Benoît XVI

 
Benoît XVI
1927 - 2022
 

Pape allemand, 265e souverain pontife de l'Église catholique romaine, il a été le 1er de l’histoire moderne à quitter volontairement sa charge en 2013 après 8 ans de pontificat.

Nationalité allemande Allemand, né le 16 avril 1927 et mort le 31 décembre 2022

95 ans Mort victime d'une maladie à l'âge de 95 ans.

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Biographie

Benoît XVI (en latin : Benedictus XVI, en italien : Benedetto XVI, en allemand : Benedikt XVI.), né Joseph Alois Ratzinger le 16 avril 1927 à Marktl en Allemagne et mort le 31 décembre 2022 au Vatican, est le 265e souverain pontife de l'Église catholique romaine, élu le 19 avril 2005 pour succéder à Jean-Paul II. Il annonce le 11 février 2013, qu'il renonce à ses fonctions, cette décision prenant effet le 28 février suivant à 20 heures. Son pontificat aura duré près de 8 ans. Il avait été le premier de l’histoire moderne à quitter volontairement sa charge, en 2013.

Benoît XVI est un théologien, un auteur et un défenseur des doctrines et valeurs catholiques. Il a enseigné la théologie dans des universités allemandes, a été archevêque de Munich et Freising, puis cardinal ; en novembre 1981, Jean-Paul II le nomme préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi.

Joseph Ratzinger est né le 16 avril 1927, pendant la vigile pascale[A 1], au numéro 11 de la Schulstraße à Marktl (ou Marktl am Inn), village de Haute-Bavière, non loin de la frontière autrichienne. Il est le troisième et dernier enfant de Joseph Ratzinger (1877-1959) et de Maria Peintner (1884-1963). après Marie née en 1921, et Georg né en 1924[A 1]. Son enfance fut marquée par son père officier de police et fervent pratiquant catholique, viscéralement hostile aux nazis qu'il considérait comme des « criminels »[A 2],[Note 1]. Il entra au lycée en 1931, où il apprend le latin, le grec, l'histoire et la littérature[A 2]. Cette éducation a eu pour effet selon Joseph Ratzinger de « créer une attitude mentale qui résistait à la séduction d'une idéologie totalitaire »[A 2]. En 1932, la famille déménage à Aschau am Inn. En mars 1937, son père prit sa retraite[A 2]. Il entre au petit séminaire de Traunstein en 1939, où étudiait déjà son frère Georg.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est enrôlé contre sa volonté dès son quatorzième anniversaire dans les jeunesses hitlériennes, passage devenu obligatoire depuis décembre 1936 pour tous les jeunes Allemands non juifs. À l'âge de 16 ans, en août 1943, il est incorporé, avec tous ses confrères du séminaire de Taunstein dans la lutte antiaérienne (DCA) allemande[A 3]. Joseph Ratzinger se retrouve dans la section des télécommunications[A 3]et il participe à la section de la défense d'une usine BMW des environs de Munich. En septembre 1944, il est affecté au Service du Travail Obligatoire. Il refuse d'entrer dans la Waffen-SS, malgré les pressions, en faisant valoir son intention de devenir prêtre[Note 2]. En septembre 1944 il atteint l'âge du service militaire[A 4], et en décembre 1944, il est affecté à la Wehrmacht, dans une unité chargé de creuser des fossés antichars à la frontière austro-hongroise[A 4]. Il déserte quelques jours avant la reddition allemande[A 4]. Il est ensuite interné jusqu'au 19 juin 1945 dans un camp de prisonniers de guerre à Bad Aibling, où Günter Grass indique avoir été son ami et avoir joué aux dés avec lui. Il est libéré après six semaines d'internement et rentre à pied chez lui[A 4].

Après sa libération, il commence sa formation de prêtre. Des théologiens comme Romano Guardini et Josef Pieper, mais aussi des écrivains comme Gertrud von Le Fort acquirent une grande audience. C'est à cette époque que Joseph Ratzinger commence à lire les écrivains catholiques français, Paul Claudel, Georges Bernanos, François Mauriac, dont il est resté un fervent admirateur[A 5]. Il poursuit des études de philosophie et de théologie à l'université de Munich, puis à l'École supérieure de Freising. Il étudie les ouvrages d'Heidegger, Karl Jaspers, Nietzsche, Buber, Bergson, ainsi que la pensée de saint Augustin qui l'avait « frappé par la puissance de toute sa passion et de sa profondeur humaine »[A 5]. Entre autres professeurs, Gottlieb Söhngen et Joseph Pascher exercent sur lui une influence notable. Au cours de sa formation il découvrira de nombreux penseurs chrétiens, ainsi que Thomas d'Aquin, qui fut présenté, durant son enseignement, d'une manière qu'il qualifiera de « rigide, néo scolastique », dont il décrira qu'elle était « simplement trop éloigné de mes propres questionnements »[A 5]. Au cours de ses études il se spécialisera dans deux aspects théologiques qui auront un impact sur sa théologie. Le premier est l'étude de la Bible. Il considère que le « Nouveau Testament n'est rien d'autre qu'une interprétation de "la Loi, des Prophètes et des Écritures" puisée dans l'histoire de Jésus ou contenue en elle »[A 6]. Cette théorie n'est pas nouvelle. Blaise Pascal, par exemple, défend dans les Pensées que l'Ancien Testament est la "figure" du Nouveau Testament. Tout événement vétéro-testamentaire prépare, préfigure un événenement néo-testamentaire correspondant. Cette conception de l'unité de la Bible sera, selon son affirmation, « le centre de sa théologie »[A 6]. Le deuxième aspect est l'étude de la liturgie, qu'il considère comme l'élément vivant du Nouveau Testament, le Nouveau Testament étant selon Joseph Ratzinger « l'âme de toute théologie »[A 6]. Cette conception de la Liturgie aura un impact pendant le Concile Vatican II au cours duquel il soutiendra la réforme de la Liturgie[A 7].

Le 29 juin 1951, il est ordonné prêtre en même temps que son frère dans la cathédrale de Freising, par le cardinal Michael von Faulhaber[A 8]. Après une année de ministère paroissial en la paroisse du Précieux Sang, à Munich, il est nommé professeur au séminaire de Freising, avec des missions d'annexes d'aumônier auprès des jeunes et du service liturgique à la cathédrale. Il termina sa thèse de doctorat en juillet 1953 qui porte sur Le Peuple et la maison de Dieu dans la doctrine ecclésiale de saint Augustin . Joseph Ratzinger devient Docteur en théologie, mais il lui faut passer une deuxième thèse afin de pouvoir devenir professeur d'université, en faisant une thèse d'habilitation. Sous l'influence de Gottlieb Söhngen, il fit une thèse sur les Pères de l'Église au Moyen Âge, et particulièrement sur Saint Augustin et Saint Bonaventure. Au cours de cette deuxième thèse il développe l'idée que la révélation est « un acte dans lequel Dieu se montre », mais cette révélation ne peut se réduire aux propositions qui découlent des penseurs néo scolastiques. En effet, pour Joseph Ratzinger, la révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour recevoir : « là où il n'y a personne pour percevoir "une révélation", il ne s'est produit aucune révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté »[A 9]. Il passe sa deuxième thèse le 21 février 1957, il soutient sa thèse d'habilitation, intitulée : La Théologie de l'histoire chez saint Bonaventure (Die Geschichtstheologie des Heiligen Bonaventura). Une partie de la conception de la révélation fut vivement critiquée par Michael Schmaus, théologien de l'Université qui co-dirigeait la thèse de Joseph Ratzinger, cette attitude fut sans doute due aux rumeurs sur l'aspiration à la modernisation de l'enseignement exprimée dans la thèse de Ratzinger[A 9]. La thèse fut acceptée en février 1957 après avoir été en partie révisée[A 10].

En 1958, après une année de travail paroissial, durant laquelle il sillonne Munich à bicyclette, il est nommé professeur en dogmatique et théologie fondamentale à l'École supérieure de Freising. Il est l'un des plus jeunes théologien d'Allemagne[A 11]. Il nommé professeur de théologie à l'université de Münster de 1959 à 1963, devenant théologien (en Allemagne). Il devient professeur de théologie à l'université de Bonn de 1963 à 1966.

Il participe au concile oecuménique Vatican II (quatre sessions de 1962 à 1965) en tant que consulteur théologique (peritus) auprès du cardinal-archevêque de Cologne Joseph Frings, qu'il aide à préparer ses interventions. L'un de ses travaux concerne la nécessité d'entreprendre une réforme du Saint-Office qui deviendra la congrégation pour la doctrine de la foi. Le cardinal Joseph Frings fit un discours, à l'élaboration duquel Joseph Ratzinger a participé, remarqué pendant le concile Vatican II, dénonçant avec vigueur le Saint-Office en novembre 1963 affirmant que les méthodes du Saint-Office « ne sont pas en harmonie avec les temps modernes et sont une source de scandale pour le monde entier »[A 12]. Joseph Ratzinger était considéré pendant le concile comme étant réformateur. Pour Joseph Ratzinger l'Église devait revenir aux sources de la théologie catholique en remontant à la Bible et aux Pères de l'Église afin de pouvoir revivifier l'enseignement de la théologie et permettant de revitaliser la vie catholique[A 13]. Cette revitalisation peut alors pour Joseph Ratzinger permettre d'effectuer l'aggiornamento, la mise à jour des pratiques, méthodes et structures de l'Église[A 14]. Selon Joseph Ratzinger ce retour aux sources est la seule possibilité d'un dialogue authentique avec le monde moderne, l'Église étant alors « la continuation de l'histoire de la relation de Dieu avec l'homme »[A 14]. La place du ressourcement ou retour aux sources vis-à-vis de l'« aggiornamento » est au coeur de la conception que se font les réformateurs du Concile Vatican II[A 15], certains ne considérant pas comme essentiel ce retour aux sources du christianisme dans la recherche de la modernité. Il soutient au cours du Concile la réforme de la Liturgie, il considère la Liturgie comme « une question de vie ou de mort » pour l'Église. La liturgie, et principalement l'Eucharistie est la raison de l'existence de l'Église, car elle permet aux fidèles l'adoration de Dieu[A 7]. L'importance qu'il accorde à la liturgie est pour lui essentielle à la vie de l'Église. Il considèrera que la réforme mise en place ne correspondait pas à celle que les pères réunis en concile avaient voulue[A 16]. La thèse presque avortée de Ratzinger sur Bonaventure et la place de la révélation de Dieu fut en grande partie reprise par le Concile Vatican II, dans la constitution Dei Verbum,[A 17], qui considère que la révélation de Dieu, n'est pas une simple affirmation de Dieu, mais doit être comprise comme une rencontre de Dieu avec l'homme[A 17].

Après le concile, de 1966 à 1969, il enseigne la théologie à la faculté de théologie de l'Université Eberhard Karl de Tübingen, à la demande du directeur de l'Université le théologien Hans Küng[A 18]. Joseph Ratzinger enseigna des cours de dogmes et entreprit un projet de cours à l'intention de tous les étudiants de la faculté intitulé « Introduction au christianisme », qui deviendra un ouvrage de référence dans l'enseignement introductif de la théologie dans le monde catholique[A 19].

Au cours de ces années, un débat important prit part au sein des théologiens de l'université sur la place à donner aux théories marxistes. Le théologien Joseph Ratzinger considérait le marxisme comme une déviation de la foi biblique qui « prenait pour base l'espérance biblique mais l'inversait en gardant l'ardeur religieuse mais en éliminant Dieu pour le remplacer par l'activité politique de l'homme. L'espérance reste, mais le parti prend la place de Dieu et, en même temps que le parti, un totalitarisme qui pratique une sorte d'adoration athée prête à sacrifier à son faux dieu tout sentiment d'humanité »[A 20].

Participant au comité de rédaction de la revue catholique libérale Concilium qui entend prolonger les travaux de Vatican II, il a fait partie des mille trois cent soixante théologiens qui, en 1968, signent une pétition demandant une réforme du Saint-Office de façon à donner plus de droits aux théologiens suspectés d'erreur doctrinale.

Face à l'augmentation des tensions, comme la pétition de l'été 1969 demandant « Qu'est ce que la croix de Jésus sinon l'expression d'une glorification sado-masochiste de la souffrance? », conduisent Joseph Ratzinger à considérer que « quiconque voulait dans ce contexte continuer à être progressiste était contraint de renoncer à son intégrité »[A 21], il décida donc d'enseigner dans la nouvelle université de Ratisbonne.

En 1969, il devint titulaire de la chaire de dogmatique et d'histoire des dogmes à l'université de Ratisbonne et vice-président de celle-ci. Il aura comme étudiant en doctorat plusieurs théologiens, le futur cardinal Christoph Schönborn et le jésuite Joseph Fessio[A 22].

En 1972, il participe à la fondation de la revue théologique Communio, créée par plusieurs théologiens dont Urs von Balthasar, Henri de Lubac, Jean Daniélou. Cette revue a pour vocation de dépasser le clivage traditionnel des théologiens entre modernistes et traditionalistes, en permettant l'émergence d'un nouveau courant qui se veut plus ouvert que la revue Concilium. Cette revue donne la parole aux théologiens laïcs, et s'intéresse au domaine culturel[A 23].

Il est nommé à la commission théologique internationale par le Pape Paul VI[A 19]. Il développe des relations avec Henri de Lubac, Jorge Medina, Louis Bouyer et Hans Urs Von Balthasar[A 19].

Le 24 mars 1977 le pape Paul VI le nomme archevêque de Munich et Freising. Le 28 mai 1977, il est consacré archevêque[A 24]. Il choisit alors comme devise la citation de la Troisième épître de Jean : cooperatores veritatis (coartisans de vérité). Cette devise montre l'importance qu'il place dans la recherche de la vérité mais aussi la façon dont il envisage sa pastorale d'évêque.

le 27 juin de la même année, il est promu cardinal lors du dernier consistoire de Paul VI[A 24].

Lors de l'assemblée synodale sur la catéchèse de 1977, il rencontre brièvement cardinal Karol Wojtyła[A 25](devenu Jean-Paul II en 1978) avec lequel il échangeait depuis 1974 une correspondance et des livres, dont l'Introduction au christianisme que Karol Wojtyla utilisera pour préparer sa retraite de carême[A 24]. Le conclave d'août 1978, pour l'élection de Jean-Paul I, leur donne, pour la première fois, l'occasion de dialoguer un peu plus longuement. Il y eut, comme le rappela par la suite Ratzinger, "cette sympathie spontanée entre nous, et nous avons parlé (...) de ce que nous devrions faire, de la situation de l'Église"[A 25].

En 1980, il est rapporteur du Ve synode des évêques, sur le thème : « Les missions de la famille chrétienne dans le monde d'aujourd'hui ».

Le 25 novembre 1981, quatre ans et demi après leur première rencontre, Jean-Paul II nomme le cardinal Ratzinger préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, l'un des dicastères de la curie romaine, ce qui l'amène, le 15 février 1982, à renoncer à la charge pastorale de l'archidiocèse de Munich et de Freising.

Jean-Paul II a précisé la fonction de la congrégation pour la doctrine de la foi 1988 par la constitution apostolique Pastor Bonus : « La tâche propre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi est de promouvoir et de protéger la doctrine et les moeurs conformes à la foi dans tout le monde catholique : tout ce qui, de quelque manière, concerne ce domaine relève donc de sa compétence ». D'après la constitution apostolique Pastor Bonus la congrégation a ainsi pour mission d'aider les évêques de l'Église catholique à remplir leurs ministères d'enseignants et de docteurs de la foi. La congrégation suit les différents courants théologiques, consulte des évêques et des experts, et publie des déclarations sur des problèmes doctrinaux qui sont d'actualité dans l'Église. Elle se prononce sur les doctrines qui peuvent, selon elle, être opposées aux principes de la foi et de la morale définis par le magistère de l'Église catholique romaine. La Congrégation est composée d'une vingtaine de membres, qui sont cardinaux et évêques.

Le poste dont Joseph Ratzinger a la charge est un des postes capitaux de la curie, mais est aussi considéré par certains comme l'un des plus impopulaires, car son titulaire passe pour un défenseur des conservateurs, un héritier de la Sainte Inquisition, un ennemi de la créativité et de l'ouverture.

Durant 23 ans, il rencontre Jean Paul II chaque vendredi soir, pour faire le point sur le travail de la congrégation pour la doctrine de la foi. Ils se voient aussi au déjeuner du mardi, et parfois avant, pour discuter, souvent avec d'autres, des questions théologiques relatives aux documents et interventions que prépare le pape (encycliques, audience du mercredi, discours...). Des sujets comme, par exemple, la bioéthique, les théologies de la libération, le dialogue oecuménique sont aussi abordés. Les deux hommes ont, par ailleurs, partagé de nombreux déjeuners de travail pour préparer des documents d'enseignements. L'encyclique Veritatis Splendor, que Joseph Ratzinger considère comme le texte théologiquement le plus élaboré du pontificat de Jean Paul II, doit beaucoup à leur collaboration[A 26].

Ses détracteurs l'accusent d'avoir exercé sa charge d'une façon excessivement répressive au lieu de faire de la Congrégation un outil de réflexion sur la doctrine et la théologie, ou un espace de dialogue où mettre les idées nouvelles à l'épreuve et aplanir les divergences, considérant au contraire beaucoup de théologiens comme un « obstacle à l'unité nécessaire à l'accomplissement de la mission de salut de l'Église » (Joseph A. Komonchak).

De nombreux théologiens catholiques de grand renom ont ainsi été condamnés, comme Hans Küng, Edward Schillebeeckx o.p., Charles Curran, Roger Haight s.j., Andrew Fox, Eugen Drewermann, Tissa Balasuriya o.m.i., Josef Imbach, et une grande partie des théologiens de la libération comme Leonardo Boff o.f.m. et Jon Sobrino s.j. La condamnation Jon Sobrino par la Congrégation en 2007 a causé un vif émoi et la consternation chez nombre de théologiens catholiques. « Le grand public, encouragé par les fantasmes de l'antique Inquisition volontiers réveillés par les médias, a surtout retenu les innombrables condamnations ou réprobations », note à ce sujet le journaliste Michel Kubler dans le quotidien catholique La Croix lors de l'élection de Benoît XVI.

Le cardinal Ratzinger a également pour opposant le théologien allemand Hans Küng, autre participant au Concile Vatican II. Celui-ci remet en question le Concile Vatican I dans ses écrits, et remet en cause le dogme de l'infaillibilité pontificale proclamé en 1870 par Pie IX. Hans Küng s'était vu retirer le titre de théologien catholique, perdant sa missio canonica en 1979, 3 ans avant l'arrivée de Joseph Ratzinger à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi, , son enseignement étant alors décrété non conforme à celui de l'Église. Hans Küng continuait d'enseigner à Tübingen, mais plus en tant que professeur de théologie catholique.

L'opposition de Joseph Ratzinger à la théologie de la libération repose sur le fait que, pour lui, elle est « fondamentalement une herméneutique » et « semble procéder d'une fin foncière de non-recevoir opposée à la modernité » dans une attitude qui, selon Juan Luis Segundo, lui-même figure importante de la théologie de la libération, met en cause « toute l'histoire de la théologie de ces derniers temps, celle de la période post-conciliaire ». Le Cardinal Ratzinger convoqua le 4 septembre 1984 le théologien de la libération Leonardo Boff, suite à la parution de son livre qui critique l'Église, la considérant comme trop hiérarchisé et comme ayant « passé un pacte colonial avec les classes dirigeantes ». L'année suivante le cardinal publie un mandement sévère critiquant les graves déviation théologiques d'une partie de la théologie de la libération. Celle ci est accusé de trahir la cause des pauvres et de situer le mal exclusivement dans les structures économiques, sociales et politiques, de confondre la pauvreté évangélique avec le prolétariat de Marx. Il critique la conception d'une Église du peuple qui entre dans une logique de classe, et qui porte le danger de mener à une société totalitaire. En 1986 il publie une note affirmant les aspects positifs de la théologie de la libération. Une de ses dernières décisions à cette fonction sera de congédier Thomas J. Reese s.j., le rédacteur en chef de la revue jésuite américaine America, considérée comme progressiste, en délicatesse avec la Congrégation depuis plusieurs années.

Le cardinal Ratzinger demanda à plusieurs reprise à Edward Schillebeeckx de s'expliquer sur la conformité de ses écrits avec la doctrine catholique. Celui ci remet en question le dogme de la Virginité perpétuelle de Marie, met en doute la résurrection du Christ, affirmant qu'elle n'a pas d'importance dans la foi des apôtres et dans la fondation de l'Église. Il affirme que les paroles de la consécration font partie de la tradition liturgique, mais qu'elles n'avaient jamais été proférées par Jésus. De même il affirme que le Christ n'a jamais voulu fonder l'Église, croyant à la fin du monde. Enfin il critiqua le dogme affirmant la divinité de Jésus, parlant de « spéculations très abstraites », allant à l'encontre du Concile de Chalcédoine. Demandant la possibilité extraordinaire pour des laïcs de célébrer la messe, le cardinal lui lança un ultimatum, et il retira de ses publications postérieures ces questions

L'historien Jan Grootaers, spécialiste de l'histoire de l'Église catholique, du concile Vatican II et de l'oecuménisme, note que Joseph Ratzinger « ne supporte pas le pluralisme religieux, certainement pas à l'intérieur de l'Église (catholique), ni avec d'autres Églises chrétiennes, ni finalement avec les autres religions... », s'opposant aux théologiens qui incarnent ce courant, à l'instar du jésuite Jacques Dupuis.

La fin du pontificat Jean-Paul II est marqué par l'émergence de scandales concernant des d'abus sexuels commis par des prêtres sur des mineurs. Plusieurs observateurs ont relevé que le Saint-Siège avait tardé à réaliser l'ampleur du problème des abus sexuels commis par des prêtres,,. De façon générale, l'habitude de traiter ces affaires dans la discrétion, et une certaine mansuétude envers des prêtres coupables, n'ont pas favorisé la reconnaissance publique des souffrances subies par les victimes. Dans ce contexte, le cardinal Ratzinger semble avoir participé, dans les années 1980, comme la plupart des évêques, à la culture de la discrétion sur ces affaires. Il n'a pas immédiatement pris conscience de la gravité et de l'ampleur des faits. Toutefois, Joseph Ratzinger semble aussi avoir été un des premiers, au sein de la Curie, à avoir voulu faire preuve de plus de rigueur,. D'après le cardinal Christoph Schönborn, le cardinal Ratzinger a proposé, en 1995, de créer une commission d'enquête sur le cardinal Hans Hermann Groër, alors soupçonné d'abus sexuels sur des séminaristes. Cette proposition n'a pas été retenue par une partie de la curie, dont le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d'état du Saint-Siège,,,,. Les plaintes pour abus sur mineurs, déposées en 1998 contre le père Marcial Maciel, fondateur des légionnaires du Christ, n'ont pas non plus donné lieu, malgré la demande du Cardinal Ratzinger, à une enquête approfondie,,. Fin 2004, peu avant la mort de Jean-Paul II, le Cardinal Ratzinger obtient toutefois que l'enquête soit réouverte,,. Elle aboutira, en 2006, sous le pontificat de Benoît XVI, à des sanctions contre Marcial Maciel,,.

Concernant les abus commis par des prêtres dans différentes régions du monde, le fait que les dossiers aient été traités, jusqu'en 2001, dans les diocèses,, a pu empêcher une prise en compte globale de ce phénomène. Pour plusieurs vaticanistes, un tournant est cependant pris en 2001, avec le motu proprio Sacramentorum sanctitatis tutela de Jean-Paul II, décrètant que les délits les plus graves commis contre les moeurs, doivent obligatoirement être signalés par les évêques, après enquête préliminaire, à la Congrégation pour la doctrine de la foi,,,,. Le cardinal Ratzinger envoie alors aux évêques la lettre De delictis gravioribus (Les délits les plus graves), leur imposant de faire remonter les dossiers d'abus sexuels à Rome,,. Une plus grande transparence est préconisée, la lutte contre les abus sexuels commis par des membres du clergé devenant ensuite une des priorités du pontificat de Benoît XVI,.

En janvier 1983, lors d'un voyage à Lyon et à Paris, il déclare que « ce fut une première et grave faute de supprimer le catéchisme », dénonce « la grande misère de la catéchèse nouvelle », qui oublie « de distinguer le texte de son commentaire » et ajoute qu'« il faut oser présenter le catéchisme comme un catéchisme », phrase qui semble alors s'appliquer directement au catéchisme français Pierres vivantes. Les évêques expliquent que le cardinal n'entend nullement « s'ingérer dans les affaires françaises mais traiter globalement de la situation de la catéchèse ». En 1983, il fut le président du VIe synode sur le thème : « réconciliation et pénitence dans la mission de l'Église ».

Son ouvrage Entretien sur la foi (1985) expose sa vision du catholicisme après Vatican II et notamment de ce qu'il considère comme les dérives politiques de certains courants, notamment la théologie de la libération, qui justifient les mouvements révolutionnaires par des arguments religieux, ce qu'il réprouve sans appel : « Certains sont tentés devant l'urgence du partage du pain, de mettre entre parenthèses et de remettre à demain l'évangélisation : d'abord le pain, la parole plus tard. » Cette théologie, qui fait du message évangélique le fondement d'une lutte aux côtés des plus pauvres en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie matérielle, a souvent été perçue par le Vatican comme le résultat d'une infiltration des thèses marxistes au sein de l'Église catholique. Il défend aussi les positions de l'Église sur le refus de la contraception, sur le célibat des prêtres et sur le non-accès des femmes au sacerdoce. Il a aussi développé l'idée qu'aucun oecuménisme ne saurait se construire sur la base du plus petit dénominateur commun.

En octobre 1986, le pape Jean-Paul II décide de constituer une commission de cardinaux et d'évêques pour préparer un projet de catéchisme universel romain et en confie la présidence au cardinal Ratzinger. Le 22 février 1987, en tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, il signe l'Instruction romaine Donum Vitae qui affirme la position de l'Église sur les méthodes de procréation artificielles : insémination et fécondation in vitro et donne des critères éthiques de réflexion en la matière.

Le 27 novembre 1999, le cardinal Ratzinger participe au colloque 2000 ans après quoi ? organisé par la Sorbonne à l'occasion des festivités du passage au XXIe siècle. Les larges extraits de son discours Vérité du christianisme reproduits dans le journal La Croix suscitent une vive réaction dans les colonnes du même journal de la part du cardinal archevêque de Bordeaux Pierre Eyt, président de la Commission doctrinale de la conférence des évêques de France, qui lui reproche de ne pas assez tenir compte des problèmes structurels de l'Église. Le 26 juin 2000, il signe un document donnant l'interprétation officielle du message de Fatima.

Le 6 août 2000, il publie la déclaration Dominus Iesus dans laquelle est affirmée la supériorité du catholicisme sur les autres confessions chrétiennes et non chrétiennes,, semblant prendre ainsi le contre-pied des efforts d'oecuménisme mis en acte avec la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification co-signée l'année précédente par le conseil (du Saint-Siège) pour l'unité des chrétiens et la Fédération luthérienne mondiale. Cinquante-trois théologiens catholiques belges protestent contre cette déclaration envisagée comme un véritable retour pré-conciliaire. Une lettre envoyée en juin de la même année aux présidents des conférences épiscopales présentant l'Église catholique comme l'« Église mère de toutes les Églises particulières » plutôt que comme « Église soeur », remettant en cause la déclaration de Balamand avait déjà troublé le dialogue oecuménique.

Le 24 janvier 2001 la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, décide de rédiger une notification, qu'il signe, « dans le but de sauvegarder la doctrine de la foi catholique d'erreurs, d'ambiguïtés ou d'interprétations dangereuses » qu'elle a relevées dans le livre Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux . Lors d'une interview donnée à l'agence Zenit le 3 mai 2003, il réaffirme l'opposition du Vatican à la guerre d'Irak menée par les États-Unis, impossible d'après lui à justifier selon la doctrine de la guerre juste.

En janvier 2004, à l'occasion d'un débat avec le philosophe Jürgen Habermas à l'Académie catholique de Bavière, il reconnaît, à l'heure de la mondialisation, la « non-universalité de fait des deux grandes cultures de l'Occident, celle de la foi chrétienne et celle de la rationalité séculière ».

Après avoir été perçu comme un théologien progressiste durant sa participation au concile, le cardinal Ratzinger est au moment de son élection réputé pour ses vues conservatrices sur la foi et les moeurs, sur des sujets comme l'interruption volontaire de grossesse ou l'oecuménisme. Il est parfois surnommé par les médias « le Panzerkardinal », allusion à son intransigeance supposée et à sa nationalité allemande.

Il est connu pour avoir une position traditionnelle vis-à-vis des pratiques homosexuelles (christianisme et homosexualité) et de l'avortement direct. Il soutient le pape Jean-Paul II contre l'avis d'une majorité d'évêques allemands, dans sa décision à la fin des années 1990 de faire fermer quelque 260 centres de « conseil pour les grossesses conflictuelles » administrés par l'Église catholique allemande. Ces centres doivent se réorganiser sous une forme associative non reconnue par l'Église.

Selon le spécialiste de l'histoire de l'Église Philippe Levillain — Membre du Comité pontifical des Sciences historiques et enseignant à l'université de Nanterre —, Benoît XVI est un pape de restauration, suivant le terme qu'il avait déjà utilisé en 1985, tandis qu'il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et qui avait été vivement critiqué alors par les défenseurs de Vatican II dont, devenu pape, il appelle à une relecture qui vise à replacer le concile dans la continuité de la tradition.

Distinctions, charges et prix

* Le 13 janvier 1992, l'Institut de France, l'élit comme membre associé étranger à l'Académie des sciences morales et politiques au fauteuil du défunt physicien nucléaire russe et prix Nobel de la paix Andreï Sakharov.

* En 1993, le 5 avril, il est promu cardinal-évêque titulaire de l'église suburbicaire de Velletri-Segni dans la banlieue de Rome. En 1998, il est nommé commandeur de l'ordre français de la Légion d'honneur et reçoit les insignes de l'Ordre le 11 mai de la même année à la villa Bonaparte par Jean-Louis Lucet, ambassadeur de France auprès du Saint-Siège.

* Le 10 novembre 1999 il est fait docteur honoris causa en jurisprudence de la Libre Université Marie Très-Sainte Assomption de Rome.

* Le 13 novembre 2000, il est nommé académicien honoraire de l'Académie pontificale des sciences.

* En 2002, à l'occasion de son 75e anniversaire, il propose, suivant la coutume, sa démission au pape, mais Jean-Paul II ne désire pas se séparer de ce collaborateur, et le 6 novembre, il est élu doyen du Sacré Collège des Cardinaux, élection approuvée par le pape le 30 novembre, et titulaire de l'église d'Ostie, disposant déjà de celui de Sainte Marie-Consolatrice al Tiburtino.

* Le 8 avril 2005, étant le doyen du Collège des cardinaux, il a la responsabilité de diriger l'office religieux des funérailles du pape Jean-Paul II.

Il a été membre du Conseil de la IIe Section de la Secrétairerie d'État ; des Congrégations pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements ; pour les Évêques ; pour l'Évangélisation des Peuples ; pour l'Éducation catholique; du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens ; des Commissions pontificales pour l'Amérique latine ; Ecclesia Dei. Le pape Benoît XVI est Bailli Grand Croix de l'Ordre de Malte. Il est ainsi, après Jean XXIII, le deuxième pape membre de cet Ordre.

Après un conclave d'à peine plus de vingt-quatre heures, le 19 avril 2005, la fumée blanche apparaît sur le toit de la chapelle Sixtine à 17h56. À 18h35, le cardinal protodiacre chilien Jorge Arturo Medina Estévez, annonce publiquement sur la place Saint-Pierre le traditionnel habemus papam et l'élection du cardinal Ratzinger comme successeur de Jean-Paul II en tant que 265e pape sur le trône pontifical.

Lors de sa première apparition publique ce 19 avril 2005, avant la première bénédiction Urbi et orbi de son pontificat, le nouveau pape, sous le nom de Benoît XVI, prononce les mots suivants :

« Chers frères et chères soeurs, après le grand pape Jean-Paul II, Messieurs les Cardinaux m'ont élu moi, un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur. Le fait que le Seigneur sache travailler et agir également avec des instruments insuffisants me console et surtout, je me remets à vos prières, dans la joie du Christ ressuscité, confiant en son aide constante. Nous allons de l'avant, le Seigneur nous aidera et Marie, Sa Très Sainte Mère, est de notre côté. Merci. »

Après Albino Luciani (Jean-Paul Ier) et Karol Wojtyła (Jean-Paul II), c'est le troisième cardinal nommé par Paul VI à devenir pape. Pourtant, sur les cent quinze cardinaux ayant pris part au conclave, seuls deux n'avaient pas été nommés par Jean-Paul II.

À 78 ans, il est le pape le plus âgé au jour de sa prise de fonctions depuis Clément XII en 1730. Il s'agit du premier pape d'origine germanique depuis Victor II (1055-1057), originaire de la Souabe, et Adrien VI (1522–1523), hollandais originaire d'Utrecht (Pays-Bas espagnols), alors relevant du Saint Empire romain germanique.

La messe d'inauguration du pontificat eut lieu le 24 avril 2005 en présence de nombreux hauts dignitaires de la planète. La France est représentée par le Président de la République Jacques Chirac et son épouse, et les États-Unis par son président George W. Bush et ses deux prédécesseurs Bill Clinton et George Bush père. Dans sa première homélie, le pape Benoît XVI précise qu'il ne va pas livrer de « programme ». On note toutefois que contrairement au dialogue avec le monde juif et l'oecuménisme, le dialogue avec l'islam n'est pas cité parmi ses priorités.

Au cours des mois qui ont suivi, le pape a mis en pratique un dicton bavarois qui recommande à un évêque d'observer pendant au moins un an et de ne rien toucher à l'administration de son diocèse. Depuis lors, le pape a renvoyé le président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Mgr Fitzgerald, « promu » nonce apostolique en Égypte, alors qu'on le donnait comme pouvant être promu au rang de cardinal, et fusionné ce conseil avec celui de la culture.

Le pape a effectué plusieurs voyages, en Italie (notamment à Bari, dans les Pouilles), en Allemagne (août 2005 pour les journées mondiales de la jeunesse et septembre 2006), en Pologne (mai 2006), en Espagne (juillet 2006), en Turquie (novembre 2006), au Brésil (mai 2007), en Autriche (septembre 2007), aux États-Unis (avril 2008), en Australie (juillet 2008 pour les journées mondiales de la jeunesse) et en France (septembre 2008).

En septembre 2005, la revue de géopolitique italienne Limes publie un texte présenté comme le Journal du conclave d'un cardinal ayant pris part au vote. Ce texte affirme que le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio aurait été son plus sérieux rival. Ces chiffres auraient dû rester secrets, d'autant plus qu'avant de rentrer en conclave les cardinaux électeurs ont tous solennellement juré de ne jamais violer le secret de l'élection, sauf autorisation papale. Or, dès la sortie du conclave, plusieurs cardinaux n'ont pas manqué de raconter quelques confidences et anecdotes, comme celle des difficultés de faire fonctionner le vieux poêle en fonte prévu pour brûler les bulletins, les feuilles de décomptes et annoncer l'élection d'un nouveau pape grâce à une fumée blanche. L'histoire récente avait déjà connu des témoignages anonymes[réf. nécessaire].

Au premier tour, le cardinal papabile Carlo Maria Martini, jésuite de 78 ans, ancien archevêque de Milan et chef de file du camp dit « progressiste », connu pour sa rigueur doctrinale mais surtout pour ses positions novatrices sur les questions sociales et pastorales et donné favori par les journalistes vaticanistes, n'aurait recueilli que 9 voix, le cardinal Jorge Mario Bergoglio, 10 et le cardinal Ratzinger, 47.

Au deuxième tour, le lendemain matin, le cardinal Carlo Maria Martini n'aurait recueilli aucune voix, le cardinal Jorge Mario Bergoglio en aurait recueilli 35 et le cardinal Joseph Ratzinger en aurait réuni 65. Au déjeuner, le cardinal Bergoglio, par des gestes, aurait fait comprendre à ses partisans qu'il ne voulait pas être élu. Au troisième tour, l'élection finale du cardinal Ratzinger n'aurait plus fait de doute, le cardinal Bergoglio n'aurait recueilli que 40 voix et le cardinal Ratzinger 72. Au quatrième tour, le cardinal Bergoglio n'aurait recueilli que 26 voix et le cardinal Ratzinger aurait obtenu 84 voix sur 115 cardinaux, soit 7 de plus que la majorité requise pour être élu pape. Selon le journal, l'annonce des résultats aurait été suivie d'un long silence puis saluée « d'un long et cordial applaudissement ».

C'est le cardinal chilien Jorge Arturo Medina Estévez, qui, en tant que protodiacre, a annoncé depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre au monde entier le nom du nouveau pape.

Au cours de l'audience générale du mercredi 27 avril 2005, le pape a expliqué, en français, les raisons de son choix : « J'ai choisi le nom de Benoît en référence à Benoît XV, qui a guidé l'Église dans la période difficile de la Première Guerre mondiale. Sur ses traces, je désire participer à la réconciliation et à l'harmonie entre les hommes et entre les peuples. »

Mais Benoît XVI se réfère également à saint Benoît de Nursie, patron de l'Europe, fondateur de l'ordre des Bénédictins : « Le nom de Benoît évoque aussi le père du monachisme occidental, co-patron de l'Europe, particulièrement vénéré dans mon pays et surtout en Bavière. Saint Benoît de Nursie avait inscrit dans sa règle de ne rien mettre au-dessus du Christ. Nous lui demanderons donc de nous aider à rester le regard fixé sur le Christ. »

Le blason figurant sur les armoiries papales, rendues publiques le 26 avril 2005, est une simplification de celui qu'il utilisait en tant qu'archevêque de Munich et de Freising, puis de préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Le reste du dessin présente cependant une innovation : la tiare qui, en signe d'humilité, n'était plus portée par les papes depuis les premières années du règne de Paul VI, mais qui restait représentée sur les armoiries papales, est désormais remplacée par une simple mitre d'évêque. La dignité papale est représentée par l'ensemble de la mitre épiscopale, des clés de saint Pierre et du pallium archiépiscopal pendant sous le blason.

Le blason est de type « écu à calice », de gueules chapé d'or. À gauche se trouve le « Maure de Freising », une tête d'Éthiopien couronnée qui figure depuis l'évêque Conrad III en 1316 sur les blasons de l'évêché-principauté de Freising. Au centre, une coquille Saint-Jacques évoque notamment le monastère Saint-Jacques de Ratisbonne, où se trouve le séminaire de prêtres du diocèse où Joseph Ratzinger a enseigné la théologie. Elle évoque également, entre autres, les pèlerinages de Saint-Jacques-de-Compostelle. À droite figure « l'ours de saint Corbinien », l'évêque de Freising qui au VIIIe siècle a converti la Bavière païenne au christianisme.

Lors de la messe inaugurale du 24 avril 2005, Benoît XVI a longuement insisté sur le rôle donné au pallium[Note 3].

Benoît XVI a choisi pour devise une parole extraite de la troisième épître de saint Jean : « Coopérateurs de la vérité ».

Le 26 juin 2007, Benoît XVI a changé les règles d'élection du pape, revenant à celles d'avant la modification décidée en 1996 par Jean-Paul II. Jean Paul II avait en effet permis, dans cas où aucun candidat n'aurait obtenu, au bout de 34 tours de scrutin, la majorité des deux-tiers plus une voix, d'élire le nouveau pape à la majorité simple[A 27]. Suite à la décision de Benoit XVI, Le prochain souverain pontife devra donc à nouveau recueillir les deux tiers des voix des cardinaux réunis en conclave pour être élu, quel que soit le nombre de scrutins.

Le 22 février 2006, il crée 15 cardinaux et le 17 novembre 2007 lors d'un nouveau consistoire, il ajoute 23 nouveaux cardinaux au collège cardinalice.

Contrairement à son prédécesseur, il respecte strictement, à chaque consistoire, le nombre de 120 cardinaux électeurs qu'a fixé Paul VI.

Depuis le début de son pontificat, Benoît XVI a renouvelé un grand nombre des responsables des dicastères (équivalent des ministères) de la Curie romaine. Il a manifesté une volonté de réduire la Curie, volonté qui s'est concrétisée par le rapprochement sous une présidence commune de plusieurs instances. Ainsi, le président du conseil pontifical pour la culture, prend également la présidence des commissions pontificales pour l'héritage culturel de l'Église et pour l'archéologie sacrée.

Il revient en revanche rapidement sur le rapprochement entre les conseils pontificaux pour la culture et pour le dialogue inter-religieux engagé en 2006. De même, les conseils pontificaux « Justice et Paix » et pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement placés sous présidence commune en 2006 sont à nouveau dissociés en 2009.

Le 28 juin 2010, il annonce la création à venir d'un nouveau dicastère: le conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation.

Il promeut au sein de la curie plusieurs de ses anciens collaborateurs au sein de la congrégation pour la doctrine de la foi, au premier rang desquels le cardinal Tarcisio Bertone, ancien secrétaire de la congrégation, nommé secrétaire d'état et camerlingue ou Angelo Amato, également ancien secrétaire de la congrégation appelé à la tête de la congrégation pour les causes des saints. De même, le cardinal Antonio Cañizares Llovera nommé préfet de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements et Mgr Zygmunt Zimowski, nommé président du conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé ont travaillé à ses côtés au sein de la congrégation pour la doctrine de la foi. Des sources vaticanes pointent que le souverain pontife se serait contenté de s'entourer de ses anciens collaborateurs sans qu'ils en aient nécessairement les compétences.

Benoît XVI place ainsi des hommes de confiance mais, selon le journaliste vaticaniste Sandro Magister, des secteurs entiers de la curie vont « à la dérive », notamment celui de la communication, « modèle d'improductivité ». Certains analystes décrivent par ailleurs les nominations comme une prise de pouvoir des traditionalistes et des intransigeants tandis que certains affirment que Benoit XVI serait incapable de gouverner, pointant les rapports avec les schismatiques lefebvristes dont la gestion serait tombée aux mains de l'extrême droite de la curie.

L'homosexualité est réprouvée dans le judaïsme comme dans le christianisme, en raison de la Bible (Lévitique). L'attitude de l'Église, surtout depuis Vatican II, consiste à écarter du sacerdoce de futurs prêtres éventuellement homosexuels tout en évitant d'avoir une attitude de rejet à l'égard des homosexuels.

Benoît XVI a entériné le 31 août 2005 les dispositions de la lettre de la Congrégation pour l'Éducation et les a rendues effectives à la date du 4 novembre 2005. Ce texte, tout en réitérant la nécessité d'éviter « à l'égard des homosexuels toute marque de discrimination injuste », stipule que les séminaristes se verront dorénavant soumis, au cours de leurs études, à une enquête en vue de déceler s'ils « pratiquent l'homosexualité, ou s'ils présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou s'ils soutiennent ce qu'on appelle la culture gay ». Cette enquête sera réalisée sous l'autorité de la hiérarchie,.

Le 17 avril 2008, Benoît XVI fait une distinction nette entre pédophilie et homosexualité.

Pourtant, le 12 avril 2010, Tarcisio Bertone, cardinal secrétaire d'État du Saint-Siège, déclare que les scandales de pédophilie qui secouent l'Église sont liés à l'homosexualité : « De nombreux psychologues et psychiatres ont démontré qu'il n'y avait aucun lien entre le célibat et la pédophilie, et beaucoup d'autres, m'a-t-on dit récemment, qu'il y avait une relation entre l'homosexualité et la pédophilie ». Il précise que « le pape prendrait bientôt des initiatives audacieuses sur les affaires de pédophilie dans l'Église ». Le 14 avril, le Vatican indique qu'il n'est « pas compétent pour faire des affirmations psychologiques ou médicales,. »

Le 13 mai 2005, il annonce le début du procès en béatification de Jean-Paul II, en exerçant sa prérogative de ne pas tenir compte du délai de cinq ans après la mort normalement requis par le droit de l'Église.

Contrairement à Jean-Paul II, mais conformément à l'usage ancien, Benoit XVI ne préside généralement pas lui-même les cérémonies de béatifications.

Dans la lignée de son prédécesseur Jean-Paul II, le pape Benoît XVI continue — mais à un rythme beaucoup plus lent — à canoniser des chrétiens et chrétiennes qui peuvent être considérés comme modèles de vie évangélique.

En mai 2005, il réduit et fait contrôler les initiatives oecuméniques des franciscains d'Assise.

Dans son premier message de Noël, adressé au monde depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre de Rome, le 25 décembre 2005, le pape Benoît XVI appelle l'humanité du 3e millénaire à un « réveil spirituel », sans lequel a-t-il dit « l'homme de l'ère technologique risque d'être victime des succès même de son intelligence ».

Au début de 2007, il publie une exhortation apostolique post-synodale du nom de Sacramentum Caritaris qui vise à défendre la beauté et la nécessité du culte eucharistique, central dans la liturgie chrétienne.

En juin 2008, d'après une dépêche de l'AFP, reprise par certains journaux, le pape lance un mouvement de réhabilitation de la communion à genoux, dans les mots comme dans les faits, déclarant vouloir « revenir à la génuflexion » et évoquant « l'urgence de donner à nouveau l'hostie aux fidèles directement dans la bouche », ce qu'il a effectué lors d'une messe à Brindisi le 15 juin 2008. Il apparait toutefois, d'après le journal La Croix, que les propos « l'urgence de donner à nouveau l'hostie aux fidèles directement dans la bouche » n'ont pas été tenus en juin 2008 par le pape mais ont été prononcés en février 2008 par Mgr Malcolm Ranjith, secrétaire de la Congrégation pour le culte divin. Quant au passage sur la génuflexion, il ne concernait pas la communion mais l'adoration du Saint-Sacrement (homélie de Benoît XVI du 22 mai 2008).

En Italie, Benoît XVI s'est rendu en 2005 à Bari (clôture du XXIVe Congrès eucharistique national italien), en 2006 à Manoppello (visite du sanctuaire de la Sainte-Face) et à Vérone (IVe Congrès ecclésial national de l'Église italienne), en 2007 à Vigevano et Pavie, à Assise (7e centenaire de la conversion de saint François), à Lorette (rencontre Agora 2007 avec les jeunes Italiens), à Velletri et à Naples (rencontre internationale pour la Paix), en 2008 à Savone et Gênes.

Le pontificat de Benoît XVI est marqué par la révélation de plusieurs scandales concernant des abus sexuels commis par des prêtres sur des mineurs. Si la plupart de ces faits se sont surtout produits dans les décennies précédentes, leur mise au jour a lieu essentiellement dans les années 2000. En 2002, ces affaires avaient déjà fait grand bruit aux États-Unis et amené les évêques américains à prendre des mesures importantes pour limiter les risques d'abus.

D'après Henri Tincq, le pape Benoît XVI a, à plusieurs reprises, manifesté son intransigeance concernant les affaires d'abus sexuels. Peu avant son élection en 2005, il dénonce les « souillures dans l'Église» et particulièrement parmi les prêtres,. Dès le début de son pontificat, il a des mots de compassion à l'égard des victimes. À bord de l'avion qui le conduit à Washington, le 15 avril 2008, le pape se dit particulièrement honteux de tous les cas relevés dans l'Église, ajoutant « qu'un pédophile ne peut pas être prêtre ». Au cours de ce voyage aux États-Unis, il rencontre des victimes de prêtres, geste qu'il renouvellera en Australie, en juillet 2008, au Vatican, en avril 2009, où il reçoit des Amérindiens venus du Canada et à Malte, en avril 2010. Pour le journaliste vaticaniste Giancarlo Zizola, Benoît XVI « a prôné la tolérance zéro, engagé les évêques à dénoncer les prêtres fautifs et permis une assistance matérielle aux victimes ».

En 2009 et en 2010, c'est en Europe que les affaires sont révélées, essentiellement en Irlande, en Allemagne, Autriche, Pays-Bas et en Belgique,. Benoit XVI remet en cause collectivement les épiscopats des pays concernés par les scandales. En février 2010, il convoque, de manière exceptionnelle, l'ensemble des évêques catholiques irlandais, ceux-ci étant accusés par les rapports Murphy et Ryan. Le mars 2010, le pape rend publique la Lettre pastorale aux catholiques irlandais, où il aborde ces questions douloureuses, , . Il y redit sa compassion pour les victimes. Il comprend qu'il leur soit difficile de pardonner ou de se réconcilier avec l'Église. Le pape reconnaît la responsabilité des évêques et condamne vivement les prêtres coupables, . Benoît XVI identifie plusieurs facteurs à cette crise : des procédures inadéquates pour évaluer les candidats au sacerdoce et à la vie religieuse, des manquements dans la formation des séminaristes, une tendance à favoriser, dans la société, le clergé et d'autres figures d'autorité, une « préoccupation déplacée » pour la réputation de l'Église, la non application des peines canoniques en vigueur, [Note 4]. Il demande aux évêques « d'appliquer les normes du droit canonique en affrontant les cas d'abus sur les enfants » et de « continuer à coopérer avec les autorités civiles ». Il encourage les prêtres et les religieux innocents qui sont parfois perçus comme « coupables par association » en raison de la faute de leurs confrères.

En mai 2010, lors de son voyage vers le Portugal, le pape répond à une question d'un journaliste à propos des abus sexuels commis par des prêtres et religieux. Benoît XVI déclare « que la plus grande persécution de l'Église ne vient pas d'ennemis extérieurs mais naît du péché de l'Église. » Pour le pape, l'Église a donc un profond besoin de réapprendre la pénitence et d'accepter la purification. Il rappelle l'importance du pardon dans l'Église, tout en insistant sur la nécessité de la justice, soulignant que « le pardon ne remplace pas la justice ».

En 2013, après un pontificat de près de huit ans, il annonce qu'il renonce à ses fonctions, ce qui constitue la première renonciation d'un pape depuis celle de Grégoire XII en 1415. Depuis lors, devenu pape émérite, il mène une vie de silence et de prière, retiré dans le monastère Mater Ecclesiae, dont il ne sort que pour assister à quelques événements importants, notamment à l'invitation de son successeur, le pape François, ou se rendre en 2020 en Bavière auprès de son frère Georg, alors mourant.

Le 28 décembre 2022, le Pape François annonce que Benoît XVI est gravement malade.

Benoît XVI est mort le samedi 31 décembre 2022 à 9 h 34 le matin, à l'âge de 95 ans, d'une maladie, dans le Monastère Mater Ecclesiae au Vatican. Un communiqué du Vatican annonce « avec douleur » la mort de l’ancien souverain pontife. C’est la première fois depuis 1417 que la mort d’un pape ne signifie pas la fin d’un pontificat. Plusieurs chef d’État rendent hommage au pape émérite à l’annonce de sa mort. Le président français Emmanuel Macron salue les « efforts du pape émérite pour un monde plus fraternel ». Le corps de Benoît XVI sera exposé dans la Basilique Saint-Pierre de Rome, afin que les fidèles puissent venir lui rendre hommage avant ses funérailles, à partir du 2 janvier 2023. La messe de ses obsèques se déroulera le 5 janvier sur la Place Saint-Pierre, sous la présidence du pape François.

Source : fr.wikipedia.org  

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Citations

Les meilleures citations de Benoît XVI.

La foi chrétienne n'est pas une « religion du livre » note laconiquement le Catéchisme. C'est là une affirmation d'une extrême importance. La foi ne se réfère pas simplement à un livre, qui serait en tant que tel l'unique et dernier appel pour le croyant. Au centre de la foi chrétienne, il n'y a pas un livre, mais une personne - Jésus Christ, qui est lui-même la vivante Parole de Dieu...
Une justice sans morale devient injustice; de même qu'une morale et une justice qui ne font pas référence à Dieu dégradent l'homme, parce qu'elles le privent de sa mesure la plus exigeante, de ses possibilités les plus hautes, en lui barrant le regard sur l'infini et l'éternel. Cette apparente libération soumet l'homme à la dictature des majorités régnantes, à des mesures humaines arbitraires, qui finalement ne peuvent que lui faire violence.
Le mot "saint" exprime la nature particulière de Dieu. Lui seul est le Saint. L'homme devient saint dans la mesure où il commence à être avec Dieu. Etre avec Dieu, c'est écarter ce qui est seulement le moi et devenir un avec le tout de la volonté de Dieu. Cependant, cette libération du moi peut se révéler douloureuse, et n'est jamais accomplie une fois pour toutes.

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Fiche d'identité

Identité

  • Nom complet : Joseph Aloisius Ratzinger
  • Nationalité (à sa mort) : Allemande Drapeau allemand
  • Nationalité (à sa naissance) : --
  • Sexe : Masculin

Domaines d'activité

  • Activités principales : Pape
  • Autres activités : Religieux
  • Domaines : Religion

Noms

  • Nom usuel : Benoît XVI
  • Vrai nom : Joseph Ratzinger
  • Prénom : Joseph
  • Prénom (2) : Aloisius
  • Noms dans d'autres langues : --
  • Homonymes : 0 (aucun)
  • Nom de famille : Ratzinger
  • Pseudonyme : Benoît XVI
  • Surnom : --
  • Erreurs d'écriture : --

Naissance

  • Signe astrologique du zodiaque : --
  • Signe astrologique chinois : --

Décès

  • Âge de mort : 95 ans
  • Cause de mort : Maladie (Maladie)

Obsèques

  • Date des obsèques : --
  • Lieu de sépulture : --
  • Type de funérailles : --

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