Artiste, Écrivaine, Linguiste, Médecin, Scientifique, Sinologue (Art, Littérature, Science).
Chinoise, née le 12 septembre 1917 et morte le 2 novembre 2012
Enterrée (où exactement ?).
Han Suyin est le pseudonyme d'Elisabeth Comber, née Chou Kuanghu le 12 septembre 1917 à Xinyang, dans la province du Henan (Chine), et décède le 2 novembre 2012 (à 95 ans) à Lausanne, en Suisse, où elle résidait. Han Suyin est une doctoresse en médecine, sinologue et écrivaine britannique d'origine chinoise et belge. Elle est l'auteur de romans dont l'action se déroule en Asie (Multiple splendeur, Jusqu'au matin, Les quatre visages et La montagne est jeune), de récits autobiographiques (L'arbre blessé , Une fleur mortelle et Un été sans oiseaux) et d'études historiques sur la Chine moderne.
Han Suyin, de son nom de baptême Matilda Rosalie Elizabeth Chou, est née le 12 septembre 1917, d'un père chinois, d'ascendance Hakka, et d'une mère belge.
Son père, Yentung Chou, avait quitté la province du Szechuan pour l'Europe en 1903 afin d'y étudier le génie ferroviaire. À l'université de Bruxelles en Belgique, il avait rencontré Marguerite Denis, qui, en 1908, allait devenir sa femme, malgré les préjugés de l'époque contre les mariages inter-raciaux. Après la naissance de leur premier enfant, en 1913, ils étaient partis s'installer en Chine, où son père devait travailler comme ingénieur auprès de la société belgo-chinoise des chemins de fer.
Yentung et Marguerite eurent huit enfants, dont quatre survécurent. Le premier, un garçon, né en Belgique, y fut renvoyé pour qu'il y accomplisse sa scolarité. Un deuxième garçon, Gabriel, aussi appelé Orchidée-de-Mer, naquit en 1914 ou 15 mais décéda dans des circonstances tragiques. Puis naquit la première fille, Rosalie. La vie du couple Chou-Denis dans la Chine déchirée par la guerre fut remplie d'épreuves, dont celle de voir leurs enfants méprisés en tant que métis eurasiens.
Le couple s'installe à Pékin en 1921. À l'issue d'une scolarité brillante, Rosalie est déterminée à devenir médecin. Elle reçoit une éducation européenne et n'apprend le chinois qu'à l'âge de 15 ans. Pour payer ses études, elle apprend la dactylographie et la sténographie. En 1931, mentant sur son âge (elle n'a pas 15 ans), elle obtient un travail de dactylo au Peking Union Medical College, un hôpital chapeauté par des Américains. Elle se rend compte qu'il y a en Chine, à cette époque, trois échelles salariales : d'abord celle des « blancs », ensuite celle des Eurasiens et enfin celle des Chinois. En prenant de petits boulots en plus de son travail principal, elle améliore sa situation financière et celle de sa famille. C'est à cette époque également qu'elle se lance dans la lecture pour assouvir sa soif de connaissances et se préparer à des études universitaires.
En 1933, elle est admise à l'université de Yanjing (Yenching) à Pékin. En 1935, bénéficiant d'une bourse, elle part à Bruxelles faire des études de médecine (1933-1936). Pendant cette période belge, ses rapports avec la famille Denis ne sont pas des plus chaleureux, d'après ce qu'elle racontera plus tard dans Une fleur mortelle. Entre-temps, les Japonais ont envahi la Chine. En 1938, abandonnant ses études de médecine, elle embarque à Marseille sur le paquebot Jean-Laborde et retourne dans son pays pour y travailler dans un hôpital.
À son retour, elle épouse Tang Pao Huang, un ingénieur chinois qui avait été envoyé en formation à l'académie militaire de Sandhurst par le gouvernement et qu'elle a rencontré lors du voyage de retour sur la paquebot. Elle travaille à l'hôpital de Chungking tandis que son mari, qui est un des disciples de Sun Yat Sen, sert en tant qu'officier puis général dans l'armée nationaliste. Tang, qui s'avèrera un mari brutal, à l'esprit féodal, est nommé attaché militaire à Londres en 1944, puis, rappelé en Chine, est tué en combattant les communistes en 1947. C'est pendant cette période que Han adoptera sa fille Yung Mei. Ces années passées avec Tang constitueront l'essentiel de son récit autobographique Un été sans oiseaux.
Encouragée et soutenue par une missionnaire américaine, Han commence à écrire pendant la guerre sino-japonaise. Son premier livre, Destination Chungking (Destination Tchoungking en français), sort en Angleterre en 1942.
En 1944, elle est à Londres pour y poursuivre des études de médecine et elle obtient son diplôme de docteur en médecine en 1948.
Avec sa fille, elle gagne Hong Kong en février 1949. Elle devient assistante au service d'obstétrique et de gynécologie de l'hôpital Queen Mary. Elle tombe amoureuse de Ian Morrison, un correspondant de guerre anglais du London Times, marié, mais celui-ci trouve la mort en Corée en 1952 en couvrant un épisode de la guerre. Cette histoire d'amour entre une Eurasienne et un blanc fait scandale à l'époque, les liaisons interraciales étant mal considérées à Hong Kong comme dans le reste de la Chine. Cette aventure sera le sujet de son deuxième livre, A Many-Splendoured Thing (Multiple splendeur en français), qui paraît en 1952 et rencontre le succès tout en scandalisant la société néo-coloniale britannique. L'histoire est portée à l'écran en 1955, par Henry King, sous le titre Love is a Many-Splendoured Thing (en français La Colline de l'adieu), avec pour personnages principaux Jennifer Jones et William Holden. Dans son ouvrage autobiographie My House has Two Doors, Han Suyin, qui se désintéresse du film, explique qu'elle a vendu les droits cinématographiques du roman pour payer l'opération en Angleterre de sa fille adoptive qui souffrait de tuberculose pulmonaire.
Han se remarie en 1952. Son nouveau mari, Leon Comber, est un Anglais qui travaille dans le service malaisien de contre-espionnage et de lutte contre la subversion. Elle le suit à Johore Bahru, ville qui fait face à Singapour, de l'autre côté du détroit de Johore. Tout en exerçant son métier de médecin, elle continue sa carrière littéraire et donne des conférences à l'étranger. De cette relation est issu, en 1957, ...And the Rain My Drink (en français ...Et la pluie pour ma soif), où Han Suyin condamne l'état d'urgence et la répression instaurés par les Britanniques en Malaisie pour lutter contre l'insurrection communiste.
Souhaitant voir par elle-même les bouleversements intervenus dans son pays d'origine depuis la proclamation de la république populaire de Chine en 1949, elle finit par obtenir un visa en 1956. Son retour sur le sol chinois en mai de cette année n'est pas sans retentissement en raison de sa renommée littéraire mais aussi du fait de la rareté des personnes souhaitant se rendre en Chine à l'époque. Elle est reçue chaleureusement par Chou En-Lai et Chen Yi et rend visite à son père et à d'autres membres de sa famille. À son retour de Singapour, elle ne tarit pas d'éloges sur les améliorations apportées par le nouveau gouvernement chinois.
En 1959, elle enseigne la littérature contemporaine à l'université Nanyang de Singapour et entreprend d'initier ses étudiants, en majorité chinois, aux écrivains du tiers monde.
Pendant son séjour en Malaisie, Han Suyin divorce d'avec Comber (en 1958) et se met en ménage en 1960 avec l'Indien Vincent Ruthnaswany, un ingénieur de formation habitant Katmandou. Cette rupture et son remariage sont racontés, sous une forme à peine voilée, dans The Mountain is Young (1958) (en français La Montagne est jeune). Par la suite, dans My House Has Two Doors (1980), elle devait révéler que, pour être avec elle, Vincent Ruthnaswany avait abandonné sa carrière militaire.
En 1963, elle renonce à sa carrière de médecin pour se consacrer complètement à l'écriture. À partir de 1966, elle publie une série de livres autobiographiques : The Crippled Tree (1966) (L'arbre blessé), A Mortal Flower (1966) (Une Fleur mortelle), A Birdless Summer (1968) (Un été sans oiseaux), My House Has Two Doors (1980) et Phoenix Harvest (1983).
Dans les années 1960, elle devient une sorte de porte-parole officieux de la RPC, où elle se rend régulièrement et dont elle décrit l'évolution, non sans susciter certaines critiques en Occident.
Dans les années 1970 et 1980, le couple vit à Hong Kong et à Lausanne en Suisse. Han continue à se rendre en Chine dans les années 1980 et à écrire sur son pays natal. Au nombre de ses ouvrages sur la Chine : Wind in the Tower: Mao Tsetung and the Chinese Revolution, 1949-1965 (1976), Lhasa, the Open City (1977) (Lhassa étoile-fleur), The Morning Deluge: Mao Tsetung and the Chinese Revolution 1893-1954 (1963) et The Eldest Son: Zhou Enlai and the Making of Modern China, 1898-1976 (1995).
En 1986, Han Suyin établit la Fondation Han Suyin pour les échanges scientifiques entre la Chine et l'Occident afin de permettre à de jeunes chercheurs d'aller étudier en Europe et d'être à la pointe de leur discipline. De même, elle dota financièrement l'Association des écrivains chinois en vue de la création d'un prix, le Prix Lu Xun de la meilleure traduction littéraire. Enfin, elle créa le Prix Han Suyin des jeunes traducteurs, parrainé par la maison d'édition China International Publishing Group.
Han, qui a de la famille en Chine, en Belgique, en Inde et aux États-Unis, a sa résidence principale à Lausanne. Son mari, Vincent Ruthnaswamy est décédé en janvier 2003.
Han Suyin n'a pas adhéré au Parti communiste chinois mais était proche du maoïsme. Elle a rompu avec le régime chinois après la Révolution culturelle, qu'elle avait défendue dans un premier temps.
En 1968, elle déclarait « Mao est le plus grand homme que la Chine ait connu ».
Un buste de Han Suyin a été inauguré le 28 août 2008 dans le village de Saint-Pierre-de-Clages par le gouvernement du canton du Valais et la Fondation espace-enfants de Suisse en présence de l'auteur.
Han Suyin est morte, à l'âge de 95 ans, le 2 novembre 2012 à Lausanne, en Suisse, où elle résidait. Elle laisse derrière elle deux filles, Tang Yung Mei et Chew Hui Im.
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