Journaliste (Journalisme).
Française, née le 13 janvier 1956 et morte le 2 novembre 2013
Enterrée (où exactement ?).
Ghislaine Dupont, prononcé /ʒislɛn dypõ/, née le 13 janvier 1956 à Paris et morte le 2 novembre 2013 (à 57 ans) au Mali, est une journaliste française grand reporter radio, spécialiste des questions africaines.
Ghislaine Dupont a vécu une partie de sa petite enfance en Afrique, notamment au Gabon. Après ses études universitaires, elle s'inscrit à l'École supérieure de journalisme de Paris (ESJ). Elle commence sa carrière dans la presse écrite, au Courrier Cauchois, à Ouest-France et Témoignage chrétien, alors dirigé par Georges Montaron et Pierre-Luc Séguillon, mais prend le goût du micro auprès des radios libres, notamment à Radio Gilda la Radiopolitaine à qui elle propose ses premiers reportages. Elle entre à Radio France Belfort en 1983, puis travaille comme pigiste à RFI en 1986, avant de présenter les éditions d'information au Maroc à Tanger pour la radio privée maroco-française bilingue arabe-français Radio Méditerranée Internationale.
Dès son retour définitif à RFI en 1990, Ghislaine Dupont couvre l'Afrique : elle va dans les maquis de l'UNITA, en Angola, elle témoigne du drame que traversent les Sierra-Léonais dans les territoires aux mains des rebelles du RUF, elle couvre Djibouti, le conflit Éthiopie-Érythrée, le Rwanda, le Soudan, l'Algérie ou la Côte d'Ivoire où elle révèle l'existence de charnier à Abidjan.
Pendant une décennie (1997-2007), elle se consacre à la République démocratique du Congo (RDC).
En 2003, Ghislaine Dupont prend un congé sabbatique pour participer, comme responsable de la rédaction, à la création de Radio Okapi en RDC. "La fréquence de la Paix" est créée à l'initiative de la Fondation Hirondelle, ONG suisse active dans le soutien aux médias dans des contextes de crise avec le soutien de la Mission des Nations unies en RDC (Monuc). Elle y forme de jeunes journalistes qui imposeront Radio Okapi au premier plan des organes d'information du pays.
En 2006, son traitement impartial de la campagne électorale lui vaut d'être expulsée de Kinshasa par le gouvernement Kabila entre le premier et le deuxième tour de l'élection présidentielle de 2006. Elle continuera à traiter de l'actualité de la RDC, en particulier celles des nombreuses atteintes aux droits de l'homme dans ce pays en guerre (dont la question des femmes violées et celle des orphelins dans les zones de combats) avant d'être également interdite d'antenne sur ces dossiers : l'ancienne direction de RFI (alors Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent) négocie en 2011 avec le régime de Kinshasa le rétablissement des émissions en FM de RFI en RDC en abandonnant Ghislaine Dupont, trop indépendante, « au placard », arguant de l'ouverture d'un bureau permanent de RFI/France24 à Kinshasa. Celle-ci réagit en portant l'affaire devant les prud'hommes. Le changement de direction - en particulier à la tête du service Afrique - met fin partiellement au contentieux dès l'automne 2012 mais Ghislaine Dupont n'obtient pleinement gain de cause qu'en juillet 2013.
Connue pour ses qualités de reporter, d'enquêtrice, sa rigueur éditoriale et la finesse de ses analyses politiques, elle avait été nommée en juillet 2013 conseillère éditoriale de la rédaction de RFI par la nouvelle présidente de France Médias Monde, Marie-Christine Saragosse.
Ghislaine Dupont a été tuée le 2 novembre 2013 non loin de Kidal au nord-est du Mali après avoir été enlevée par des assaillants non identifiés. Elle était en compagnie du technicien de reportage Claude Verlon, également victime des mêmes meurtriers. Tous deux étaient arrivés à Kidal le matin du mardi 28 octobre, le jour de la libération des « otages d'Arlit », là où ces derniers sont livrés dans l'après-midi de la même journée aux autorités nigériennes. Ghislaine Dupont et Claude Verlon préparaient une émission spéciale de RFI sur « la crise dans le nord du Mali et la réconciliation ».
Selon les autorités françaises, dès novembre 2013, trois des quatre ravisseurs auraient été identifiés par les services de renseignement français, des djihadistes d'AQMI ayant servi dans la katiba d'Hamada Ag Hama, dit Abdelkrim Taleb, avant de rejoindre le forces du MIA puis du HCUA après la défaite des islamistes. Le 6 novembre, ces assassinats sont revendiqués par des hommes d'AQMI appartenant à la katiba Al Ansar, sous les ordres d'Hamada Ag Hama.
Un Touareg nommé Baye Ag Bakabo est suspecté d'avoir organisé l'enlèvement. Trafiquant de drogue, il rejoint AQMI en 2006. En février 2013, lors de l'opération Serval il déserte en emportant l'argent de sa katiba et gagne Kidal où il rejoint le HCUA. Mais en avril, il est menacé de mort par son ancien chef, Hamada Ag Hama, qui lui déclare qu'il ne sera pardonné qu'à la condition de remettre l'argent qu'il a dérobé. Afin de rembourser ses dettes, Ag Bakabo organise l'enlèvement des deux journalistes, mais l'opération tourne mal. Après l'assassinat des deux otages, il prend la fuite.
Au Mali, l'enquête est confiée à un juge d'instruction, Mahamadou Kassogué, En mars 2014, les autorités françaises et maliennes n'évoquent plus qu'un seul suspect identifié et un mandat d'arrêt a été lancé contre Baye ag Bakabo, le propriétaire du véhicule de l'enlèvement. Proche d'Ansar Dine, il est soupçonné de travailler pour l'islamiste Abdelkrim al-Targui (« le Touareg »).
Selon le procureur général François Molins, l'enlèvement aurait mal tourné à cause d'une panne de moteur du pick-up. Les djihadistes auraient alors exécutés leurs prisonniers afin de favoriser leur fuite. Ghislaine Dupont est abattue de trois balles de face et Claude Verlon de sept balles dans le dos. À 14 h 25, une heure et quart après l'enlèvement, les corps des journalistes sont retrouvés par les soldats français à 12 km de Kidal. Selon d'autres sources, c'est un hélicoptère qui aurait repéré les corps.
D'après un correspondant du New York Times en poste à Dakar, le général malien Didier Dacko aurait déclaré qu'ils avaient été découverts la gorge tranchée. Une information jamais recoupée par d'autres sources mais dont la rumeur a circulé les jours suivants sur plusieurs sites dont des blogs anti-islamistes.
Le 21 mars 2014, la famille et les proches de la journaliste créent l'association « Les Amis de Ghislaine Dupont ». L'article 2 des statuts en précise ses buts :
concourir à la manifestation de la vérité et à l'expression de la justice sur les circonstances et la cause de la mort de Ghislaine Dupont, assassinée avec Claude Verlon à Kidal (Mali) le 2 novembre 2013 ;
encourager toute action en mémoire de Ghislaine Dupont.
La mère de Ghislaine Dupont préside l'association. Ses porte-parole sont Laurence Lacour, journaliste, écrivaine et éditrice ainsi que Pierre-Yves Schneider, journaliste, formateur.
Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont décorés à titre posthume de l'Ordre national du Mali par le président de la République du Mali Ibrahim Boubacar Keïta.
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