Russe, né le 4 juin 1976 et mort le 16 février 2024
Enterré (où exactement ?).
Alexeï Anatolievitch Navalny, né le 4 juin 1976 à Boutyne dans l'oblast de Moscou et déclaré mort le 16 février 2024 au centre pénitentiaire de Kharp en Iamalie, est un avocat, militant anti-corruption, leader d'opposition et prisonnier politique russe. Il organise des manifestations anti-gouvernementales et se présente aux élections pour plaider en faveur de réformes contre la corruption en Russie et contre le président Vladimir Poutine et son gouvernement. Navalny est membre du Conseil de coordination de l’opposition russe. Il est le dirigeant du parti Russie du futur et fondateur de la Fondation anticorruption (FBK). Il est reconnu par Amnesty International comme prisonnier d'opinion et reçoit le prix Sakharov pour son activité en faveur des droits de l'homme.
Alexeï Navalny a étudié à l'université Yale, où il fut un « Yale World Fellow ». Il est connu pour être l'auteur du blog Navalny et du site Rospil, où il dénonce des faits de corruption en Russie. En octobre 2010, il accuse l'entreprise d'énergie Transneft de détournement de fonds à hauteur de 2,9 milliards d'euros lors de la construction d'un oléoduc en Sibérie. Il est surnommé par le magazine Time « l'Erin Brockovich russe » et est désigné personnalité de l'année 2009 par le quotidien économique russe Vedomosti.
Il s'oppose au pouvoir en place en Russie et à Vladimir Poutine en particulier, qualifiant en février 2011 son parti, Russie unie, de « parti des escrocs et les voleurs ». Lors de la contestation des élections législatives russes de 2011, à laquelle il participe activement, il est emprisonné le 5 décembre. À sa sortie de prison le 20 décembre, il appelle les Russes à s'unir contre Poutine, afin que celui-ci ne gagne pas l'élection présidentielle de 2012, à laquelle il se dit prêt à participer. En 2011, la BBC décrit Navalny comme étant « probablement le seul réel opposant politique à avoir émergé en Russie ces cinq dernières années ». Fin décembre 2011, il participe à l'organisation d'une manifestation qui rassemble 120 000 personnes selon l'opposition.
Sa participation à l'organisation "Narod" (dont il est confondateur) a déclenché une controverse, celle-ci alliant des positions d'extrême-gauche et d'extrême-droite. En 2008, l'organisation s'est rapprochée de groupes connus pour leurs positions racistes comme "le mouvement contre l'immigration illégale", interdit en 2011 par la justice pour extrémisme. Navalny a en outre participé en 2011 à un défilé ultranationaliste dont l'un des slogans était «arrêtons de nourrir le Caucase! ».
En mai 2012, il participe à une manifestation qui dégénère en heurts avec la police. Il est arrêté avec le dirigeant du Front de gauche Sergueï Oudaltsov et condamné à quinze jours de prison pour désobéissance aux forces de l'ordre.
Son élection au conseil d'administration d'Aéroflot en juin 2012 a provoqué un vif débat en Russie. Navalny a été accusé d'avoir été nommé à un poste confortable soit par le pouvoir afin de le faire taire (l'État détient 51 % des actions de la compagnie aérienne), soit par son proche allié et opposant notoire à Vladimir Poutine, Alexandre Lebedev (qui détient 15 % des actions).
Le 31 juillet 2012, Navalny est inculpé par la Commission fédérale d'investigation de vol à grande échelle à cause des lourdes pertes financières d'une société publique d'exploitation forestière et encourt jusqu'à dix ans de prison. Il est accusé du détournement de seize millions de roubles (377 000 euros) au détriment de cette exploitation forestière, à l'époque où il était conseiller du gouverneur de l'oblast de Kirov, Nikita Bielykh. Le 18 juillet 2013, il est reconnu coupable de détournement de fonds et condamné à cinq ans de camp. Les principaux médias occidentaux, les États-Unis et l'Union européenne soutiennent qu'il est victime d'un procès politique.
Libéré provisoirement par la justice dès le lendemain de sa condamnation, Navalny a entamé une campagne électorale pour l'élection à la mairie de Moscou, son programme s'articulant surtout autour de la lutte contre la corruption et l'immigration. Il a notamment déclaré «J'ai regardé les statistiques. Savez-vous que près de 50 % des crimes et délits sont commis par des étrangers?»
En août 2013, Vladimir Jirinovski, président du Parti libéral-démocrate, a demandé au ministère de l'intérieur l'ouverture d'une enquête sur le financement de la campagne électorale de Navalny. Celui-ci aurait récolté de l'argent de la part de donateurs anonymes étrangers via un système de paiement sur internet, pratique interdite par la loi russe. Navalny a nié ces accusations, affirmant que les magistrats du parquet étaient des « benêts »
Le 8 septembre 2013, il est battu par le maire de Moscou sortant, Sergueï Sobianine (nommé par Vladimir Poutine par décret en 2010) par 52 % des voix contre 30 % mais conteste les résultats. Le taux de participation est de 30 %. Navalny affirme avoir récolté 35,6 % des voix, contre 46 % à son adversaire et réclame un second tour. Les ONG indépendantes qui ont surveillé le scrutin n'ont pour leur part pas observé de « graves violations ». Selon le journaliste Pierre Avril, ce scrutin a permis à Navalny de s'affirmer comme l'un des principaux opposants à Vladimir Poutine. Dès lors, poursuivre les procédures judiciaires intentées contre lui reviendrait à en faire un martyr pour l'opposition. Une manifestation de 9 000 personnes a lieu en soutien le lendemain. L'opposition à Poutine sort toutefois requinquée de ces élections municipales, notamment par la victoire d'Evgueni Roizman à Iekaterinbourg, quatrième ville du pays et d'une candidate du parti Iabloko à Petrozavodsk.
En février 2014, il est placé en résidence surveillée par un tribunal de Moscou pour une durée de 2 mois pour avoir quitté la capitale, ce qui le mettait en infraction avec un jugement rendu précédemment. L'assignation à résidence est prolongée de six mois en avril 2014.
En avril 2014, il est condamné pour diffamation à l'encontre d'un député qu'il aurait qualifié de toxicomane. Il écope d'une amende de 300 000 roubles (6 000 euros au cours moyen de 50 roubles pour 1 euro à l'époque).
Il est libéré début mars 2015, mais se voit refuser de participer aux obsèques de son ami Boris Nemtsov, opposant à Vladimir Poutine, assassiné le 27 février 2015 à proximité du Kremlin. Il déclare par la suite : « Je n'ai pas peur et mes amis non plus. Nous ne céderons sur rien ».
En décembre 2016, Alexeï Navalny annonce sa candidature à l'élection présidentielle russe de 2018.
Navalny est arrêté le 26 mars 2017 lors de manifestations anti-corruption à Moscou. Le 27 mars 2017, il est condamné à 15 jours de détention et à une amende de 20 000 roubles (325 euros) par le tribunal du district Tverskoï de Moscou.
Un sondage du Centre analytique Levada effectué en mai 2017 en vue de l'élection présidentielle de 2018 montre que 63 % des Russes voteraient pour Vladimir Poutine et 2 % pour Alexeï Navalny.
Le 23 juin 2017, la commission électorale centrale annonce qu'en raison de sa condamnation à cinq ans de prison avec sursis dans l'affaire Kirovles, Navalny est inéligible pour la prochaine élection présidentielle. Cette décision est aussitôt contestée par l'équipe de campagne de Navalny, mais elle est confirmée le 25 décembre 2017 par la commission électorale centrale, après le dépôt de la candidature de l'opposant.
En juin 2017, il organise à Moscou une manifestation contre la corruption, mais en change le lieu à la dernière minute pour la faire à proximité du Kremlin. Il est arrêté comme d'autres manifestants et est condamné à 30 jours de prison pour avoir violé les règles encadrant l'organisation de manifestations. Navalny est libéré au bout de 25 jours de détention.
Le 29 septembre 2017, il est à nouveau arrêté par la police à la sortie de son domicile. Le 2 octobre, le tribunal de Moscou le condamne à 20 jours de détention pour « appels à la participation à un événement public non autorisé ». Il sort de prison le 22 octobre.
Exclu de l'élection présidentielle, Navalny en conteste la légitimité, considérant que les candidats n'ont aucune intention de battre Vladimir Poutine, et appelle à son boycott. Son mouvement organise des manifestations dans le pays et Navalny est arrêté avec d'autres membres de son mouvement lors de la manifestation moscovite le 28 janvier 2018, au motif que celle-ci n'est pas autorisée par la ville. Il est relâché peu après.
Alexeï Navalny souhaite que la Russie rejoigne l'Union européenne et se rapproche de l'OTAN. Parmi ses priorités s'il arrive au pouvoir, Navalny cite la réforme de l'institution judiciaire et le changement constitutionnel d'un régime présidentiel à un régime parlementaire. Toutefois, il refuse de décrire ses convictions idéologiques, déclarant chercher à unir les Russes dans une coalition contre le régime de Poutine.
En mai 2018, quelques jours avant l'investiture de Vladimir Poutine pour un quatrième mandat présidentiel, Alexeï Navalny appelle les Russes à manifester dans les principales villes du pays. Lors de la manifestation à Moscou qui rassemble 1 500 personnes, Alexeï Navalny est arrêté. Amnesty International réagit à cette arrestation et reproche notamment une utilisation « disproportionnée » de la force par la police. Le tribunal du district Tverskoï de Moscou le condamne à trente jours de détention pour l'organisation d'une manifestation non autorisée contre Vladimir Poutine le 5 mai.
La presse nationale ne relate pas les actions de Navalny et de ses partisans sauf pour les critiquer, et ne donne pas à Navalny l'occasion de s'exprimer. Son nom même est rarement prononcé dans les médias nationaux. Lors de la Coupe du monde de football de 2018, Leonid Sloutsky, ancien entraîneur de l'équipe nationale et commentateur d'un match en direct sur la chaîne publique Pierviy Kanal, mentionne le nom d'Alexeï Navalny. Cette mention inattendue d'Alexeï Navalny sur une télévision publique crée un mème parmi les internautes russes. Deux jours plus tard, Leonid Sloutsky annonce qu'il quitte son poste de commentateur.
Le 27 août 2018, Navalny est de nouveau condamné à 30 jours de détention pour l'organisation de manifestations en janvier appelant à boycotter l'élection présidentielle de mars. Il ne peut ainsi prendre part aux manifestations du 9 septembre 2018 dans les principales villes du pays. Ces manifestations visent à critiquer le report de l'âge de départ à la retraite, une réforme gouvernementale annoncée en juin et qui est impopulaire en Russie. La peine de Navalny prend fin le 24 septembre, mais il est à nouveau arrêté au moment de franchir les portes de la prison pour être jugé pour son appel à manifester le 9 septembre, une manifestation non autorisée ; il est alors condamné de nouveau à 20 jours de détention.
Ces nombreux séjours en prison sont considérés comme une stratégie délibérée des autorités russes pour isoler Navalny et l'empêcher de s'exprimer publiquement.
Le 9 octobre 2019, son ONG est classée « agent de l'étranger » par le ministère de la Justice.
En avril 2019, la Cour européenne des droits de l'homme condamne la Russie pour l'assignation à résidence de Navalny en 2014. Cette assignation est jugée injustifiée et « visait à restreindre ses activités publiques [de Navalny] » et à « étouffer le pluralisme politique ».
Le 12 juin 2019, il est arrêté, en même temps qu'une centaine de manifestants participant à une marche de soutien au journaliste d'investigation Ivan Golounov, arrêté quelques jours auparavant, relâché et assigné à résidence, et finalement innocenté le 11 juin, après une forte mobilisation de la société civile. Le 1er juillet, Navalny est condamné à 10 jours de prison et incarcéré pour sa participation à la marche non autorisée en soutien à Golounov.
Toujours en juillet 2019, Alexeï Navalny et d'autres membres de l'opposition appellent à des manifestations contre l'exclusion par la commission électorale de certains candidats notamment l'avocate Lioubov Sobol à l'élection municipale à Moscou se déroulant en septembre. Le 24 juillet, il est condamné à 30 jours de prison pour son appel à des manifestations non autorisées et incarcéré. Le 28 juillet, il est hospitalisé pour un œdème de Quincke. Son médecin personnel Anastasia Vassilieva se dit « catégoriquement opposée » au fait de remettre Alexeï Navalny dans la même cellule, car cela lui fait courir le risque d’une « intoxication et une sensibilisation répétées, qui peuvent réellement conduire à une maladie grave ». Il sort de prison le 23 août.
En juillet 2020, Alexeï Navalny fait campagne contre le référendum constitutionnel russe, le qualifiant ouvertement de « coup d'État » et de « violation de la constitution », estimant que les modifications constitutionnelles portées par ce référendum permettraient à Vladimir Poutine de devenir « président à vie ». Les réformes sont approuvées à 77,9 % des voix le 1er juillet. Après l'annonce des résultats, Navalny qualifie le référendum de « farce », estimant qu'il ne reflète pas l'opinion du public. Ces réformes permettront à Vladimir Poutine d'effectuer deux autres mandats après l'élection présidentielle de 2024, rendant possible son maintien au pouvoir jusqu'en 2036.
Le 20 août 2020, il est hospitalisé d'urgence dans une unité de soins intensifs de l’hôpital d’Omsk en Sibérie après une aggravation de son état de santé l'ayant plongé dans le coma pendant un vol reliant Tomsk à Moscou. L'avion est dérouté à Omsk et se pose en urgence. Son entourage suspecte fortement un empoisonnement après l'absorption d'un thé à l'aéroport.
Le 22 août, n'ayant toujours pas repris connaissance, il arrive à Berlin à bord d'un avion médicalisé affrété par l’ONG allemande Cinema for Peace (en) pour bénéficier de soins à l'hôpital de la Charité. Selon les médecins de l'hôpital de la Charité, des traces d'inhibiteurs de la cholinestérase ont été détectées par les tests effectués sur le patient. À la suite de ce constat, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, appellent Moscou à enquêter « dans les moindres détails » et « en toute transparence » sur l'empoisonnement présumé de l'opposant et à traduire les responsables de cet acte en justice. Leurs déclarations sont mal reçues par le président de la Douma russe, Viatcheslav Volodine, qui annonce saisir le Comité de la Douma pour la sécurité afin de savoir si Navalny n'a pas été victime d'une « provocation de l'Allemagne et d'autres pays de l'Union européenne » qui auraient tenté de « nuire à la santé d'un citoyen russe pour créer des tensions en Russie ». Moscou regrette par ailleurs que Berlin n'ait toujours pas répondu à la demande d'aide judiciaire adressée le 27 août aux autorités allemandes par le parquet national de Russie afin de pouvoir lancer une enquête sur l'affaire Alexeï Navalny.
Alexeï Navalny est maintenu dans un coma artificiel. Le 24 août, son état est considéré comme « grave, mais sa vie n'est pas immédiatement menacée ». Le 28 août, son état s'améliore selon l’hôpital berlinois, « néanmoins, les médecins se gardent toujours de tout pronostic [sur les conséquences] de ce grave empoisonnement ».
Le 2 septembre, le gouvernement allemand déclare détenir la « preuve sans équivoque » de l'utilisation d'un agent neurotoxique de type Novitchok contre l'opposant russe, affirmation confirmée le 14 septembre par deux laboratoires de référence de l’OIAC français et suédois. À l’inverse, les autorités russes affirment que leurs analyses n’ont décelé la présence d'aucune substance toxique.
Le 15 septembre 2020, une semaine seulement après la sortie du coma artificiel, Alexeï Navalny s'exprime publiquement pour une première fois depuis son compte Instagram. Il écrit : « Je ne sais encore presque rien faire, mais hier [lundi] j’ai pu respirer par moi-même toute une journée. Ça m’a beaucoup plu, c’est un procédé étonnant et sous-estimé par beaucoup. Je le recommande. Vous me manquez. ». Interrogée quant à un éventuel retour en Russie après son rétablissement, sa porte-parole répond qu’« il n’avait jamais été question d’autre chose. Je comprends pourquoi on se pose la question, mais je trouve néanmoins étrange qu’on puisse penser » qu’il choisisse l’exil.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, déclare pour sa part que tout le monde serait heureux si Navalny se rétablissait et qu'il était libre de rentrer en Russie depuis l'Allemagne. Mais il déclare également que Moscou ne comprend pas pourquoi les laboratoires français et suédois avaient pu tester ses échantillons médicaux et pourquoi la Russie n'avait pas eu le même accès.
Le 22 septembre 2020, Navalny sort de l'hôpital. Les médecins considèrent que son rétablissement complet est possible.
Le 25 septembre, le ministère des Affaires étrangères russe suggère qu'il s'agit d'« une nouvelle mise en scène ayant pour thème l'utilisation imaginaire de l'arme chimique, cette fois non pas en Syrie ou en Grande-Bretagne, mais chez nous, en Russie ». Le 12 novembre, la chancellerie russe prétend avoir « toutes les raisons » de croire que la « pénétration d'agents de guerre chimique » dans le corps de Navalny a pu avoir lieu « en Allemagne ou dans l'avion » le transportant à l'hôpital de la Charité, mais elle ne précise pas quelles sont exactement ces raisons. Le site d'investigation russe The Insider relève d'ailleurs que « le Kremlin s'est embrouillé dans ses versions sur l'empoisonnement de Navalny ». En énumérant certaines de ces versions dans un article du 25 septembre, le site titre ironiquement : « Il n'y a pas eu de poison ! Il y en a eu mais pas le Novitchok ! C'était le Novitchok mais pas le nôtre ! C'était le nôtre mais il l'a bu lui-même ! ».
Le 1er octobre, la mission permanente de la fédération de Russie auprès de l'OIAC soumet à l’organisation une proposition d'envoyer des experts en Russie pour travailler à l’élucidation du cas Navalny avec les spécialistes russes en la matière. Le même jour Alexeï Navalny dénonce l'inaction de la justice russe qui rechigne à ouvrir une enquête et fait part de sa conviction que Vladimir Poutine est l'instigateur de son empoisonnement dans un entretien avec des journalistes de l'hebdomadaire Der Spiegel.
Le 6 octobre, l'OIAC confirme qu'une substance de type Novitchok a été retrouvée dans l'organisme de Navalny.
Le 14 décembre, le site d'investigation Bellingcat publie un rapport d'enquête sur l’empoisonnement d'Alexeï Navalny, réalisé en collaboration avec des journalistes de CNN, Der Spiegel et The Insider. Le rapport indique que Navalny a été suivi depuis 2017 et lors de son voyage jusqu'à Tomsk, par des agents du FSB spécialisés dans les produits chimiques. Dans le cadre de cette enquête, le média Bellingcat révèle le 21 décembre 2020 qu'Alexeï Navalny a piégé lui-même un agent du FSB, Konstantin Kudryavtsev, et est parvenu à lui faire avouer à son insu qu'une tentative d'assassinat avait eu lieu contre lui. Les détails cliniques de l'empoisonnement, exigés par Moscou, sont publiés dans The Lancet fin 2020.
En raison de sa convalescence en Allemagne, Navalny ne peut satisfaire aux exigences de sa libération conditionnelle qui exige qu'il se rende à Moscou. Plus précisément, alors que sa période de probation se termine le 30 novembre, une convocation lui est adressée le 28 exigeant sa présence le lendemain matin à 9 h. Ce manquement entraîne la levée de celle-ci. Il doit donc effectuer, lors de son retour à Moscou, les 3 ans et demi de prison requis lors de son procès en 2014. Pour The Economist, cette convocation est de toute évidence un prétexte pour l'empêcher de rentrer librement en Russie.
Dans une vidéo postée sur son compte Instagram le 13 janvier 2021, Navalny annonce avoir acheté des billets d'avion pour un retour en Russie. Le 17 janvier, il embarque ainsi à bord d'un avion de la compagnie Pobeda pour un décollage depuis l'aéroport de Berlin-Brandebourg. L’atterrissage de l'avion est initialement prévu à l'aéroport de Vnoukovo, mais il est finalement dérouté vers l'aéroport de Cheremetievo, autre aéroport de Moscou situé plus au nord. Le pilote et le personnel aérien ont justifié cette manœuvre par un « problème technique » en précisant qu'« un avion est sorti de piste ». À son arrivée au poste de douane, il est interpellé par les agents du service fédéral des pénitenciers (en).
Dans une vidéo publiée sur YouTube le 19 janvier 2021, résultat d'une enquête menée par sa Fondation contre la corruption (FBK), Alexeï Navalny dénonce le faste et les financements du « palais de Poutine », une immense demeure dotée de nombreux équipements (héliport, patinoire, casino, piscine, spa, aquadiscothèque, etc.). L'opposant prête notamment au président Poutine un goût « pathologique » pour le luxe et détaille des montages financiers dont le but serait de « créer comme un tampon autour du palais » par rapport à son véritable propriétaire. Trois jours après sa publication, la vidéo de près de deux heures avait été visionnée plus de 53 millions de fois. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, réagit en affirmant ne pas l'avoir vue mais indique en même temps que rien de ce qu'elle affirme n'est vrai.
Le 30 janvier 2021, le milliardaire russe Arkadi Rotenberg déclare être le propriétaire du domaine.
Le 2 février 2021, Navalny est condamné à trois ans et demi de prison par un tribunal de Moscou, après avoir été reconnu coupable d'avoir violé son contrôle judiciaire alors qu'il était en Allemagne depuis le mois d'août 2020, à la suite de son empoisonnement. L'avocate de Navalny annonce qu'il ferait appel. En cas d'entrée en vigueur de la condamnation, Navalny purgera une peine effective de deux ans et huit mois : son temps déjà passé sous résidence surveillée en 2014 étant décompté du temps total. De ce temps sont ensuite décomptées les deux semaines passées en centre de détention depuis son arrestation le 17 janvier.
Les soutiens de l'opposant appellent à manifester, et des chefs d’État occidentaux dont Joe Biden, ou encore le président français Emmanuel Macron, jugent « inacceptable » la condamnation de Navalny et exigent sa libération « immédiate ». Au Congrès américain, une large majorité d'élus, tant républicains que démocrates, appelle au renforcement des sanctions contre la Russie.
Le 23 janvier, près de 100 000 personnes manifestent en Russie contre son arrestation, mais leur nombre diminue nettement dès le week-end suivant, en partie à cause de la répression. Ces manifestations provoquent des remous au sein de l'opposition russe. Les dirigeants du parti libéral Iabloko, Grigori Iavlinski et Nikolaï Rybakov, refusent tout soutien à Navalny, voyant en lui un « nationaliste xénophobe et autoritaire » ; cette position est dénoncée par l'ancien maire de Iekaterinbourg Evgueni Roïzman, qui décide de rompre avec son parti. Le secrétaire général du Parti communiste (KPRF, premier parti d'opposition du pays), Guennadi Ziouganov, qualifie Alexeï Navalny « d’agent de l’étranger », tandis que des députés communistes rejoignent les manifestations. Ces dernières restent cependant globalement peu populaires auprès de la population russe d’après les enquêtes d'opinion nationales : selon l’ONG russe Centre analytique Levada, le mouvement de contestation recueille ainsi 22 % d’opinions favorables, tandis que la popularité d'Alexeï Navalny stagnerait autour de 20 % depuis l'été 2020, soit trois fois moins que celle de Poutine.
Le 17 février, en raison de « l’ampleur du risque pour la vie » de Navalny, la Cour européenne des droits de l'homme exige sa libération immédiate.
Le 20 février, Navalny est condamné en appel à deux ans et demi de prison, et incarcéré dans une colonie pénitentiaire située à Pokrov, dans l'oblast de Vladimir. Le 31 mars, il annonce qu'il est en grève de la faim, pour protester contre l’absence d’accès à des soins et la « torture » qu’il subit par privation de sommeil. Trois semaines plus tard, ses médecins l'exhortent à l'interrompre « immédiatement, […] afin de préserver sa vie et sa santé ». Il s'exécute en disant avoir obtenu gain de cause pour être soigné par des médecins civils.
Amnesty International déclare fin février ne plus reconnaître Alexeï Navalny comme un « prisonnier d'opinion » en raison de ses « propos haineux ». Le militant avait notamment comparé en 2007 les Tchétchènes à des cafards et suggérait de les molester dans une vidéo qu'il n'a depuis jamais désavouée ou retirée de sa chaîne YouTube. L'ONG considère aussi que les appels à retirer Navalny de la liste des prisonniers d'opinion en raison de ses propos fait partie d'une « campagne orchestrée » pour nuire à Navalny. Amnesty International continue toutefois de militer pour sa libération, jugeant qu'il n'est incarcéré que pour son activisme anti-Poutine. En mai 2021, l'ONG change d'avis et considère de nouveau Navalny comme un prisonnier d'opinion. Amnesty International présente aussi ses excuses à Navalny et annonce modifier sa procédure pour désigner quelqu'un comme prisonnier d'opinion.
Le 20 octobre 2021, le Parlement européen décerne à Navalny le prix Sakharov de défense des droits humains et de la liberté de pensée.
Il fait partie des personnalités russes qui se déclarent opposées à l'invasion militaire russe en Ukraine de 2022, appelant les citoyens russes et biélorusses à manifester quotidiennement contre cette guerre.
Le 22 mars 2022, entendu en visioconférence, il est à nouveau condamné à neuf années d'internement en « régime sévère » pour « escroquerie » et à une amende de 1,2 million de roubles pour « outrage au tribunal » et « fraude aux dons » tandis qu'il purge depuis un an une peine de trois années et demi pour « fraude ». Il dénonce des dossiers montés contre lui par le Kremlin. Ses avocats, Olga Mikhaïlova et Vadim Kobzev, sont arrêtés à l'issue du procès mais sont rapidement relaxés.
En juin 2022, Navalny est transféré de la colonie pénitentiaire n°2 de Pokrov (en), située dans l'oblast de Vladimir, vers une autre colonie pénitentiaire indéterminée mais de classe « haute sécurité ».
En juin et juillet 2023, Navalny est jugé à huis clos dans un nouveau procès pour plusieurs chefs d'accusation, dont « extrémisme ». Le procureur requiert 20 ans de prison supplémentaires à l'encontre de Navalny. Il est condamné à 19 ans de prison (cette durée comprend l'intégralité des peines en colonie pénitentiaire à laquelle il a déjà été condamné).
En août 2023, Navalny appelle à faire barrage aux candidats investis par Russie unie lors des différentes élections russes de septembre.
En décembre 2023, il est transféré dans la colonie pénitentiaire n°3, surnommée « Loup polaire » de la localité de Kharp, en Iamalo-Nénétsie, dans l’Arctique russe. Selon sa condamnation pour « extrémisme », il doit purger sa peine dans une colonie à « régime spécial », où les conditions de détention sont les plus rudes ; ce n'est pas le cas de la colonie numéro 3.
Alexeï Navalny est mort le vendredi 16 février 2024, à l'âge de 47 ans, au centre pénitentiaire de Kharp en Iamalie (Russie). C'est l'administration pénitentiaire russe qui annonce sa mort le 16 février 2024.
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Il s'est opposé à Poutine !