandonne la présidence de son parti, expliquant ne pas pouvoir le diriger depuis l'étranger. Mohammad Amjad le remplace au poste de président.
Jugé par contumace le 17 décembre 2019, il est condamné à mort pour haute trahison mais reste à Dubaï pour raisons de santé. Le 13 janvier 2020, cette condamnation est annulée par la justice.
Pervez Musharraf est mort le dimanche 5 février 2023, à l'âge de 79 ans, d'une maladie, à Dubaï (Émirat Arabes Unis).
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