Artiste, Peintre (Art, Peinture).
Enterré (où exactement ?).
Gauguin, Van Gogh, deux noms inséparables. Comme leur peinture, la vie de ces deux hommes est une oeuvre.L'un et l'autre sont des aventuriers de génie, condamné à s'accomplir au prix de la misère et de la solitude. L'égérie du socialisme naissant, Flora Tristan, sa grand-mère maternelle. Dans le prologue de sa remarquable vie de Gauguin, Henri Perruchot a relaté l'étonnante existence de Flora Tristan, la grand-mère maternelle de Paul Gauguin, celle qu'on appela « la fille des rayons et des ombres» et qui fut vers 1840-44 l'égérie du socialisme naissant. Cette femme a parcouru l'Europe, les indes et le Perou. De ces voyages elle a publié «Pérégrination d'une paria» qui raconte ses aventures et ses rancoeurs. Puis elle entreprend une tournée à travers la France pour parler aux travailleurs des idées qu'elle a pour lutter contre la misère et pour obtenir l'émancipation féminine.Interdite de réunion,elle meurt foudroyée par une congestion cérébrale à Bordeaux.
Sa fille, Aline, la mère de Gauguin, paraît aussi,tendre et aussi bonne que sa mère était impérieuse. Elle épouse Clovis Gauguin,journaliste du National.En 1848, nait Paul. Cette année-là, les ouvriers français font élever par souscription un monument à Flora Tristan dans le cimetière de Bordeaux.
Paul voit le jour le 7 Juin 1848. 15 jours plus tard, les barricades se dressent dans Paris à la suite de l'abolition des ateliers nationaux.Le Prince Louis Napoléon Bonaparte, élu Président de la République étouffe la révolte par son coup d'Etat. Clovis Gauguin et ses camarades du National, organe du parti Radical n'a pas d'autre issue que l'exil.En 1849, la famille Gauguin,embarque pour le Perou. Le voyage est déjà une aventure qui va tourner au drame. A la pointe de la Patagonie, Clovis s'écroule, tué par une ruptured'anévrisme. Aline, la jeune veuve et ses 2 enfants est accueillie à Lima par son grand-oncle, Don Pio, dont la famille est devenue une des plus puissantes du Perou. Paul va s'éveiller à la vie péruvienne pendant 6 ans. A la mort de ce grand-oncle, les Gauguin rentrent en France. Ce retour au sol natal est pour Paul un dépaysement.. Il comprend mal le français et prend peu d'intérêt à l'étude.Il brode, il imagine, il rêve. « l'Inca est venu tout droit du soleil et j'y retournerai». Il a la nostalgie du voyage.
A 17 ans, il s'engage dans la marine marchande. De ce quai du Havre ou s'était embarqué Manet en 1848, comme matelot, Paul voit à son tour s'éloigner les côtes de France; La destination est la même : Rio de Janeiro. En retrouvant le continent de son enfance, leJeune matelot est heureux. Par le détroit de Magellan, à Port -Famine, Paul se rend sur la tombe de son père; Puis se dirige vers Panama , les iles polynésiennes, puis les Indes. Là; Il apprend que sa mère s'est éteinte.
Il rentre alors en France où sa soeur l'attend.La guerre contre la Prusse vient d'éclater. Paul erre sur les mers du monde et connait aux escales les amours de rencontres. La maison de St Cloud où vit sa soeur a été incendiée par les prussiens. Paul Gauguin reprend la vie à zéro.C'est auprès des Arosa, un ami de sa famille qu'il va s'initier à la peinture.Il rencontre une jeune danoise , Mette-Sophie Gad, qu'il épouse en 1873. Elle lui donnera 5 enfants. Avec son ami Emile Schuffenecker, un collègue de bureau, peintre amateur, il va peindre en banlieue. Chez les Arrosa, il rencontre Pissarro; C'est la providence des élus; Il lui conseille de peindre clair.En 1876, Gauguin se voit accepter un petit paysage par un salon. Face à la «bande à Manet » il se tient sur ses gardes. Il ne veut pas se rallier à leur peinture nouvelle. Il veut s'affirmer en chef. Son tempérament l'écarte des subtilités de Monet. Il rencontre Puvis de chavannes, regarde peindre Cézanne auprès de Pissarro à Pontoise. Il s'oppose à Manet qui le traite de dictateur au sujet du choix des participants à l'exposition de 1882. Gauguin parle, en effet, de se retirer si Degas maintient la participation de ses protégés. Tout rentre dans l'ordre grâce à l'intervention de Renoir et de Monet.. Caillebotte accepte en effet ,de participer à cette exposition.
Gauguin lâche la Bourse après l'ébranlement des marchés financiers.Il décide de se consacrer entièrement à la peinture. C'est pour lui une nouvelle aventure qui commence; Seul le triomphe en est l'issue. Très vite il rencontre des difficultés. Sa femme, Mette perd confiance et décide de rentrer au Danemark. Gauguin va commencer l'apprentissage de la misère et de la solitude.
Dans le froid de l'hiver, il se retrouve avec son fils, n'ayant pour subsister que du pain. L'enfant fiévreux tombe malade. Le père le soigne comme il peut. L'épreuve de la misère ne parviendra pas à l'abattre.Il n'a qu'une certitude : sa peinture. Il se brouille avec Seurat et du même coup refuse d'exposer au salon des indépendants dont Seurat est le Président. Avec le peu d'argent qui lui reste, il décide d'aller vivre en Bretagne.
Le premier séjour à Pont-Aven va durer tout l'été.Gauguin prend pension à l'Auberge Gloanec; il emploie ses loisirs à l'escrime, à la boxe et à la nage - mais aussi à sa peinture. Il expose parfois, entre quelques sarcasmes des autres peintres «salonnards sans imagination» ses idées au cours des longues soirées dans la salle d'auberge où les peintres se réunissent. Il y a là Emile Bernard, Charles Laval.
Ce dernier lui vante les terres ensoleillées des Tropiques et cette île Tobago, en face de Panama. Il partira pour cette île en espérant y vivre comme des sauvages « sans inquiétude du jour ni du lendemain». Très vite, il déchantera de ses espérances. A court d'argent, il se fait embaucher comme terrassier au creusement du canal de Panama. Son but? Amasser un peu d'argent et partir pour la Martinique. Il y parviendra et s'installera en compagnie de Laval à St Pierre. Tous deux tombent malades; ils sont atteints de dysenterie et de fièvre paludéenne contractées à Panama. « Je suis dans une case à nègre, couché sans force, sur une paillasse sans un sou «. il continue pourtant à peindre. « Jamais je n'ai eu une peinture aussi claire»
De retour en France, il ira s'installer de nouveau à l'auberge Gloanec; Les peintres sont revenus. Gauguin tombe amoureux de la fille d'Emile Bernard, Madeleine. Elle a 17 ans. Bernard a des idées qui rejoignent celles de Gauguin et peut-être les influencent. D'où le différend qui 3 ans plus tard brisera leur amitié. Le génie instinctif de Gauguin prend mieux conscience à la lumière des théories de Bernard.
Depuis des mois, Vincent Van Gogh le presse de venir le rejoindre à Arles, où il pourrait travailler à bon compte, tandis que Théo Van Gogh assurerait nourriture et logement contre une part de sa production. Il décide de gagner Arles.
Un matin d'automne, Gauguin est là, sûr de lui, méfiant, pas un mot de remerciement pour Vincent Van Gogh qui a préparé sa venue avec tant d'amour. Paul regarde distraitement les toiles dont Vincent a décoré la maison. c'est un homme aigri. il critique tout: le pays, les gens,les relations de Vincent. Gauguin qui a déjà pris à Pont - Aven l'habitude de jouer les chefs, se propose de lui donner des leçons. Les discussions éclatent, les relations se tendent. C'est le drame. Le 24 Décembre, en pleine place, Vincent se précipite sur Gauguin un rasoir à la main avant de se trancher l'oreille dans un geste d'autodestruction. Gauguin repart pour Paris laissant Vincent à son triste sort.
Après un court séjour au Pouldu, en compagnie de Sérusier, Il s'embarque seul pour Tahiti. Rien ne peut le retenir, pas même cet amour tout neuf que lui apporte Juliette Huet, une petite couturière. Il débarque à Papeete et s'installe à Mataïea. Il loue une case, au pied de la montagne et des végétations aux couleurs éblouissantes : l'éclat des mangues et du tiaré, les fougères arborescentes et les pandanus aux larges feuilles s'étendent auprès des eaux du lagon.
Un jour, une jeune fille rentre dans sa case,; elle a 13 ans; C'est Téhura. Elle deviendra son modèle, son épouse. C'est par elle qu'il va rentrer dans la phase essentielle de son oeuvre. En quelques mois, il brossera 70 toiles qui sont toutes, au delà de la féérie des formes et des couleurs, un appel mystique aux dieux oubliés.
La grâce calme de l'attitude, la noblesse mesurée du geste, la gravité de porteuse d'offrandes de ces Tahitiennes s'expriment par l'admirable cadence des verticales, des horizontales, la douceur des courbes unissant l'instinctive force du primitif à la plus pure tradition de la peinture française. Jamais peut-être Gauguin n'a atteint une maîtrise aussi parfaite de son art pour exprimer cette harmonie particulière, cette " rigidité statuaire " des femmes maories, qui, à défaut de beauté traditionnelle, ont, écrivait-il, " un je ne sais quoi d'ancien, d 'auguste, de religieux dans le rythme de leurs gestes, dans leur immobilité rare. Dans des yeux qui rêvent, la surface trouble d' une énigme insondable ".
Gauguin aime transposer les thèmes religieux en visions exotiques. Ainsi celui de la Salutation. Angélique est devenu une scène fort poétique de maternité tahitienne, d'un charme innocent et pourtant naïf, subtil comme un Fra Angelico dont Gauguin a suivi la leçon. Ce témoignage de l'euphorie des premiers mois de l'expérience tahitienne lui paraissait une oeuvre très importante.
Par un étrange et infaillible instinct ou peut-être grâce à son intelligence toujours si lucide, Gauguin évite tous les dangers auxquels son art pourrait être exposé : lorsqu'il part pour Tahiti, en 1891, c'est qu'il sent le besoin de fuir la facilité littéraire du symbolisme, au moment justement où il aurait pu devenir le chef de ce mouvement pictural.
Il vient chercher une vision de nature absolument nouvelle, une solitude qui lui permettent de donnera son imagination une pâture nouvelle pour son rêve intérieur. Et par là il devient un grand poète, tel que le définira Mallarmé : " ...un homme qui s'isole pour sculpter son propre tombeau ".
L'interrogation pascalienne est ici toute la philosophie de Paul Gauguin, et le plus terrible cri de souffrance " Qu'il regarde.... ( si toutefois ils ont un coeur pour sentir) et ils verront ce qu'il y a de souffrance résignée. Ce n'est donc rien un cri humain " Le sens profond de la toile est l'atroce désespoir de l'homme, tel celui de Verlaine: " Un sommeil noir tombe sur ma vie. Dormez, tout espoir, Dormez, toute envie".
Détaché de sa famille, ayant perdu sa fille préférée Aline, réduit à l'ultime désespoir, malade, misérable, vivant dans l'angoisse de ne pas recevoir (ou si peu) d'argent des tableaux qu'il envoie en France, Gauguin, décidé au suicide, entreprend une grande toile qu'il avait en tête, une dernière oeuvre monumentale, son testament spirituel. Durant tout le mois de Décembre il travaille jour et nuit " dans une fièvre inouïe " J'y ai mis là avant de mourir toute mon énergie, une telle passion douloureuse dans des circonstances terribles et une vision tellement nette, sans corrections, que le hâtif disparaît et que la vie en surgit ".
Alors il explique : " Tout se passe au bord d'un ruisseau sous-bois. Dans le fond, la mer puis les montagnes de l'île voisine. A droite et en. bas un. bébé endormi puis trois femmes accroupies. Deux figures habillées de pourpre se confient leurs réflexions. Une figure énorme volontairement et rnalgré la perspective, accroupie, lève le bras en l'air et regarde étonnée ces deux personnages qui osent penser à leur destinée. Une figure au milieu cueille un fruit. Deux chats près d'un enfant, une chèvre blanche.
L'Idole, les deux bras levés mystérieusement et avec rythme, semble indiquer l'au- delà. Une figure accroupie semble écouter l'idole ; puis une vieille près de la mort semble accepter, se résigner à ce qu'elle pense et termine la légende ; à ses pieds un. étrange oiseau blanc tenant en- sa patte un lézard repré- sente l'inutilité des vaines paroles ".
Tandis qu'il entreprend cette toile de 4 mètres de long, Gauguin est dans la pire détresse morale et physique.Il ne sait pas que Clovis, son fils préféré, est frappé de paralysie.Il achève la toile. Puis il absorbe l'arsenic qu'on lui avait donné . Il veut mourir. Les vomissements le sauvent de l'empoisonnement. Il est « condamné à vivre».
Dès qu'il éprouve quelque répit, dès qu'il se reprend à espérer, il recopie et illustre son manuscrit de Noa-Noa ébauché lors de son premier séjour à Tahiti et que cHarles morice a mis au point et fera éditer à Paris Dans l'esquisse ci-dessous exposé "Manao-tupapau, se dévoile son désir de contester l'autorité d'Edouard Manet chef des impressionistes qui venait de réaliser son célèbre tableau l'Olympia.
Gauguin décide de quitter Tahiti afin de trouver ailleurs un renouveau de son inspiration. C'est aux Marquises qu'il s'installera, dans la petite île de Hiva Oa. Téhura refuse de le suivre. Dans l'île, il rentre en conflit avec les autorités administratives et religieuses. Il prend la défense des marquisiens spoliés et leur conseille de ne pas payer l'impôt. Comme sa grand-mère, Flora Tristan, il devient le défenseur des faibles . Au terme de ce combat qu'il a livré contre la Société de son temps, Il est vaincu une nouvelle fois - Il est , en effet, condamné à 3 mois de prison et 500 francs d'amende - Il n'a plus le goût de peindre. Gauguin a fait appel mais la mort devancera le jugement des hommes. Il meurt seul dans sa case..
Sur la tombe, on a déposé un bloc de pierre ou est gravé son nom et l'année de sa mort. Ses biens et ses toiles furent dispersés aux enchères; La plupart de ses dessins et de ses sculptures furent jetées «aux ordures». Dans sa révolte contre une conception de la peinture " témoin du réel ", il a ouvert les voies suivies par les symbolistes , puis par les fauves et les allemands. Il s'est attachéà entraîner l'artiste vers cette force intérieure qui doit être l'unique objet de l'art. Son exemple connaîtra une exceptionnelle postérité. Le temps a apporté à Paul Gauguin la gloire qu'il voulait conquérir.
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Les meilleures citations de Paul Gauguin.
Je ferme les yeux pour voir.
L'art est soit une révolution soit un plagiat.
Il est inutile de conseiller la solitude pour tout le monde; il faut être assez fort pour l'endurer et travailler seul.
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