Romancier libanais, fervent défenseur de la cause palestinienne, il publie près de 10 romans (dont l'un de ses livres « La porte du Soleil » a été porté à l’écran) traduits dans de nombreuses langues, écrit 3 pièces de théâtre et est rédacteur en chef du journal Al-Mulhaq (le supplément hebdomadaire du quotidien libanais Al-Nahar).
Libanais, né le 12 juillet 1948 et mort le 15 septembre 2024
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Elias Khoury, né le 12 juillet 1948 à Beyrouth et mort le 15 septembre 2024, est un romancier, dramaturge et critique libanais, un intellectuel de renommée internationale. Figure d'une littérature engagée, fervent défenseur de la cause palestinienne, il publie près de 10 romans (dont l'un de ses livres « La porte du Soleil » a été porté à l’écran), traduits dans de nombreuses langues, ainsi que divers ouvrages de critiques littéraires. Il écrit 3 pièces de théâtre. Il est aussi rédacteur en chef du journal Al-Mulhaq, le supplément hebdomadaire du quotidien libanais Al-Nahar.
Elias Iskandar Khoury est né dans une famille de classe moyenne dans le quartier principalement chrétien de Beyrouth Achrafieh. En 1967, alors que la vie intellectuelle libanaise se polarisait sur le nationalisme arabe et la question palestinienne, Khoury partit visiter un camp de réfugiés palestiniens en Jordanie et décida alors de devenir membre du Fatah, la plus importante organisation palestinienne au sein de l'Organisation de libération de la Palestine. Il quitta la Jordanie en 1970 après la destruction par les forces armées de ce pays des organisations palestiniennes et le massacre de Septembre noir.
Il partit pour Paris pour continuer ses études. Il y écrivit un mémoire sur la guerre civile libanaise de 1860. Après son retour au Liban, il devint chercheur au centre de recherche de l'Organisation de libération de la Palestine à Beyrouth. Il prit part à la guerre civile libanaise qui éclata en 1975, et fut sérieusement blessé, perdant temporairement la vue. Il a voyagé trois fois au Turkménistan.
En 1972, Khoury connaît son premier engagement sur la scène littéraire arabe et se retrouve en tant que membre du comité éditorial du journal Mawaqif, aux côtés d'Adonis, Hisham Sharabi et plus tard, du poète palestinien Mahmoud Darwish. À propos de ce groupe, Khoury fera ultérieurement la remarque qu'il était important, mais marginal : « Nous n'étions ni dans la droite libérale ni dans la gauche traditionnelle. Intellectuellement parlant, nous étions beaucoup plus liés à l'expérience palestinienne. »
De 1975 à 1979, il fut rédacteur en chef de Shu'un Filastin (Les affaires palestiniennes), collaborant avec Mahmoud Darwish, et de 1981 à 1982 directeur éditorial de Al-Karmel. De 1983 à 1990, il fut directeur éditorial de la section culturelle de Al-Safir. Il a été rédacteur en chef de Al-Mulhaq, le supplément culturel du quotidien Al-Nahar, depuis que le quotidien a été réédité après la guerre civile libanaise.
Il a aussi enseigné à l'université Columbia à New York, à l'université américaine de Beyrouth, à l'université libanaise et à l'université de New York.
La première nouvelle d'Elias Khoury (An 'ilaqat al-da'ira, Les liens du Cercle). Elle fut suivie par la publication en 1977 du célèbre roman La Petite Montagne, écrite pendant la guerre civile libanaise, qu'il croyait être un catalyseur pour un changement progressiste de la société. Parmi ses autres œuvres connues, Le voyage du Petit Gandhi raconte l'histoire d'un paysan immigré à Beyrouth pendant la guerre civile. La porte du Soleil (1998) raconte l'épopée des réfugiés palestiniens au Liban depuis la Nakba en 1948, le livre évoque de façon subtile les idées de mémoire, de vérité et de témoignage. Le livre a été interprété cinématographiquement par le cinéaste Égyptien Yousry Nasrallah en 2004 dans le film La Porte du soleil.
Interviewé par le journal israélien Yediot Aharonot à la suite de l'édition en hébreu du roman, Khoury expliqua :
« ...Quand je travaillais sur ce livre, j'ai découvert que l'“autre” est un miroir de “Je”. Étant donné que j'écris depuis près d'un demi-siècle sur l'expérience palestinienne, il est impossible de lire cette expérience autrement que dans le miroir de l'“autre” israélien. Pour cette raison, quand j'écrivais ce roman, j'ai fait beaucoup d'efforts pour essayer d'éviter les stéréotypes du Palestinien mais aussi les stéréotypes de l'Israélien comme il apparaît dans la littérature arabe et spécifiquement dans la littérature palestinienne de Ghassan Kanafani, par exemple, ou même d'Emil Habibi. L'Israélien n'est pas seulement le policier ou l'occupant, il est l'“autre”, qui a aussi une expérience humaine, et nous avons besoin de cette expérience. Notre lecture de son expérience est un miroir pour notre lecture de l'expérience palestinienne. »
L'un des récents romans de Khoury, Yalo, raconte l'histoire controversée d'un ancien milicien accusé de crimes pendant la guerre civile et décrit l'utilisation de la torture dans le système judiciaire libanais.
Les romans de Khoury sont remarquables pour leur approche complexe à la fois des thématiques politiques et des questions plus fondamentales sur le comportement humain. Ils impliquent souvent un monologue intérieur. Dans ses œuvres récentes, Khoury utilise beaucoup d'éléments de l'arabe familier, même si le langage de ses romans reste principalement l'arabe classique. Cette utilisation du vocabulaire dialectal aide à la crédibilité et à la spontanéité de la voix narrative. Alors que l'utilisation du dialecte au sein des dialogues est très courante dans la littérature arabe moderne, Khoury introduit l'arabe familier dans les narrations, ce qui est inhabituel.
Les œuvres d'Elias Khoury ont été traduites dans de nombreuses langues, dont l'anglais, français, allemand, hébreu, et espagnol.
Al-Mulhaq, sous la direction de Khoury, devint la tribune de l'opposition aux aspects controversés de la reconstruction après la guerre civile de Beyrouth menée par des politiciens et des hommes d'affaires tels que Rafiq al-Hariri. La destruction de l'héritage architectural de la ville dans le quartier Bourj et l'ancien quartier juif de la rue Ouadi Abou Jamil provoqua particulièrement l'indignation.
En mars 2001, Khoury signa une pétition aux côtés de treize autres intellectuels (comme Mahmoud Darwish, Samir Kassir et Adonis), pétition contre la tenue d'une conférence à Beyrouth niant l'existence de l'holocauste, pétition qui fut louée en France par l'ambassadeur israélien dans un article du quotidien Le Monde. Khoury répondit aux remarques de l'ambassadeur en mettant en avant la répression israélienne de l'intifada d'Al-Aqsa.
Khoury, avec Samir Kassir et d'autres intellectuels et militants politiques, s'est impliqué dans la création du Mouvement de la gauche démocratique.
Elias Khoury est mort le dimanche 15 septembre 2024, à l'âge de 76 ans, d'une maladie, à Beyrouth (Liban).
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