Artiste, Écrivain, Poète (Art, Littérature).
Francais, né le 4 avril 1846 et mort le 24 novembre 1870
Enterré (où exactement ?).
Isidore Lucien Ducasse, né à Montevideo (Uruguay), le 4 avril 1846, et mort dans le 9e arrondissement de Paris, le 24 novembre 1870, est un poète français. Il est également connu sous le pseudonyme de comte de Lautréamont, qu'il emprunta très probablement au Latréaumont (1838) d'Eugène Sue et qu'il n'utilisa pourtant qu'une seule fois.
Il est également possible que la réalité de ce pseudonyme réside dans un jeu de mots qui marque sa nostalgie pour l'Uruguay, en effet on peut lire Lautréamont comme "L'autre est à Mont..." (Montevideo).
Il est l'auteur des Chants de Maldoror, de deux fascicules, Poésies I et Poésies II, ainsi que d'une correspondance habituellement publiée sous le titre de Lettres, en appendice des oeuvres précédentes. Son oeuvre compte parmi les plus fascinantes du XIXe siècle, d'autant plus que l'on n'a longtemps su que très peu de choses sur son auteur, mort très jeune, à vingt-quatre ans, sans avoir connu le succès de son vivant. Sa vie a donc donné lieu à de nombreuses conjectures, en particulier chez les surréalistes, qui essayèrent notamment de trouver des éléments biographiques dans ses poèmes. Il faut donc faire la part entre les informations dont nous sommes sûrs, et la littérature qui s'est formée autour du personnage de Lautréamont.
Son père, François Ducasse (1809-1887), est commis-chancelier au consulat général de France à Montevideo, mais aussi un homme d'une grande culture. Isidore Ducasse naît dans un lieu indéterminé de Montevideo, « né sur les rives américaines à l'embouchure de la Plata, là où deux peuples rivaux s'efforcent actuellement (en 1868) de se surpasser dans le progrès matériel et moral. Buenos-Aires, la reine du Sud, et Montevideo, la coquette, se tendent une main amie, à travers les eaux argentines du grand estuaire ». Sa mère, Jacquette Célestine Davezac, décède le 9 décembre 1847 dans des circonstances mystérieuses (elle se serait suicidée). Isidore Ducasse passe son enfance en Uruguay, pays agité par la guerre entre Manuel Oribe, soutenu par Juan Manuel de Rosas, et le démocrate Fructuoso Rivera, guerre qui dure jusqu'en 1851.
En octobre 1859, il entre comme interne au lycée impérial de Tarbes, en sixième alors qu'il a treize ans et demi, ce qui n'est pas exceptionnel vu que de nombreux élèves venus des colonies ont des retards scolaires. Isidore Ducasse semble pourtant être un bon élève, qui apprend vite, car il obtient le deuxième accessit de version latine, de grammaire et de calcul, ainsi que le premier prix de dessin d'imitation. On perd sa trace entre août 1862 et octobre 1863, période durant laquelle il suit les cours de l'établissement qui deviendra le lycée Louis-Barthou à Pau, « où il est un élève des plus ternes ». À cette époque, son tuteur est un avoué tarbais, Jean Dazet. Ducasse est en amitié avec Georges Dazet (1852-1920), le fils de Jean, et qui fut le premier dédicataire de Poésies. En août 1865, il obtient son baccalauréat ès lettres avec la mention « passable ».
Après un voyage en Uruguay en 1867, il arrive à Paris et s'installe à l'hôtel L'Union des Nations, 23 rue Notre-Dame-des-Victoires. Il entame des études supérieures dont la nature reste inconnue (concours d'entrée à l'École polytechnique, a-t-on souvent écrit). Il publie à compte d'auteur et anonymement le premier des Chants de Maldoror prévu en août 1868 chez l'imprimeur Gustave Balitout, Questroy et Cie, édition finalement repoussée puis publiée en dépôt en novembre 1868 en deux endroits différents : la librairie du Petit-Journal, et « au passage Européen chez Weill et Bloch ». Ce premier chant sera repris dans un recueil de poésies publié par Évariste Carrance et intitulé Les Parfums de l'âme à Bordeaux en 1869.
Les six chants complets seront imprimés en Belgique fin août 1869, signés « Comte de Lautréamont » par Albert Lacroix mais sans référence d'éditeur. L'ouvrage ne fut pas diffusé mais Ducasse et Lacroix restèrent en contact.
En 1870, il quitte le 32 rue Faubourg-Montmartre et habite 15 rue Vivienne. Il reprend son nom d'état civil pour publier deux fascicules intitulés Poésies publiés à la Librairie Gabrie située au 25 passage Verdeau, toujours dans son quartier donc, et dont une publicité paraîtra dans la Revue populaire de Paris.
Le 24 novembre 1870, alors que le Second Empire s'effondre, il meurt à son nouveau domicile situé au 7 rue Faubourg-Montmartre. Sur son acte de décès, est écrit : « Sans autres renseignements ». Selon ses biographes, il serait mort phtisique.
À partir de la fin des années 1970, de nouveaux documents biographiques sont retrouvés dont deux portraits photographiques présumés.
En 1874, le stock des exemplaires de l'édition originale des Chants de Maldoror est racheté par Jean-Baptiste Rozez, libraire-éditeur tarbais installé en Belgique, et enfin mis en vente, mais avec une nouvelle couverture. Il faut attendre 1885 pour que Max Waller, directeur de la Jeune Belgique, en publie un extrait et en fasse découvrir les textes. Elle tombe entre les mains de Joris-Karl Huysmans, Alfred Jarry et Rémy de Gourmont. Alfred Jarry rendra hommage à « cet univers pataphysique » et les surréalistes reconnaîtront le poète comme l'un de leurs plus éminents précurseurs. Huysmans s'interrogera « Que diable pouvait faire dans la vie l'homme qui a écrit d'aussi terribles rêves ? ».
Léon Bloy lui consacra en 1890 une critique admirative sous le titre « Le cabanon de Prométhée », éditée dans Belluaires et porchers.
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Il a bien mérité sa place au paradis.