Enterré (où exactement ?).
Richard Fosbury, dit Dick Fosbury, né le 6 mars 1947 à Portland (Oregon) et mort le 12 mars 2023 à Salt Lake City (Utah), est un athlète américain pratiquant le saut en hauteur. Il a révolutionné le saut en hauteur et est devenu célèbre pour avoir popularisé et perfectionné le saut en rouleau dorsal (appelé également le « fosbury-flop »), avec lequel il a remporté le titre olympique à Mexico en 1968.
Richard Douglas Fosbury est né le 6 mars 1947 dans l'Oregon à Portland, d'une mère secrétaire et d'un père cadre commercial. Pendant son enfance, il se rend compte qu'il est doué pour les mathématiques, et qu'il apprécie les sciences. Il est membre de la chorale de son école. En sport, peu à l'aise au baseball, il se tourne vers le basket-ball en raison de sa grande taille. Il participe aux épreuves d'athlétisme mais ses résultats ne sont pas exceptionnels. À cette époque, il voit déjà le sport comme un moyen de rencontrer de nouvelles personnes et non comme une compétition.
Dès l'âge de 10 ans, il pratique le saut en hauteur avec la méthode du ciseau, comme l’enseigne son professeur de sport. À 13 ans, il entre au lycée de Medford et continue la pratique de l'athlétisme. Rien ne le destine à devenir un grand athlète, mise à part sa grande taille (il atteindra 1,93 m à l’âge adulte). Il saute 1,62 m à l’âge de 14 ans, toujours avec la technique du ciseau. Cette technique étant limitée par la nécessité d’un centre de gravité élevé, ses entraîneurs, Dean Benson et Fred Spiegelberg, lui enseignent le rouleau ventral, mais il n'arrive pas à l’assimiler correctement et plafonne à 1,80 m pendant deux ans.
À 16 ans, Dick Fosbury ne se décourage pas en continuant à s'entraîner. Peu à peu, son saut évolue. Il a en effet remarqué que s'il se présente dos à la corde ou à la barre à franchir, et qu'il projette ses épaules vers l'arrière, son bassin peut monter plus haut que lorsqu’il utilise les méthodes traditionnelles : il passe ainsi la barre plus facilement. Il parvient alors à atteindre 2 mètres.
En mai 1963, à Grants Pass dans l'Oregon, il participe à une compétition lycéenne organisée par le Rotary et utilise la technique de franchissement sur le dos. Après vérification et revérification, les juges estiment cette technique conforme aux règles en vigueur.
En 1965, peu avant de rejoindre l'université de Corvallis dans l'Oregon, il remporte un titre junior en franchissant 2,01 mètres avec cette méthode peu ordinaire. Berny Wagner, entraîneur à l'université d'État de l'Oregon, le repère et lui propose ses services comme entraîneur. Ensemble, ils essaient de reprendre la technique du saut ventral, technique très utilisée par les sportifs de cette époque, mais Dick n'y arrive toujours pas, n'ayant pas, selon lui, le temps de remonter sa jambe d'appel : il se remet à plafonner à sa hauteur antérieure de 1,80 m. Toutefois, comme pour lui l'athlétisme constitue un passe-temps, lorsqu'il est seul, Fosbury continue à expérimenter sa méthode du « ventral inversé » et à s'entraîner.
De son côté, son entraîneur commence à le voir plus comme triple sauteur que sauteur en hauteur, ne croyant plus en ses chances de réussir dans la discipline. Dick s'essaie même aux courses de haies, son entraîneur étant un spécialiste de ce sport, mais sans succès. Son entraîneur change toutefois d’opinion lorsque, au cours d'un entraînement, il voit Fosbury utiliser sa méthode personnelle de ventral inversé et passer une barre d'1,98 m avec une marge très importante, ce qui laisse présager une bonne progression. Ainsi convaincu, Wagner reprend confiance en son protégé, mais se demande tout de même si ce saut est bien autorisé dans les grandes compétitions. Il est rassuré quand il apprend que c’est le cas. Toutefois, comme ce type de saut est encore inédit, il ne dispose que de peu de moyens pour le former et essaie donc de faire évoluer Dick en le filmant pendant ses entraînements, pour voir avec lui comment gagner de la hauteur. Dick pratique également des séances de musculation de ses membres inférieurs pour améliorer son saut, avec George Chaplin, ancien entraîneur de l'université de Washington et entraîneur olympique. Ses entraînements de saut sont toutefois entrecoupés par ses études qui lui prennent du temps.
En 1967, Dick se propulse à 2,10 m lors du championnat universitaire des États-Unis, finissant 5e. Il est alors le junior le plus régulier de la saison, dépassant toujours les 2 mètres. En janvier 1968, il s'impose aussi aux championnats américains en salle, devenant le premier à atteindre une hauteur de 2,13 m. Lors des championnats nationaux NCAA de 1968, il s'impose avec une hauteur de 2,19 m, son nouveau record personnel. Lors des premières sélections américaines à Los Angeles, il est sélectionné avec un bond à 2,21 m, meilleur saut mondial de l'année. Dick pensait sa place aux Jeux olympiques de Mexico assurée, mais le Comité olympique des États-Unis organise des sélections supplémentaires en septembre. Il se rend donc à Echo Summit près de South Lake Tahoe (en Californie), sur un site spécialement choisi pour son altitude proche de celle de la ville d’accueil des Jeux, où il termine difficilement 3e des sélections, derrière Ed Caruthers. Il acquiert néanmoins sa place dans la sélection des États-Unis aux Jeux olympiques.
Pour la première fois, Fosbury quitte sa région natale pour se rendre aux Jeux olympiques de Mexico en 1968. Sa façon de sauter enjoue le public présent. À chacun de ses sauts, la foule scande « Olé » devant sa technique atypique et spectaculaire. Il passe les cinq barres proposées à son premier essai : 2,03 m, 2,09 m, 2,14 m, 2,18 m et atteint 2,20 m. Le Soviétique Valentin Gavrilov, un des favoris, échoue à 2,22 m. Passant la barre, Dick reste donc en compétition avec son compatriote Ed Caruthers. À son troisième essai, il réussit là où Caruthers échoue : il franchit les 2,24 m et devient champion olympique. Il signe par la même occasion un nouveau record olympique et national.
Dans un premier temps son saut est refusé, mais les juges l'acceptent après avoir vérifié que rien dans le règlement n'interdit une telle technique : la seule obligation est en effet de ne prendre l'appel que sur un seul pied. La liesse engendrée dans le public est telle que les premiers marathoniens qui arrivent dans le stade sont même ignorés.
Fosbury poursuit dans cette voie, remportant à nouveau le titre de champion universitaire NCAA des États-Unis en 1969, lors de sa dernière année d'études en Oregon, puis en finissant deuxième de l'UAA la même année.
Depuis 1956, aucun athlète américain n'avait décroché de médaille au saut en hauteur. Fosbury est donc fêté en héros à son retour sur le sol national. Il est invité à des conférences, sur des plateaux de télévision, rencontre des stars. En outre, ce saut crée à l'époque un véritable engouement dans le pays, les enfants veulent l'imiter et réclament l’enseignement de cette technique à leurs professeurs. D'un autre côté, les entraîneurs, encore hésitants, attendent avant de l'apprendre aux athlètes. Les premiers à se lancer dans ce nouveau style sont les athlètes féminines, et notamment Debbie Brill, utilisant cette technique — le Brill Bend — dès 1965, qui en 1970 est victorieuse grâce à cette méthode lors des Jeux du Commonwealth à Edimbourg. Le Brill Bend aurait également inspiré Fosbury pour l’amélioration de sa propre technique.
Fosbury, peu patriote à l'époque, surtout concernant la politique américaine pendant la guerre du Viêt Nam, a peu aimé être mis sur un piédestal ou vu comme un héros. Il dit avoir détesté être un symbole, même s'il était fier de sa réussite.
Fosbury échoue aux sélections américaines pour les Jeux olympiques de Munich en franchissant seulement 2,08 m. L'obtention de son diplôme d'ingénieur marque la fin de sa carrière d'athlète, qui pour lui s’apparentait plus à un loisir.
Par la suite, on découvrit que la première personne à utiliser la technique du rouleau dorsal était l'athlète Bruce Quande à partir de 1959, ce qui est confirmé par une photographie prise en 1963. Cependant, Fosbury a été le premier à l'avoir utilisée en compétition internationale lors des Jeux olympiques de Mexico, c’est pourquoi cette technique de saut a été surnommée le Fosbury-flop.
Pour avoir révolutionné le saut en hauteur, il fut introduit au Temple de la renommée de l'athlétisme des États-Unis en 1981 et au U.S. Olympic Hall of Fame en 1992.
Grâce à lui, le saut en hauteur passa de 2,28 m (record à l'époque détenu par Valeriy Brumel) à 2,45 m (Javier Sotomayor). Ce saut marqua un avènement dans le monde du saut en hauteur. Il est encore l'unique référence de nos jours, alors que le rouleau ventral a disparu.
En mars 2008, il lui est diagnostiqué un lymphome et est opéré d'une tumeur en avril de la même année, située au niveau de la colonne vertébrale. Il subit par la suite une chimiothérapie et, en mars 2009, annonce qu'il est en rémission.
Dick Fosbury est mort le dimanche 12 mars 2023, à l'âge de 76 ans, à Salt Lake City (États-Unis, dans l'Utah)
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