Acteur, Artiste, Éditeur, Homme d'affaire, Scénariste, Traducteur (Art, Cinéma).
Francais, né le 16 juillet 1900 et mort le 6 mars 1977
Enterré (où exactement ?).
Marcel Duhamel (16 juillet 1900 à Paris 6 mars 1977, Saint-Laurent-du-Var) est un éditeur (créateur de la Série noire chez Gallimard) et traducteur. Il a également été scénariste et acteur.
Après son service militaire pendant lequel il fit la rencontre décisive à Istanbul du poète Jacques Prévert, il s'installe dans le quartier de Montparnasse et fréquente un groupe de surréalistes, dont le peintre Yves Tanguy et la plupart des écrivains des années 1930.
En 1928, il traduit un premier roman, Les Émeraudes sanglantes de Raoul Whitfield. Il enchaîne divers petits métiers comme celui de modiste, décorateur, chef de plateau aux studios Pathé-Nathan, publicitaire, éditeur pendant deux ans d'une revue de tourisme (Voyage en France).
Suite à la traduction d'un second roman (Le Petit César de William Riley Burnett), il travaille pour les studios de la Tobis Klangfilm et adapte les dialogues de plus d'une centaine de films américains.
Parallèlement, il joue au cinéma dans des films comme L'affaire est dans le sac (de Pierre et Jacques Prévert, 1932), Le Dernier Milliardaire (de René Clair, 1934), ou Le Crime de Monsieur Lange (de Jean Renoir, 1936).
Sa rencontre avec le dramaturge Marcel Achard en 1944 est déterminante. Ce dernier lui fait découvrir deux romans noirs de Peter Cheyney. Enthousiaste, Marcel Duhamel les traduit et propose à Gallimard de les publier dans une nouvelle collection. En octobre 1945 il créé la « Série noire » et il dirige cette collection jusqu'à sa mort en 1977, popularisant ainsi le roman noir américain.
Avant d'être éditeur, Duhamel est d'abord traducteur, spécialisé dans la traduction des vrais américains (Raymond Chandler, Dashiell Hammett) aussi bien que des faux américains notamment l'anglais Peter Cheyney et James Hadley Chase « auxquels ses traductions ont su donner d'emblée un caractère américain. » À Michèle et Boris Vian, il a confié la traduction de Les Femmes s'en balancent (Ladies don't care) de Peter Cheyney, et plus tard, Boris traduit deux Chandler. L'afflux de vrais et faux américains de la série noire : Terry Stewart (français), John Amila (français), Carter Brown (anglais) a naturellement une grande influence sur le futur américain Vernon Sullivan.
Dans les années 1940, Duhamel, grand amateur de jazz est un des piliers des caves de Saint-Germain-des-Prés, une figure du monde du papier, et un personnage prestigieux pour son élégance « royale ». Dans le Manuel de Saint-Germain-des-Prés, Boris Vian brosse ainsi son portrait :
« (...) a eu une vie fort variée dont le récit nous entrainerait en dehors des limites de ce volum; mais à tous les moments de son existence, il a conservé une dignité dans l'allure très caractéristique, et on ne m'ôtera jamais l'idée que Marcel Duhamel est un enfant naturel de feu le roi George V d'Angleterre (...) Amateur passionné de jazz; possède une fort belle collection dans le style classique. »
Durant les années 1950 et 1960, il crée et anime d'autres collections littéraires : « Série Blême » et « Panique » (Gallimard), « Oscar » (Denoël), « Haute tension » (ZED).
Il mène en même temps une activité de traducteur des oeuvres de John Steinbeck, Ernest Hemingway, Richard Wright, Erskine Caldwell, Irwin Shaw et de nombreux auteurs de romans noirs.
Adaptateur pour le théâtre de plusieurs romans (Pas d'orchidées pour Miss Blandish ; Du rififi chez les hommes, etc.), Marcel Duhamel a aussi signé une autobiographie : Raconte pas ta vie (Mercure de France, 1972).
En 1948, Marcel Duhamel écrit ce qui restera longtemps « le manifeste de la "Série noire". Après plus de cinquante ans, ce texte reste d'une rare actualité.
« Que le lecteur non prévenu se méfie : les volumes de la "Série noire" ne peuvent pas sans danger être mis entre toutes les mains. L'amateur d'énigmes à la Sherlock Holmes n'y trouvera pas souvent son compte. L'optimiste systématique non plus. L'immoralité admise en général dans ce genre d'ouvrages uniquement pour servir de repoussoir à la moralité conventionnelle, y est chez elle tout autant que les beaux sentiments, voire de l'amoralité tout court. L'esprit en est rarement conformiste. On y voit des policiers plus corrompus que les malfaiteurs qu'ils poursuivent. Le détective sympathique ne résout pas toujours le mystère. Parfois il n'y a pas de mystère. Et quelquefois même, pas de détective du tout. Mais alors ?... Alors il reste de l'action, de l'angoisse, de la violence sous toutes ses formes et particulièrement les plus honnies du tabassage et du massacre. Comme dans les bons films, les états d'âmes se traduisent par des gestes, et les lecteurs friands de littérature introspective devront se livrer à la gymnastique inverse. Il y a aussi de l'amour sous toutes ses formes de la passion, de la haine, tous les sentiments qui, dans une société policée, ne sont censés avoir cours que tout à fait exceptionnellement, mais qui sont ici monnaie courante et sont parfois exprimés dans une langue fort peu académique, mais où domine toujours l'humour. En bref, notre but est fort simple : vous empêcher de dormir. À cet effet, nous avons fait appel aux grands spécialistes du roman policier mouvementé : James Cain, James Hadley Chase, Peter Cheyney, Horace Mac Coy, Dashiell Hammett, Don Tracy, Raoul Whitfield, etc., et tous nous ont donné le meilleur de leurs oeuvres pour cette louable entreprise. Il paraît deux titres par mois. A l'amateur de sensations fortes, je conseille donc vivement la réconfortante lecture de ces ouvrages. En choisissant au hasard, il tombera vraisemblablement sur une nuit blanche. M.D.»
Parmi les grands succès de la série noire, 12 chinetoques et une souris (Twelve Chinks and a Woman, 1941, Jarrolds edition) de James Hadley Chase, a été traduit de l'anglais par Jean Weil et Marcel Duhamel. Quelques années plus tard, en 1979, en anglais le titre a été changé car le motchinks étaient insultant pour les chinois. Corgi books l'a publié sous le titre The Doll's bad news.
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