Emmanuel Ratier

Biographie

Emmanuel Ratier, né le 29 septembre 1957 à Avignon et mort le 19 août 2015 dans l'Ardèche, est un journaliste, politologue et éditeur français, spécialiste de la prosopographie des milieux dirigeants ou influents en France et classé à l'extrême droite.

Il intègre la profession en 1981. Rédacteur de la lettre confidentielle Faits et documents, il est notamment l'auteur d'une Encyclopédie politique française.

Il est le fils d'une ingénieur chimiste et d'une architecte.

Étudiant à l'université de Rouen, diplômé du Centre de formation des journalistes (CFJ) et de Sciences Po Paris, Emmanuel Ratier a commencé par diriger le Front de la jeunesse de Normandie, l'organisation de jeunesse du Parti des forces nouvelles auquel il avait adhéré en 1973, et y animait son organe de presse régional, Balder, de tendance nationaliste révolutionnaire. Aux élections législatives de 1981, il fut le suppléant du candidat UDF André Danet dans la Seine-Maritime. Diplômé du Centre de formation des journalistes de Paris, il a intégré l'Institut d'études politiques de Paris, où il était militant à l'Union des étudiants de droite.

Selon Jean-Moïse Braitberg, rédacteur en chef du bimestriel Franc-maçonnerie magazine, Emmanuel Ratier aurait été membre d'une loge maçonnique se rattachant à l'obédience de la Grande Loge nationale française, versée dans l'ésotérisme tendance René Guénon, et qui n'existerait plus.

Il a ensuite travaillé pour différents journaux, dont Le Spectacle du Monde, Le Figaro Magazine, National Hebdo, Le Crapouillot, Valeurs actuelles et Minute dont il fut rédacteur en chef chargé des grandes enquêtes.

Il dirige ensuite Magazine hebdo, auquel il avait contribué avec Jean-Claude Valla de 1989 à 1996.

La partie la plus importante de son oeuvre relève de la prosopographie des milieux politiques, économiques et culturels constituant la classe dominante. Pour cela, Emmanuel Ratier fournit toute sa vie un immense travail de documentation et d'archivage de sources écrites, principalement journalistiques. Son principe de travail est de ne s'attacher qu'aux faits et de les justifier en donnant les sources documentaires afférentes, d'où le titre de la lettre confidentielle dans laquelle il publie l'état de ses recherches : Faits & documents.

Il succède au défunt Yann Moncomble à la tête de la maison d'édition Faits et Documents, et fonde en 1996 sa propre revue, un bimensuel de 12 pages intitulé Faits & Documents et sous-titré Lettre d'informations confidentielles d'Emmanuel Ratier. Celle-ci devient « une petite institution à l'extrême droite, utilisée même par des spécialistes extérieurs à la mouvance ». Les auteurs du livre-enquête Les Frères invisibles, Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre, estiment que « sa lettre confidentielle, Faits & Documents, fourmille d'informations sur la vie et les petits secrets des obédiences, mais aussi des organisations juives. » Dominique Albertini, journaliste à Libération, souligne que la revue accorde une attention particulière aux organisations juives et franc-maçonnes.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de synthèse sur les milieux politiques, tels que Au coeur du pouvoir, consacré au club Le Siècle, Mystères et secrets du B'naï B'rith, consacré au B'nai B'rith, Le vrai visage de Jacques Chirac, ou encore l'Encyclopédie politique française en deux volumes, qui dresse un portrait de ses principaux acteurs (revues, mouvements, partis, idéologies, clubs, loges maçonniques), ouvrages qu'il autopublie dans sa propre maison d'édition Facta / Faits et Documents.

Son encyclopédie peut être comparée au Dictionnaire de la politique française d'Henry Coston, ce dernier ayant d'ailleurs déclaré que la méthode de travail d'Emmanuel Ratier était proche de la sienne, et qu'il pouvait être considéré comme son « héritier moral ». Lui-même qualifie Henry Coston de « maître » ; ce dernier a par ailleurs été son témoin de mariage.

En 1995, il publie Les Guerriers d'Israël, ouvrage consacré au Betar, dans lequel il expose les liens ayant existé entre l'organisation et les autorités nazies et fascistes, le Betar ayant été la seule organisation juive autorisée jusqu'en 1938 en Allemagne, et jusqu'en 1941 en Italie.

Après les attentats du 11 septembre 2001, Emmanuel Ratier présente une « théorie du complot » sur le crash du vol 77 American Airlines sur le Pentagone. Il a ainsi été à l'origine de certaines affirmations de Thierry Meyssan dans L'Effroyable Imposture, dont il ne partage pas toutes les conclusions.

À partir de fin 2005, il est propriétaire de la librairie Facta à Paris. Il s'agit de l'une des dernières librairies d'extrême droite à Paris.

Selon un article de Michel Eltchaninoff, paru dans, Philosophie Magazine, cette librairie devrait être interdite car elle vend des livres scandaleux, « les ouvrages négationnistes de Robert Faurisson, les Protocoles des Sages de Sion, Mein Kampf de Hitler, sans oublier les revues collaborationnistes et les oeuvres complètes du philosophe italien fasciste Julius Evola ».

La Librairie Facta a subi plusieurs attaques pour la vandaliser, le 9 décembre 2013 et le 9 février 2014 et un incendie volontaire.

À partir de mai 2008, il anime son propre Libre Journal sur Radio Courtoisie, le Libre Journal de la Résistance française, un mercredi soir par mois, après y avoir animé la première partie de celui de Claude Giraud pendant plusieurs années.

Marié à Véronique, il a trois filles, Camille, Marguerite et Sophie.

Le 19 août 2015, alors qu'il pratique la spéléologie avec sa famille dans les gorges de l'Ardèche, il meurt d'une crise cardiaque, à l'âge de cinquante-sept ans.

De nombreuses figures de l'extrême droite française, dont Jean-Marie Le Pen, saluent sa mémoire. Ces réactions sont plus rares au sein du Front national.

Les obsèques d'Emmanuel Ratier ont lieu le 25 août suivant. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise.

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