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Marie Ire ou Marie Tudor (18 février 1516 - 17 novembre 1558) fille du roi Henri VIII avant-dernier monarque de la dynastie Tudor. Reine d'Angleterre, de France (seulement en titre) et d'Irlande de plein droit, elle fut aussi reine consort d'Espagne par son mariage avec le roi Philippe II. Surnommée « Marie la Sanglante » (Bloody Mary) par les protestants, à cause des persécutions qu'elle mena envers eux pendant son règne de 1553 à 1558 pour rétablir la religion catholique en Angleterre.
Marie est la seule enfant d'Henri VIII et de sa première femme, Catherine d'Aragon, qui ait survécu jusqu'à l'âge adulte. Née au palais de Placentia à Greenwich, près de Londres, elle a été précédée par une soeur mort-née et trois frères, dont Henri, duc de Cornouailles. Enfant chétive, son baptême a lieu le jeudi suivant sa naissance, le cardinal Thomas Wolsey est son parrain.[réf. nécessaire]
Malgré sa mauvaise santé, Marie est une fille précoce. Sa mère consulte l'érudit espagnol Juan Luis Vives, qui a été désigné premier professeur de latin de la princesse héritière. Elle étudie aussi le grec, les sciences naturelles et la musique. Le roi Henri VIII l'adore et se vante en compagnie qu'elle « ne pleure jamais ». À l'âge de neuf ans, son père lui accorde sa propre cour à Ludlow Castle ainsi que la plupart des prérogatives royales et le titre de « princesse de Galles » qui sont ordinairement réservées au prince héritier. En 1526, âgée de dix ans, Marie préside le conseil chargé de gouverner le Pays de Galles et l'ouest de l'Angleterre. Cependant, en dépit de son affection pour sa fille, Henri est déçu que Catherine d'Aragon ne puisse pas lui donner un fils.
Durant l'enfance de Marie, le roi négocie des mariages potentiels pour sa fille. On la désigne successivement comme la future épouse du Dauphin de France , de l'Empereur romain germanique et du roi de France. Aucune de ces unions ne se réalisera.
Pendant ce temps, l'union du couple royal anglais est en difficulté à cause de l'incapacité de la reine à donner au roi un fils en bonne santé. Henri tente à plusieurs reprises de faire annuler son mariage, mais le pape Clément VII rejette toutes ses demandes. Sa décision pourrait avoir été influencée par Charles Quint, un neveu de Catherine d'Aragon et ancien fiancé de Marie. Le mobile officiel pour la requête d'annulation est le mariage éphémère entre Catherine et le frère du roi, Arthur Tudor, décédé en 1502. Catherine a toujours affirmé que l'union n'avait pas été consommée. En 1533, Henri épouse en cachette Anne Boleyn avant que Thomas Cranmer, l'archevêque de Cantorbéry, ne déclare nul le mariage avec Catherine. L'annulation prive Marie de son titre de princesse et de sa revendication de devenir reine après le décès de son père. L'héritière de la couronne est désormais Élisabeth, la fille du roi et d'Anne Boleyn née le 7 septembre 1533.
En conséquence, Marie est exclue de la cour royale. Anne Boleyn, la nouvelle reine, l'oblige à servir Élisabeth comme dame d'honneur et lui interdit de visiter sa mère au château de Kimbolton dans le comté de Cambridgeshire. Quand Catherine d'Aragon meurt le 7 janvier 1536, Marie ne peut pas assister à l'enterrement. Après la décapitation d'Anne Boleyn en mai 1536, Marie tente de se réconcilier avec son père en reconnaissant sa propre illégitimité et l'autorité de l'Église anglicane.
Comme Marie auparavant, Élisabeth ne peut plus prendre la succession d'Henri VIII. Deux semaines après l'exécution de sa femme, le roi épouse Jeanne Seymour, qui meurt en couches en 1537 lors de la naissance d'un garçon, le prince, Édouard. Son père accorde alors à Marie, qui a été désignée comme marraine du prince, le droit de séjourner dans les palais royaux. En 1543, Catherine Parr devient la dernière épouse d'Henri. Sur ses instances, le roi rend aux princesses Marie et Élisabeth la possibilité de lui succéder au cas où Édouard décèderait avant qu'il n'engendre un héritier.
À la mort de son père, en 1547, Édouard VI lui succède au trône. Édouard ne veut pas que la couronne passe à Marie, dont le catholicisme lui répugne. En tentant d'exclure Marie de la succession, ses conseillers lui indiquent qu'il est impossible d'exclure Marie sans exclure la protestante Élisabeth. S'arrogeant un droit qui ne lui avait pas été accordé par le parlement[1], il décide de les déshériter toutes les deux en désignant Jeanne Grey, une petite-nièce d'Henri VIII, comme son successeur. Après le décès d'Édouard en 1553, Jeanne Grey monte sur le trône. En même temps, Marie réussit à mobiliser le soutien des Anglais pour sa revendication du trône. Elle réussit à faire destituer Jeanne Grey neuf jours après son couronnement et la fait emprisonner à la Tour de Londres. Le 1er octobre 1553, Marie est sacrée reine par Étienne Gardiner, l'évêque de Winchester.
La nouvelle reine, qui a 37 ans en 1553, se concentre maintenant sur la question d'engendrer un héritier, qui doit prévenir l'hypothèse que la protestante Élisabeth pourrait lui succéder au trône. Elle décline une offre de mariage d'Édward Courtenay, comte de Devon, après que Charles Quint lui eut proposé d'épouser Philippe, futur roi d'Espagne.
Le mariage est célébré le 25 juillet 1554 à la cathédrale de Winchester, deux jours seulement après la première rencontre du couple royal. Ce mariage politique est profondément impopulaire parmi les Anglais, qui se méfient des Espagnols. La Chambre des Communes pétitionne en vain Marie pour la persuader d'épouser un Anglais, craignant une relégation à la dépendance espagnole pour l'Angleterre.
Quand elle insiste pour se marier à Philippe, des révoltes éclatent à travers le pays. Henri Grey, duc de Suffolk et père de Jane Grey, récidive et déclare une nouvelle fois que sa fille est reine. En même temps, Thomas Wyatt le Jeune dirige une force armée vers Londres soutenant Élisabeth. Après que Marie eut écrasé les insurrections, elle fait exécuter Jane Grey et son beau-père John Dudley, duc de Northumberland. Élisabeth[2], qui proteste de son innocence dans l'affaire Wyatt, peine à réfuter ses accusateurs. Elle est emprisonnée successivement à Whitehall, à la Tour de Londres (2 mois), puis à Woodstock Palace dans le comté d'Oxfordshire. Mais Marie se refuse à l'exécuter.
En novembre 1554, Marie se croit enceinte pour la première fois. La grossesse se révèle être le premier de ses deux pseudocyesis, causé par un kyste dans son estomac. Philippe convainc sa femme de mettre fin à la résidence forcée d'Élisabeth, pour pouvoir gagner les faveurs de celle-ci au cas où Marie mourrait en couches. Après quatorze mois de mariage, Philippe retourne en Espagne.
Le règne de Marie marque un retour en force du catholicisme. Fervente catholique elle-même, elle n'a jamais approuvé le schisme provoqué par son père et l'établissement du protestantisme d'Édouard VI. En 1556, la reine réconcilie l'Angleterre avec l'Église catholique en brûlant sur le bûcher l'archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer. Son successeur, Reginald Pole devient un des conseillers les plus importants de Marie.
En vertu d'une loi sur l'hérésie, Marie fait exécuter de nombreux protestants. Pendant son règne quinquennal, quelques 800 protestants riches choisissent l'exil pour échapper au bûcher. Les premières exécutions ont lieu en février 1555, l'évêque de Gloucester compte parmi les « hérétiques ». Les persécutions continuent jusqu'à la mort de Marie en 1558. Le nombre exact de morts n'est pas connu, mais les Anglais commémorent toujours ces « persécutions mariales » chaque année, surtout à Lewes dans le comté d'Essex.
La création du royaume d'Irlande par Henri VIII en 1542 n'a pas été reconnue par les puissances catholiques européennes. Cependant, en 1555, Marie obtient une bulle pontificale la désignant comme monarque irlandais. Tout en continuant la reconquête de l'Irlande par les Tudor, les Anglais occupent les comtés de Laois et d'Offaly.
Philippe II, qui a succédé au trône espagnol en 1555, séjourne en Angleterre pendant quelques mois du printemps et de l'été de 1557, y réussissant à convaincre son épouse de soutenir l'Espagne contre la France pendant les Guerres d'Italie. L'opinion publique se tourne cependant contre une offensive de l'Angleterre contre les Français, à cause de l'importance financière de la France pour l'Écosse et donc pour l'île de Grande-Bretagne dans sa totalité. Le 13 janvier 1558, les forces armées anglaises sont vaincues à Calais, la dernière possession anglaise sur le continent européen. La défaite infligée est de grande importance symbolique et inspire plus d'aversion encore pour les Espagnols.
La situation économique durant le règne de Marie est caractérisée par une diminution des échanges commerciaux internationaux, notamment à cause de l'étiolement du commerce textile à Anvers. Malgré le mariage de sa reine avec le roi d'Espagne, l'Angleterre ne peut non plus bénéficier du commerce espagnol dans le Nouveau Monde dont les Espagnols refusent à partager les gains. Marie tente de revitaliser l'économie anglaise en cherchant des ports au dehors de l'Europe.
Entre 1553 et 1558, Marie souffre de deux grossesses nerveuses. Leur cause n'est pas connue, mais on a beaucoup spéculé qu'elles furent une conséquence de la pression faite sur Marie pour engendrer un héritier. Les symptômes rapportés par ses dames d'honneur, dont lactation et une détérioration de sa vue, mettent aussi en évidence la possibilité qu'elle ait souffert d'une anomalie hormonale comme une tumeur pituitaire.
Dans son testament, la reine décrète que Philippe lui succède comme régent jusqu'à ce que leur enfant atteigne la majorité. Marie meurt cependant sans enfant le 17 novembre 1558 au palais St. James à Londres. Sa demi-soeur Élisabeth lui succède. Malgré ses dispositions testamentaires, Marie n'est pas inhumée aux côtés de sa mère. Sa dépouille mortelle repose dans un tombeau de l'abbaye de Westminster, qu'elle partage maintenant avec Élisabeth Ire (bien que le gisant ne représente qu'Élisabeth). Après son accession au trône d'Angleterre en 1603, Jacques VI d'Écosse fait fixer sur le tombeau une plaque en marbre sur laquelle est gravée en latin : « Des partenaires sur notre trône et dans notre tombe, ici nous reposons, deux soeurs, Élisabeth et Marie, dans l'espoir d'une seule résurrection ».
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Reine pieuse et généreuse envers les enfants pauvres.